Avènement des sociétés et des régimes modernes Alexandre DALLEMAGNE
Conférence de David COLON
2005-2006
Exposé
Le système Metternich était-il infaillible ?
Le congrès de Vienne vient clore le XVIIIème siècle. Il illustre aussi la naissance d’une
organisation nouvelle : le concert européen. En effet, pour la première fois dans l’histoire, les
puissances européennes se sont fixées une mission commune: celle de maintenir la paix et d’assurer la
pérennité des monarchies face au chaos révolutionnaire et aux ambitions impériales qui bouleversèrent
l’Europe. Véritable artisan de ce concert européen, le chancelier autrichien laisse son nom au système,
qui, par une subtile adéquation entre équilibre des forces et légitimité, met en pratique ces desseins. A
Vienne, dans une ambiance de fête qui fera dire au prince de Ligne que « le congrès ne marche pas, il
danse », Metternich propose ce système aux puissances européennes qui l’accepteront. Mais,
Talleyrand, dès ce Congrès, parle d’ “un équilibre qui est artificiel et précaire et qui ne peut durer
qu’aussi longtemps que certains grands Etats sont animés par un esprit de modération et de justice”.
Aussi, à la lumière de cette opinion, le système Metternich prend-il en considération tout les éléments
nécessaires à la stabilité en Europe ou n’est il qu’un catalyseur temporaire des aspirations nationales
libérales et territoriales des Etats européens ? Ce système, dont le réalisme et l’efficacigarantissent
la stabilité et la sécurité de l’Europe pendant près d’une quarantaine d’années ne fait qu’instaurer un
équilibre artificiel et précaire qui s’écroulera face aux aspirations qu’il néglige.
I) Ce système, dont le réalisme et l’efficacité garantissent la stabilité et la sécurité de
l’Europe pendant près d’une quarantaine d’années
a) Equilibre des forces
Découpage équilibré de l’Europe, les bases d’une stabilité : refus de l’hégémonie
d’une puissance à laquelle l’expérience napoléonienne vient de donner corps , aucune
puissance ne doit posséder une force trop grande.
Le congrès de Vienne (octobre 1814-juin 1815): Entente entre les 4 grands la
quadruple Alliance :
La Russie d’Alexandre Ier, la Grande Bretagne de Castelreagh, l’Autriche de
Metternich et la Prusse
Acte final le 9 juin 1815règle la question des territoires
-Russie obtient la Finlande enlevée à la Suède qui obtient en compensation la
Norvège, elle annexe deux tiers de la Pologne.
-l’Angleterre exige la réunion en un grand royaume des Pays-Bas de la Belgique, de
l’ancienne république des Provinces-Unies, face à la menace française, ses seules
annexions sont le maintien des conquêtes coloniales
-la Prusse : annexion de la plus grande partie de l’Allemagne rhénane, une partie de la
Saxe, Posen, la Poméranie suédoise.
-Autriche regroupe géographiquement ses territoires (le Tyrol, la Lombardie et
Venise, la Dalmatie et l’Illyrie), elle constitue ainsi un bloc compact dominant la
partie méridionale de l’Europe centrale et l’Adriatique. En Allemagne, elle préside
l’archaïque Confédération germanique reconstituée( trop forte pour être menacée par
la France trop faible et décentralisée pour attaquer ses voisins).
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Conférence de David COLON
2005-2006
Exposé -la France ne perd que ses conquêtes de la Révolutions et de l’Empire, ramenée à ses
frontières de 1792+ un cordon sanitaire d’Etats-tampons: Royaume du Pays-Bas,
Prusse rhénane, Confédération suisse , Royaume du Piémont…
concertation européenne : aucun changement majeur ne peut se produire sans que les
grandes puissances ne se soient accordées ou concertées, c’est la règne du statut
quo.légitime : toutes les grandes puissances : 1818, le congrès d’Aix la Chapelle
France de Louis XVIII
Le principe des Congrès, espace de dialogue, lieu de confrontation et d’arbitrage
des conflits
Les congrès de Carlsbad, et de Vienne (1819-1820) :répression du mouvement
libéral des Etats d’Allemagne du Sud.
