SUJET : La mondialisation, gouffre ou tremplin ?
INTRO
En 1997, le rapport Monory mentionnait : "La mondialisation n'est pas un choix, elle est une réalité à laquelle
nous devons nous préparer". Phénomène consistant dans l’extension planétaire des échanges et des
interdépendances, tant économiques que politiques ou stratégiques, la mondialisation suscite des divergences
d’opinions. Entre gouffre et tremplin, entre facteur de régression, et dynamique positive, il semble intéressant
de se demander où se situe la mondialisation.
La mondialisation, si elle n’est pas un gouffre, n’est pas un tremplin. Ses travers l’emportent sur ses atouts,
tant au plan économique que politique et stratégique, car en l’absence d’une gouvernance mondiale efficace,
la mondialisation n’est pas encadrée, donc ne peut être bénéfique.
Certes, la mondialisation affiche des atouts indéniables, mais ceux-ci ne suffisent pas à contrebalancer ses
effets désastreux et surtout, faute d’un encadrement efficace, le bilan de la gouvernance ne peut qu’être
négatif.
DEVELOPPEMENT
ID1 : Certes, la mondialisation produit des effets bénéfiques sur l’économie mondiale en contribuant
fortement à l’essor de plusieurs pays en développement, mais également sur l’équilibre géopolitique
mondial, en favorisant la démocratie et enfin sur l’équilibre géostratégique mondial, en apportant une
réponse commune aux nouvelles menaces. Ainsi, elle ne peut être considérée comme un gouffre.
IS1 : D’une part, dans le domaine économique, la mondialisation ouvre la voie à la multipolarité, en
permettant l’émergence de nouvelles puissances avec lesquelles les puissances actuelles, et
notamment les Etats-Unis, devront partager leur hégémonie. La mondialisation instaure ainsi
un nouvel équilibre économique mondial.
Ex : Le Brésil, longtemps considéré par les Etats-Unis comme leur arrière-cour, profite
aujourd’hui de la mondialisation des échanges économiques et surtout commerciaux pour
s’ériger en acteur incontournable du commerce agro-alimentaire, aéronautique, chimique et
pharmaceutique mondial. La mondialisation est en large partie à l’origine de l’émergence du
Brésil.
IS2 : D’autre part, dans le domaine politique, la démocratie a gagné du terrain dans le monde, grâce
à la diffusion d’un modèle démocratique, initialement exporté par les démocraties
occidentales, et qui aujourd’hui est une priorité de la communauté internationale. La
mondialisation politique est donc un facteur de démocratisation, et donc de stabilité
géopolitique et géostratégique mondiale.
Ex : En 1987, 40% des pays avaient accédé à un régime démocratique. En 2007, ils étaient 60
%, ce qui tend à prouver que la mondialisation, dans ce domaine, a eu des effets
indéniablement positifs.
IS3 : Enfin, dans le domaine stratégique, la mondialisation des systèmes de sécurité apporte la
réponse la plus adaptée possible aux nouvelles menaces, elles-mêmes devenues mondiales. La
prise en compte commune des questions stratégiques à l’échelle de la planète est le fruit de la
mondialisation de la sécurité, face à la mondialisation de la menace.
Ex : Le terrorisme international, et notamment islamiste, est une illustration de la
mondialisation des menaces sécuritaires, à laquelle la mondialisation des systèmes de sécurité,
en l’occurrence européens, onusiens et otaniens, ont apporté une réponse efficace : la lutte
anti-terroriste internationale.
Tr : La mondialisation présente donc des atouts, qui néanmoins, ne suffisent pas à faire de ce
phénomène un tremplin.
ID2 : Les effets bénéfiques de la mondialisation ne suffisent pas à contrebalancer ses effets néfastes que sont
le creusement des inégalités économiques entre pays, l’affaiblissement des souverainetés nationales et
le retour du protectionnisme comme réflexe de protection.
IS1 : Tout d’abord, au plan économique, la mondialisation a pour effet de creuser les inégalités
entre pays développés et pays en voie de développement, entre le Nord et le Sud mais aussi et
surtout, au sein même des pays en développement. Elle crée en quelque sorte des pays riches
avec des peuples pauvres. Les inégalités entre individus au sein d’un même pays se creusent,
du fait du bas coût de la main d’œuvre, dans ces pays.
Ex : La Chine, pays de la mondialisation, est parmi les plus inégalitaires au monde. Un
dixième seulement de la population chinoise profite des retombées de la mondialisation.
IS2 : Ensuite, au plan politique, la mondialisation a pour effet d’affaiblir les souverainetés
nationales, y compris et surtout au sein des pays industrialisés. En effet, la mondialisation
repose, notamment dans sa politique économique, sur un abaissement maximal des coûts de
production, permis par les délocalisations des activités des entreprises nationales, vers les pays
les coûts sont faibles. L’intervention de l’Etat dans l’économie s’affaiblit elle aussi, au fur
et à mesure que la mondialisation et les délocalisations s’installent, y compris dans les secteurs
« régaliens » de la politique économique de l’Etat que sont l’énergie, les transports et les
communications.
Ex : Le marché de l’électricité s’est ouvert, en France à la concurrence. Dans un futur proche
suivront ceux des postes et des transports ferroviaires, ôtant définitivement à l’Etat sa
souveraineté dans la politique économique nationale.
