VIROLOGIE - Herpesviridae - page 1/5
Lermulet et Brazeaux
09/01/09
Tiare et Marjorie
VIROLOGIE
16h-17h
Stéphagnoli
HERPESVIRIDAE
Le nom de ces virus provient du grec « herpein » qui signifie « ramper ». Comme leur nom
l’indique, ce sont des virus sournois (latence et réactivations), mais qui ont un pouvoir pathogène
relativement faible (sauf exceptions). Ces particularités relèvent d’un niveau d’adaptation
remarquable puisqu’elles permettent au virus de persister à vie chez l’hôte infecté sans le tuer.
Il existe quasiment un virus par espèce animale, voire plusieurs par espèce.
La connaissance de ces virus est importante pour le module volaille/porc, car ces espèces sont
largement concernées par les Herpesviridae. Ces virus ont donc une grande importance
économique.
Classification
Nous ne nous intéresserons qu’à la
famille des Herpesviridae. Les
Alloherpesviridae concernent les
poissons, et les
Malacoherpesviridae concernent les
huîtres (infectées l’an dernier dans
le Bassin d’Arcachon).
La famille des Herpesviridae est
hétérogène : la structure et la
morphologie sont très semblables
mais les propriétés biologiques sont
plus ou moins identiques. Cette
famille est subdivisée en 3 sous-
familles, elles-mêmes divisées en
plusieurs genres qui ont des propriétés très variées. Les Herpesviridae ont de ce fait des spectres
d’hôtes très variés mais étroits (un genre = une espèce animale). On dit que ces virus sont
spécialisés, ce qui a une valeur adaptative forte. Si l’hôte n’est pas habituel du virus, cela peut
conduire à des pathologies très graves (la maladie d’Aujeszky bénigne chez le porc correspond à la
pseudo-rage mortelle en 3 jours chez les autres espèces). On ne connaît qu’une seule zoonose :
l’herpès B du singe, qui peut engendrer des encéphalites mortelles chez l’humain : illustre
l’adaptation virushôte.
Les Alphaherpesvirinae sont les plus riches en agents infectieux, toutes espèces confondues.
Caractéristiques communes
Il existe une centaine d’Herpesviridae différents, dont 8 humains. Le prototype le plus étudié est le
virus HSV1 (anciennement HHV1), qui est l’herpès labial humain (inapparent ou sous forme de
bouton de fièvre dans les moments de fatigue) en général bénin.
Les Herpesviridae sont des virus à latence définitive, c’est-à-dire que les individus infectés en sont
porteurs à vie, avec une possible réactivation du virus de temps en temps : l’infection devient
productive (excrétion virale) avec signes cliniques ou non. Les réactivations sans signes cliniques
sont les plus sournoises, car l’hôte infecté peut alors contaminer d’autres individus sans que cela
soit détectable. Les réactivations avec signes cliniques sont appelées récurrences herpétiques.
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La gestion des troupeaux est compliquée puisque si chaque animal a une réactivation de temps en
temps, l’excrétion virale globale est continue.
Morphologie et structure
Les Herpesviridae sont de gros virus (diamètre compris entre 100 et 200 nm) quasi-sphérique. Ils
ont la particularité structurale de posséder un tégument (zone tampon) entre la capside et
l’enveloppe. L’enveloppe est couverte de spicules (=protéines spirales constituées de glycoprotéines
qui jouent un rôle important dans le cycle viral). La capside est à symétrie icosaédrique de diamètre
compris entre 100 et 110 nm. L’ADN est protégé dans le core (structure complexe au sein de la
nucléocapside). Le génome est de taille variable.
Organisation du génome
L’ADN des Herpesviridae est grand (150-250 kb), bicaténaire, linéaire dans les virions et cyclisé
dans l’ADN de la cellule-hôte.
La schématisation en 3D (voir PPT) montre le nombre élevé de capsomères. En microscopie
électronique, on voit la matrice protéique amorphe tapissant le dessous de l’enveloppe virale. Il
existe environ 10 protéines de surfaces qui sont utiles pour la vaccination et qui jouent un rôle dans
le cycle viral.
L’organisation de l’ADN de ces virus est très complexe : il existe 70 à plus de 200 ORF (cadres de
lecture ouverts), ce qui équivaut à un mécanisme sous-jacent permettant au virus de rester caché
chez l’hôte (leurre de la réponse immunitaire). Cette complexité va dans le sens du haut niveau
d’adaptation des Herpesviridae.
Le génome est de structure variable. Il y a 6 groupes de génomes classés de A à F. Sur le schéma du
PPT, « U » signifie « fragment unique », « TR » signifie « Terminal Repeat », « L » signifie
« long » et « S » signifie « short ».
Les génomes mêlent donc séquences uniques et séquences répétées. Au moment de la réplication, il
existe de plus des possibilités d’inversions de lecture (les séquences longues et courtes peuvent
s’échanger).
Cycle de multiplication virale
Celui-ci a lieu dans le noyau de la cellule-hôte. Il existe 2 types de cycles :
Cycle productif
Cycle arrêté : persistance du génome viral dans le génome cellulaire sous forme circulaire
latente (le génome est dans la cellule, mais n’est pas intégré à celui de la cellule).
Quand le virus pénètre dans la cellule-hôte, il commence toujours par un cycle productif. La latence
est déclenchée par la transcription de produits particuliers, il n’y a alors aucune réplication.
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Rappel : le cycle lytique se compose d’une cascade de synthèses protéiques : protéines précoces,
intermédiaires, puis tardives (chacune est indispensable à l’expression de la suivante). Ensuite, on a
bourgeonnement des virions et exocytose via le REG puis le Golgi. L’exocytose peut avoir lieu de
différentes manières, mais on
obtient toujours des virions
enrobés à la sortie du Golgi.
