A. Aziz kébé : Islam droits humains et famille. Tous droits réservés. Dakar 12/05/08
Islam, droits de l’Homme et famille
Introduction :
En islam, la formule « al- islam Dîn wa dawla » qui confond la sphère religieuse et la
sphère politique, établit une sacralisation de l’existence toute entière. Cette tradition d’un
islam global, qui serait à la fois religion et pensée politique, est au centre des préoccupations
des penseurs musulmans contemporains
. C’est sous cet angle que se pose le plus souvent,
dans les sociétés musulmanes, la question de la compatibilité et de l’incompatibilité entre les
phénomènes sociaux, les politiques, les actes et la religion parce que dans ces milieux, le
binôme Halâl/Harâm
régit tout et codifie tout. Cela offre l’image d’une religion que l’on
voudrait être globale et qui mettrait sous contrôle tous les instants de la vie des individus et
des collectivités. Ce qui ne laisserait aucun espace de liberté aux êtres humains.
Or donc, la liberté est consubstantielle à l’être humain car étant à la fois marque et
expression de sa dignité que le Coran exalte
. Ce que la Déclaration du Secrétariat Général de
l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) consacre aussi, dans la Revue de la Ligue
Islamique Mondiale, en ces termes: « l’homme est l’être le plus noble de la création. Tous les
hommes sont égaux en dignité humaine et responsables de sa sauvegarde
». C’est à ce niveau
que semble se situer la rencontre entre religion et droits humains : la reconnaissance de l’égale
dignité entre les être humains, d’une part, le droit et le devoir de sa sauvegarde, d’autre part.
Cependant, si la liberté et la dignité demeurent des principes sur lesquels il n’y a pas de
divergence, force nous est de reconnaître que leur mise en œuvre, les modalités de leur
application et la perception de l’étendue de leur exercice, sont quelques fois sources de larges
et profondes divergences. Elles sont souvent perceptibles dans la famille.
En tant que cellule qui structure l’état social et qui touche à la fois l’individu et la
société, la sphère privée et la sphère publique, le religieux et le politique, la famille est au
Il est significatif de se référer à la polémique entre les cheikhs de l’université d’al-Azhar, au Caire, autour de
l’idée d’un islam global qui véhiculerait à la fois un credo et son démembrement en actes de religions et en
principes de gouvernement. L’essai de l’ancien Sheikh d’al-Azhar et magistrat au tribunal musulman, ‘Ali Abd
al-Râziq (1888-1966), « al-islam wa usûl al hukm / l’islam et les fondements du pouvoir » est illustratif de cette
polémique dans ses dimensions rationnelles et émotionnelles.
Licite/illicite. Dans un dit du Prophète, il est rapporté que « ce qui est licite est bien établi et ce qui est illicite
est aussi bien établi. Entre les deux, se trouvent les équivoques, évitez-les ». C’est sur la base de ce hadith, que
les musulmans ont tendance à établir une sorte de catalogue à deux colonnes Licite/illicite qui serait la table de
référence de tout acte privé ou publique.
“wa la qad karramnâ banî Adam wa hamalnâhum fil-Barri wal-Bahr….wa faddalnâhum ‘alâ kathîrin mimman
khalaqnâ tafdîlan / Nous avons honoré les fils d’Adam, nous les avons établis sur terre et sur mer….et les avons
élevés bien au-dessus de beaucoup de ce que Nous avons créé». Sourate al-Isrâ/17, verset 70.
Majallat al-Râbitat al-‘Alamiy al-islâmiy, La Mecque, Muharram 1400/1979, p 149.