L`Egypte de 1849 à 1914 INTRO : L`Egypte est au cœur de l`actualité

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L’Egypte de 1849 à 1914
INTRO :
L’Egypte est au cœur de l’actualité internationale pour trois raisons : la région est
hautement stratégique à cause du canal de Suez ; par ailleurs l’Empire ottoman est en déclin ;
enfin, le pays connaît un véritable chaos financier. Jusque là enclavée à l’extrémité de la
Méditerranée, elle devient un carrefour essentiel pour les communications. C’est une
révolution géopolitique. A la mort de Méhémet-Ali en 1849, l’Europe est toute entière tournée
vers l’Egypte et se pose cette question : Que va-t-elle devenir ? Nous verrons ainsi comment
l’Egypte, à son apogée sous Méhémet-Ali, entrera dans une lente phase de déclin à cause du
Jeu des Puissances, malgré des souverains qui feront tout pour conserver la grandeur du pays.
Pour cela, nous étudierons tout d’abord le particularisme égyptien, puis la question majeure
du canal de Suez, avant de terminer avec l’occupation britannique.
CONCLUSION :
Ainsi, malgré le fait qu’Abbas Ier ait ouvert l’économie égyptienne, que Saïd ai réalisé
d’importantes réformes sociales ou qu’Ibrahim ait revalorisé l’image de l’Egypte au près des
Européens, ceux-ci n’en n’ont que faire, absorbés dans le Jeu des Puissances, et laissent
l’Angleterre s’emparer d’une Egypte ruinée d’avoir voulu, telle la grenouille, se faire plus
grosse que le bœuf. Ceux-ci ne s’intéresseront pas non plus aux revendications nationales des
égyptiens et instaureront le protectorat britannique en 1914, un an après la chute du dernier
sultan de l’Empire ottoman, Mehmed V. En 1922, lorsqu’Atatürk abolit définitivement
l’Empire, l’Egypte prend le titre de Royaume. Mais ce n’est qu’en 1936 qu’elle obtiendra
enfin son indépendance.
BIBLIOGRAPHIE :
- L’Egypte moderne, Tomiche Nada, Que sais-je ?, 1976
- L’Egypte moderne : Idéologie et renaissance mondiale, Anouar Abdel-Malek, L’Harmattan,
2005
- L’Egypte et la France de 1882 à 1914, Samir Saul, La Documentation Française, 1997
- L’histoire de l’Egypte des origines à nos jours, Bernard Lugan, Editions du Rocher, 2002
- Coup d’œil sur la chronologie de la nation égyptienne, Cattaui Pacha Joseph, Plon, 1931
- Wikipédia
- MSN Encarta
- http://www.alyabbara.com/voyages_personnels/egypte/dynastie_Muhamad_Ali/Abbas_hilmi_I.html
- http://www.napoleon.org/fr/hors_serie/suez/html-content/historique/txt-014.html
I. Le particularisme égyptien
A/ Une tentative de puissance brisée
- Méhémet-Ali avait réussi à se faire proclamer pacha par les oulémas, sans l’accord de la
Porte -> début d’un relâchement de la Porte envers l’Egypte ? Il obtient ensuite le pachalik
héréditaire après avoir failli détrôner le sultan. L’Egypte prend une place importante dans le
concert des nations : très proche de la France.
- Pays modernisateur : Réforme de l’enseignement et de la justice ; construit des banques et
des routes, de nouveaux systèmes de canaux et de digues ; protège le patrimoine égyptien que
dévalisent marchands et diplomates européens ; exige une stricte tolérance des trois religions.
- L’Empire est à son apogée, grâce au modèle de l’armée napoléonienne.
Mais Méhémet-Ali est déposé sous prétexte d’incapacité mentale. C’est Abbas seulement qui
reprendra le titre de pacha à la mort de Méhémet-Ali.
B/ Abbas (1848-1854), la carte britannique
- Mais Méhémet-Ali et la modernité ont échoué. Aussi, pour maintenir le pays sans subir les
mécontentements du peuple, Abbas se tourne vers le traditionalisme et les Anglais
- Renvoie les techniciens européens, les occidentaux étant considérés comme trop
modernisateurs. De plus, ce sont des experts qui coûtent cher à un pays déjà en manque
d’argent.
- Cependant, Abbas renvoie surtout les Français, et préfère conserver un lien avec la Grande
Bretagne, qui possédait à cette époque, des vues en opposition à celles de la France
- En 1851, Abbas reçoit l’ordre de la Porte d’étendre le Tanzimat à l’Egypte. Il accepte car il
soumis au sultan, du à son retour au traditionalisme, et donc au respect de la tradition qu’est le
pouvoir du sultan sur les gouverneurs d’Egypte. Mais il ne met pas le décret en application, ce
qui serait en contradiction avec sa politique anti-moderniste.
- Les anglais le soutiennent dans ce refus, et obtiennent ainsi le droit de créer le chemin de fer
Alexandrie-Le Caire (1851) pour contrer le projet de percer l’isthme de Suez par les français.