Les Alphaherpesvirinae
provoquent une lyse rapide
de la cellule-hôte, avec une
forte production de virions
dans le milieu extérieur.
Les Bétahaerpesvirinae et les
Gammaherpesvirinae ont un
mode de production plus lent
(cycle plus long), une lyse
plus modérée ; la diffusion
des virions est intracellulaire,
via la formation de syncitia
(mode de sortie indirecte des
virions).
Propriétés biologiques
Spectre d’hôte naturel étroit (peu d’espèces touchées par le même virus).
Les virions sont fragiles dans le milieu extérieur. La diffusion se fait donc par contact direct
de muqueuse à muqueuse, ou parfois par des fluides. Les Herpesviridae ne peuvent pas être
véhiculés par des insectes piqueurs. Cette diffusion délicate facilite la prévention contre les
virus.
Il existe diverses modalités de transmission du virus : cellules infectées, virions libres ou
aérosols. Les portes d’entrée peuvent être les muqueuses oronasale, oropharyngienne ou
génitale (maladies vénériennes et transmission mère-petit).
Le tropisme des Herpesviridae est varié : il dépend de la porte d’entrée et du lieu de latence
(Alphaherpesvirinae : cellules nerveuses / Beta et Gammaherpesvirinae : organes
lymphoïdes). On a également un tropisme vers les muqueuses (transmission) et vers les
cellules fœtales.
Culture in-vitro facile. Cependant, les virus meurent quand ils sont congelés entre 20°C et
–80°C, il faut tenir compte de cette particularité lorsqu’on veut conserver un prélèvement
avec suspicion d’Herpesviridae. On l’envoie donc au laboratoire à 4°C.
Excellente adaptation à l’hôte naturel : infections rarement létales (donc létalité limitée mais
morbidité plus ou moins importante) et latence définitive avec excrétion lors des
réactivations. Si la réactivation provoque des signes cliniques, on parle de récurrence. Cette
excrétion (lors de stress) permet de contaminer les congénères de l’hôte.
Lors d’infections productives, on assiste à la lyse des cellules. Les signes cliniques sont
variables. Leur gravité dépend de l’immunocompétence de l’hôte et du site de multiplication
du virus (possibles encéphalites et avortements).
Les cellules infectées latentes sont variables (tissu lymphoïde ou nerveux), avec parfois
induction de tumeurs.
Exemple de production-latence : l’herpes labial
C’est un virus très commun : 90 à 100 % de la population adulte est porteuse dans les pays en voie
de développement et seulement 70 % dans les pays développés.
Au cours de la réactivation ou de l’infection primaire, les cellules muqueuses produisent des
virions : apparition de boutons de fièvre. Le nerf sensitif le plus proche est alors infecté et le virus
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remonte jusqu’au ganglion sensitif le plus proche où il entre en phase de latence. Le virus effectue
le chemin inverse lors d’une réactivation qui peut être déclenchée par le stress, par une
immunodépression ou par des corticoïdes.
Si le virus remonte jusqu’au système nerveux central, cela peut provoquer une encéphalite. C’est
d’ailleurs la première cause d’encéphalites dans les pays développés.
Propriétés biologiques spécifiques
a) Alphaherpesvirinae
HHV2 : herpès génital, qui peut
entraîner la transmission mère-
petit ou des avortements.
HBV : herpès du singe, seule
zoonose connue, mortelle à
100 %.
La varicelle est en général bénigne chez
l’enfant (sauf exceptions : encéphalites),
mais peut être très dangereuse chez
l’adulte, notamment chez la femme
enceinte.
Le zona est une récurrence de la
varicelle qui touche 10 à 15% de la
population infectée par la varicelle,
provoquant des éruptions cutanées et de fortes douleurs.
BoHV1 : problèmes respiratoires et de reproduction.
EHV1 et 4 : maladie rencontrée fréquemment, grave problèmes respiratoires et de
reproduction.
CaHV1 : problèmes respiratoires chez le jeune, problèmes de reproduction chez l’adulte.
FEHV1 : problèmes respiratoires surtout (parfois de reproduction). Il s’agit d’un des virus
responsables du coryza.
PRV (pseudorabies virus) : maladie d’Aujeszky bénigne chez le porc qui devient la
pseudo-rage chez les autres espèces, entraînant la mort en 24 à 72 heures.
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GaHV2 et 3 : maladie très importante en aviaire. Il s’agit des seuls Alphaherpesvirinae à
croissance lymphocytaire. GaHV2 entraîne parfois l’apparition de tumeurs mortelles dues à
des lymphocytes anormaux. GaHV1 et GaHV3 sont utilisés pour vacciner contre GaHV2.
Maladie de Marek : plusieurs virus sont associés. Les lymphocytes s’infiltrent au niveau du système
nerveux périphérique, ce qui entraîne des troubles du déplacement puis la mort.
b) Betaherpesvirinae
HHV5 : très dangereux pour le fœtus chez la
femme enceinte.
HHV6 et 7 : à peu près équivalents à la varicelle
EIHV1 : herpès de l’éléphant, en général bénin,
mais qui provoque de gros troubles lors de
mélanges de populations d’éléphants d’Afrique
et d’Asie.
c) Gammaherpesvirinae
EBV : mononucléose qui entraîne
parfois l’apparition de tumeurs.
Traitement et prophylaxie
Il existe de très nombreux vaccins vétérinaires disponibles, mais aucun traitement réellement
efficace. En médecine humaine, en revanche, il existe des antiherpétiques très efficaces, qui sont
virostatiques, c’est-à-dire qu’ils ne suppriment pas le virus mais empêchent les récurrences graves.
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