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LEGISLATION
UV 402
MEDECINE DU SPORT
P. PILARDEAU
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I - DEFINITION
La médecine du sport peut être définie comme la médecine appliquée à l’homme en
mouvement. Il s’agit d’une discipline originale capable de prendre en compte le sportif
dans sa globalité physique, psychologique et sociale.
On abandonnera les termes :
Médecine sportive, qui voudrait signifier que l’on pratique les examens en courant
soi-même autour du patient.
Biologie et Médecine du sport : qui ne répond à aucune réalité et place la
« biologie », partie intégrante de la médecine en apposition, voire en opposition à la « médecine ».
Physiologie du sport, qui correspond à la physiologie de l’exercice et ne peut en
aucun cas recouvrir le terme « Médecine » puisqu’elle peut être pratiquée par des non médecins.
Les spécialités « du sport » (cardiologie, chirurgie….) qui ne recouvrent aucune
réalité tangible.
II - HISTORIQUE
La médecine du sport est une discipline récente dont les origines remontent aux années 1960.
Elle est la conséquence d’une nouvelle manière d’appréhender son corps, non seulement lors de la
pratique d’un sport en compétition, mais aussi dans le cadre des loisirs. Elle résulte d’une
modification profonde de la société urbaine, et d’une vision plus large de la notion de santé.
La médecine du sport en tant que telle remonte en fait aux premières épreuves sportives
codifiées pratiquées par les Grecs. Déjà à cette époque elle s’intéressait aux athlètes dans leur
globalité (physique, psychologique, nutritionnelle...).
Disparue en même temps que chutait l’empire romain, la médecine du sport devait mettre plus
de 2500 ans à renaître.
La réapparition des jeux olympiques à la fin du 19ème siècle, remit au goût du jour la notion
«d’esprit sain dans un corps sain », mais il fallut attendre encore 50 ans pour que la médecine
s’intéresse à nouveau à ce corps toujours analysé, disséqué, examiné... au repos.
Dès de début du vingtième siècle, certains chercheurs commencèrent à s’intéresser, dans leurs
disciplines respectives, au « corps en mouvement ». Ce fût le cas pour les physiologistes (physiologie
de l’exercice), les cardiologues ou encore les biomécaniciens qui étudièrent et schématisèrent les
réactions d’un organisme soumis à un exercice pratiqué en laboratoire.
Cette démarche de spécialistes aboutit dans les années 1950 à créer des recherches et des
enseignements en physiologie de l’exercice qui prirent secondairement, et de manière tout à fait
abusive le titre de « biologie et médecine du sport ».
La mise en place de cette spécialité médicale rencontre encore aujourd’hui en France les
réticences d’une frange de spécialistes divers et variés qui imaginent la médecine du sport comme un
monde virtuel composé des hologrammes des différentes spécialités médicales flanquées du substantif
« du sport ». De même que, la gériatrie du sport, la néonatalogie du sport, la gynécologie du sport ...
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prêtent à sourire, la rhumatologie du sport, la chirurgie du sport ou la cardiologie du sport n’existe
pas.
Parti en avance dans ce domaine, notre pays se trouve aujourd’hui à la remorque des autres
pays européens.
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III - ROLES DU MEDECIN DU SPORT
La pratique de la médecine du sport nécessite de solides connaissances médicales mais aussi
sportives. La prévention, les secours, le suivi et la thérapeutique ne peuvent se concevoir sans une
connaissance suffisante du mode de pratique, des règlements, de la physiologie et de la biomécanique.
Elle ne peut se concevoir seule et fait naturellement appel à des spécialistes tels que les radiologues,
les pédicures podologues, les diététiciens, les psychologues, kinésithérapeutes, les physiologistes, les
travailleurs sociaux.… La médecine du sport s’exerce toujours en collaboration étroite avec les
cadres techniques sportifs. Il s’agit d’un travail d’équipe où chacun fait bénéficier le sportif de ses
compétences propres.
Comme pour toute spécialité, les fonctions exercées par le médecin du sport concernent à la
fois la prévention, le suivi, les secours, la recherche et la transmission de ce savoir par
l’enseignement.
3 - 1 Prévention
La prévention est l’une des fonctions médico-sportives la mieux connue et la mieux reconnue.
Elle s’exerce dans les centres médico-sportifs, les cabinets médicaux, mais aussi auprès des
fédérations pour former les encadrants aux techniques spécifiques de prévention.
La prévention peut également se concevoir en terme de Santé Publique, c’est-à-dire auprès
des populations non sportives dans le but de lutter contre les différentes pathologies de surcharge,
métaboliques ou liées à la sénescence.
Plus que tout autre domaine, la prévention doit s’appuyer sur des connaissances exhaustives
des effets de l’activité physique sur la santé.
