de répartir l’ensemble des micro-organismes dans les deux règnes établis par Aristote (le règne
animal et le règne végétal) : en effet, si Van Leeuwenhoek les a tous qualifiés de « petits animaux »,
on constate assez vite que certains ont des caractéristiques végétales (par exemple une activité de
photosynthèse). Cependant, la répartition entre les deux règnes s’avère impossible pour un certain
nombre d’organismes, qui possèdent à la fois des caractères animaux et végétaux (
voir
classification
des espèces). Par ailleurs, les agents pathogènes invisibles même au microscope (tel celui de la rage,
étudié par Pasteur) continuent à être appelés virus.
C’est à la fin du XIXe siècle que le biologiste allemand Ernst Haeckel groupe l’ensemble des bactéries
dans un règne à part, celui des monères. Par ailleurs, diverses expériences permettent d’améliorer
grandement les connaissances sur la structure des bactéries. Ainsi, Hans Christian Joachim Gram
(1853-1938) met au point la méthode de coloration qui porte son nom et permet de découvrir
l’existence de deux grands types de bactéries : celles qui réagissent positivement à la réaction
(bactéries dites Gram+) ont une paroi épaisse, tandis qu’une réaction négative signale une paroi très
fine (bactéries Gram-).
XXe siècle : les grandes avancées
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, des microbiologistes tel le Russe Sergueï Winogradsky,
considéré comme le fondateur de l’écologie microbienne, entreprennent des recherches sur le
métabolisme des bactéries (études initiées par Pasteur). Il établit que les bactéries fonctionnent selon
deux modes : l’aérobiose, qui est fondée sur la consommation d’oxygène, et l’anaérobiose, qui permet
aux bactéries de vivre dans un milieu totalement dépourvu d’oxygène. En outre, les bactéries ne
synthétisent pas toutes les mêmes protéines ni les mêmes toxines dans le milieu. Winogradsky
découvre les bactéries chimiosynthétiques ; met en évidence le rôle des micro-organismes dans le
cycle de l’azote, et devient l’un des premiers à étudier les bactéries symbiotiques.
En revanche, il faut attendre le premier tiers du XXe siècle pour que les virus soient mieux connus. En
effet, si, dans les années 1905, un certain nombre de microbiologistes démontrent que les maladies à
virus connues sont bien dues à des agents pathogènes minuscules et non à des toxines, les virus
restent invisibles, et leur nature inconnue, jusque dans les années 1930. En 1935, un virus est enfin
isolé et cristallisé : celui de la mosaïque du tabac, par le biochimiste américain Wendell Stanley. C’est
en 1938 que des virus sont pour la première fois observés en tant que tels, avec l’invention de la
microscopie électronique.
Les recherches actuelles emploient les technologies nouvelles mises à la disposition de la biologie : le
microscope à balayage électronique, les techniques de la biologie moléculaire (comme le séquençage
de l’ADN), etc. Aussi la classification des micro-organismes se fonde-t-elle aujourd’hui sur leur
structure moléculaire. Ainsi, les bactéries forment l’ensemble des procaryotes, c’est-à-dire des cellules
dont le matériel génétique, sous forme d’ADN, est libre dans le cytoplasme et non inclus dans un
noyau, tandis que les autres organismes unicellulaires sont classés parmi les eucaryotes (dont le
génome est enfermé dans le noyau cellulaire). Parmi ces unicellulaires eucaryotes, on distingue les
protistes (groupe réunissant les unicellulaires animaux et végétaux) et les levures, qui sont classées
dans le règne des champignons. En outre, au sein de chacun de ces groupes, une classification plus
fine a été peu à peu mise en place, en fonction de leurs caractéristiques propres. Les virus, quant à