Les piètres résultats des négociations salariales de 2004 et 2005
Au cours des deux dernières années, le porte-monnaie des travailleurs ne s’est pas garni da-
vantage. Selon l’indice des salaires, qui offre en la matière une vue d’ensemble de leur évolu-
tion globale en Suisse, les salaires réels ont stagné à +0,1 pour cent en 2004. Répartis en fonc-
tion des branches économiques, les travailleurs du secteur secondaire ont dû accepter une
perte de 0,2 pour cent de leur salaire réel, alors que ceux du secteur tertiaire obtenaient une
modeste hausse de 0,4 pour cent de leur salaire réel. Dans les branches ayant des conven-
tions collectives, les salaires nominaux ont augmenté de 1,1 pour cent, mais le renchérisse-
ment annuel de 0,8 pour cent en 2004 a largement englouti ces hausses salariales. De plus, la
plupart des augmentations de salaire ont été versées, pour la première fois depuis 1999, sur
une base individuelle et non pas collective.
Pour l’année en cours également, les négociations salariales n’ont pas donné de résultats sa-
tisfaisants. Compte tenu de la bonne situation économique de l’an passé, d’une croissance de
1,8 pour cent du PIB et des bénéfices records enregistrés par de nombreuses entreprises
grandes et moyennes, les travailleurs s’étaient attendus à une hausse confortable de leurs
salaires réels en 2005. Or, leur attente a été déçue: La plupart d’entre eux ont dû se contenter
d’une simple compensation du renchérissement. Les charges obligatoires, telles que les coti-
sations aux caisses maladie et aux caisses de pension, qui ont considérablement augmenté au
cours des dernières années, contribuant ainsi à réduire encore le revenu disponible des mé-
nages, ne sont pas prises en considération dans cette présentation. Les années 2004 et 2005
n’ont donc pas été des années satisfaisantes. Lors des prochaines négociations salariales, il
conviendra de tenir compte de la progression de la productivité au cours des deux dernières
années, et d’en transmettre les résultats aux travailleurs.
Le fossé entre les salaires au sein des entreprises doit cesser de se creuser
La stagnation des salaires au cours des deux dernières années est d’autant plus fâcheuse que
la réserve – prônée sans cesse par les employeurs – n’est pas appliquée dans la même mesure
pour tous les travailleurs. Une étude menée par Travail.Suisse, portant sur 25 entreprises, a
révélé que la modicité tant préconisée en la matière par les managers s’arrêtait au seuil de
leur propre bureau. Ainsi, l’écart entre les salaires, c’est-à-dire le rapport entre le salaire le
plus élevé et le plus bas au sein des entreprises, s’est creusé, en 2004, dans 21 des 25 cas pris
en considération. Dans dix cas, les salaires des membres de la direction ont augmenté de plus
de 20 pour cent, et dans six cas de plus de 10 pour cent
. Dans l’ensemble, les 25 entreprises
examinées ont réalisé des bénéfices, et quatre cinquièmes d’entre elles ont même encore ac-
cru leurs résultats par rapport à l’année précédente.
Si les résultats de notre étude relative à l’évolution des salaires au niveau des directions
étaient appliqués au reste du personnel, il en découlerait un relèvement des salaires de
l’ordre de 20 pour cent pour l’année prochaine dans les secteurs de la banque, des assurances
et de la chimie. Les employés de l’industrie des machines pourraient tabler sur une augmen-
Voir dossiers concernant les « Salaires des managers » du 20 juin 05, destinés aux médias