Stratégie d’entreprise (3) Selon tous les industriels, la flotte d'avions dans le monde est appelée à doubler au cours des vingt prochaines années : « Le potentiel est exceptionnel, peu de secteurs peuvent se prévaloir du même, surtout sur une aussi longue période », indique Jean-Paul Herteman, le PDG de Safran et président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales). « L'estimation à long terme de la croissance de notre industrie n'a jamais varié. C'est l'une des rares prévisions qui s'est toujours révélée exacte », pointe le PDG d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta. Malgré ces excellentes perspectives, la stratégie de Dassault Aviation n’est pas tournée vers le développement mais, au contraire, vers la « réduction générale » de notre entreprise. Nous avons détaillé dans des tracts précédents les dangers de la stratégie industrielle suivie par la direction générale. Ces tracts sont disponibles sur notre site www.cgt-dassault-argenteuil.com Quelles alternatives pouvons-nous proposer à la vision malthusienne de notre direction ? En réalité, contrairement à ce que laisse penser la direction, les possibilités sont nombreuses. En complément du programme Falcon, qui se porte bien, de nombreux projets pourraient être mis en chantier pour préparer l’avenir. Voici les propositions de la CGT : Aviation militaire L’armée française a actuellement des besoins : - Des avions d’entrainement pour les pilotes. Les Alphajets actuellement utilisés étant en fin de vie. - Des drones de surveillance. Sans matériel français disponible (faute d’ambition et de bonne stratégie de la part de notre direction), l’Etat français a récemment signé une intention d’achat de drones américains Reaper. Il ne faudrait pas que l’on nous annonce le même genre de nouvelle dans quelques années concernant le remplacement de l’Alphajet ! Les salariés Dassault ont toutes les compétences nécessaires pour concevoir, développer et fabriquer ces types de matériels, le nEUROn l’a prouvé. Et pour ceux qui l’ont oublié, c’est Dassault qui avait fabriqué l’Alphajet (1977-1989) dans l’usine de Toulouse-Colomiers ! Aviation civile La dualité « civil /militaire » de notre savoir-faire, que la CGT a toujours soutenue, nous permettrait de nous diversifier sur de nouveaux marchés : - Jet privé supersonique « Concorde 2.0 ». Le constructeur aéronautique russe OAK et l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise travaillent, séparément, sur des projets d’appareils d’une cinquantaine de places. Pourquoi nous priver d’études sur ce type d’appareil ? Notre savoir-faire doit pouvoir servir à cela ! - Avion bombardier d’eau (A.B.E). Les ABE les plus connus sont ceux de la marque Canadair (filiale du constructeur Bombardier). Ces avions sont soumis à des difficultés de pilotage et à des contraintes énormes, ce qui entraine une forte fréquence d’accidents, et notamment de ruptures en vol (en particulier rupture par fatigue). L’Europe entière se fournit outre- atlantique chez Canadair alors que nous avons toutes les capacités pour concevoir l’appareil performant que tous les pompiers d’Europe attendent ! L'avion militaire Airbus A400M pourrait être modifié pour répondre à ce besoin, comme cela a été réalisé sur le Hercules C130. Un partenariat Eads - Dassault en vue de concevoir, développer et fabriquer une version A.B.E de cet Airbus A400M (avion de transport militaire polyvalent entré en service cette année) serait un formidable défi ! « Quel avenir pour l’usine d’Argenteuil ? » La réponse à cette question que tout le monde se pose se trouve dans la stratégie d’entreprise qui sera suivie par notre direction générale. Nous venons de le voir ci-dessus, des projets de développement de nouveaux avions sont possibles ! Ce n’est qu’une question de choix, de stratégie. Ce n’est absolument pas un problème de financement : nous avons plus de 4 Milliards d’euros de trésorerie disponible dans notre entreprise, c’est un record. Dans les années 80, la CGT s’est battue pour que le Rafale se fasse (les autres organisations syndicales étaient CONTRE). Cette bataille a permis le maintien de notre savoir-faire, de nos usines et de « l’image » prestigieuse de notre entreprise. Nous sommes aujourd’hui à un nouveau tournant de l’avenir de notre entreprise : Nous militons pour un changement de stratégie axé sur de nouveaux grands projets pour pouvoir pérenniser nos savoir-faire, nos emplois, notre avenir. Voilà ce que la CGT propose ! Voilà sur quoi, en plus des salaires, la CGT travaille afin de proposer une autre alternative à ce que prépare la direction ! Les salariés, toutes catégories confondues doivent s’approprier cette question qu’est leur avenir ! Ne restons pas spectateurs ! Les élus CGT de la commission économique du CCE aborderont toutes ces questions essentielles de stratégie lors de la prochaine réunion (novembre). Plan A : Investissement dans de nouveaux projets civils et militaires Maintien de toutes les compétences et savoir-faire Maintien et développement de l’emploi stable Maintien et développement de notre établissement d’Argenteuil Plan B : Fin du Rafale Sous-traitance totale des pièces primaires Falcon ? Délocalisation d’Argenteuil de la chaine de montage ? Plan de licenciements - Fermeture de l’usine ? Bataille pour un chèque de licenciement et une formation ? Plan A ou Plan B… à vous de choisir ! Exigeons tous ensemble un avenir serein ! Dans l’immédiat, pour amorcer un changement de stratégie, des choses sont possibles : l’embauche des salariés intérimaires (90 actuellement sur notre site) qui arrivent en fin de mission (au bout de 18 mois) doit être automatique. Ces salariés formés, ayant un savoir-faire et qui ont largement « faits leur preuves » sont des atouts pour notre établissement ! EXIGEONS leur embauche ! Dassault doit assumer sa responsabilité citoyenne : les entreprises qui en ont les moyens doivent investir pour l’avenir, pour les générations futures ! Jeudi 10 octobre 2013