quelques fragments de texte comme preuve du développement de l’islam, mais nous n’avons rien
trouvé et cela signifie que la totalité des conquêtes islamiques de l’Espagne jusqu’à l’Inde a eu lieu
avant que le premier verset des textes sacrés islamiques n’ait été mis par écrit. »
Selon Schimmel, Gilchrist, Ling et Safadi, il n’existe absolument aucune trace matérielle du coran
original, aucun fragment n’a survécu des quatre exemplaires supposément transcrits sur l’ordre
d’Osman, le troisième calife, vingt ans après la mort de Mahomet en 632, pour servir de référence
à la Mecque, à Médine, à Bassora et à Damas. À la fin du septième siècle, les conquêtes islamiques
s’étendaient du Maghreb à l’ouest jusqu’à l’Inde à l’est, le coran était supposément l’élément central
qui alimentait la foi des conquérants, pourtant aucun fragment du coran datant de cette époque n’a
été découvert dans tout cet espace géographique. Le contraste avec le christianisme est frappant
si l’on considère que pas moins de vingt-cinq mille manuscrits du nouveau testament ont été
découverts ou conservés dès le premier siècle, soit à peine quelques dizaines d’années après le
début de la mission évangélique.
Les hadiths : Allah et Mahomet n'y sont pour rien
Joseph Schacht a étudié les documents juridiques et les compte-rendus des procès du début du
neuvième siècle, soit 170 ans après la mort de Mahomet. À cette époque, les Hadiths n’étaient pas
utilisés comme référence dans les jugements, bien qu’ils constituent la base sur laquelle repose la
loi islamique (la charia). Schacht par conséquent date la création des Hadiths à partir du moment
où ils ont été utilisés dans les jugements des tribunaux, soit plus de 200 ans après la mort de
Mahomet. Il a fait également une autre découverte : les Hadiths dont l’authenticité reçoit les
meilleurs appuis sont paradoxalement ceux qui sont les plus suspects. En effet, les appuis
authentifiant les premiers hadiths étaient approximatifs et peu détaillés malgré qu’ils fussent
moins éloignés de Mahomet dans le temps, par contre les hadiths tardifs, ceux qui sont apparus
comme par magie à la fin du neuvième siècle ou au dixième, bénéficient de témoignages
d’authenticité très élaborés.
La première publication des hadiths coïncide avec l’apparition de la charia, la loi islamique. Il existe
dans l’islam quatre écoles juridiques, elles ont vu le jour au neuvième et au dixième siècle. La
première a été l’école shaféite dont le fondateur est le juriste islamique Al Shafei mort en 820,
elle se base exclusivement sur les hadiths et non sur la jurisprudence acquise au cours des deux
siècles précédents. Pour introduire une nouvelle provision de loi il suffisait alors de la justifier en
prenant pour référence une parole que le prophète Mahomet avait supposément prononcée, un
grand nombre de hadiths ont ainsi été créés en appui à la charia. Selon Schacht : « un nombre élevé
de traditions légales invoquant l’autorité de Mahomet a vu le jour du vivant d’Al Shafei et dans les
décennies suivantes. Par conséquent elles reflètent les doctrines abbassides d’Irak et non celles
plus anciennes d’Arabie (du temps du prophète et de ses successeurs) ou de Syrie (du temps des
omeyades). L’agenda légal et politique des califes qu’impose chacune des quatre écoles juridiques de
l’islam démontre que les hadiths ont été fabriqués en Irak au neuvième et au dixième siècle, Allah
et Mahomet n’y sont pour rien.