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Les zoonoses
Chapitre 19
Une zoonose (du grec "zôon" : animal, et "nosos" : maladie) est une maladie animale
microbienne ou parasitaire, qui se transmet de l'animal à l'homme (= zooanthroponose) et vice
versa (= anthropozoonose).
Les zoonoses sont des maladies infectieuses ou parasitaires des animaux transmissibles à
l'homme, y compris lors d'activités professionnelles. Certaines de ces maladies peuvent être
très graves.
Le monde animal est pour l'homme une source importante de maladies infectieuses.
1407 agents infectieux pathogènes pour l'homme ont été recensés dont 58% d'origine animale.
I) L'ecchinococose alvéolaire
L'agent est un parasite appelé Ecchinococcus Multiloculmaris ou plus communément ''ver du
renard".
Le réservoir est représenté en France métropolitaine par les renards essentiellement. Les
chiens et les chats peuvent être infectés, mais il ne semble pas qu'ils jouent un rôle significatif
dans la contamination en France. Le cycle évolutif du parasite passe par différents autres
animaux dont les rongeurs, qui sont donc (comme l'homme) des hôtes ''intermédiaires''.
L'homme peut se contaminer en ingérant des œufs du parasite. Ces œufs existent dans les
excréments des carnivores (mais pas dans les urines, comme on le dit souvent !). On les
retrouve sur les végétaux et baies sauvages accessibles aux renards et aux chiens, et souillés
par leurs déjections. Ces œufs d'échinocoques sont détruits par la cuisson mais épargnés par la
congélation.
Épidémiologie
Les zones d'endémie connues en France métropolitaine sont le Massif Central, la FrancheComté, la Lorraine, et les Alpes. Cependant, on retrouve des cas sur tout le territoire. Ces
dernières années le nombre de cas se maintient à une quinzaine par an, dont une dizaine en
Franche-Comté.
Clinique
Il s'écoule en général plusieurs années entre l'ingestion et les premières manifestations
cliniques. La larve se développe lentement dans le foie et est à l'origine d'une pseudo-tumeur
longtemps asymptomatique. La plupart du temps, on découvre une hépatomégalie, soit
fortuitement, soit à l'occasion de signes tels que la fièvre, la douleur, des troubles digestifs ou
encore lors de complications dont les plus habituelles se manifestent par un ictère.
Le diagnostic se fait par l'échographie abdominale, le scanner ou l' IRM, qui montrent la
présence d’une ''tumeur parasitaire".
Des calcifications très caractéristiques sont souvent vues en échographie et au scanner.
Le diagnostic est confirmé par des sérologies.
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Traitement
L'intervention chirurgicale est envisagée lorsque la taille et la situation des lésions le
permettent, afin d'espérer une ablation totale du tissu parasitaire. Ce traitement chirurgical
s'associe toujours à un traitement médical antiparasitaire prolongé. Dans certains cas, une
transplantation hépatique peut être discutée, mais elle nécessite alors un traitement antirejet
qui lui-même pourra favoriser le développement de lésions parasitaires résiduelles.
Lorsque le traitement chirurgical ne peut être envisagé, un traitement médical antiparasitaire
est prescrit. Il empêche le développement du parasite mais ne le tue pas, ce qui implique la
nécessité d'un traitement à vie le plus souvent.
Prophylaxie
Dans les zones connues de transmission, il faut éviter de consommer des baies sauvages,
porter des gants pour les travaux en plein air et se laver les mains après ces travaux ou après
avoir toiletté son animal de compagnie, cuire les aliments provenant des champs, des forêts ou
des jardins potentiellement accessibles aux renards.
II) La rage
C’est une maladie mortelle une fois déclarée.
Le virus fragile est rapidement détruit par le savon, l'éther ; il est sensible à la chaleur et à la
lumière.
La contamination se fait par la salive des animaux infectés (morsure, griffure, léchage sur
muqueuse ou lésion cutanée …). Le virus ne traverse pas la peau saine. La manipulation
d'animaux morts peut être contaminante car le virus garde sa virulence dans le cadavre
pendant un certain temps.
Épidémiologie
- Aucun cas de rage humaine n'a été observé en France depuis 1924. De très rares cas de rage
importés sont observés chez des personnes qui ont été contaminées par morsure à l'étranger,
en zone d'endémie (1 cas dans le Rhône en 2003).
- La rage animale fait l'objet d'une surveillance épidémiologique en France. Les seuls cas
observés chez l'animal concernent des chauves-souris et des animaux carnassiers infectés et
importés clandestinement de pays où sévit la maladie. Le dernier cas de rage sauvage a été
notifié en 1998 en Moselle.
C'est une maladie à déclaration obligatoire.
Clinique
L’incubation est longue : 20 à 90j.
