Citations_Revol-_Sc-_L2-_2014

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Citations du cours « La révolution scientifique de l’âge classique. »
 Alexandre Koyré Etudes galiléennes, écrites en 1939.
« [Une des plus importantes, si ce n’est la plus importante depuis l’invention du Cosmos par la pensée grecque,
mutation de l’intellect humain1 fut certainement la révolution scientifique du dix-septième siècle, profonde
transformation intellectuelle dont la physique moderne ou plus exactement classique , fut à la fois l’expression
et le fruit. »2
« Le positivisme est fils de l’échec et du renoncement. Il est né de l’astronomie grecque et sa meilleure
expression est le système de Ptolémée. Le positivisme fut conçu et développé, non pas par les philosophes du
XIIIe siècle (ici, c’est notamment Guillaume d’Ockham et la méthode nominaliste qui sont visés), mais par
les astronomes grecs qui […] se trouvèrent dans l’incapacité de pénétrer le mystère des mouvements vrais des
corps célestes, et qui, en conséquence, limitèrent leurs ambitions à un sauvetage des phénomènes , c’est-à-dire
à un traitement purement formel des données de l’observation. Traitement qui leur permettait de faire des
prédictions valables, mais dont le prix était l’acceptation d’un divorce définitif entre la théorie mathématique
et la réalité sous-jacente. […] C’est cette conception –qui n’est nullement progressive comme semble le croire
M. Crombie, mais au contraire rétrograde au plus haut point- que les positivistes du XIVe siècle, assez proches
en cela de ceux du XIXe et du XXe qui ont seulement remplacé la résignation par la fatuité… Et c’est par
révolte contre ce défaitisme traditionnel que la science moderne, de Copernic à Galilée et à Newton, a mené sa
révolution contre l’empirisme stérile des Aristotéliciens, révolution qui est basée sur la conviction profonde
que les mathématiques sont plus qu’un moyen formel d’ordonner les faits et sont la clé même de la
compréhension de la Nature. »3
« La science née de ses efforts et de ses découvertes (Galilée, mais aussi Descartes) ne suit pas l’inspiration des
« précurseurs parisiens de Galilée » ; elle se place immédiatement à un niveau tout autre (voilà la
discontinuité), le niveau que j’aimerais appeler archimédien »4.
« Le rôle [de Bacon] dans l’histoire de la révolution scientifique, a été parfaitement négligeable » et « Bacon,
initiateur de la science moderne est une plaisanterie, et fort mauvaise, que répètent encore les manuels. En fait,
Bacon n’a jamais rien compris à la science etc. »5
 Le pape Jean XXI
“ Un rapport extrêmement inquiétant est venu récemment à nos oreilles ; il nous a troublé et a mis l’amertume
en notre âme. Au grand préjudice de la foi catholique, certaines erreurs se sont mises à pulluler à Paris. Aussi
nous voulons et nous t’ordonnons de faire rechercher en quels lieux et par quelles personnes ces erreurs sont
enseignées ”.
 Etienne Tempier
Exemples de thèses condamnées :
55. “Le premier être ne peut rien produire d’autre que lui-même : car ce qui est fait ne diffère de l’agent que par
la matière ”
103. “ La forme ne peut être produite et ne peut exister que dans la matière ; elle ne peut être faite par un agent
qui n’agirait pas au moyen de la matière ”
46. “ de même que de la matière, rien ne peut être produit sans agent, de même un agent ne peut rien produire
sans matière ”.
192. “ La forme matérielle ne peut donc être créée ”
50. “ Dieu a une puissance infinie, non pas qu’il ait fait quelque chose de rien, mais parce qu’il donne la
continuité au mouvement infini ”.
98. “ Le monde est éternel car ce dont la nature comporte la possibilité d’exister indéfiniment dans l’avenir
possède également une nature par laquelle il a pu exister dans tout le passé ”
34. “ La Cause première ne peut faire plusieurs mondes ”
1
Notion que Koyré dit avoir emprunté à Gaston Bachelard, in NES.
Etudes galiléennes, p. 12
3
Koyré, « Les origines de la science moderne », dans Etudes d’histoire de la pensée scientifique, p. 81-82.
4
Koyré, « Galilée et Platon », 1943, trad. Dans Etudes d’histoire de la pensée scientifique, p. 172
5
Koyré, Etudes galiléennes, p. 12
2
1
49. “ Dieu ne pourrait donner au ciel un mouvement rectiligne, pour cette raison que le ciel, mu de cette façon,
laisserait le vide derrière lui ”.
Indivisibles et latitude des formes.
 Nicole Oresme, Tractatus de configurationibus qualitatum et motuum67:
« Lorsque je commençai à mettre en ordre l'idée que je me faisais de l'uniformité et de la difformité des
intensités, il me vint à l'esprit d'autres choses à ajouter au sujet, de manière que ce traité pût non seulement
servir aux exercices scolaires mais aussi être utile à la science. Je m'y suis efforcé de présenter clairement et
distinctement et d'appliquer utilement à d'autres objets les choses que sur cette matière, quelques autres
semblent percevoir confusément, exprimer de façon obscure et employer improprement. »
Tractatus, partie 1..
« Quoique les points indivisibles ou les lignes n'existent pas, il faut néanmoins les introduire comme des
fictions mathématiques pour mesurer les choses et connaître leurs rapports. Donc toute intensité susceptible
d'être acquise au cours du temps doit être représentée par une ligne droite élevée perpendiculairement
au-dessus d'un point de l'espace ou du sujet de ce qui a cette intensité comme par exemple une qualité. En effet
quelque rapport qu'il y ait entre une intensité et une autre parmi des intensités de même espèce, le même
rapport se retrouve entre une ligne et une autre et vice versa /.../ L'intensité selon laquelle une chose est dite
plus ou moins telle, par exemple plus ou moins blanche ou plus ou moins rapide, cette intensité, dis-je, du fait
qu'elle est divisible d'une seule manière (je parle de l'intensité en un point) et cela indéfiniment à la manière
d'un continu, ne peut pas être plus adéquatement représentée que par cette espèce de continu qui est divisible
avant toute autre et d'une manière unique, à savoir par une ligne. »
« La quantité d'une qualité linéaire quelconque doit être représentée par une surface dont la longueur ou base
est une ligne tirée dans un tel sujet, /.../ et dont la latitude ou altitude est désignée par une ligne élevée
perpendiculairement au-dessus de ladite base /.../ Et j'entends par qualité linéaire la qualité d'une ligne dans le
sujet informé par une qualité.
En effet que la quantité d'une telle qualité puisse être représentée par une telle surface s'éclaire puisqu'on peut
trouver une surface égale à cette qualité en longitude ou extension et semblable en altitude à la même qualité en
intensité, comme il apparaîtra clairement par la suite. Mais qu'il faille représenter une qualité de cette manière
pour que sa disposition8 soit plus aisément connue, cela apparaît du fait que son uniformité ou sa difformité
s'apprécie plus vite, plus facilement et plus clairement quand on a une figure sensible dans laquelle est tracé
quelque chose de semblable à la disposition qui soit saisi par l'imagination rapidement et parfaitement et quand
cette disposition est rendue manifeste dans un domaine visible. En effet il semble assez difficile à certains de
comprendre qu'une qualité soit uniformément difforme. Mais quoi de plus facile à comprendre que le fait que
l'altitude d'un triangle rectangle est uniformément difforme? Car c'est manifeste à la perception sensible. Par
conséquent comme l'intensité d'une telle qualité est figurée par l'altitude d'un tel triangle et lui est assimilée
/.../, alors on connaîtra facilement la difformité d'une telle qualité, sa disposition, sa configuration et sa mesure,
et ainsi de suite. »
Tractatus partie II, chapitre: De la difformité des vitesses par rapport au temps9.
