
RÉPLICATION
Dans l'article où ils annonçaient la découverte de la structure de l'ADN, James
Watson et Francis Crick insérèrent une phrase qui est passée dans l'histoire de la
science comme l'une des plus courtes mais les plus riches de sens jamais
publiées. Les deux biologistes écrivirent que « les implications que la structure de
l'ADN a pour la réplication de l'information génétique » ne leur avaient pas
échappé. En d’autres termes, ils s'étaient bien rendu compte que, une fois la
structure de l'ADN déchiffrée, le mystère de la réplication (ou de la duplication) de
l'ADN serait bientôt élucidé. En fait, les deux chercheurs travaillaient déjà à un
deuxième manuscrit dans lequel ils décrivaient ce mécanisme.
Chacune des deux chaînes polynucléotidiques, qui s’enroulent l’une autour de
l’autre formant une double hélice, sont composées d'éléments complémentaires
deux à deux : une base thymine (T) se lie à une base adénine (A), une base
cytosine (C) à une base guanine (G), et inversement. Pendant le processus de
réplication, qui consiste en la formation de copies de la molécule d’ADN, la double
hélice s'ouvre, les deux chaînes se séparant et servant chacune de matrice pour la
création d’une nouvelle chaîne selon les règles de la complémentarité. Le résultat
final est la formation de deux doubles hélices, chacune contenant l'un des deux
brins originaux (brin « parental ») et un nouveau brin (brin « néosynthétisé »). Cette
réplication est dit semi-conservative (parce qu'elle conserve l'un des deux brins
originaux dans chaque nouvelle copie d'ADN). Elle fut décrite sur des bases
exclusivement théoriques comme le mode de réplication le plus adapté étant donné
la structure de l’ADN.
Les phases de la réplication
Les détails moléculaires du processus de réplication (ou duplication) de l’ADN sont
plus complexes que Watson et Crick ne l’imaginaient. On peut distinguer 5 phases
qui se succèdent sans cesse pendant la réplication de l’ADN :
1) une catégorie spéciale d’enzymes, les hélicases, a pour fonction d’ouvrir la
double hélice parentale au moyen de torsions de la spirale ;
2) d’autres protéines spécialisées, les topo isomérases, se fixent à chacun des
deux brins ouverts, qu’elles stabilisent et qu’elles continuent de dérouler (on peut à
présent distinguer un brin « principal » , le long duquel la nouvelle hélice sera
synthétisée dans la direction 5' => 3', et un brin secondaire, le long duquel la
réplication se fera de façon discontinue et apparemment dans la direction 3' => 5') ;
3) l’hélice complémentaire du brin principal est synthétisée en permanence, grâce à
l’action d’une enzyme spéciale, l’ADN-polymérase, qui lit le brin modèle. Par
exemple, si le brin modèle présente un « C » , l’enzyme prélève un nucléotide
triphosphate complémentaire dans le milieu nucléaire, c’est-à-dire « G » , et
rapproche les deux bases de sorte qu’elles puissent se lier par une liaison
hydrogène (voir Bases complémentaires) ;
4) en même temps, le brin secondaire est synthétisé de façon discontinue
(l’enzyme primase synthétise un fragment court d’ARN tandis que le brin
secondaire est étiré par l’ADN-polymérase, de façon à former une structure connue
sous le nom de fragment d’Okazaki, du nom du découvreur de ce phénomène) ;
5) le fragment d’ARN est ensuite remplacé par de l’ADN grâce à une deuxième
ADN-polymérase. Les différents fragments d’Okazaki ainsi produits le long de
l’hélice secondaire sont littéralement fondus les uns avec les autres par une autre