Groupe de travail « Wilderness et nature férale » du comité français pour l’UICN
il est probable que la valorisation de la "propreté" a une dimension éthique : dans des sociétés
de face à face, où l'on est constamment sous le regard des autres, une propriété "bien tenue"
signifie à la fois que l'on ne rechigne pas à la tache et que l'on se préoccupe de son patrimoine,
qualités fort prisées dans une civilisation qui valorise le travail et la propriété.
Conséquences :
- le potentiel d’évolution vers d’espaces susceptibles d’être qualifiés « à haute
naturalité » ou de « nature férale » est peu perçu, la référence d’usage étant souvent un
usage ancien, « au mieux » une forêt ancienne exploitée ;
- les dynamiques induites par le changement d’usage (abandon d’une forêt exploitée,
enfrichement…) sont encore de façon dominante perçues négativement, subies.
- les connaissances et les perceptions peuvent néanmoins changer au cours du temps,
parfois relativement rapidement (ex. de la perception du bois mort par exemple) ; un
important travail de valorisation et de pédagogie est toutefois nécessaire à cette fin,
mais les propriétaires forestiers ne sont pas à l’écart du mouvement des idées au sein
de la société ; il y participent, qu’ils soient en avance, suivistes, ou parfois résistants
face aux tendances de fond qui travaillent la société.
Les porteurs de légitimité démocratique
Les porteurs de légitimité démocratiques (élus ou représentants de l’Etat, ..) ont reçu un
mandat qui porte inextricablement sur un territoire, une population, une famille d’équilibres
économiques, sociaux (et écologiques), une manière de relier l’avenir au présent et au passé.
Un élu confronté à des espaces de type « wilderness ou nature férale » cherche généralement
à ce que ces espaces aient une certaine affectation dans la vie économique et sociale locale,
soit en tant que « potentiel » (de récolte de bois, de lieu de loisirs, ..), soit à tout le moins en
tant que « marqueur de l’identité locale ». Dans le premier cas, le risque est de servir de lieu
d’accueil pour des projets (notamment via la desserte qui est considéré comme un facteur
rendant « opérationnel » ce qui est encore potentiel). Dans le second cas, il est nécessaire que
le territoire se voit reconnaître une certaine valeur, soit localement (territoire pour la chasse, le
ramassage des champignons, lieu de mémoire locale, …), soit par des personnes extérieures
capables de faire partager ce qu’elles admirent.
Le maire n’est pas le seul élu « légitime » pour développer ces approches, et il existe souvent
un réseau complexe, à la fois solidaire et en compétition, entre élus et autres porteurs de
légitimité démocratique : cf. l’intercommunalité de service, le canton, les structures de
planification territoriales, le département, le discours des représentants de l’Etat. Un élu isolé
doit avoir une très forte personnalité pour développer « à côté » ou « contre » les autres
porteurs de légitimité démocratique un regard différent sur de tels espaces.
Les porteurs de légitimité démocratique développent des valeurs propres et des schémas de
représentation de ce qu’est l’avenir d’un territoire, avec la prégnance de trois références
culturelles qui définissent en creux ce qu’est un porteur efficace de légitimité démocratique:
- l’augmentation de population, avec l’arrivée de jeunes, à tout le moins la non
régression démographique ;
- un bien-être des populations assimilé à une palette facilement accessible de services
publics et privés inspiré par le modèle culturel dominant ;