La nation, abstraite, se définit d'après "qu'est-ce que le tiers Etat ?" de l'abbé Emmanuel Sieyes comme "un corps
d'associés vivant sous une loi commune et représenté par la même assemblée".
Trois choses dans cette définition:
- c'est un corps d'associés, l'intention des individus concernés de former un ensemble, un corps politique, c'est le
courant du contrat social.
Associé= tout le monde est égal, la qualité des individus qui s'associent est l'égalité de droits.
- Qui vit sous une loi commune = l'élément central est le vote, l'élaboration de la loi, la formation de la loi, loi
identique pour tous.
Il y a une égalité juridique des individus face à la loi.
La loi isole les individus, donne des privilèges à certains, elle n'est plus commune, elle particularise, c'est ce que
l'on trouve dans les privilèges. Sieyes se bat contre cela.
- Les associés doivent être représentés par une même législation. Cela va dans le sens d'un parlement
monocaméral. Si les individus sont égaux ils ne peuvent pas être représentés par deux assemblées mais par une
seule.
Ce qui vient au centre est le mécanisme de représentation, les associés n'agiront que de manière médiatisée par
l'intermédiaire des représentants au sein de l'assemblée.
L'acte principal qui doit être le fait de cette assemblée est le vote de la loi.
La seconde entité de la nation est le citoyen qui va introduire une vision du corps politique atomisée, il est hors
de question de reconnaître la possibilité d'une quelconque reconnaissance de corps politique spécifique, plus
petit, nous avons même une illustration de l'intention des constituants : le préambule de la Constitution de 1789.
C'est la loi qui fixera la liberté.
Reste le cas de l'égalité qui n'est ni économique ni social, elle n'est pas prise en compte dans la DDHC, il n'y a
que deux aspects pris en compte, l'aspect politique et juridique, on dit qu'ils sont égaux en droits, ils sont perçus
comme citoyens.
La notion de citoyen va être dénudée. Au regard de la situation fiscale il sera déclaré passif ou actif et s'il est
actif seulement il pourra exercer ses fonctions politiques.
Pour parvenir au stade de citoyen actif, exercer droit de vote, il faut par des mérites atteindre un certain niveau
économique et devenir un contribuant.
L'argument qui justifie cette distinction est l'idée selon laquelle le vote va correspondre à une fonction publique
confiée à l'électeur. Cet argument est développé de façon très précise en août 1791 par Barmave qui dit "la
qualité d'électeur n'est qu'une fonction publique à laquelle personne n'a droit et que la société dispense ainsi que
lui prescrit son intérêt". Se trouve ainsi instauré ce sens électoral permettant de déterminer la qualité de citoyen
actif.
Pour être candidat aux élections il fallait en fait être propriétaire ou travailler entre 100 et 400 journées de travail
(il n'y avait que 40000 actifs).
c. la loi expression de la volonté générale
La loi est valorisée, seule elle peut apporter des limites à la liberté. La conception de cette loi est définie à
l'article 6 de la déclaration "la loi est l'expression de la volonté générale, tous les citoyens ont le droit de
concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation".
L'expression de la volonté générale : pour que la nation exprime une volonté générale il ne faut pas
qu'interviennent des groupes particuliers voulant promouvoir des intérêts particuliers c'est pourquoi
l'individualisme au fondement de la DDHC est un fondement nécessaire.
C'est une notion clé chez Rousseau qui ne s'exprime pas sur "volonté générale".
Pour des juristes, des spécialistes du droit constitutionnel c'est une approche beaucoup trop vague pour être
retenue.
Du point de vue du mode de formation les citoyens peuvent se réunir en assemblées et se prononcer par
référendum, elle peut aussi être adoptée par l'assemblée, représentants des citoyens, faire jouer le principe
majoritaire. Ce qui va être retenu dans la DDHC est la seconde proposition et non jamais le référendum.