« Toute vitesse10 dure dans le temps. Ainsi le temps ou durée sera la longitude de cette vitesse et l'intensité de
la même vitesse sera sa latitude. Et quoiqu'un temps et une ligne ne soient pas comparables en quantité, il n'y a
pas de rapport entre un temps et un temps qui ne puisse se retrouver entre des lignes et vice-versa. Il en est de
même de l'intensité de la vitesse, c'est-à-dire que tout rapport entre une intensité de vitesse et une autre se
retrouve entre une ligne et une autre, comme il a été dit à propos des autres sortes d'intensité. C'est pourquoi
nous pouvons arriver à la connaissance des difformités des vitesses en imaginant des lignes et des figures. Soit
6
Nicolaus Oresme, De configurationibus qualitatum et motuum, in Marshall Clagett (ed., transl. and comm.),
Nicole Oresme and the Geometry of Qualities and Motions, Madison, Milwaukee and London, The University of
Wisconsin Press, 1968. Pour les passages cités, je me suis appuyé sur le texte latin procuré par Marshall Clagett
auquel je référerai ; en revanche les traductions anglaises sont de moi.
7
Ibid., Proemium, p 158-159.
8
La dispositio est le fait pour une qualité d'être uniforme ou uniformément difforme ou difformément difforme de
diverses manières.
9
Ibid. cap. 8, p.288-291.
10
En fait Oresme utilise presque indifféremment motus et velocitas, de même que pour lui albedo désigne aussi bien
la qualité blancheur qu’un objet blanc.
2
donc par exemple un mobile mû de n'importe quelle manière dans un temps /.../ Je dis que la vitesse du mobile
pourra être assimilée à une surface ou figure et être représentée par elle de façon appropriée, la ligne AB qui est
la longueur de cette figure désignant la longueur de la durée de ce mouvement, et l'altitude de la même figure
désignant l'intensité de ladite vitesse. Par exemple si la vitesse est également intense à tous les instants du
temps, alors au dessus de n'importe quel point de la ligne AB l'altitude sera égale partout et la figure sera
uniformément haute; c'est-à-dire que ce sera un quadrangle rectangle représentant cette vitesse absolument
uniforme. Si d'autre part au premier instant de ce temps il y a une vitesse d'un certain degré et à l'instant milieu
du temps total la vitesse en est la moitié et si à l'instant milieu de la dernière moitié elle en est le quart et s'il en
est de même proportionnellement des autres instants, et si par conséquent elle est nulle au dernier instant, alors
au-dessus de la ligne AB les lignes d'altitude seront dans la proportion susdite et la figure sera celle d'un
triangle rectangle représentant cette vitesse, laquelle était uniformément difforme terminée à nul degré en son
dernier instant. Et pour parler bref, toute uniformité et toute difformité des vitesses peuvent être caractérisées
et décrites suivant les mêmes modes qui ont été posés dans la première partie du présent ouvrage quand on a
parlé de l'uniformité et de la difformité des qualités. »
Théorème du degré moyen
« Dans le cas d'une vitesse on doit dire exactement la même chose que dans le cas d'une qualité linéaire, à ceci
près qu'au lieu du point milieu on prend l'instant milieu du temps qui mesure une telle vitesse. Et ainsi donc on
voit clairement à quelle qualité ou vitesse uniforme s'égale une qualité ou vitesse uniformément difforme.
Quant au rapport des qualités et des vitesses uniformément difformes il est comme le rapport des qualités et des
vitesses absolument uniformes auxquelles elles s'égalent. »

Les Configurations d’Oresme
Variation uniforme
Théorème du degré moyen
Variation uniformément difforme
Variations minimales à l’extremum
« d’une façon absolument générale la mesure ou le rapport de deux qualités linéaires ou qualité de surface
quelconque…est égal à celui des figures par lesquelles on les représente de façon comparable » Ttractatus, III,
v., Souffrin, p.73)
Oresme :
« On doit parler de la même façon de la mesure d’une vitesse, mais en prenant le temps pendant lequel dure
cette vitesse pour l’extension et le degré de vitesse pour l’intensité » (Tractatus, III, vi).
La théorie de l’Impetus
 Buridan (1300-v.1370), Questiones super octo physicorum libros aristotelis.
« Tandis que le moteur meut le mobile, il lui imprime un certain impetus, une certaine puissance capable de
mouvoir dans la direction même où le moteur meut le mobile, que ce soit vers le haut, vers le bas ou de côté, ou
circulairement. Plus grande est la vitesse avec laquelle le moteur meut le mobile, plus puissant est l’impetus
qu’il imprime en lui. C’est cet impetus qui meut la pierre après que celui qui la lance a cessé de la mouvoir ;
mais par la résistance de l’air et aussi par la pesanteur qui incline la pierre à se mouvoir en un sens contraire à
celui vers lequel l’impetus a puissance de mouvoir, cet impetus s’affaiblit continuellement ; dès lors le
mouvement de la pierre se ralentit sans cesse : cet impetus finit par être vaincu et détruit à tel point que la
gravité l’emporte sur lui et désormais meut la pierre vers son lieu naturel » (Cité par Clavelin, La philosophie
naturelle de Galilée, p.104)
3
« Dans un corps dense et grave il y a, toutes choses égales d’ailleurs, plus de matière première qu’en un corps
grave et léger ; un corps grave et dense reçoit donc davantage de cet impetus » (Buridan, selon Duhem, cité par
Clavelin p. 105)
Duhem :
« La mécanique de Galilée c’est la forme adulte d’une science vivante dont la mécanique de Buridan était la
larve » (cité par Clavelin p. 106)
Buridan:
« l’impetus est une certaine réalité permanente distincte du mouvement local selon lequel se meut le
projectile, c’est une qualité dont la nature est de mouvoir le corps auquel elle a été imprimée » (cité in Clavelin,
p. 107)
« Il faut imaginer que par l’effet de son moteur principal, c’est-à-dire, de sa gravité, un grave acquiert non
seulement du mouvement, mais encore un certain impetus, et cela grâce au mouvement même qui le meut
avec sa gravité naturelle permanente…Ainsi, au début le grave est-il mû par sa seule gravité naturelle et, pour
cette raison se meut lentement ; puis il est mû en même temps par la gravité et par cet impetus acquis, et pour
cette raison, se meut plus vite ; et comme le mouvement devient plus rapide, de son côté, l’impetus devient plus
grand, si bien que le grave …se meut de plus en plus rapidement et accélère ainsi continuellement son
mouvement jusqu’à la fin » (in Clavelin p.107)
 Copernic (1473-1542)
« La terre est entraînée dans son mouvement circulaire non seulement avec l’élément aqueux qui lui est
conjoint, mais encore une portion considérable de l’air ainsi que toutes les choses qui sont liées de la même
façon avec elle » (De revolutionibus, I, in Szczeciniarz. p.125).
