
Réactions immunitaires 
L’organisme humain possède un système de défense immunitaire contre toute intrusion d’un antigène, 
molécule identifiée comme étrangère à  l’organisme.  Ce système met en  jeu  deux processus  apparus 
successivement  au  cours  de  l’évolution  des  espèces :  l’immunité  non  spécifique  (innée),  d’action 
rapide et immédiate, qui fait intervenir des cellules responsables de la phagocytose, l’élimination des 
agents étrangers, et l’immunité spécifique (adaptative), qui a besoin d’un délai de quelques jours pour 
se  mettre  en  place  et  dépend  de  la  reconnaissance  spécifique  de  la  substance  étrangère.  Ces 
mécanismes font intervenir des molécules complexes nommées anticorps  ou immunoglobulines, dont 
le but est, en se fixant sur eux, de rendre inertes les antigènes. Toute intrusion dans l’organisme d’un 
antigène  déclenche  ainsi  la  production  d’anticorps  spécifiques  de  cet  antigène  qui  facilitent  leur 
élimination. Cette réponse immunitaire fait intervenir à la fois l’immunité innée et l’immunité acquise. 
Elle  est  le  résultat  d’un  processus  où  différents  acteurs  interviennent  de  manière  coordonnée.  Ce 
processus se déroule en trois étapes successives. 
La reconnaissance de l’antigène 
La première étape est celle de la reconnaissance de l’antigène. Elle est assurée par les lymphocytes B 
(LB), les lymphocytes T4 (LT4) et les lymphocytes T8 (LT8). Chaque LB, LT4 et LT8 ont des récepteurs 
spécifiques d’un même antigène. Et chaque LB, LT4 et LT8 reconnaît un antigène différent. Lorsqu’un 
antigène  s’infiltre dans  l’organisme,  se  produit  la  sélection  clonale :  le  LB  spécifique  de cet  antigène 
est  activé  par  contact  avec  lui  et  les  LT4  et  LT8  par  contact  avec  la  cellule  portant  l’antigène.  En 
l’absence  d’activation  par  un  antigène,  les  lymphocytes  ont  une  durée  de  vie  relativement  courte  et 
meurent au bout de 5 à 7 semaines. 
Prolifération et de différenciation 
Entre  l’exposition  à  l’antigène  et  la  seconde  étape,  phase  de  prolifération  et  de  différenciation  des 
lymphocytes, il y a un délai de 5 à 8 jours. La prolifération clonale des lymphocytes activés est assurée 
par  une  multiplication  intense  des  lymphocytes  par  mitoses  successives.  Les  LB  se  différencient 
ensuite en plasmocytes et en LB "mémoire". Les plasmocytes, cellules à durée de vie très courte, de 
quelques heures à quelques jours,  sécrètent  des  anticorps  solubles. Ils sont capables de sécréter de 
2000  à  5000  molécules  identiques  d’anticorps  par  seconde.  Un  nouveau  contact  avec  l’antigène 
entraîne une réponse dite secondaire, plus rapide et plus intense que la réponse primaire : elle dure 
quelques jours au lieu d’une à deux semaines. Les LB "mémoire" sont activés et se différencient ainsi 
en plasmocytes sécréteurs d’anticorps en 3 à 5 jours seulement. Cette réponse plus rapide est dûe au 
fait  qu’ils  sont  plus  nombreux  et  ont  une  durée  de  vie  plus  longue  que  les  lymphocytes  initiaux, 
certains peuvent en effet vivre plus de 40 ans. Les LT4 se différencient en LT4 "mémoire" qui ont la 
même fonction que les LB "mémoire" et en LT4 sécréteurs dont le rôle est de sécréter des substances 
nommées interleukines (IL) qui elles-mêmes ont pour but d’amplifier la prolifération des LB et des LT8, 
et  ainsi  rendre  la  réponse  immunitaire  plus  efficace.  Enfin,  les  LT8  se  différencient  tous  en  LT 
cytotoxiques (LTc), ou LT tueurs (killers), cellules à courte durée de vie, quelques heures à quelques 
jours, qui ont donc pour but de "tuer" les cellules infectées par l’antigène. 
 
L’élimination des antigènes 
La dernière étape consiste en l’élimination des antigènes et des cellules que ces derniers ont infectées. 
Le  principal  mécanisme  d’élimination  est  la  phagocytose,  mécanisme  de  l’immunité  non  spécifique, 
c’est-à-dire qui assure l’élimination des agents étrangers immédiatement depuis leur pénétration dans 
l’organisme. Les cellules assurant la phagocytose sont les phagocytes (dont la durée de vie peut varier 
de  2-3  jours  en  moyenne  à  plusieurs  mois) :  ils  enferment  la  cellule  infectée  et  la  "digèrent",  les 
déchets  étant  ensuite  rejetés par  exocytose.  Cependant,  la  phagocytose  n’est  pas assez rapide pour 
éliminer  tous  les  antigènes  de  l’organisme  (elle  se  fait  en  15  à  30  minutes),  d’où  l’intervention  de 
l’immunité spécifique : les anticorps sécrétés par les plasmocytes, au bout de 6 jours, commencent à 
former  des  complexes  immuns  insolubles  avec  les  antigènes  ce  qui  rend  ces  derniers  inactifs 
(biologiquement  inertes).  Une  semaine  plus  tard,  plus  aucun  antigène  n’est  libre  dans  l’organisme. 
Ainsi,  grâce aux  récepteurs spécifiques  des  anticorps que possèdent  les  phagocytes,  ils  se  fixent  sur 
les  anticorps  attachés  aux  antigènes  (opsonisation)  pour  accélérer  la  phagocytose :  celle-ci  est  alors 
4000 fois plus rapide. De leur côté, les LT8, au contact des cellules infectées par l’antigène, ont deux 
"manières de les tuer". La première est la libération de protéines capables de créer des pores dans la 
membrane  de  la  cellule  cible,  ce  qui  entraîne  une  entrée  d’eau  puis  la  mort  de  la  cellule  cible  par 
éclatement.  La  deuxième  est  la  libération  de  "signaux"  chimiques  capables  de  se  fixer  sur  des 
récepteurs  de  la  cellule  cible  pour  l’obliger  à  se  "suicider" :  c’est  l’apoptose,  mécanisme 
d’autodestruction  cellulaire  programmé  génétiquement,  qui  dure  quelques  heures.  Les  débris  des 
cellules "tuées" sont ensuite éliminés par phagocytose. 
Ainsi, la défense de l’organisme par le système immunitaire passe par un processus complexe qui fait 
intervenir différents acteurs jouant tous un rôle spécifique et primordial dans la réponse immunitaire. 
A  l’échelle  du  temps,  ce  processus  commence  immédiatement  après  l’intrusion  d’un  antigène  dans 
l’organisme et s’étale sur quelques jours seulement.