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Cours du 06/10/2009 (matin)
INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE
Un travailleur social doit opérer une triangulation entre:
les savoirs (hétéroformation= relation duelle prof/élève + logos = pensée scientifique et
construite)
les savoirs-faire (écoformation = liée à l'expérience + mythos = échange de paroles, tradition
orale)
les savoirs-être (auto-formation + métis = accommodation, « débrouillardise », différence
entre le travail prescrit et le travail réel)
Au travail, on n'est jamais uniquement dans la connaissance, dans l'action ou dans la
« débrouillardise », mais on met en œuvre ces 3 dimensions.
Définition de Guy ROCHER en 1968:
« La sociologie c'est l'étude de l'homme dans son milieu social. »
Les principales disciplines dans le triangle de MOSCOVISCI sont:
l'objet (objet de référence)
l'égo
l'alter
Si on enlève l'alter (l'autre), on est dans la psychologie = relation entre l'égo et l'objet
Si on enlève l'égo (le je), on est dans la sociologie = rapport entre le groupe et l'objet
Si l'on garde l'objet, l'égo et l'alter, on est dans la psycho-sociologie = comportement d'un individu
dans la dynamique de groupe.
La psychologie était mécanique à son origine: on cherchait alors à comprendre ce qui animait
l'individu (= mécanisme de la psyché).
Puis est apparue la psychanalyse qui a donné une autre dimension à la psychologie.
Aujourd'hui, une partie de la psychologie revient à la mécanique avec l'apparition des
neurosciences.
Le psychologue est formé en faculté de psychologie.
Le psychiatre est formé en école de médecine.
Le psychanalyste est formé dans des écoles spécialisées et doit avoir fait un travail psychanalytique
sur lui-même.
Ce sont 3 domaines différents même si certains praticiens peuvent cumuler plusieurs domaines.
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L'anthropologie: science développée avec les grandes découvertes géographiques. Il s'agissait
d'étudier les cultures dites primitives, ce qui a amené les anthropologues à porter un regard différent
sur leur propre civilisation.
L'arrivée tardive de la sociologie en France qui s'est appuyée sur les sciences évoquées ci-dessus.
C'est avec Auguste COMTE (1798-1857) que le nom de sociologie a été donné à l'étude de l'homme
dans son milieu social.
Il est le créateur du positivisme qui est l'étude et la recherche de lois similaires à celles de la nature
concernant les groupes sociaux.
Il va développer la physique sociale, rapidement baptisée sociologie (comme il existe une physique
des éléments, il doit exister une physique des groupes sociaux).
Son intention est de trouver des lois invariables qui permettent de comprendre comment
fonctionnent les groupes sociaux.
(socio = société ; logos = étude ; sociologie = étude des sociétés)
Depuis, la sociologie à développé plusieurs courants (sociologie de l'enfance, de l'école, de la
famille...) et recouvre une très grande variété d'approche.
EMILE DURKHEIM (1858-1917)
Il a amené la méthode sociologique en France.
Il va construire la sociologie sur ce qui existe déjà (déterminer ce qu'est et ce que n'est pas la
sociologie).
La psychologie s'intéresse à l'individu alors que la sociologie ne s'y intéresse pas: c'est la société
qui prime sur l'individu et qui lui dicte ses conduites.
Pour étudier des faits sociaux, il faut les aborder comme des faits physiques, les traiter comme des
choses (en cela, il suit Auguste COMTE).
Plutôt que d'avoir des discours spéculatifs sur les sociétés, il vaut mieux privilégier les enquêtes
(= mesure des faits sociaux).
Il écrit « Le suicide » en 1897:
Il y montre comment mettre en œuvre la science qu'il développe.
Selon lui, ce que l'on pensait comme étant un acte personnel est en fait un phénomène social.
Le suicide varie statistiquement selon l'intégration de l'individu dans la vie sociale, dans la
religion
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Il pense qu'en ayant une meilleure connaissance du fonctionnement du groupe social, on devrait
pouvoir apporter du progrès (c'est le positivisme: apporter du changement, faire évoluer
positivement).
Dans le contexte de l'époque, l'industrialisation engendre une augmentation exponentielle de la
population ce qui pose quelques problèmes.
Il crée en 1898 la revue « L'année sociologiste » pour faire connaître sa discipline.
Exemple du positivisme à l'œuvre avec Jules FERRY qui croyait au progrès par l'enseignement
(instruction publique pour tous): le savoir va permettre de réformer la société et la rendre
meilleure.
Cette initiative est liée à la bataille échouée contre les prussiens (or, les prussiens ont tous bénéficié
d'un enseignement militaire), d'où la création de l'école républicaine.
A l'époque, on pensait que l'enfant était à l'état naturel, c'est à dire, à l'état sauvage. Or, c'est
l'éducation qui devait permettre de le socialiser.
« L'enfant est naturellement dans un état de passivité, l'éducation ne peut être qu'une histoire de
contrainte. »
Cela reflète l'idée que l'individu n'a pas le choix sur les décisions de la société.