« Le mouvement de la terre est le mouvement naturel parce que sphérique et géométrique, d’un tout qui, en
tant que tel, maintient les parties en rapport entre elles car elles lui sont homogènes. Les parties ont tendance à
se rassembler vers ce tout, quel que soit, par ailleurs, le mouvement de ce dernier. Cependant, cette stabilité est
possible parce que le tout possède un mouvement naturel, le mouvement circulaire. Il faut remarquer que c’est
le mouvement sphérique qui est conçu par Copernic comme le mouvement global d’un tout. (Szczeciniarz
p.126)
« Que le mouvement des corps célestes est uniforme et circulaire, perpétuel, ou composé de mouvements
circulaires. Nous allons rappeler maintenant que le mouvement des corps est circulaire. En effet, la mobilité
propre de la sphère est de tourner en rond ; par cet acte même, tandis qu’elle se meut uniformément en
elle-même, elle exprime sa forme, celle du corps le plus simple où l’on ne peut trouver ni commencement, ni
fin, ni distinguer l’un de l’autre » (De revolutionibus orbium celestum, Livre I, traduction Alexandre Koyré,
Blanchard, Paris, 1970)
« Etendant à la terre une idée admise pour les cieux, il affirme le caractère naturel du mouvement circulaire de
celle-ci. Or, étant naturel, ce mouvement d’une part ne peut pas produire les effets désastreux dont parle
Ptolémée, d’autre part, étant naturel à la terre, il anime, naturellement, tous les corps de la nature et de
provenance terrestre, même si ils ne sont pas en contact immédiat avec elle ; ils lui sont physiquement reliés
(comme des parties au tout) » (Koyré, Etudes galiléennes, p.168).
« Mais que dirons-nous touchant les nuages et les autres choses flottant dans l’air, ainsi que celles qui tombent,
ou inversement, tendent vers le haut ? Tout simplement que, non seulement la terre avec l’élément aqueux qui
lui est joint, se meut ainsi, mais encore une partie non négligeable de l’air, et toutes les choses qui, de la même
manière, ont un rapport avec la terre.[…] Quant aux choses qui tombent et qui s’élèvent, nous avouerons que
leur mouvement doit être double par rapport au monde et, généralement , composé de rectiligne et de
circulaire » (De revolutionibus, I, 8, in Koyré,id. p.170)
 Jean-Baptiste Benedetti (1540-1590)
« Telle est la grandeur et l’autorité d’Aristote qu’il est difficile et dangereux d’écrire quelque chose contre ce
qu’il a enseigné ; pour moi particulièrement, à qui la sagesse de cet homme a toujours paru admirable.
Néanmoins, poussé par le souci de la vérité, par l’amour de laquelle, s’il vivait, il aurait été lui-même
enflammé, …je n’hésite pas à dire, dans l’intérêt commun, en quoi, le fondement inébranlable de la
philosophie mathématique me force à me séparer de lui » (Koyré, p.53) (ref. à Archimède)
« Tout corps grave, qu’il se meuve naturellement ou violemment, reçoit en lui-même un impetus, une
impression de mouvement, de telle sorte que, séparé de la vertu mouvante, il continue à se mouvoir de
4
lui-même, pendant un certain laps de temps. lors donc que le corps se meut d’un mouvement naturel, sa vitesse
augmentera sans cesse ; en effet, l’impetus et l’impressio qui existent en lui croissent sans cesse car il est
constamment uni à la vertu mouvante » (Koyré, p.48)
Or cet impetus décroît continuellement et, petit à petit, l’inclination de la gravité s’y glisse, laquelle, se
composant avec l’impression faite par la force ne permet pas que la ligne ab reste droite pendant longtemps ;
bien vite elle devient courbe parce que le corps est mû par deux vertus, dont l’une est la violence imprimée, et
l’autre, la nature. Ceci contrairement à l’opinion de Tartaglia qui nie qu’un corps quelconque puisse être mû
simultanément par des mouvements naturel et violents » (cité in Koyré p.50.)
 Giordano Bruno (1548-1600)
(cf. Koyré p.171-182)
« Or donc, que l’on s’imagine deux hommes : l’un dans le navire qui court, et l’autre en dehors de celui-ci,
ayant chacun une pierre qu’ils laissent tomber : la pierre du premier, sans perdre un point, ni dévier de sa ligne
verticale, viendra au lieu fixé à l’avance ; et celle du second se trouvera transportée en arrière. Ce qui ne vient
de rien d’autre que de ce que la pierre qui part de la main de celui qui est porté par le navire, et par conséquent,
se meut selon le mouvement de celui-ci, possède une certaine vertu impresse, que ne possède pas l’autre. De
cette diversité, nous ne pourrons donner aucune raison sinon celle que les choses, qui sont attachées au navire
par un lien ou par une telle appartenance, se meuvent avec celui-ci ; et que la pierre qui se meut avec le navire,
porte avec elle la vertu du moteur, tandis que l’autre n’y a pas de participation » La Cena de le Ceneri, cité
par Koyré p.175)
Koyré p.181 :
« On reste confondu devant la hardiesse, et le radicalisme, de la pensée de Bruno, qui opère une transformation
–révolution véritable- de l’image du monde et de la réalité physique. Infinité de l’univers, unité de la nature,
géométrisation de l’espace, négation du lieu, relativité du mouvement : nous sommes tout près de
Newton.… »
Physique au XVIIeme siècle
 Descartes
Les Principes
« Par la Nature, écrit Descartes, je n’entends point ici quelque Déesse, ou quelque autre sorte de puissance
imaginaire, mais je me sers de ce mot pour signifier la Matière même en tant que je la considère avec toutes les
qualités que je lui ai attribuées comprises toutes ensemble, et sous cette condition que Dieu continue de la
conserver en la même façon qu’il l’a créée » Le Monde, ch. VII (A.T XI, p. 36/37 ; Alquié, 1, p. 349/350)
2. Deux grandes doctrines sur la nature de la matière se déploient contre l’hylémorphisme :
- la matière subtile cartésienne : il n’y a pas de vide, l’étendue est par essence matérielle et les éléments se
constituent par chocs et mouvement. La matière la plus fine, qui remplit toutes les pores de l’espace est l’éther.
C’est la doctrine du mécanisme. L’attraction s’explique par les tourbillons de cette matière subtile.
- L’autre est la théorie atomiste : Beeckman, Gassendi et sans doute aussi Galilée, reprise de l’atomisme
ancien. Newton sans doute aussi cf. Les Queries de la fin de l’Opticks.
 Kepler
«[les naturales traditionnels croient que] de la surface inférieure de l’orbe lunaire jusqu’à la dixième sphère il
n’y a pas de vide dans les orbes célestes, mais qu’un orbe est toujours en contact avec un autre orbe [Chez
Copernic] aucun orbe n’est en contact avec un autre mais […] il reste entre les divers systèmes d’immenses
espaces […] qui ne se rattachent à aucun des deux systèmes voisins.» Mysterium cosmographicum,(1595) Le
secret du monde, chap. XIV, in Lerner, 70-71.
Maria Rescaglia
“ Descartes, désormais considéré comme le symbole de la pensée moderne, constitue ensemble avec Gassendi,
le principal ennemi à combattre soit par les autorités ecclésiastiques que par les milieux conservateurs. Le
rationalisme cartésien et le corpuscularisme des atomistes risquent de faire définitivement s’écrouler les
dernières digues de la doctrine aristotélicienne ” (cat. p. 105.)

