
ESH – ECE 2 Camille Vernet 
Nicolas Danglade 2015-2016 
 
1.3 Pourquoi le financement ne se fait-il pas directement par le marché ?  l’intermédiation 
financière, une réponse aux limites du financement direct  
 Document 7 : les intermédiaires financiers et les coûts de transaction 
La firme (qu’elle soit bancaire ou non bancaire) naît des imperfections des marchés dont elle permet de réduire 
les coûts de transaction (théorie des coûts de transaction ; R.Coase). « Par coûts de transaction, on entend les 
coûts de fonctionnement du système d’échange et, plus précisément dans le cadre d’une économie de marché, 
ce qu’il en coûte de recourir au marché pour procéder à l’allocation des ressources et transférer des droits de 
propriété ». 
Ces coûts de transaction comprennent les coûts de recherche du cocontractant et du compromis, les coûts de 
standardisation, de certification et de contrôle de la bonne exécution des échanges. 
Ainsi,  grâce  aux  intermédiaires  financiers,  un  prêteur  n’a  plus  à  rechercher  un  emprunteur  aux  préférences 
absolument symétriques des siennes, ce qui serait en général une opération coûteuse, voire impossible. Ces 
différences de préférences peuvent notamment porter sur les montants ou sur les durées. (…) L’intermédiaire 
peut par exemple corriger l’incompatibilité apparaissant entre deux agents dont l’un souhaiterait prêter à un an, 
alors que le second désirerait emprunter à dix ans ; l’intermédiaire surmonte cette seconde incompatibilité en 
acceptant des ressources (souvent à court terme) pour financer des prêts à long terme. (…) 
L’activité d’intermédiaire financier produit de la crédibilité. La notoriété d’un agent économique peut ne pas 
être suffisante pour lui permettre de lever des fonds directement auprès des prêteurs. La banque, dont c’est le 
métier et la spécialité, peut suppléer le manque de notoriété par un travail spécifique d’analyse de solvabilité. 
Elle  peut  même  aller  au  devant  de  l’emprunteur  et  découvrir  des  opportunités  de  prêts  que  l’auto-analyse 
fondée sur la seule notoriété – en quelque sorte latente et passive – aurait été impuissante à révéler. 
Source : Mario Dehove, cours « Institutions et théorie de la monnaie », mars 2001 
 Document 8 : le problème des asymétries d’information 
De toute évidence quand un emprunteur sollicite un financement, il connaît mieux que le prêteur auquel il fait 
appel la qualité de son projet d’investissement et ses chances de succès. Il s’agit d’un problème d’asymétrie 
d’information comme celui mis en  évidence par G.Akerlof  et J.Stiglitz dans  les années 1970. L’emprunteur 
devra parvenir à convaincre le prêteur et ce dernier rassembler suffisamment d’informations concordantes pour 
se  forger  sa  conviction  que  le  projet  vaut  d’être  financé.  Le  repérage  par  le  prêteur  ou  le  signalement  par 
l’emprunteur des projets d’investissement de qualité est nécessairement coûteux (en temps et en argent). Et si le 
coût  l’emporte  sur  la  rentabilité  attendue,  alors  le  financement  n’aura  pas  lieu.  Le  problème  d’information 
relatif à la qualité n’est donc pas traitable qu’en engageant un coût qui, s’il est trop élevé, empêchera la mise en 
relation du prêteur et de l’emprunteur. La duplication des coûts peut toutefois être évitée si l’un des prêteurs se 
spécialise dans la production d’information nécessaire à la sélection des projets. En centralisant la production 
d’information, on en réduit le coût et on rend à nouveau possible des financements qui sans cela n’auraient pas 
vu le jour. Qu’est-ce que ce prêteur spécialisé dans la production d’information ? Une banque ! c’est ainsi que 
le présentent Hayne Leland et David Pyle dans leur article fondateur de 1976. Bien sûr, la banque n’est pas le 
seul acteur du système financier à produire une information utile pour éclairer les choix des investisseurs : c’est 
aussi  le  rôle  des  agences de  notation,  la  banque  produit cette  information  pour éclairer  ses  propres choix 
d’investissement  et  se  positionne  donc  en  intermédiaire  entre  un  large  ensemble  de  prêteurs  et  un  large 
ensemble d’emprunteurs dont elle effectue la sélection.  
L’asymétrie d’information dont pâtit le prêteur ne se limite pas à la qualité des projets d’investissement. Une 
fois passée la première étape, celle qui, pour le prêteur, consiste à donner son accord et octroyer le financement, 
il restera à vérifier que l’emprunteur fait un usage des fonds prêtés conforme à son engagement. Vérifier que 
c’est bien le cas est coûteux là encore. (…) De ce point de vue qu’est-ce qu’une banque ? un contrôleur délégué 
par  l’ensemble  des  prêteurs  (les  déposants) capable de  mettre  en  place  un  contrat  incitatif, en  vertu  duquel 
l’emprunteur se  conformera à  ses  engagements et  remboursera son emprunt  à l’échéance, à  moins  que sont 
projet n’ait réellement échoué, ce que le contrôleur délégué pourra vérifier et ce dont il sera prémuni grâce à 
l’exigence de garanties ou collatéraux. Mais en définitive, qu’est-ce qui assure aux prêteurs qu’ils ne seront pas 
eux-mêmes exposé au défaut du contrôleur délégué (la banque) ? Le fait que ce dernier diversifie suffisamment 
ses investissements. Dans ce cas, le risque de ses actifs sera géré au mieux et il pourra s’engager à ce que les 
prêteurs  récupèrent  sans  perte  l’argent  confié.  Toutefois,  le  contrôleur  délégué  sera-t-il  à  cet  égard  moins 
opportuniste vis-à-vis de ses déposants que n’importe quel autre emprunteur ? rien ne le garantit, ce qui signifie 
qu’il faut aussi « contrôler le contrôleur » !  
Source : J.Couppey-Soubeyran « Monnaie, banques, finance », Puf, 2010, p. 154