Les congrès de Troppau (octobre 1820) et de Laybach (janvier 1821)mandatent
l’Autriche pour intervenir à Naples et au Piémont et rétablir le pouvoir de Ferdinand
Ier face aux coups d’Etat militaires
le congrès de Vérone septembre 1822 Louis XVIII intervient en Espagne une
expédition des Cents Mille fils de Saint Louis en 1823 face aux épisodes
révolutionnaires
rationalisation d’une diplomatie repensée « rangs et préséances des agents
diplomatiques », l’emprise croissant de la fonction publique d’Etat face à
l’aristocratie, clarté facilité par
b) Légitimité comme principe d’autorité
les bornes religieuses et dynastiques d’un Etat sont institutionnalisées
la tradition, respect de l’ordre social existant qu’il s’agit de préserver
« le premier principe de l’alliance des grandes puissances est le maintien de toutes
les institutions existant légalement »Metternich
extirper tout esprit révolutionnaire, réaction face aux idées libérales, concert contre-
révolutionnaire
La Sainte-Alliance » (26 septembre 1815), tsar Alexandre, l’Empereur d’Autriche
François Ier, le roi de Prusse Frédéric Guillaume III, assistance mutuelle, solidarité des
princes, prendre pour règle de leur politique les préceptes de justice, de charité, et de
paix du christianisme
Pendant 40 ans, aucune guerre n’opposa les grandes puissances
II) …Ne fait qu’instaurer un équilibre artificiel et précaire qui s’écroulera face aux
aspirations qu’il néglige.
a) Un système tiraillé mis à mal par le libéralisme et le nationalisme
le réveil du nationalisme
nationalisme opprimé dans son élan // souvenir des résistance face à l’Empire// idées
romantiques (les mythes légendaires, le folklore, le passé national sacralisé et idéalisé)
exaltation de l’intérêt national accentuant les rivalités
la souveraineté du peuple n’est pas considérée, pas de concordance Etat Nation
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Exposé
Allemands du Schleswig incorporés au Danemark
les belges catholiques sont soumis à un roi des Pays-Bas protestant
les norvégiens deviennent suédois sans être consultés
les peuples chrétiens des Balkans demeurant sous l’autorité du sultan ottoman
Les polonais voient leur pays écartelé divisé entre la Russie, la Prusse et l’Autriche.
les Lombards Vénitiens sont soumis à l’Empire d’Autriche
l’Italie comme l’Allemagne reste morcelée (Confédération germanique)
revendication nationales dans l’Empire d’Autriche(la Hongrie et la Bohême)
aspirations et revendications nationales en Allemagne
l’esprit libéral
la montée inéluctable d’une opinion agissante et d’une bourgeoise évoluée
intellectuelle et administrative ( Allemagne du sud, des Etats d’Italie),
populations se sont mobilisées contre le despotisme impérial au nom des principes de
liberté, la naissance d’Etats modernes qui ont prouvé leur efficacité
b) Un concert européen qui finit par se briser
des remises en cause dès son origine
La Sainte-Alliance : Metternich « monument vide et sonore », Castelreagh
« document de mysticisme sublime et d’absurdi »
La résignation française :
la politique étrangère française : destruction du Congrès de Vienne. Dénonciation dès 1815 par
la plume de Lamartine MAE // « les traités de 1815 n’existent plus en droit aux yeux de la
République française »Lamartine MAE du gouvernement provisoire en 1848) les traités sont
caducs…
des entorses aux principes
trois membres de la Sainte Alliance (France, Angleterre et Russie) sont intervenus pour faire
aboutir une revendication nationale en Grèce contre un souverain légitime, le sultan de
l’Empire ottoman
intérêt convergent des anciens alliés: un vacillement du système