Clavius
5
« On doit juger que les sciences mathématiques sont non seulement utiles, mais aussi tout à fait nécessaires, et
doivent être étudiées d’une part en vue des autres arts, d’autre part en vue de la constitution et l’administration
de la chose publique.11
Ces éléments de géométrie conditionnent toutes les mesures des champs, des montagnes, des îles, toutes
observation des astres, toutes constructions d’instruments, toute la force des machines, toute la variété
d’apparence qu’on voit dans les miroirs, les tableaux, les eaux ainsi que l’air… enfin, la géométrie soumet au
regard de notre esprit cet immense ouvrage de Dieu et de la nature. »12
 Galilée
« La philosophie est écrite dans cet immense livre qui se tient toujours ouvert devant nos yeux, je veux dire
l’Univers, mais on ne peut le comprendre si on ne s’applique d’abord à en comprendre la langue et à connaître
les caractères avec lesquels il est écrit. Il est écrit en langue mathématique et ses caractères sont des triangles,
des cercles et autres figures géométriques sans le moyen desquels il est humainement impossible d’en
comprendre un mot. Sans eux, c’est une errance vaine dans un labyrinthe obscur. » Il saggiatore, 1623, Trad.
Chauviré. Opere V 232.
Giorgio Baglivi:
Notre siècle, par bonheur, a vu naître et grandir la philosophie naturelle et expérimentale [...] Les médecins se
mirent donc à examiner la structure du corps et les phénomènes de l’organisme, en appliquant à cet examen, les
principes de la géométrie mécanique, les expériences physico-mécaniques et celles de la chimie [...]13
Tarcisio Festa :
« Ils appliquèrent à cette recherche (sur les contractions musculaires) les principes de la géométrie
euclidienne » (p. 186).»14
Desgabets tient Descartes et Gassendi pour les artisans les plus remarquables du « privilège de notre siècle » à
savoir « l’union de la physique et de la mathématique ». C’est là leur génie commun, dit-il15.
Robert Lenoble
« L'illustris vir est bien le seul à vouloir encore démontrer les premiers principes de la physique16.
 C. Huygens
« Mr Descartes avait trouvé la manière de faire prendre ses conjectures et fictions pour des vérités [...] La
nouveauté des figures de ses petites particules et des tourbillons y font un grand agrément. Il me sembla,
lorsque je lus ce livre des Principes pour la première fois que tout allait le mieux du monde [...] Mais je suis
fort revenu [...] et à l’heure qu’il est je ne trouve presque rien que je puisse approuver comme vrai dans toute
sa physique, ni métaphysique, ni météores17.
 Pascal :
« Les secrets de la nature sont cachés; quoiqu'elle agisse toujours, on ne découvre pas toujours ses effets: le
temps les révèle d'âge en âge, et quoique toujours égale en elle même, elle n'est pas toujours également connue
[...] ce serait ignorer la nature de s'imaginer qu'elle ait commencé d'être au temps qu'elle a commencé d'être
connue18 ».
« Puisque la nature de la lumière est inconnue, à vous et à moi; que, de tous ceux qui ont essayé de la définir,
pas un n'a satisfait aucun de ceux qui cherchent les vérités palpables, et qu'elle nous demeurera peut-être
éternellement inconnue, je crois que cet argument demeurera longtemps sans recevoir la force qui lui est
nécessaire pour devenir convaincant. [...] Ainsi, remettons cette preuve au temps où nous aurons l'intelligence
de la nature de la lumière »19.
11
Clavius, Euclidis elementorum libri XV, (1607) cité par Angelica Axw, p 109.
ibid.
13
Id., art. Expérience, p.520
14
T. Festa, « Les premiers traités de physiologie du muscle », in Géométrie, Atomisme et Vide dans l’école de
Galilée, Cahier d’histoire et de philosophie des sciences, 1999, n. 10, p. 203
15
Joseph Beaude, « Desgabets est-il gassendiste ? », in Gassendi et l’Europe, op.cit., p. 141
16
R. Lenoble, Mersenne ou la naissance du Mécanisme, Vrin, 1943, p. 426
17
Remarques sur la Vie de Descartes de Baillet, cité par Halleux, in art. « Matière » du Dictionnaire de la science
classique, Flammarion, 1999, p.778
18
Pascal, (1623-1654), Préface sur le traité du vide, p. 783-785.
19
Pascal, lettre au Père Etienne Noël, 29 oct. 1647, Œuvres complètes, éd. Mesnard, op. cit., p. 520.
12
6
 Roberval :
« La physique est toute véritable, mais elle est fort cachée ; elle ne se découvre aux hommes que par la vertu de
ses effets. Elle n’est ni flatteuse, ni susceptible de flatterie. Les chymères sont anéanties par son seul aspect
avec autant de facilité que les ténèbres par la lumière : elle n’est jamais contraire à elle-même ; quoiqu’elle
produise des effets contraires ou qui nous semblent tels. Partout elle est absolument invincible. On ne la peut
détruire, non pas même l’altérer en la moindre chose ; quoique les corps dans lesquels elle se rencontre
puissent changer de mouvement, de figures et d’autres accidents. D’où il s’en suit que tous les hommes
ensemble ne peuvent rien contre elle. Les uns peuvent bien, par leurs artifices, la faire croire aux autres toute
différente qu’elle est en effet : mais malgré leur logique captieuse, malgré les chymères de leur creuse
métaphysique, la nature demeure toujours telle, constante en son être véritable… »20
 Robert Boyle
« Je me suis abstenu à dessein de m'informer complètement du système entier des atomistes, des cartésiens ou
de tout autre philosophie nouvelle ou reçue[...]pour n'avoir l'esprit pénétré d'aucune théorie ou principe »21.
 d’Alembert, article Elasticité de l’Encyclopédie méthodique
« Ce que nous venons de dire ne s’adresse qu’aux philosophes audacieux qui, prenant les fantômes de leur
imagination pour les secrets de la nature croient rendre raison des phénomènes par des hypothèses hazardées et
sans fondement qu’ils regardent comme des démonstrations. Il n’en est pas de même de ceux qui, portant dans
l’étendue de la nature la sagacité et la sagesse de l’esprit observateur ont la modestie de ne donner que pour de
simples conjectures, des vues souvent heureuses et fécondes » (p.613b)
d’Alembert
«Qu’il [le physicien] se garde bien surtout de vouloir rendre raison de ce qui lui échappe ; qu’il se défie de cette
fureur d’expliquer tout, que Descartes a introduite dans sa physique, qui a accoutumé la plupart de ses
sectateurs à se contenter de principes et de raisons vagues propres à soutenir également le pour et le contre. On
ne peut lire sans étonnement dans certains auteurs de physique, les explications qu’ils donnent des variations
du baromètre, de la neige, de la grêle et d’une infinité d’autres faits... » (Essai sur les Eléments de philosophie,
chap. XX, p. 184-185 de l’ed. Fayard).
 Galilée
Deuxième journée du Dialogue
« Le mouvement est mouvement et agit comme mouvement en tant seulement qu’il est en rapport avec les
choses qui en sont privées ; mais en ce qui concerne celles qui y participent toutes également, il est sans effet »
(Ed. nat. p.141, trad. Koyré)
« Si l’instinct naturel du globe terrestre est de tourner sur lui-même en 24 heures, chacune de ses parties doit
avoir également une inclination intrinsèque et naturelle, non pas à demeurer immobile, mais à suivre la même
course » (Ed. nat. p.168 ; traduction française Fréreux, De Gandt, Seuil 1992, p.238).
N.B. Salviati et Simplicio s’affrontent sur la chute d’une pierre du haut du mât d’un navire (id. p.171 sq.).