IS3 : Enfin, dans le domaine stratégique et sécuritaire, la mondialisation a pour effet d’inciter les
pays au protectionnisme, en réaction aux effets néfastes de cette globalisation et des
interdépendances qu’elle génère. Ce protectionnisme, paradoxalement, se traduit par le
développement du régionalisme. Ce régionalisme se traduit à son tour par la conclusion
d’accords à caractère défensif et protecteur, qui ne sont pas sans évoquer ceux conclus pendant
la guerre froide.
Ex : L’OCS (organisation de coopération de Shanghaï), à vocation, au départ, anti-terroriste,
est devenue, pour la Chine et la Russie, un contrepoids à l’Alliance atlantique qui, avec la
mondialisation, devenait toute-puissante.
Tr : Les effets néfastes de la mondialisation l’emportent donc sur ses effets bénéfiques, car la
mondialisation ne possède pas pour l’heure, les moyens d’être un tremplin.
ID3 : Une « bonne mondialisation » est subordonnée à une « bonne gouvernance ». Or aujourd’hui, cette
bonne gouvernance n’existe pas encore, faute d’un multilatéralisme efficace et d’une bonne utilisation
des structures de gouvernance existantes. Donc la mondialisation, dans ces conditions, ne peut être un
tremplin.
IS1 : Tout d'abord, dans le domaine économique, l’absence d’une autorité économique mondiale de
régulation et de contrôle des flux de capitaux, crée un frein au développement des pays pauvres
et constitue un facteur d’aggravation des crises au sein de pays riches. En effet, la
mondialisation a donné naissance d’une part aux aides financières mondiales aux pays en voie
de développement, mais n’a jamais su les protéger d’un endettement insoutenable. D’autre part,
elle a donné naissance, en l’absence de régulation des flux de capitaux, aux excès de la
spéculation financière dans les pays industrialisés. Ces excès, du fait des interdépendances de la
mondialisation, ont dégénéré de manière récurrente depuis les années 90, en crises financières
mondiales. Pourtant, le cadre institutionnel d’une bonne gouvernance existe dans le domaine
économico-financier, mais il ne semble pas, pour l’heure, en mesure de jouer son rôle
régulateur.
Ex : L’éclatement de la bulle financière, fin 2008, a rapidement dégénéré en crise financière
localisée (Etats-Unis), puis en crise financière mondiale et aujourd’hui, en crise économique.
Cette dernière est une illustration des effets de la globalisation (mondialisation financière), et
une preuve que la mondialisation n’est pas un tremplin.
IS2 : Ensuite, dans le domaine politique, l’absence d’une gouvernance politique mondiale efficace,
d’un réel multilatéralisme, laisse toute latitude aux stratégies d’influence et au jeu de la
puissance de s’exercer et de régir la scène politique mondiale. Pourtant, le cadre institutionnel
existe également dans le domaine politique, mais il ne parvient pas à peser efficacement sur les
équilibres géopolitiques mondiaux.
Ex : Les alliances tacites et les manœuvres politiques sont pour une large part à l’origine du
conflit israélo-palestinien qui aujourd’hui, se cristallise autour du conflit entre Israël, soutenu
par les Etats-Unis, et le Hamas palestinien, qui s’est construit, à l’origine avec l’aide des Etats-
Unis. La mondialisation politique mène à des abus de d’influence préjudiciables, en l’absence
de gouvernance efficace, à l’équilibre géopolitique mondial.
IS3 : Enfin, dans le domaine stratégique, l’absence d’un multilatéralisme solide, d’un respect des
règles adoptées par la communauté internationale pour la préservation des équilibres
géostratégiques du monde, fait de la mondialisation de la sécurité et de la stratégique, un frein à
la stabilité. Une autorité mondiale reconnue dans ce domaine serait la seule condition à une
mondialisation positive. L’ONU, symbole de l’institutionnalisation de la mondialisation dans
plusieurs domaines (politique, économique, stratégique, …) est censée détenir cette autorité, par
la voix de son conseil de sécurité ; mais pour l’heure, elle n’est pas systématiquement suivie
dans ses résolutions et ses recommandations.
Ex : Sur les 255 résolutions votées par le CSNU dans le conflit israélo-palestinien, une centaine
ordonnaient le retrait des israéliens des territoires occupés, mais aucune n’a été exécutée à ce
jour.
CONCLUSION :
RAPPEL DE L’IM : La mondialisation n’est pas un gouffre puisqu’elle produit des effets bénéfiques
indéniables. Cependant, elle n’est ni un tremplin économique, ni un tremplin politique, ni un tremplin
stratégique, car elle souffre d’un manque d’encadrement, d’une absence de gouvernance mondiale.
OUVERTURE : D’ailleurs, dans le domaine culturel, le même phénomène peut être observé. En pit d’une
volonté unanime de préserver la diversité culturelle comme une composante de l’identité nationale, la
mondialisation a favorisé la diffusion d’un modèle américain à travers le monde, qui aujourd’hui atteint des
proportions inquiétantes : la musique anglo-saxonne représente 76% de la musique écoutée dans le monde, et
le cinéma américain constitue 88 % des films regardés dans le monde.
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