La démarche de DURKHEIM:
Définir le fait social (traiter les faits sociaux comme des choses)
Définir ce qui est normal et ce qui est pathologique dans les faits sociaux (ex: pour le
suicide, il s'agit d'un phénomène social normal puisqu'il apparaît dans toutes les sociétés; par
contre, le taux de suicide est très différent d'une société à l'autre; le taux normal correspond
au taux moyen d'apparition, il devient pathologique lorsqu'il dépasse cette moyenne).
Il est prouvé qu'il n'y a pas d'augmentation des suicides en fonction des saisons, pas plus qu'il n'y a
plus de naissances les jours de pleine lune (représentatif de la différence entre l'égo et l'alter c'est à
dire entre le savoir et la croyance).
Un phénomène est socialement pathologique lorsqu'il dépasse la moyenne constatée.
Chercher les causes sociales du phénomène (expliquer le social par le social)
Utiliser l'enquête, l'entretien, la comparaison entre les groupes (= outils sociologiques) pour
en trouver les causes.
Pour DURKHEIM, le suicide ne s'explique pas par le psychologique mais le passage à l'acte résulte
d'un phénomène social.
Il constate que dans certains pays, il y a beaucoup de maladies mentales mais peu de suicides.
Selon lui, ce phénomène n'est ni lié à une hérédité familiale, ni lié à la race et n'est pas contagieux.
Émile DURKHEIM était holiste, c'est à dire qu'il considérait que la société primait sur l'individu en
opposition à l'approche individualiste.
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ALEXIE DE TOCQUEVILLE (1805-1859)
Il a beaucoup voyagé et notamment aux E.-U et va apporter la méthode comparative à la
sociologie.
Il va notamment faire des études sur le système pénitencier Américain qu'il va comparer au système
Français.
Il a écrit: « De la démocratie en Amérique ».
KARL MARX (1818-1883)
Il a apporté la question de la définition des classes sociales (selon lui, les classes sociales s'opposent
entre elles).
LA BRANCHE ALLEMANDE DE LA SOCIOLOGIE
MAX WEBER (1864-1920)
Il met en œuvre la sociologie compréhensive (il a notamment fait des travaux sur l'autorité).
Pour WEBER, le social n'est pas un pur déterminisme (tout n'est pas écrit par la société pour
l'individu).
Pour comprendre le social, il faut analyser le sens que les hommes donnent à leurs actions, les
intentions de l'acteur social qu'il soit individuel ou collectif.
Méthode utilisée: il s'appuie sur la construction de types idéaux (ou modèle idéal typique).
C'est une simplification du réel, un modèle à partir duquel on va dégager les traits principaux du
phénomène.
Autrement dit, on va définir des catégories qui vont permettre de comprendre le phénomène étudié.
- Georges SIMMEL (1858-1918)
Il a écrit : « Les pauvres » qu’il définit comme une catégorie faisant partie intégrante de la société et
non comme une catégorie à part.
Définition de l’action réciproque : « Ce qui construit le social c’est l’action réciproque entre les
individus. »
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LA BRANCHE AMERICAINE (ou école Américaine)
- L’école de Chicago :
En 1840, Chicago est une toute petite ville de 4470 habitants.
En 1890, elle passe à 1 100 000 habitants.
En 1930, elle compte 3 500 00 habitants.
Cette poussée démographique amène de la délinquance, c’est donc une période trouble durant
laquelle on fait appel aux sociologues.
L’école de Chicago a donc été créée à cause de besoins énormes : Chicago devient équivalente
démographiquement à la 3ème ville Polonaise, ou Allemande, ou Suédoise avec les problèmes
sociaux inhérents à une ville de cette taille.
Outil utilisé : méthode par immersion directe (aller dans la rue, s’entretenir avec les migrants
polonais).
Le succès de cette école tient à la diversité des professionnels qui la compose (ex : PARK était
journaliste ; BURGESS était géographe ce qui l’a amené à décrire la ville en cercles
concentriques…).
Aux E-U, le système est inverse au nôtre : plus on se rapproche du centre de la ville et plus les gens
sont pauvres alors qu’en France, la pauvreté se situe plutôt en périphérie des villes.
Courant de pensée de l’école de Chicago : l’interactionnisme = le social est le produit de
l’interaction entre les individus.
On note ici un rapprochement avec la conception de SIMMEL, or PARK a été l’élève de SIMMEL.
ERWIN GOFFMAN : selon lui, la vie sociale est une sorte de théâtre dans lequel chaque
individu endosse un rôle. Ce rôle est différent selon que l’individu soit au travail, à la maison ou
ailleurs.
Le but du jeu est de garder l’estime de soi et ne pas perdre la face.
GOFFMAN est passionné de communication.
Il va décrire des rituels d’interaction dans « Mise en scène de la vie quotidienne » (mimique,
expressions verbales, gestuelles…).
Dans son livre « Asiles », il décrit comment chacun des individus (médecins, infirmiers, malades)
joue un rôle :
- le médecin qui joue le rôle de médecin
- l’infirmier qui joue son rôle d’infirmier sous la légitimité donnée par le médecin
- le patient qui joue son rôle de patient : son attitude est alors adaptée au contexte hospitalier
(qui n’est pas le même que le contexte extérieur)
Il utilise une méthode d’investigation directe : l’observation participante.
Il écrira aussi « Stigmates »
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