Salviati : « avez-vous déjà fait cette expérience avec le navire ? »
Simplicio : « Je ne l’ai pas faite ; mais je crois que les auteurs qui la produisent l’ont soigneusement observée ;
d’ailleurs la cause de la différence se reconnaît avec tant de clarté qu’elle en laisse aucun doute »
Personne n’a jamais fait cette expérience (qui sera menée par Gassendi à Marseille en 1641) rétorque
Salviati, mais surtout :
« Et moi, sans expérience, je suis sûr que l’effet s’ensuivra comme je vous dis, puisqu’il est nécessaire qu’il
s’ensuive ».
« Car la pure et simple vérité, c’est que les effets de ces tirs (vers l’est et vers l’ouest) seront exactement les
mêmes, que le globe terrestre soit en mouvement ou en repos ; il en ira de même avec toutes les autres
expériences, celles qu’on a présentées, celles qu’on pourrait présenter » (E.N. 209, op.cit. p.201)
20
Roberval, L’Évidence, le fait avéré, la chymère, Auger dans Un savant méconnu : Gilles Personne de Roberval
(1602-1675), Paris, Blanchard, 1962, p. 136-137
21
R. Boyle, “ Some Specimens of an Attempt to Make Chymical Experiments Usefull ”, (1661), ), in The Works of
the Honourable Robert Boyle, éd. par Thomas Birch, 2e édition, 6 vol., Londres, : J. et F. Rivington, 1772., t. 1, p.
355 ; trad. Française par Shapin et Schaffer, op. cit., p. 70.
7
«Quand le navire est immobile observez soigneusement comme les petites bêtes qui volent vont à la même
vitesse dans toutes les directions de la cabine, on voit les poissons nager indifféremment de tous côtés, les
gouttes qui tombent entrent toutes dans le vase placé en dessous ; si vous lancez quelque chose à votre ami,
vous n’aurez pas besoin de jeter plus fort dans une direction que dans l’autre quand les distances sont égales, si
vous sautez à pieds joints comme on dit, vous franchirez des espaces égaux dans toutes les directions. Quand
vous aurez soigneusement observé cela […] faites aller le navire à la vitesse que vous voulez ; pourvu que le
mouvement soit uniforme, sans balancement dans un sens ou l’autre, vous ne remarquerez pas le moindre
changement dans tous les effets qu’on vient d’indiquer ; aucun ne vous permettra de vous rendre compte si le
navire est en marche ou immobile […]Si tous ces effets se correspondent, cela vient de ce que le mouvement
du navire est commun à tout ce qu’il contient aussi bien qu’à l’air ». (E.N. 213, op.cit.p.204-205)
 Equivalence des principes d’inertie et de relativité mécanique.
En résumé, nous allons dire :
Principe d’inertie (PI), « un corps matériel, éloigné de toute influence matérielle, n’est affecté d’aucune
modification de son état de mouvement ou repos »
Principe de relativité (PR), « Aucune expérience de physique ne permet de déterminer si un système matériel
est au repos ou en mouvement rectiligne uniforme ; soit, tous les repères en MRU sont équivalents pour décrire
une expérience physique ».
PR implique PI.
Soit (non PI), un corps matériel ralentit et s’arrête dans un certain repère sans l’action d’aucune cause
extérieure à lui-même.
Il est loisible de considérer un système en MRU animé d’une vitesse égale à la moitié de la vitesse initiale du
mobile. Dans ce système, le mobile, sans action d’aucune cause, s’arrêtera et repartira en sens inverse. C’est
absurde. Les systèmes ne sont pas équivalents et PR est violé.
Donc, (non PI) implique (non PR), soit PR implique PI.
PI implique PR
Soit (non PR), Une cause de modification de mouvement est à l’œuvre dans un repère et ne l’est pas dans un
autre repère en MRU. Autrement dit, observé dans un certain repère, un mouvement peut être modifié sans
cause, ce qui est une violation de PI.
Donc, (non PR) implique (non PI), soit PI implique PR.
Si ces arguments sont valables, PI et PR sont équivalents.
Selon la physique classique, le principe de relativité est équivalent à la « loi d’inertie ».
R
y
m
t
O
v
R’
t
x
O’
x’
z
OO’ = v.t
x
y
z
O’m = O’O + Om
x’ = x-vt
y’=y
z’=z
t
t’=t
Ceci forme la transformation de Galilée.
F. Balibar
« Les papillons volent de la même manière dans le navire voguant sur les flots et à vitesse constante et dans le
navire au repos à quai » (F. Balibar, Philosophie 1, p .73).
8
NB : les systèmes d’inertie de Galilée sont en mouvement selon la surface de la terre ; en fait, ce sont des arcs
de cercle. L’assimilation, par Galilée du mouvement de la terre à un mouvement simple, et donc à une
trajectoire d’inertie lui fait manquer l’objection de Locher.
 Galilée Discorsi
Première journée :
« si l’on fait abstraction des imperfections de la matière et qu’on la suppose parfaite, inaltérable et exempte de
toute variation accidentelle etc. […] et puisque je suppose la matière inaltérable c’est-à-dire toujours égale à
elle-même » (p.8)
Troisième journée :
« Nous apportons, sur le sujet le plus ancien, une science absolument nouvelle…une science aussi vaste
qu’éminente, dont mes propres travaux marqueront le commencement et dont des esprits plus perspicaces
que le mien exploreront les parties les plus cachées » (III, p.125)
« Il faut remarquer que tout degré de vitesse qui se trouve être dans un mobile est imprimé en lui de façon
indélébile du seul fait de sa nature, pourvu seulement que soit supprimées les causes extérieures d’accélération
et de ralentissement, ce qui n’a lieu que sur le plan horizontal ». (traduction de Maurice Clavelin, p.178)
Quatrième journée
« J’imagine qu’un mobile a été lancé sur un plan horizontal d’où l’on a écarté tout obstacle ; il est déjà certain,
d’après ce qu’on a dit ailleurs plus longuement, que son mouvement se poursuivra uniformément et
éternellement sur ce même plan pourvu qu’on le prolonge à l’infini. Supposons en revanche, qu’il soit limité et
situé à une certaine hauteur : le mobile que j’imagine doué de gravité, parvenu à l’extrémité du plan horizontal
et continuant sa course, ajoutera à son précédent mouvement uniforme et indélébile, la tendance vers le bas que
lui confère sa gravité : le résultat sera ce mouvement composé d’un mouvement horizontal uniforme et d’un
mouvement naturellement accéléré vers le bas que j’appelle projection ». (Traduction de Maurice Clavelin,
p.205)
Koyré :
« L’impossibilité, pour Galilée, de formuler le principe d’inertie s’explique, d’une part, par son refus de
renoncer entièrement à l’idée de cosmos, c’est à dire à l’idée ‘un monde bien ordonné, et d’admettre
franchement l’infinité de l’espace ; et, d’autre part, par son incapacité de concevoir le corps physique comme
privé du caractère constitutif de la gravité » (Etudes galiléennes, p.258).
 Gassendi
Aussi «n’est-il pas étonnant si, à nous tous qui étions dans la même galère, le mouvement apparut comme
perpendiculaire ; car ne nous fut observable que le mouvement de la pierre vers le bas ; en effet, on ne pouvait
pas observer le mouvement en avant parce qu’il nous était commun avec la pierre » (De motu impresso a
motore translato, trad. Koyré, E.G., p.306).
