1 Compte rendu deuxième réunion AG Commission : Psy, Soins et

Compte rendu deuxième réunion AG
Commission : Psy, Soins et Accueil
Place de la République, Paris
Le 27 avril 2016
Présentation de la commission. La réunion a débuté par la présentation de la
commission et la lecture du texte : Appel de la Commission Psy, Soins et Accueil. Il y
avait environ 60 personnes dans cette réunion [voir photos].
Les questions du public et d’interventions diverses
La formation en psychiatrie. Une jeune psychiatre pose des questions à
propos de la formation en psychiatrie et à propos de ce que la commission pourrait
propose à cet égard. Elle raconte ce qu’elle a vécu dans sa formation et ce que l’on
vit, aujourd’hui, dans la formation. À son avis, la formation actuelle en psychiatrie est
très médicamenteuse. Elle dit que si l’on suit la formation à l’université soit en
psychologie soit en médecine, on se trouve forcement avec beaucoup de séminaires
très orientés vers la psychiatrie biologique et l’on réduit au maximum autre type de
formation. Elle mentionne que les cours de management sont habituels, il y a aussi
des généticiens qui donnent des cours, mais elle ajoute : « on na pas trouve le gène
de la schizophrénie… ». Cette situation, elle la contraste avec l’époque où il y avait
une hégémonie plutôt psychanalytique, de la pensée, de la question de la
subjectivité. Finalement, elle affirme que si l’on veut autre chose, il faut le faire pour
nous-mêmes. Cela demande de se mobiliser et aller chercher ailleurs. Elle finit pour
souligner qu’il est un peu dépriment ce qui se passe actuellement, mais on est dans
l’AG pour essayer penser les choses autrement, pour penser à d’autres manières de
former les psys.
Le handicap. La même jeune psychiatre pose la question : est-ce que la
reconnaissance handicapée ce n’est pas un exemple de mobilisation qui a réussi
dont on pourrait s’inspirer ?
Un jeune homme répond en disant qu’il pense que la question de handicap est à
double tranchant. Il met aussi de présent la question de la non-remise en question
des politiques en ce qui concerne la pathologie psychique et la souffrance psychique.
Des enfants, parce qu’ils sont en difficulté scolaire, ils sont mis dans le régime de
handicap. Il y a tout un enjeu financier derrière : les parents ont des allocations, par
exemple. Un système qui devient très pervers parce que l’enfant handicapé rapporte
quelque chose aux parents, dit-il.
Un psychiatre qui travaille pour les enfants ajoute que la question du handicap c’est
aussi une façon de dissimuler les dysfonctionnements du système scolaire de
l’éducation nationale. C’est, en effet, à double tranchant, car : « ça peut, en même
temps, produire des mesures qui facilitent l’intégration d’un enfant dans le milieu
scolaire et social, mais, au même temps, ça le met dans une situation particulière
sans non-possibilité de revenir en arrière ». Il signale qu’il y a aussi le manque de
personnel dans l’éducation nationale, le manque de formation des enseignants et
des beaucoup d’autres paramètres qui n’ont rien à voir avec la clinique psychiatrique.
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Par exemple, il y a des traitements médicamenteux qui sont prescrits par des gens
qui ne sont pas formés du tout. Il connaît le cas d’un collègue neurologue qui n’a
aucune formation sur la pédopsychiatrie, mais il prescrit aux enfants des
amphétamines.
Des problèmes concrets dans des institutions hospitalières. Une infirmière
en psychiatrie intervient pour parler à propos de ce qui se passe dans la vie réelle.
Elle souligne que pour avoir un rendez-vous dans le CMP, aussi bien pour les
adultes que pour les enfants, il faut attendre des mois. À niveau de l’intra-hospitalier,
elle commente que ses collègues travaillent dans des conditions insupportables : «
ils sont débordés et en souffrance ». Elle affirme qu’il n’y a pas les moyens pour être
avec les patients et pour tenter de leur donner de la contenance par d’autres moyens
que la contention physique et la chambre d’isolement. Pour elle, il y a, alors, un gros
problème d’effectifs, de personnel. En ce qui concerne la formation, elle affirme que
les infirmières n’ont plus la formation qu’elles avaient il y a vingt ans. Elle conclut que
tous ces éléments conduisent à dire non à la GHT [Groupement Hospitaliers de
Territoire], étant donné que tout ce qui a été mis en place depuis une cinquantaine
d’années est attaqué. L’infirmière défend la psychanalyse, parce que la
psychanalyse demande du temps pour être avec le patient, pour s’occuper d’eux
humainement. Pour finir, elle fait mentionne à une manifestation qui aura lieu le 26,
soit le 31 mai dans une convergence de luttes.