- Abbas obtient le titre de Vice-roi, ce qui renforce le statut particulier de l’Egypte
C/ Saïd (1854-1863), la carte française
- De culture européenne (il y a fait ses études), Saïd, quatrième fils de Méhémet-Ali, revient à
une politique de reconstruction nationale tournée vers la France et commence par centraliser
l’administration.
- Deux réformes sociales majeures sont mises en place : l’accès aux plus hauts grades de
l’armée par les indigènes, qui constitue en soi la fin d’un privilège, et la libération de la
propriété des terres, qui fait naître la classe des gros propriétaires qui investiront dans la
finance et l’industrie. En effet, Saïd est préoccupé par l’amélioration des conditions
économiques du pays.
- Il organise également un programme de travaux publics.
- Le nouveau Vice-roi est également un proche de Ferdinand de Lesseps, dont le père est
ambassadeur de France en Egypte... Leur relation permet l’écoute et la bienveillance du Viceroi envers le projet de Lesseps. Démarre alors le début du percement du canal de Suez. La
mise en chantier ne commence qu’en 1859.
- Saïd applique le Tanzimat.
- Cependant, l’exécution des réformes est coûteuse et contraint l’Egypte à trois emprunts :
elle commence à s’endetter.
II. La question du canal de Suez
A/ Le projet
- Les Anglais redoutent énormément ce projet qui assiérait le contrôle français du secteur,
ainsi qu’un nouveau passage bien plus simple vers la route des Indes, et donc la domination
du trafic marchand en direction de l’Asie. Ainsi, ils arrivent à faire repousser le projet un
certain nombre de fois, notamment en 1859 avec l’aide du ministre des Finances ottomans
Mouktar Bey.
- D’autre part, Ismail également est beaucoup moins enthousiaste que Saïd pour le projet : il a
failli l’interrompre, mais le reprend finalement en 1864.
- Pour valorisé le projet nouvellement décidé, et montrer au monde la puissance de l’Egypte,
Ismaïl pousse son pays à l’autonomie et à la participation à la politique internationale. Par
exemple, il envoie un représentant à la conférence monétaire de Paris, se rend lui-même à
l’Exposition universelle de 1867. Et en 1869, il visitera les principales cours de l’Europe pour
inviter les souverains à l’inauguration du Canal.
B/ Les difficultés
- L’une des difficultés majeures qui s’oppose à la construction du Canal, est l’autorisation de
la Porte qui ne vient que sept ans après le premier coup de pioche (c'est-à-dire en 1866). En
effet, comme nous l’avons dit plus tôt, la Porte est sous pression anglaise.
- Le 17 novembre 1869 a lieu l’inauguration du canal de Suez. L’Egypte déballe un certain
faste lors de la cérémonie, censé représenter la grandeur du régime, de la même manière que
la France le faisait à la même époque. Le Khédive (titre au dessus du Bey, au dessus du Viceroi, juste au dessous du sultan) invite des souverains pour l’ouverture du canal. Ainsi, seront
présent l’Impératrice Eugénie, les princes héritiers de Prusse, d’Italie et des Pays-Bas, ainsi
que l’émie Abd el-Kader. Or la réception de têtes couronnées est normalement un privilège de
souverain. Ismaïl dira lui-même « Mon pays n’est plus en Afrique, nous faisons partie de
l’Europe » Cependant cette prétention est très mal pris par la Porte qui voit là une atteinte à sa
suzeraineté. Elle devient alors méfiante à l’égard d’Ismaïl.
- « Je veux que le canal soit à l’Egypte et non l’Egypte au canal », déclare Ismaïl. Mais en
1874, pour combler la dette, il se voit contraint de vendre ses parts du canal de Suez.
L’Angleterre rachète tout et obtient ainsi une situation privilégiée dans le contrôle du canal.
C/ La dette
- Ismaïl obtient le pouvoir d’emprunter sans accord préalable de la Porte, en même temps
qu’il acquiert le titre de Khédive
- Le faste de l’Egypte, les réformes, et les guerres, par exemple la campagne du Soudan,
coûtent cher.
- Ainsi, la dette extérieure, entre 1863 et 1874, fut multipliée par trente.
- En 1876, le Khédive suspendit le paiement des intérêts de la dette égyptienne, ce qui allait
entraîner l'institution d'un contrôle des puissances occidentales sur l'économie du pays. Peu de
temps après, les Puissances imposent la Caisse de la Dette Publique, qui est une forme de
mise en tutelle indirecte de l’Egypte.
- Agitation nationaliste qui découle de la « prise de pouvoir » des européens -> le khédive
essaie de se placer en tant que résistant et se sépare de ses conseillers. Considéré comme un
acte d’hostilité par l’Angleterre et la France qui force le sultan à faire abdiquer le khédive.
III. L’occupation britannique
A/ Les conditions
- Tewfik, le successeur d’Ismaïl, est trop pacifique pour pouvoir relever le pays. La
population le surnomme le « Valet des Européens ». Tout paraissait pourtant s’améliorer,
quand une rébellion fit surface au sein de l’armée.