« Il est clair que la source de la perpétuité est l’uniformité, et de la cessation, l’inégalité ; car seulement ce qui
ne s’accroît, ni ne s’affaiblit, peut perdurer ; et rien ne peut, par la force de la nature, ni augmenter, ni diminuer
indéfiniment. Ainsi donc, si quelqu’un, dans ces choses composites, recherche un mouvement qui soit naturel,
au maximum, il est clair que ce sera le mouvement des cieux, parce qu’il est, avant tous les autres, uniforme et
perpétuel, grâce à la forme circulaire choisie par le créateur : celui-ci n’ayant ni commencement ni fin, il peut
être uniforme et perpétuel » (De motu, trad. Koyré, EG., p.307)
« Il se peut que, s’il s’agissait du mouvement de la terre –si on la supposait mobile sur son axe- cela paraîtrait
moins surprenant- car on pourrait dire que la pierre se meut uniformément parce qu’elle se conforme
spontanément au mouvement uniforme du tout, qu’elle y soit liée ou qu’elle en soit séparée. Mais sans doute
est-ce étonnant (lorsqu’il s’agit du mouvement) imprimé par la course du navire, ou d’une autre chose, ou de la
mains seule ; car la pierre ne possède pas de relation semblable à ces choses, ou à leurs mouvements. D’où il
est juste de conclure que le mouvement horizontal, de quelque cause qu’il provienne, est, de par sa nature,
perpétuel, à moins qu’une cause n’intervienne qui détourne le mobile et trouble le mouvement ». De motu,
chap. X, in Koyré EG. p.309
« De plus, il n’y a aucune raison pour qu’il retarde ou accélère sa course, parce que jamais il ne s’éloigne ni ne
se rapproche du centre de la terre, ni, non plus pour que jamais il ne s’arrête, comme il le ferait s’il y avait
quelque irrégularité dans la surface » (De motu, p. 40, in Koyré, p.310)
9
« Tout mouvement se fait par impulsion et lorsque je dis impulsion, je ne veux aucunement faire exception
pour l’attraction ; car attirer n’est rien d’autre que pousser vers soi par un instrument incurvé » (De motu, in
Koyré,311)
 Descartes
Le Monde
« Dieu est immuable et agit toujours de même façon » Chapitre VII.
On a trois principales règles :
« La première est que chaque partie de la matière, en particulier, continue toujours ‘être dans le même état,
pendant que la rencontre des autres ne la contraint point de changer. C’est à dire, si elle a quelque grosseur, elle
ne deviendra jamais plus petite, sinon que les autres la divisent ; si elle est ronde ou carrée, elle ne changera
jamais cette figure sans que les autres l’y contraignent ; si elle est arrêtée en quelque lieu, elle n’en partira
jamais que les autres l’en chassent ; et si elle a une fois commencé à se mouvoir, elle continuera toujours avec
une égale force jusques à ce que les autres l’arrêtent ou la retardent » (A.T.XI, p.38)
« Je suppose pour seconde règle : que quand un corps en pousse un autre, il ne saurait lui donner aucun
mouvement, qu’il n’en perde en même temps autant du sien ; ni lui en ôter que le sien ne s’augmente d’autant.
Cette règle, jointe avec la précédente, se rapporte fort bien à toutes les expériences, dans lesquelles nous
voyons qu’un corps commence ou cesse de se mouvoir, parce qu’il est poussé ou arrêté par quelque autre ».
(A.T.XI, p.41)
“J’ajouterai pour la troisième: que lorsqu’un corps se meut, encore que son mouvement se fasse le plus souvent
en ligne courbe et qu’il ne s’en puisse jamais faire aucun qui ne soit en quelque façon circulaire, ainsi qu’il a
été dit ci-dessus, toutefois, chacune de ses parties en particulier, tend toujours à continuer le sien en ligne droit.
Et ainsi, leur action, c’est à dire l’inclination qu’elles ont à se mouvoir, est différent de leur mouvement » (A.T.
XI, p.43-44)
Le Monde, VII, (A.T. XI, p.44).
« Or est-il que de tous les mouvements il n’y a que le droit qui soit entièrement simple, et dont toute la nature
soit comprise en un instant. Car pour le concevoir, il suffit de penser qu’un corps est en action pour se mouvoir
d’un certain côté, ce qui se trouve en chacun des instants qui peuvent être déterminés pendant le temps qu’il se
meut. Au lieu que, pour concevoir le mouvement circulaire, ou quelqu’autre que ce puisse être, il faut au moins
considérer deux de ses instants, ou plutôt deux de ses parties, et le rapport qu’il est entre elles ».
« remarquez que je ne dis pas, pour cela, que le mouvement droit se puisse faire en un instant, mais seulement
que tout ce qui est requis pour le produire se trouve dans les corps en chaque instant qui puisse être déterminé
pendant qu’ils se meuvent, et non pas tout ce qui est requis pour produire le circulaire ». (id. p.45)
Les Principes de la Philosophie
Pr. II, Article 36 : « Que Dieu est la première cause du mouvement, et qu’il en conserve toujours une égale
quantité dans l’Univers. »
« Il n’y a point d’autre cause (du mouvement) que Dieu, qui, de sa toute puissance a créé la matière avec le
mouvement et le repos, et qui conserve maintenant en l’univers, par son concours ordinaire, autant de
mouvement et de repos qu’il en a mis en le créant »
Pr. II, Article 37 : « la première loi de la nature : que chaque chose en l’état qu’elle est, pendant que rien ne le
change »
« …que si (une partie de la matière) est en repos, elle ne commence point à se mouvoir de soi-même. Mais
lorsqu’elle a commencé une fois à se mouvoir, nous n’avons aucune raison de penser qu’elle doive cesser de se
mouvoir de même force, pendant qu’elle ne rencontre rien qui retarde ou qui arrête son mouvement. De façon
que, si un corps a commencé une fois de se mouvoir, nous devons conclure qu’il continue par après de se
mouvoir, et que jamais il ne s’arrête de soi-même ».
Pr. II, Article 39 : « La seconde loi de la nature : que tout corps qui se meut, tend à continuer son mouvement
en ligne droite »
« …chaque partie de la matière, en son particulier, ne tend jamais à continuer de se mouvoir suivant des lignes
courbes, mais suivant des lignes droites … Cette règle, comme la précédente, dépend de ce que Dieu est
immuable, et qu’il conserve le mouvement en la matière par une opération très simple… »
10
Pr. II, Article 40 : « La troisième : que si un corps qui se meut en rencontre un autre plus fort que soi, il ne perd
rien de son mouvement, et s’il en rencontre un plus faible qu’il puisse mouvoir, il en perd autant qu’il lui en
donne »
Lettre à Huygens du 18 ou 19 février 1643 :
« Sur quoi je considère que la nature du mouvement est telle que, lorsqu’un corps a commencé à se mouvoir,
cela suffit pour faire qu’il continue toujours après avec une même vitesse et en ligne droite, jusqu’à ce qu’il soit
arrêté ou détourné par quelqu’autre cause ». (A.T. III, p.619).
 Christian Huygens
« Si la gravité n’existait pas et qu’aucune résistance d’air ne s’opposait au mouvement des corps, chacun d’eux
continuerait son mouvement avec une vitesse uniforme en suivant une ligne droite » (Œuvres complètes,
XVIII, 22 volumes, p.124)
Spinoza. Abrégé de mécanique, Corollaire, première partie.