L’expérience à Montpellier. Un infirmier du secteur psychiatrique intervient pour
dire qu’il veut contester une idée qui a été exprimée à propos d’une sorte de
passivité de la part des psychiatres. Il n’est pas d’accord. Il dit que depuis 2002, des
professionnels en psychiatrie : infermières, psychologues, psychiatres se sont réunis
à Montpellier pour lutter contra la dégradation de soins. Il recommande de lire un
livre qui est sorti à ce propos. Ce mouvement a eu des problèmes et a resté un peu
élitiste. Il dit que l’on savait ce qu’allait se passer aujourd’hui, il dit que l’on savait que
le secteur était menacé. Aujourd’hui, en effet, on constate un échec. Il n’y a plus la
continuité dans les soins. Il dit qu’un de catalyseurs aujourd’hui de la bataille qu’on
peut mener sur la psychiatrie, c’est la lutte contre le GHT. Autour de ces
groupements, ce sont les établissements privés qui vont être les organisateurs du
système de soins. Alors, quand on balance l’équipement d’un nouveau group
hospitalier (un scanner, par exemple) et le financement d’activités thérapeutiques,
l’un de deux doit être choisi. Il remarque qu’il faut savoir qu’en psychiatrie, le 80% de
soin se fait à l’extérieur. L’hôpital n’est qu’une partie, c’est la part visible pour
l’administration et pour le ministère de soin en psychiatrie. Ce qu’on avait appelé la
volution de la politique de secteur se trouve non pas dans « l’hôpital-centrisme »,
ce qui corresponde à la situation actuelle, mais dans une psychiatrie communautaire.
L’histoire de la psychiatrie. Le même infirmier du secteur psychiatrique a
précisé que Pinel n’a pas équi a libéles patients de leurs chaines. Poussin et
Marguerite, sa femme, à travers l’observation quotidienne des patients ont
commencé à démontrer qu’on pouvait soigner autrement. Il ajoute qu’aujourd’hui le
courant dominant en psychiatrie est la chimique : « si on trouve la molécule, on
trouve la maladie qui va avec ». L’infirmier dit qu’aujourd’hui, les thérapies brèves,
les thérapies cognitives comportementalistes se fondent sur des méta-analyses qui
se considèrent comme des vérités, mais ce n’est pas du tout ce qui se passe sur le
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terrain. Un autre problème qu’il dénonce c’est que dans les établissements
hospitaliers il n’y a plus de formation choisie, car aujourd’hui s’impose le
développement professionnel continu autant pour les médecins que pour les
infirmiers. L’infirmier fait noter que tous les lieux de rencontre et de formation qui
existaient avant, par exemple autour de la psychiatrie institutionnelle, soit les gens se
les autofinancent, soit ils sont refusés pour y participer. C’étaient des lieux où tous
les soignants se retrouvaient. Il affirme qu’en psychiatrie : « on ne guérit pas et on ne
sait pas soigner, on sait accompagner, on sait évoluer avec quelqu’un et c’est un
soin qu’on doit inventer en permanence ».
Les médicaments psychiatriques. Un monsieur a parlé des mauvaises
expériences qu’il a vécues avec des médicaments. C’est pourquoi il recommande :
« Ne prenez pas les dicaments », à son avis il faut juste prendre les vitamines.
L’enfermement des herboristes. [Cette intervention, je n’ai pas pu la
comprendre]. À la fin de son intervention, il dit qu’il faut permettre aux gens de
développer la créativité et d’arrêter « de cloner tout le monde parce que chaque
personne est différente ».
Une psychanalyste intervient pour dire qu’il serait important de proposer d’autres
moyens de se soigner, il n’y a que la psychiatrie. Elle dit que certains de ses patients
ont trouvé thérapeutiques des plantes comme la griffonia.
Le DSM. Une femme demande de parler un peu sur le DSM parce qu’elle trouve
cela assez scandaleux.
L’humanisme de Carl Rogers. Une étudiante en psychologie commente sa
formation dans le camp de la thérapie humaniste de Carl Rogers. Elle dit que ce que
l’a choquée de la psychiatrie c’est sa découverte du mouvement de l’antipsychiatrie
dans les années 70s. Cela lui a donné de l’envie de se former dans la courante
humaniste. Les humanistes sont très peu reconnus et controversés en France parce
que, selon elle, on est dans une société, d’une part, très freudienne et biologique de
l’autre part. Pour elle la question fondamentale c’est la place du normal et du
pathologique dans la société. Elle considère qu’il n’y a pas vraiment du normal ou du
pathologique dans le sens chaque « personne est une personne ». Elle dit que
pour les humanistes, il faut considérer la personne dans sa globalité, permettre sa
créativité. Pour elle, la manière comme on traite les malades aujourd’hui est vraiment
symptomatique. On doit savoir, dit-elle, que l’on est tous potentiellement des
malades parce qu’à partir du moment on ne sera plus productif on sera considéré
comme malade et donc on devra être soigné. Pour elle c’est ça la place de la
psychiatrie en France.