Il y a atteinte neurologique : hyperexcitation psychomotrice, avec hallucinations,
hyperesthésie cutanée, soif intense, hyper sialorrhée et contractions paroxystiques du pharynx
=> spasme hydrophobique.
Traitement
Chez tout sujet mordu ou en contact avec un animal pouvant être enragé, il faut nettoyer la
plaie à l'eau savonneuse et à l’antiseptique.
En fonction de la nature du contact, de l'animal et du siège de la plaie : vaccination
antirabique associée ou non à une immunothérapie initiale.
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Prophylaxie
- Vaccination des renards et animaux domestiques.
- Vaccination des professionnels exposés : vétérinaires, taxidermistes, équarrisseurs,
forestiers, animaliers.
- Vaccination en cas de séjours dans une zone à risque (pays du tiers monde).
III) La toxoplasmose
C’est une zoonose parasitaire très répandue due à Toxoplasma Gondii, ne présentant un risque
sérieux que pour les femmes enceintes séronégatives (en raison du risque de toxoplasmose
congénitale) et pour les sujets immunodéprimés.
En France, 70% des de la population de + 25 ans a fait une toxoplasmose passée inaperçue.
Le réservoir est le mammifère et notamment le chat qui est le seul à permettre le
développement sexué du parasite (oocyste) ; celui-ci est éliminé dans les fécès et peut
survivre plusieurs mois dans le milieu extérieur ; puis il y a maturation du parasite (sporocyste
puis sporozoïte) qui contamine les végétaux et les animaux herbivores.
Dans le tractus digestif, le parasite gagne les tissus tels que les muscles, le cerveau où il
persiste sous forme de kystes, ce qui entretien l'immunité.
La contamination peut se faire :
- A partir de crudités ou d'eau contaminés ou par contact direct avec la litière d'un chat.
- Ou encore à partir de consommation de viande crue ou mal cuite.
- Par contamination fœto-maternelle.
Clinique
- Chez le sujet immunocompétent, elle est rarement symptomatique : au plus un état
asthénique avec fièvre modérée et adénopathie, et parfois éruption cutanée.
- Chez le sujet immunodéprimé : la réactivation du parasite peut se faire au niveau
cérébral (cf. VIH) se traduisant par une encéphalite.
- La toxoplasmose congénitale est responsable d'avortement, de séquelles neurologiques
ou d'atteintes oculaires tardives.
Traitement
- La prévention : précautions d'hygiène relatives au mode de contamination (viande cuite,
éviter le contact avec les chats, laver soigneusement les crudités et fruits avant de les
consommer crus), surveillance sérologique de la femme enceinte en prénatal puis tous les
mois durant la grossesse si séronégative.
- Fansidar * (sulfamide + antiparasitaire + antipaludéen) ou Bactrim * pour éviter la
reviviscence des kystes
- EI :
 Rares troubles gastro-intestinaux.
 Manifestations cutanées (rash ou urticaire).
 Anomalies hématologiques (anémie, leucopénie, thrombopénie).
 Troubles rénaux (altération de la fonction rénale).
 Rares cas d'augmentation des transaminases et d'hépatite.
Les manifestations cutanées ou hématologiques imposent l'arrêt immédiat et définitif du ttt.
- Il n'existe pas de vaccin.
IV) La brucellose ou fièvre de Malte
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Le réservoir du bacille Brucella est exclusivement animal (ruminants domestiques : ovins,
bovins, porcins).
C’est une infection génitale se traduisant par des avortements.
En France, elle se situe au sud d'une ligne Pays Basque / Haute Savoie.
La contamination est :
- Directe, surtout chez les professionnels exposés (sécrétions génitales, avortons,
litière).
- Indirecte, en particulier alimentaire : lait et produits dérivés.
Clinique
On remarque 3 phases +/- symptomatiques :
- Incubation de 21j avec fièvre ondulante (augmente progressivement jusqu'à 39°C puis
se résout progressivement avant de réapparaître) + malaise, frissons, sueurs,
courbatures.
- Hépato / spléno mégarde + adénopathie, la fièvre évolue avec 3 ou 4 ondulations de 10
jours chacune environ.
- Localisation : arthrite ou orchite
Le diagnostic se fait par la mise en évidence du germe : hémoculture sur milieu de
SABOURRAUD.
Traitement
ATB / doxycycline (Vibramycine *).
Prophylaxie
- Surveillance et dépistage vétérinaire.
- Pasteurisation des produits laitiers, cuisson des abats.
- Précautions universelles : port de gants, lavage des mains avant les repas, changement
des chaussures et tenue vestimentaire après le travail auprès des animaux.
C'est une maladie à déclaration obligatoire.