« Il suit de là qu’un corps en mouvement se meut jusqu’à ce qu’il soit déterminé par un autre à s’arrêter, et
qu’un corps en repos reste aussi en repos jusqu’à ce qu’il soit déterminé au mouvement par un autre (…)
Quand je suppose, en effet qu’un corps, soit par exemple A, est en repos et que je n’ai pas égard à d’autres
corps en mouvement (…) Si, au contraire, A est supposé en mouvement, chaque fois que nous aurons égard
seulement à A… » (Vrin, p.148-149, Gebhardt,II, p98).
 Newton
Philosophiae naturalis Principia mathematica (Londres 1687, reed. 1713, 1727)
Définition de la quantité de matière :
« La quantité de matière se mesure par la densité et le volume pris ensemble […]Je désigne la quantité de
matière par les mots de corps ou de masse ».
Définition de la quantité de mouvement :
« La quantité de mouvement est le produit de la masse par la vitesse ».
Définition de la force interne de la matière :
« La force interne de la matière (vis insita) est le pouvoir de résistance, par lequel chaque corps persévère,
autant qu’il est en lui de le faire, dans son état actuel de repos ou de mouvement uniforme en ligne droite »
Comme on le voit, ce n’est pas une force au sens contemporain du terme, newton la nomme aussi « force
d’inertie ». Elle est proche de ce que Descartes désignait comme « la force de chaque corps pour agir ou pour
résister ».
Définition de la force imprimée :
« La force imprimée (vis impressa) est une action exercée sur le corps, qui a pour effet de changer son état de
repos ou de mouvement uniforme en ligne droite ».
Première loi de la mécanique:
“Tout corps persévère dans son état de repos ou de mouvement rectiligne uniforme à moins que des forces
imprimées ne le contraignent à changer son état” (Loi I, traduction de l’édition de 1727 par la marquise du
Chastelet).
Corollaire V :
« Les mouvements des corps inclus dans un espace donné sont les mêmes, entre eux, que cet espace soit au
repos, ou qu’il se meuve uniformément en ligne droite sans mouvement circulaire »
La vie de M. Descartes. Adrien Baillet,
« Monsieur Descartes ne trouva rien de plus agréable durant ce séjour, que la conversation de ceux qui l'
informérent des particularitez de la vie de ce grand astronome (Tycho), qui étoit venu autrefois de Danemarck
s' habituer à Prague avec toute sa famille. Si nous en croyons quelques auteurs, il prit un plaisir sensible à
entendre parler de ses belles inventions, et à voir ses grandes machines que ses héritiers luy permirent
d'examiner tout à loisir. » (p.72)
« Aprés quelques mois d'application particuliére aux observations astronomiques, il s' apperçut de la nécessité
d' étudier à fonds la nature des cométes (Baillet, p.234)
 Descartes.
« J'avais averti M. Pascal d'expérimenter si le vif-argent montait aussi haut lorsqu'on est au dessus d'une
montagne que lorsque l'on est tout au bas; je ne sais s'il l'aura fait.[…] Je l'avais (Pascal) assuré du succès
11
comme étant entièrement conforme à mes principes, sans quoi il 'eût garde d'y penser, à cause qu'il était
d'opinion contraire”22.
Lettre-Préface (Alquié 770, AT IX 2, p.2)
…il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c’est-à-dire des Principes ; et que ces principes
doivent avoir deux conditions : l’une qu’ils soient si clairs et si évidents que l’esprit humain ne puisse douter
de leur vérité, lorsqu’il s’applique avec attention à les considérer ; l’autre, que ce soit d’eux que dépende la
connaissance des autres choses, en sorte qu’ils puissent être connus sans elles mais non pas réciproquement
elles sans eux et qu’après cela il faut tâcher de déduire tellement de ces principes la connaissance des choses
qui en dépendent, qu’il n’y ait rien en toute la suite des déductions qu’on en fait qui ne soit très manifeste…
(p.775, AT, p.9)
Deux raisons servent à prouver [que les vrais Principes] sont ceux que j’ai mis en ce livre dont la première est
qu’ils sont très clairs, et la seconde qu’on en peut déduire toutes les autres choses, car il n’y a que ces deux
conditions qui soient requises en eux».
« Il me reste ici à prouver qu’elles (Il s’agit des vérités qui sont principes) sont telles » (Alquié, 776) ;
Réponses aux secondes objections
Où j’ai dit que nous ne pouvons rien savoir certainement, si nous ne connaissons premièrement que Dieu
existe, j’ai dit, en termes exprès, que je ne parlais que de la science de ces conclusions, dont la mémoire nous
peut revenir à l’esprit, lorsque nous ne pensons plus aux raisons d’où nous les avons tirées. (Alquié, II, 563)
Lettre-Préface:
« L’expérience nous montre bien clairement que les corps qu’on nomme pesants descendent vers le centre de
la terre, nous ne connaissons point pour cela quelle est la nature de ce qu’on nomme pesanteur, c’est-à-dire de
la cause ou du principe qui les fait ainsi descendre, et nous le devons apprendre d’ailleurs. On peut dire le
même du vide et des atomes et du chaud et du froid, du sec, de l’humide net du sel, du souffre et du mercure et
de toutes les choses semblables que quelques uns ont supposées pour leur principes» (774, AT IX 2, 8)
Descartes à Mersenne, après avoir parcouru les Discorsi :
[Galilée] philosophe beaucoup mieux que le vulgaire, en ce qu’il quitte le plus souvent les erreurs de l’Ecole et
tâche à examiner les matières de physiques par des raisons mathématiques. En cela, je m’accorde entièrement
avec lui et je tiens qu’il n’y a d’autre moyen pour trouver la vérité23.
Fontenelle dans son Avertissement au premier tome de l’Histoire de l’Académie royale des Sciences :
Les plus grands physiciens de notre siècle Galilée, Descartes , Gassendi, le père Fabry ont aussi été de grands
géomètres : et c’est sans doute une des principales causes qui avait si longtemps empêché la physique de rien
produire [de bon], c’est qu’on l’avait séparée de la géométrie24.
Il y a peu de textes où Galilée se prononce sur les causes de la gravité. Dans la 3 e journée, Salviati s’explique
sur le fait qu’il n’en dise rien :
« L'occasion ne me semble pas favorable pour rechercher la cause de l'accélération du mouvement naturel,
problème sur lequel différents philosophes ont formulé différentes opinions, certains l'expliquant par le
rapprochement vis-à-vis du centre, d'autres par la réduction progressive des parties du milieu restant à
traverser, d'autres encore par une extrusion du milieu ambiant dont les parties, en venant se réunir dans le dos
du mobile, le presseraient et le repousseraient continuellement ». (3e journée des Discorsi, E.N. 202).
 Pascal. Le Fragment 199, Disproportion de l’homme (Laf. p. 525b-528a), 1653( ?)
(Descartes
Il faut dire en gros : cela se fait par figure et mouvement. Car cela est vrai. Mais de dire quels, et composer la
machine, cela est ridicule. Car cela est inutile et incertain et pénible. Et quand cela serait vrai, nous n'estimons
pas que toute la philosophie vaille une heure de peine.)

22
23
24
Constantin Huygens à Mersenne, le 6 avril 1648 :
A Mersenne, 13 décembre 1647
à Mersenne, 11 octobre 1638, ATII, p.379
Histoire de l’Académie Royale des Sciences, 1666-1686, tome 1, Paris, Martin, Coignard, Guérin, 1733, p.15
12
Ne laissez pas de pousser le jeune Pascal [...] à pénétrer tout ce mystère de l'argent-vif descendant au tube.