Guérir en psychiatrie. Une jeune femme psychiatre pose la question suivante :
« est-ce quon vraiment chute le patient ? ». Elle a l’impression que quand les
patients sortent de l’hôpital, ils ne sont plus les mêmes. Elle se demande si en tant
que psychiatre on soigne vraiment les patients ou on les abîme. D’ailleurs, elle se
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demande sur la fonction du médecin généraliste dans le champ de la psychiatrie.
Finalement, elle propose d’autres questions : qu’est-ce qui se passe avec les gens
qui n’ont pas de moyens pour accéder à un traitement ? ; y a-t-il d’autres modèles
pour soigner ?
L’infirmière en psychiatrie participe de la discussion en disant que c’est qui est très
subversive est la parole, c’est ça qui est attaqué actuellement dans les espaces psy.
Las médicaments évitent au symptôme de parler. Chaque fois on a moins du temps
pour travailler avec les patients, c’est pourquoi les médicaments s’imposent. D’autre
part, elle souligne que dernièrement les laboratoires ont appris aux médecins
néralistes à dépister la dépression. Alors, les médecins généralistes sont devenus
les plus grands prescripteurs d’antidépresseurs !
L’étiquette de malade. Un homme intervient pour dire qu’il n’est pas très à l’aise
avec le fait de distinguer des « gens sains » et des « gens malades », d’imposer une
étiquette de malade à des gens qui ont des problèmes dans la vie. D’autre part, il
considère qu’il y a plusieurs modèles pour faire face aux pathologies différentes et ils
ne sont pas forcement en concurrence. Finalement, la question du pharmaceutique
l’inquiète beaucoup.
Un homme intervient pour dire que dans la relation psychothérapie, c’est-à-dire, dans
la relation d’une personne qui est considérée comme médecin et l’autre qui est
considérée comme malade, ce sont deux experts qui sont face à face. Il considère
qu’on devrait changer ce rapport parce que le malade a de choses à dire : « il sait
aussi comme il fonctionne, il peut aussi apporter de choses ». Dans cette relation il
n’y a pas un malade et l’autre qui sait tout. Un expert c’est une personne qui a « une
expérience ».
Un psychologue intervient pour dire que c’est vrai que dans le cadre où se déroule la
cure, cette relation peut être conçue comme une relation du pouvoir. De toute façon,
cela dépend de la formation et aussi de l’humanité du thérapeute en question. Il
raconte son expérience en tant que psychologue qui s’intéressait à la psychanalyse
dans une institution il travaillait. Lui, il a été très mal vu dans cette institution. Il y
avait un autre psychologue que recevait 4 patients en une heure, parfois au même
temps. Il n’a jamais entendu parler de thérapie dans cette institution. Il dit que la
seule fois où il a parlé de psychothérapie, des problématiques des patients en
termes presque existentiels et de l’importance du transfert (À qui le patient parle-t-il ?
De quoi parle-t-il ?), le cadre de santé de l’institution lui a dit : « le transfert fait mal ».
Dans l’institution on ne pouvait poser des questions, mettre en cause de diagnostic
faits très rapidement. Le problème le plus important c’était : « budget, budget,
budget ».
Un pédopsychiatre intervient pour faire des remarques à propos du problème du
pouvoir et du savoir. Il dit que quand on s’adresse à quelqu’un qui a une formation et
qui est considéré comme un thérapeute, effectivement on suppose qu’il sait : « les
gens viennent vers lui en pensant qu’il va leur dire ce qui les arrive ». Ça c’est la
position de l’expert, en fait, ajoute-t-il : « la seule personne qui connaît tout sur elle-
même et sans savoir c’est le patient que vient faire sa demande ». Il faut du temps
pour que le transfert et le contre-transfert s’instaurent. Il fait allusion aussi à la
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psychothérapie institutionnelle. Cette thérapie a deux jambes : la psychanalyse et la
politique. Il s’agit d’aspects centraux dans les institutions, mais en l’actualité tout ce
qui est dans le registre de la psychanalyse, cette dimension d’humanité et d’accueil
est refusée.
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