PROPOSITIONS SUBORDONNÉES RELATIVES Source: Grammaire méthodique du français (Riegel et alii) I. Propositions relatives et termes complétifs Introduites par un pronom relatif (ou déterminant relatif) Relatifs simples (qui / que / quoi / dont / où) ou relatifs composés (lequel / auquel / duquel > varient en genre et nombre, ex : laquelle / lesquels) Formes communes aux relatifs et interrogatifs (sauf dont) Le pronom relatif cumule deux rôles : introduit la relative (= opérateur de subordination ou subordonnant) coréférent à son antécédent (sauf pour relatives substantives) : est substitut du GN et assume une fonction dans la relative (qui > sujet ; que > COD ; quoi / lequel > après une préposition ; dont et où > groupe prépositionnel) Son emploi dépend de la nature de l’antécédent. II. Les relatives adjectives Fonctionnent comme épithètes L’antécédent peut être nominal ou pronominal, adjectival [fou que tu es] ou adverbial [là où je suis]. 2.1. La relativisation du GN sujet : QUI Type le plus courant et le plus simple car n’implique aucun déplacement Relatif = qui : commande les mêmes accords que l’antécédent Emploi de lequel archaïsant est rare (réservé aux énoncés juridiques pour éviter une ambiguïté) 2.2. La relativisation du GN complément direct : QUE COD du verbe mais aussi autres syntagmes qui partagent avec lui la position postverbale et la pronominalisation définie de la forme le / la / les : sujets réels des verbes impersonnels [il a dit le mot qu’il fallait], GN attributs du sujet [je félicite le héros que vous êtes], adjectifs attributs du sujet du verbe être dans certains cas [Pressé que j’étais de vous voir, je suis venue aussitôt] Relatif "que" en tête de la relative (quand le sujet de la relative = GN plein, inversion sujet possible mais facultative). 2.3. La relativisation d’un groupe prépositionnel 2.3.1. Règles générales règle générale : [Prép + GN > Prép + lequel], que le GP soit complément de phrase, de verbe, de nom ou d’adjectif (attribut). [voici un bijou auquel (= au + lequel) je suis très attaché] Groupe formé avec préposition et relatif : toujours en tête de la relative. Inversion du sujet autorisée quand celui-ci est un GN plein et quand le verbe est intransitif ou employé intransitivement [Il a revu les personnes auxquelles Luc a parlé / a parlé Luc] 2.3.2. Règles particulières obligatoires Quand GP à pronominaliser est lui-même inclus dans un GP, c’est la totalité de ce dernier qui est placé en tête de la relative, et les seuls pronoms autorisés sont "lequel" ou "qui" [J’aime la rivière sur le bord de laquelle nous avons pique-niqué] Quand antécédent = pronom démonstratif indéfini ne représentant pas un être humain [cela / quelque chose / rien] le pronom à utiliser en relatif est "quoi" 2.3.3. Règles particulières facultatives Quand le GN à relativiser est précédé d’une préposition et représente un être humain, "lequel" peut être remplacé par "qui" Quand le GN à relativiser est précédé de la préposition "de" (et qu’il ne fait pas lui-même partie d’un syntagme prépositionnel), on emploie "dont" (plus fréquemment que "duquel" ou de "qui") Quand le GN à relativiser représente un lieu, l’ensemble formé par la préposition locative et le GN est pronominalisé en "où" (sauf si préposition = de : on a "d’où") Quand le GP à relativiser représente un complément circonstanciel de temps, on peut le pronominaliser en "où", mais aussi en "que" dans certaines expressions [la 1ère fois que je l’ai vu] 2.4. Les relatives du second degré (dites « imbriquées ») Il est possible de relativiser un GN (sujet ou complément) qui fait partie d’une proposition complétive : dans ce cas, c’est le bloc constitué par la complétive et sa principale qui est enchâssé dans la phrase matrice. [Vous vous intéressez à cette personne > Je sais que vous vous intéressez à cette personne > Voici la personne à qui je sais que vous vous intéressez] Quand le GN à relativiser n’est pas sujet, prend forme pronominale et se place en tête du bloc Quand GN est sujet, représenté en son lieu par pronom personnel tandis qu’apparaît en tête du bloc à enchâsser un "dont" qui fait le lien entre l’antécédent et ce pronom [C’est un livre dont je sais qu’il aura du succès] 2.5. La sémantique des relatives C’est par rapport au GN dont la relative est l’expansion, autrement dit l’antécédent du relatif, que se pose le problème du sens référentiel de la relative. 2.5.1. L’antécédent est une expression définie (nom propre ou commun précédé d’un déterminant défini) relative déterminative (ou restrictive) : elle est nécessaire à l’identification référentielle de l’antécédent. Restreint l’extension du GN ; son effacement a pour conséquence de modifier totalement le sens de la phrase en étendant son champ d’application à un ensemble référentiel plus important, voire à la totalité des êtres qui peuvent être désignés par le nom) relative explicative (ou appositive) : elle ne joue aucun rôle dans l’identification référentielle de l’antécédent. Elle peut être supprimée. Peut aussi être remplacée par une proposition coordonnée ou être reprise par le pronom "cela". Marquée sur le plan prosodique : une mélodie spécifique, la parenthèse ; et sur le plan de la ponctuation : encadrée par deux virgules. Exprime toutes sortes de nuances circonstancielles (cause, condition, concession…). 