obligation religieuse officielle. La persécution cesse en 313, lorsque l'empereur Constantin, suivant le
conseil de sa mère Hélène, reconnaît la liberté des Églises chrétiennes. Ce ne sera que vers la fin du
siècle, sous Théodose, que le christianisme deviendra religion unique dans l'Empire et que les adeptes
attardés du polythéisme feront l'objet de poursuites. Mais déjà l'Empire est sur son déclin et Théodose
le partage entre ses deux fils: désormais on aura en Europe un Orient et un Occident.
Au siècle suivant l'Empire d'Occident s'effondre sous les poussées barbares et le dernier
empereur (qui est le fils d'un ancien secrétaire du roi hun Attila) abdique en 476. L'Empire Romain
d'Orient (dit byzantin) demeure puissant et le restera, contre vents et marées, jusqu'au XIIIe siècle,
après quoi s’ensuivra une longue et douloureuse agonie. L'Église catholique parvient à sortir indemne
de ces épreuves, car les rois barbares d'Occident sont chrétiens. Certes, ils adoptent d'abord l'hérésie
arienne, mais ils finissent par accepter la foi apostolique et romaine. Celle-ci n'est bientôt plus la même
que la foi de Byzance: au VIe siècle, en Espagne, on élabore une adjonction au Crédo, le fameux
Filioque
, qui sera adopté par toutes les communautés occidentales: désormais le schisme des deux
Églises est devenu possible; il éclatera dans un épisode transitoire au IXe siècle avec le patriarche
Photius, mais l’état de rupture ne s’installera officiellement qu’en 1054. L’Eglise orthodoxe, mise sous
l’autorité du pape dans les Etats latins d’Orient, sera paradoxalement sauvée par les Turcs, qui vont
subordonner après 1453 tous les chrétiens de leurs sandjaks au pouvoir du patriarche de
Constantinople, afin de simplifier le gouvernement de l’Empire.
Par conséquent, en parlant de Moyen Age, nous devrions nous limiter aux repères
chronologiques de l'Occident. C'est là un sacrifice théorique important et tous les spécialistes ne sont
pas d'accord à le faire. Cependant poursuivons l’évaluation du critère religieux quand il s’agit de
décrire ce que nous entendons par Moyen Age. La religion chrétienne passe par différentes crises
d'identité et finit par se cristalliser sous une forme extrêmement élaborée dans les universités
médiévales, à Paris surtout, dans le cadre du mouvement de pensée que l'on appelle la scolastique.
La scolastique est l’application de l’héritage philosophique de l’Antiquité à la théologie
chrétienne. Cette application, dans son principe, date en fait de l’Antiquité, avec trois moments forts,
saint Paul, l’auteur des Epîtres, au Ier siècle, les saints théologiens dits “Cappadociens” (Grégoire de
Nysse, Grégoire de Nazianze et Basile le Grand), au IVe siècle, et saint Augustin, auteur des
Selon les orthodoxes, l'Esprit-Saint procéde seulement du Pére. Le Pére est en relation
d'origine et avec son Fils, et avec le Saint Esprit. C'est come si le souffle de Dieu le
Pére prenait deux formes, le Fils et l'Esprit. Selon les catholiques, l'Esprit-Saint
procéde du Pére et du Fils (en latin Filioque), ce qui veut dire que le Pére et le Fils
respirent en une unité et leur souffle commun est l'Esprit. Dans les deux théories de la
Trinité, la relation entre les trois hypostases (Grecs) ou personnes (Latins) de Dieu est
une relation d'amour; mais ce consensus n'a pas beaucoup aidé à la réunification
doctrinaire du christianisme.