Parution du : 11/07/2002 Le Parisien
Création/
« Le Pianiste » triomphe sur les planches
Hier soir à Perpignan Perpignan (Pyrénées-Orientales) DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
IL Y A des lectures parfois ennuyeuses. Celle qu'a donnée hier soir Robin Renucci était
particulièrement chargée en émotion tant son récit était emprunt de vérité et de réalisme.
Après Cannes, où le film de Roman Polanski a été couronné par la Palme d'or, c'était au tour
de Perpignan, hier soir, d'être bouleversé par « le Pianiste ». Au palais des rois de Majorque,
dans le cadre des Estivales, Robin Renucci donnait sa lecture du roman autobiographique de
l'artiste juif polonais Wladyslaw Szpilman. Sur des airs de Chopin « Le Pianiste », c'est
l'histoire d'un homme qui échappe, une première fois, au camp de concentration. Quelque
temps plus tard, à l'article de la mort, il est à nouveau sauvé par un officier allemand, hanté
par l'atrocité des crimes de son peuple. Ce dernier procure au musicien nourriture et
couverture comme il le fit pour de nombreux autres juifs, avant de mourir, lui-même, dans un
camp de prisonniers soviétique. Si Robin Renucci a voulu monter cette pièce, c'est parce qu'il
a été autant « bouleversé » par Szpilman que par le récit incroyable de sa survie. Disparu, il y
a deux ans, à l'âge de 89 ans, il avait écrit, en 1945, ce récit qui fut réédité l'année dernière,
chez Robert Laffont (*). Tout comme Polanski qui en a acheté les droits, Renucci tenait
absolument à l'adapter. Toutefois, le comédien n'a pas attendu le succès annoncé du film (qui
sortira en salles le 25 septembre) pour se lancer dans l'aventure. Dès l'hiver dernier, il
présentait déjà une première version à la Maison du judaïsme, dans le Marais, à Paris. A la
différence qu'à cette époque, il était seul en scène et sans piano Hier soir, dans le superbe
palais des rois de Majorque, Renucci ne s'est pas contenté d'une lecture en solitaire. Il a fait
appel au pianiste Mikhaïl Rudy, un artiste franco-russe, grand amateur et interprète de
Chopin, le compositeur fétiche de Szpilman. Ainsi, la vie de Szpilman a-t-elle été racontée par
la voix de Renucci et par le piano de Rudy, exclusivement dévolu à Chopin. Tous les
morceaux avaient été choisis minutieusement, à commencer par une sonate funèbre destinée à
illustrer le moment précis de la rafle du ghetto de Varsovie, en 1942. Dans le public, au
troisième rang, au milieu des vacanciers, un homme très digne, cravaté et un caméscope à la
main semblait plus attentif encore que ses voisins. Il s'agissait d'Andreï Szpilman, le propre
fils de Wladyslaw. Celui-ci s'est déclaré « particulièrement ému » de revoir ainsi la vie de son
père. Tout comme il l'avait été en découvrant le film de Polanski, à Cannes, en mai dernier.
(*) « Le Pianiste » de Wladyslaw Szpilman, Editions Robert Laffont, 266 pages, 18,10 Ç
(118,73 F). « Les Estivales » de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Jusqu'au 31 juillet. Tél.
04.68.35.01.77.