2.5.2. L’antécédent est une expression non-définie (nom commun précédé d’un déterminant indéfini) on ne peut pas distinguer deux sortes de relatives car référent non identifiable, mais dans perspective communicative, on a deux types : 1. relatives apparaissant comme essentielles : leur suppression produit un énoncé non pertinent, généralement tautologique [Il y a des moments dans l’histoire (où tout bascule)] 2. relatives apparaissant comme accidentelles (ou accessoires) : suppression ne remet pas radicalement en cause la pertinence de l’énoncé. [J’ai fait un problème (que j’ai trouvé difficile)] Autre possibilité d’insertion d’une relative dans la phrase matrice : on trouve comme attribut du COD des verbes voir / regarder / entendre / écouter / sentir (ou après "voici" et "il y a" ) des relatives introduites par "qui" qui constituent le propos de la phrase = relatives prédicatives (ou attributives) [Je l’ai entendu qui chantait / Voici le train qui arrive] 2.6. Le mode dans les relatives Mode ordinaire = indicatif. Parfois subjonctif, dans relatives déterminatives ou essentielles, quand antécédent comprend un superlatif ou adjectifs seul / premier / dernier, ou quand la phrase matrice implique idée de volonté ou hypothèse qui a pour effet de placer le GN dont fait partie la relative hors du champ de constat [Je cherche une maison qui ait un grand jardin] infinitif quand GN relativisé est prépositionnel, par effacement du verbe pouvoir [Je cherche une maison où dormir] III. Les relatives substantives Le pronom qui les introduit n’a pas d’antécédent (donc pas anaphorique) C’est la relative qui donne un contenu référentiel au pronom relatif 3.1. Les relatives indéfinies Équivalent à un GN (éventuellement précédé d’une préposition ou amalgamé avec elle, ex : où) 3.1.1. Représentant un être humain Introduites par "qui" (parfois précédé du déterminant fictif "tel") ou "quiconque" sans antécédent. (référent virtuel) "Ce" pronom : toujours en position sujet, il commande accord du verbe au singulier. Dans la phrase, relative remplit fonction sujet, COD ou COI (précédé de "à" ou "pour"). Forme qui a fournit beaucoup de proverbes, mais reste vivante [Qui m’aime me suive…] 3.1.2. Représentant un non-animé Introduite par "quoi", obéissant à de fortes contraintes : "quoi" obligatoirement précédé de "à" ou "de" ; la relative est à l’indicatif (ou infinitif) après les présentatifs "voilà" / "voici" et "c’est" ; à l’infinitif après "il y a" et certains verbes transitifs. relative sans antécédent introduite par "où" : pronom = complément de lieu dans la relative, relative = complément du verbe de la principale, elle occupe la position de complément indirect ou de complément direct et dans ce dernier cas est très proche de certaines construction interrogatives indirectes [J’irai où vous allez] 3.2. Les relatives périphrastiques Constituent l’expansion d’un démonstratif ("ce" ou "celui") de manière à former avec lui l’équivalent d’un GN (statut intermédiaire entre celui des adjectives et des substantives), peuvent être indéfinies ou non. Pas de véritable antécédent : terme qui les introduit n’a qu’un sens très général 3.2.1. Représentant un être humain Introduites par "celui", variable en genre et en nombre, suivi d’un pronom relatif : "qui / que / dont" ou lequel précédé d’une préposition [Celle que j’aime, la voici / Je vous présente celui aux livres duquel vous vous intéressez tant] 3.2.2. Représentant un non-animé Introduites pas "ce", invariable, suivi d’un pronom relatif "qui / que / dont" ou "quoi" précédé d’une préposition [Voilà ce que j’avais à vous dire / Il avait un compte en Suisse, ce que même sa femme ignorait] IV. Les relatives comme expressions circonstancielles 4.1. Les relatives compléments circonstanciels de lieu Relatives périphrastiques qui, introduites par 'là où', jouissent d’une plus grande autonomies que celles qui sont seulement introduites par 'où' [Là où je suis, le soleil brille] 4.2. Les relatives compléments circonstanciels de concession Introduites par "qui que" / "quoi que" / "où que" suivis du subjonctif : 1er élément = pronom indéfini caractérisant une catégorie sémantique (animé, lieu…), le 2nd = relatif qui lui assure une place et une fonction dans la subordonnée des sens concessif [Quoi qu’il fasse, on l’aime bien] Introduites par "quelque" (invariable) … "que" ou "quel" (variable) "que" : concernent toujours des phrases à verbes être et au subjonctif, les 1ères avec un adjectif attribut qui s’intercale, les 2ndes incluant une proforme attributive ("quel") : toutes expriment un haut degré dans la qualification, mais de sens concessif (causalité déniée) [Quelle que soit ma patience, ne me pousse pas à bout]