- Arabi Pacha, surnommé Urabi prend la tête de la révolte. Le noyau de la revendication
nationale naît dans l’armée, qui se sentait humiliée par les mamelouks. En effet, ceux-ci
étaient les seuls à avoir accès aux plus hauts grades, mais étaient de nationalité turque, pas
égyptienne. Urabi et ses fidèles créent le Parti National. Il devient ensuite Sous-Secrétaire
d’Etat à la Guerre, puis Ministre de la Guerre dans un très court laps de temps. Sous pression
européenne, Tewfik le renvoie, mais la population se soulève. Le sultan se voit pris entre deux
feux. De sanglantes émeutes anti-européennes éclatent dans tout le pays.
- En 1882, les Anglais et les Français entrent à Alexandrie : c’est une parade pour faire peur
aux révoltés, mais cela ne marche pas, et la population massacre des chrétiens pour le
prouver. L’Angleterre a désormais un prétexte pour intervenir et sauvegarder la sécurité du
canal de Suez. Elle décide alors de bombarder la ville, sans attendre les Français, trop long à
se décider. Les égyptiens recommencent alors leurs massacres, aidés cette fois-ci par des
bandits qui avaient été libérés des prisons l’émeute précédente. Finalement, les Anglais
l’emportent.
- La présence anglaise ne devait être que temporaire. Mais ça change avec l’arrivée du
Premier Ministre Lord Salisbury (1887-1888)
B/ La politique de Salisbury
- L’Egypte est traitée en colonie.
- Cependant, le protectorat n’entraîne aucune modification juridique du statut de l’Egypte qui
fait toujours partie de l’Empire ottoman. Les troupes anglaises sont la seule organisation
armée.
- Des « conseillers » (dont les conseils sont plus que des ordres) sont placés aux postes
stratégiques : Ministères des Finances, de la Justice et de l’Intérieur. Les formes légales
respectées : le khédive Tewfik préserve la fiction de la continuité du pouvoir. Il meurt en
1892.
- Si l’Angleterre arrange tout selon son propre intérêt, certaines décisions favorisent
également le pays. C’est le cas de grands travaux (chemins de fer, postes, banques…), de la
mise en place du droit d’assujettir les étrangers à la contribution financière, qui servira à
amortir la dette. En 1883, les Anglais créent deux Chambres, donnant un semblant de
démocratie à l’Egypte : les représentants sont élus au suffrage universel. C’est la première fois
pour la population. L’occupation anglaise encourage l’Egypte à la monoculture et à une
économie de marché. On assiste donc à un développement de la culture du coton. Dans ces
conditions de marché économique florissant, quel intérêt d’Fournit les industries cotonnières
anglaises -> paradoxe : exporte du coton et importe du fil et des tissus de coton. La
concurrence étrangère se développe. C’est la fin de la petite industrie indigène.
- 1904 : « Entente cordiale » entre la France et l’Angleterre : la première garde le Maroc,
tandis que la deuxième occupent pleinement l’Egypte.
- Hostilité latente de la population contre l’occupant : soulèvement de Densheway (des
officiers tuent une vieille femme au lieu d’un pigeon -> émeute -> « retraite » du haut
commissaire Lord Cromer)
C/ La montée du nationalisme anti-britannique
- La révolte d’Urabi marque la première explosion d’une activité nationaliste organisée.
Commencent à paraître des journaux nationalistes. Cela favorise un mouvement d’intérêt pour
les idées et institutions européennes. Par exemple, en 1870, l’arabe est officiellement la
langue de l’administration.
- C’est à partir du règne d’Abbas II (1892-1914) que les autorités égyptiennes réagissent
véritablement à la présence britannique et demandent l’évacuation.
- Mais les partisans d’Arabi Pacha ne sont pas des nationalistes : ils considèrent que seul le
sultan est apte à les protéger des étrangers chrétiens et des infidèles. Ils prônent le
panislamisme.
- Les évènements de 1906 sont quelque peu plus militant : grève des étudiants, émeutes
paysannes dirigées contre les officiers britanniques.
- En 1907, les autorités apeurées annoncent le début d’un processus devant déboucher sur
l’autonomie de l’Egypte. Certains nationalistes pensent qu’ils n’obtiendront rien en affrontant
les Anglais et préfèrent collaborer avec eux pour en retirer des concessions successives qui
iraient jusqu’à l’indépendance. C’est ainsi que, la même année, est fondé de l’Umma, Parti du
Peuple qui n’a que peu d’écho parmi la population.
- Mustafa Kamil, journaliste, réunit autour de lui un groupe d’intellectuels et d’étudiants pour
recréer l’ancien Parti National, qui a pour programme l’indépendance de l’Egypte, des idées
modernistes sur l’éducation de la femme, sur le développement de l’enseignement technique
masculin, l’ouverture d’écoles voire d’universités. D’autres partis : le Parti de la Nation, le
Parti National Libre… qui sont plus ou moins réactionnaires.
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