3 - 2 Suivi
Le suivi, parfois appelé suivi biologique, expression aussi trop restrictive, s’adresse à
l’ensemble des sportifs soucieux d’améliorer leur performance, mais aussi d’éviter les accidents et les
complications secondaires à un surentraînement. Dans le suivi, sont pris en considération :
Les muscles, les articulations et les tendons
Le profil psychologique et le comportement de l’athlète
Les résultats des tests physiologiques et biologiques
La nutrition
Contrairement à une idée trop souvent répandue, le suivi n’est pas nécessairement réalisé par
le médecin du sport. De même que le praticien ne dose pas lui-même les composantes biologiques (il
existe des laboratoires pour ces examens), la réalisation des tests physiologiques peut être confiée à
des services ou à des unités spécialisées en exploration fonctionnelle de l’exercice. Le médecin du
sport se contentant alors d’analyser et de traduire les résultats à l’entraîneur et au sportif. Son rôle
consiste donc à interpréter les tests qu’il aura lui-même sélectionnés, en fonction des activités de
l’athlète et de l’attente de l’entraîneur.
Comme pour la prévention, le suivi nécessite donc une connaissance parfaite des effets de
l’entraînement sur l’organisme, que seuls des médecins formés en médecine du sport, sont
susceptibles d’acquérir.
Le suivi ne doit être conçu qu’en collaboration étroite avec les cadres techniques. Il est donc
indispensable qu’un langage commun en terme de résultats sportifs, de contraintes physiologiques et
d’interprétation des résultats s’élabore entre ces différents partenaires. Les rendus d’examens sur des
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listes abscondes sorties d’une machine, et quelquefois incompréhensibles pour le praticien lui-même,
constituent une perte de temps, pour l’athlète et le médecin, et d’argent pour l’état, le club ou la
fédération.
Le suivi ne peut donc être mis en œuvre qu’en collaboration «étroite » avec tous les
participants, athlète compris, en interprétant les textes officiels parfois (et même souvent) peu adaptés
à la spécificité de chaque discipline.
3 - 3 Secours
Les secours sont réalisés lors des épreuves sportives. En fonction du type de sport et du
niveau de risque, ces secours peuvent être assurés par une antenne secouriste sous la responsabilité du
médecin désigné pour surveiller la compétition, ou pour les activités dites à risque, comme les sports
mécaniques par une équipe de médecins urgentistes en rapport avec une antenne SAMU.
Les connaissances spécifiques acquises par le spécialiste en médecine du sport, permettent à
ce dernier d’apprécier le niveau de risque, son type et le mode d’intervention qu’il convient de mettre
en place.
3 - 4 Thérapeutique
Les thérapeutiques utilisées en médecine du sport se sont peu à peu singularisées de celles
habituellement pratiquées en chirurgie orthopédique ou en rhumatologie. Les techniques utilisées de
nos jours sont issues de la recherche pratiquée dans le domaine de la médecine du sport, et notamment
des pays bénéficiant d’une spécialité dans ce domaine.
L’application des protocoles thérapeutiques mis en place pour les sédentaires se heurte de
plus en plus aux exigences des sportifs blessés soucieux de retrouver non seulement leur intégrité
physique, mais encore leur niveau de pratique. C’est pourquoi le « consensus médical », future Bible
de la médecine, ne présente souvent aucun intérêt dans le domaine propre à l’activité physique.
Les traitements appliqués à l’homme au repos ne sont plus justifiables pour une population
qui prend de plus en plus, et de mieux en mieux en main, son avenir fonctionnel. Les faux-fuyants du
style «c’est de l’arthrose, arrêtez tout », ou au contraire « je ne vois rien, vous n’avez rien » ne sont
plus de mise, et discréditent définitivement ces praticiens aux yeux des sportifs, parfois mieux
informés que leur censeur (notamment dans le domaine de l’anatomie et de la biomécanique).
3 - 5 Enseignement
On entend par enseignement de médecine du sport, la possibilité d’acquérir les connaissances
nécessaires et suffisantes pour prendre en charge le sportif dans sa globalité. Il s’agit d’un
enseignement très spécialisé, très diversifié et relativement long (600 à 800 heures). Cet enseignement
ne peut être réalisé que par des médecins du sport et non par une diaspora de spécialistes de tous poils
et de toutes spécialités. Il existe actuellement dans 11 pays européens (mais pas en France).
3 - 6 Recherche
La recherche en médecine du sport concerne l’ensemble des phénomènes métaboliques,
mécaniques ou psychologiques mis en œuvre lors de l’exercice ou de la pratique sportive. Elle peut,
comme pour l’ensemble des disciplines scientifiques, être fondamentale ou appliquée.
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