faille de la Sainte Alliance réticences libérales (Grande Bretagne, l’Espagne, Portugal,
France dès 1834) à soutenir un ordre réactionnaire favorable à la Russie ouvre la voie aux
mouvements nationaux et libéraux de 1830 et 1848 (printemps des Peuples) comprimés depuis
1815
Des écrivains (Hugo, Lamartine), des diplomates, des artistes (Delacroix) européens se
mobilise pour la cause grecque indépendance helléniste ( 3 février 1830) qui marque un
tournant dans l’histoire du mouvement des nationalités, elle donne le signal d’une immense
insurrection nationale et libérale en Europe. Toutefois, sauf en France (révolution de juillet
1830) et en Belgique (indépendance Flandre et WallonieBelgique neutre), cette brève
explosion révolutionnaire aboutit partout à un échec (Pologne, Etats allemands et Italie)
la vague révolutionnaire de 1848 “printemps des peuples”, le foyer révolutionnaire se réveille: mars
octobre 1848 Autriche, des Révolutions nationales et libérales en Italie, la révolution en Allemagne
mars juin 1848
le triomphe de la réaction dans ces trois pays.
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Conférence de David COLON
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Exposé
l’échec du système Metternich
Le point de rupture:“question d’Orient” récurrente, brise le concert européen, guerre de Crimée de
1853 : Russes contre les franco-britanniques+fin alliance Autriche Russie de 1812
de 1848 à 1871 :vers l’unité politique de l’Allemagne (Bismarck) // unité italienne (Cavour)
reprise des tensions de frontières et d’influence : contours du futur état allemand, rivalité austro
prussienne, présence autrichienne en Italie, les frontières naturelles de la France (Nice, Savoie,
Napoléon III)
retrait de la présence russe dans les balkans et en Europe danubienne, conséquence du congrès de
Paris en février 1856+ problème dislocation de l’Empire ottoman
la pratique de la Realpolitik: la diplomatie compte davantage sur la force à l’état pur que sur les
valeurs communes, retour de la politique de pouvoir. Intimidation règle en diplomatie
Conclusion
L’héritage du système Metternich, qui précédait celui théorisé par Wilson, est immense. me si ce
système est imparfait, il lègue une certaine vision des rapports internationaux où la justice et la
légitimité sont utilisées pour penser l’ordre international.
Wilson, en pensant la SDN, ajoute aux consultations, aux réunions et aux confrontations entre Etats
dans un cadre qui se veut conciliant, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, chose ignorée
jusqu’alors.
Bibliographie :
Ouvrage généraux :
A.DEBIDOUR Histoire diplomatique de l’Europe, Depuis l’ouverture du congrès de Vienne jusqu’à
la clôture du congrès de Berlin (1814-1878), tome 1: La Sainte Alliance, Félix Alcan, 1891, 459p
H.KISSINGER, Diplomatie, Fayard, 1996, 859 p
M.MOURRE, Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, tome s-z, article du Congrès de Vienne,
Borbas, 1996,
Ouvrages spécialisés :
G de BERTIER de SAUVIGNY, Metternich et son temps, Hachette, 1959
G de BERTIER de SAUVIGNY, Metternich et la France après le Congrès de Vienne, tome 1 et 2,
Hachette, 1970
F.PONTEIL, L’éveil des nationalités et le mouvement libéral (1815-1848), Presse Universitaire de
France, 1968, 786p
HAAS, Mettenich, reorganization and nationality, Franz Steiner Verlag, 1963
Revues:
A.ROWLEY, Histoire, La gloire de Metternich (p32,36), n° 201, juillet 1996
MORAND, Historia, Premier sommet européen : le Congrès de Vienne, n° 303, février 1972
Carte:
M.MOURRE, Dictionnaire d’Histoire universelle, article Congrès de Vienne, Bordas, 2004, 1424p
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