V) La maladie de Lyme ou Borréliose
Due à une bactérie de la famille des spirochètes, elle peut être contractée dans toute les
régions de France avec des zones à risque plus marquées ; toutes les activités qui exposent à
des contacts avec les tiques constituent un facteur de risque (travaux agricoles, promenades en
forêt, camping).
Le réservoir de germes est vaste : nombreux mammifères, oiseaux.
La transmission à l'homme se fait par piqûre de tique, surtout en début de printemps et à
l'automne.
Clinique
L’évolution de la maladie se fait en 3 phases :
- Phase primaire : 3 à 30 j après l'inoculation :
Lésion érythémateuse au point de piqûre puis extension de la zone (20-30 cm de
diamètre), adénopathie satellite +/- manifestations générales (fébricule, arthralgies,
céphalées) qui traduisent la dissémination septicémique du germe.
=> Sans traitement, disparition rapide.
- Phase secondaire : quelques semaines après la phase primaire :
Manifestations cutanées (lésions multiples comme dans la phase primaire + manifestations
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générales), manifestations circulaires (névralgie au niveau des grosses inoculations,
adroites évoluant par poussées, voire chronicisation), manifestations cardiaques
(péricardite, troubles de la conduction), manifestations neuro-méningées.
- Phase tertiaire : survient des mois à des années après l'infection.
Le diagnostic se fait par la sérologie.
Traitement
En général, le pronostic de la maladie est bon (si traitée correctement).
Son but est de guérir les manifestations cliniques et d'éviter l'évolution vers les phases
secondaire et tertiaire.
ATB : béta lactamine, Amoxicilline *.
Prophylaxie
Chez l'animal comme chez l'homme, il faut retirer les tiques le plus précocement et avec
précaution.
VI) La maladie des griffes de chat
Le vecteur de la bactérie est soit le chat par l'intermédiaire de sa morsure ou de sa griffure soit
les puces du chat.
'
Clinique
Après contact avec le chat, le sujet développe une infection limitée au ganglion le plus proche
du site d'inoculation et une fébricule. Dans les formes plus sévères, il peut parfois y avoir une
atteinte hépatique.
La forme la plus grave est chez le sujet immuno-déprimé.
La maladie doit être évoquée devant toute adénopathie isolée chez un sujet en contact avec un
chat.
Diagnostic
Il se fait grâce à :
- La sérologie.
- La ponction-aspiration ou encore la biopsie.
- L’exérèse du ganglion pour examen bactériologique et recherche de Bartonella
Henselae.
Traitement : ATB
- Béta lactamines.
- Aminosides (Gentamycine *).
- Macrolides (Erythromycine *, Zithromax * - AZITHROMYCINE).
- Doxycycline ( Vibramycine *).
Prévention
L’éviction des chats dans l'entourage des patients immuno-déprimés est importante.
VII) La leptospirose
Dite maladie des égoutiers, elle est inscrite au registre des maladies professionnelles.
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Epidémiologie
En France métropolitaine, l'incidence est de 350 cas / an (Franche-comté, ChampagneArdenne, Poitou-Charentes et Aquitaine).
Le réservoir animal est à la fois sauvage et domestique (rongeurs). Les animaux contaminés
éliminent les leptospires dans leurs urines et contaminent le sol et l'eau.
Chez l'homme, la contamination est directe et surtout indirecte.
La bactérie pénètre par voie cutanée ou muqueuse (aérienne ou digestive).
Les facteurs d'exposition sont liés à l'activité professionnelle pour 25% : agriculteurs,
vétérinaires, égoutiers, employés d'abattoirs … et à une activité de loisirs aquatiques pour
75% des cas (canoë-kayak, baignade, pèche).
Après pénétration dans l'organisme, il y a une dissémination par voie sanguine, à de
nombreux organes (foie, reins, LCR).
Clinique
Après une incubation de 2 à 21j, le tableau clinique est peu significatif : fièvre, frissons, algies
diffuses, syndrome cutanéo-muqueux (éruption, conjonctives injectées, herpès labial), parfois
syndrome méningé.
Puis atteintes viscérales :
- Ictère, urines foncées, selles décolorées.
- Insuffisance rénale : oligurie, protéinurie, hématurie.
- Atteinte neuro méningée : méningite à liquide clair.
- Epistaxis, pétéchies.
Le diagnostic se fait par sérologie, ponction lombaire et mise en culture sur milieu spécial.
Traitement
- ATB efficace si débutée précocement : Amoxicilline *, doxycycline.
- Dépistage des complications viscérales.
Prophylaxie :
C’est une maladie à déclaration obligatoire.
- Dératisation.
- Protection : gants, bottes, lunettes, combinaisons.
- Protéger les plaies cutanées, laver et désinfecter immédiatement toute plaie.
- Vaccination pour les sujets exposés Spirolept * : professionnels, voyages, loisirs.
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