Mais croyez-moi qu'à la fin, il n'y aura que les phénomènes de Monsieur Descartes qui en viendront nettement
à bout. Tout autre principe m'est trop grossier depuis que j'ai goûté ses fondements, desquels j'ai accoutumé de
dire le proverbe italien: si non e vero, e bene trovato25.
 Christian Huygens , Pensées privées de 1686 :
« Planètes nagent dans la matière. Démonstration de ceci. Parce que, sans cela, qu’est-ce qui retiendrait les
planètes de s’enfuir. Qu’est-ce qui les mouvrait ? Kepler veut à tort que ce soit le Soleil » (Œuvres Complètes
XXI, p.366)
Dans Varia astronomia de 1688 : « Tourbillons détruits par Newton. Tourbillons de mouvement sphériques à
la place. Rectifier l’idée des tourbillons. Tourbillons nécessaires, la Terre s’enfuirait du Soleil, mais fort
distants l’un de l’autre… » (XXI, 437)26
Lettre à Leibniz du 18 nov. 1690 : « Pour ce qui est du flux et du reflux que donne Monsieur Newton, je ne
m’en contente nullement, ni de toutes ses autres théories qu’il bâtit sur son principe d’attraction, qui me paraît
absurde…Et je me suis souvent étonné comment il s’est pu donner la peine de faire tant de recherches et de
calculs difficiles, qui n’ont pour fondement que ce même principe » (OC, IX, 538)
M. Descartes [...] n'a rien dit qui ne soit plein de difficultés ou même inconcevable, en ce qui est de la lumière
et de ses propriétés27.
 Leibniz dans l’ Antibarbaricus physicus (1678)
« Galileo Galilei, Joachim Jungius, René Descartes, Thomas Hobbes, auxquels, une fois évacués les atomes et
le vide, on peut adjoindre Gassendi, et ceux qui les ont suivis, ont complètement expurgé la physique des
chimères inexplicables, et, en rétablissant l’usage archimédien des mathématiques en physique, ont enseigné
que tout dans la nature corporelle doit être expliqué mécaniquement »28.
« Nous apprenons donc que c’était déjà l’opinion de Torricelli (et comme je le soupçonne, de Galilée aussi
dont il était le disciple) que l’éther fait tout entier avec les planètes, sa révolution par le mouvement du Soleil
autour de son centre, comme l’eau mue par un bâton tournant autour de son axe au milieu d’un vase immobile
etc. »29
 Fontenelle, Histoire de l’Académie royale des Sciences,
« Lorsque après une longue barbarie, les sciences et les arts commencèrent à renaître en Europe, l’éloquence,
la poésie, la peinture l’architecture, commencèrent à sortir les premières des ténèbres, et dès le siècle passé,
elles reparurent avec éclat. Mais les sciences d’une méditation plus profonde, telles que les mathématiques et
la physique, ne revinrent au monde que plus tard, du moins avec quelque sorte de perfection, et l’agréable, qui
a presque toujours l’avantage sur le solide, eut alors celui de le précéder.
Ce n’est guère que de ce siècle-ci, que l’on peut compter le renouvellement des mathématiques et de la
physique. Monsieur Descartes et d’autres grands hommes y ont travaillé avec tant de succès, que dans ce genre
de littérature tout a changé de face. On a quitté une physique stérile, et qui, depuis plusieurs siècles en était
toujours au même point ; le règne des mots et des termes est passé ; on veut des choses ; on établit des principes
que l’on entend, on les suit et de là vient qu’on avance. L’autorité a cessé d’avoir plus de poids que la raison, ce
qui était reçu sans contradiction, parce qu’il l’était depuis longtemps, est présentement examiné, et souvent
rejeté : et comme on s’est avisé de consulter sur les choses naturelles, la Nature elle-même, plutôt que les
anciens, elle se laisse plus aisément découvrir, et assez souvent pressée par les nouvelles expériences que l’on
fait pour la sonder, elle accorde la connaissance de quelqu’un de ses secrets. D’un autre côté, les
mathématiques n’ont pas fait un progrès moins considérable. Celles qui sont mêlées avec la physique ont
avancé avec elle, et les mathématiques pures sont aujourd’hui plus fécondes, plus universelles, plus sublimes
25
Contantin Huygens à Mersenne, Pascal (1623-1654), p. 578
Les deux citations in Etudes newtoniennes, p. 159.
27Huygens, Traité de la lumière (43), p.8.
28
Cité par M. Fichant, « La réception de Gassendi dans l’œuvre de la maturité de Leibniz », in Gassendi et
l’Europe, op.cit., p. 281-294, p.288
29
Cf. Et. Newt. p.169.
26
13
et, pour ainsi dire, plus intellectuelles qu’elles n’ont jamais été. A mesure que ces sciences ont acquis plus
d’étendue, les méthodes sont devenues plus simples et plus faciles. Enfin les mathématiques n’ont pas
seulement donné depuis quelque temps une infinité de vérités de l’espèce qui leur appartient, elles ont encore
produit assez généralement dans les esprits une justesse plus précieuse peut-être que toutes ces vérités.»
« En Italie, Galilée, mathématicien du grand duc, observa le premier, au commencement de ce siècle des taches
sur le soleil. Il découvrit les satellites de Jupiter, les phases de Venus, les petites étoiles qui composent la Voie
de Lait, et, ce qui est encore plus considérable, l’instrument dont il s’était servi pour les découvrir. Torricelli,
son disciple et son successeur imagina la fameuse expérience du vide, qui a donné naissance à une infinité de
phénomènes tout nouveaux. Cavallerius trouva l’ingénieuse et subtile géométrie des indivisibles, que l’on
pousse maintenant si loin, et qui, à tout moment, embrasse l’infini. En France, le fameux M. Descartes a
enseigné aux géomètres des routes qu’ils ne connaissaient point encore, et a donné aux physiciens une infinité
de vues, ou qui peuvent suffire, ou qui servent à en faire naître d’autres. En Angleterre, le baron Neper s’est
rendu célèbre par l’invention des logarithmes ; et Harvé par la découverte , ou du moins par les preuves
incontestables de la circulation du sang. L’honneur qui est revenu à toute la nation anglaise de ce nouveau
système de Harvé, semble avoir attaché les anglois à l’anatomie. […] »
 Marie-Antoiçnette Tonnelat, Physicienne spécialiste de la relativité générale écrit donc ceci :
D’après la Relativité générale […] les lois des phénomènes de gravitation trouvent l’interprétation la plus
simple et en même temps la plus cartésienne que l’on pouvait imaginer : la réduction à l’étendue et au
mouvement. (Les principes de la théorie électromagnétique et de la relativité, Introd. Masson 1959, p. 7).
 Simone Martinet (AAA Copernic, p.232)
« Mais cependant, pour qui lit sans aveuglement les Principes, il est clair que Descartes donne au système de
Copernic une sorte de consécration ».
Koyré : «Enfin il est vrai aussi que la matière et l’espace ne sont pas identiques, que, par conséquent, la
physique ne peut être réduite à la géométrie… » (E.N, p. 92). Cependant, la note qui accompagne dit : « La
physique ne peut être réduite à la géométrie mais les efforts pour l’y réduire appartiennent à sa nature. La
théorie de la relativité d’Einstein n’est-elle pas un effort pour fondre ensemble matière et espace, ou mieux,
pour réduire la matière à l’espace?»
14
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