
3. Mettre en évidence les causes et les conséquences des gains de productivité
Document 1
Depuis la Révolution industrielle, la productivité du travail s’est accrue dans tous les pays développés,
pratiquement dans tous les secteurs et sans interruption.
Cette croissance provient de deux séries de facteurs dont les effets se conjuguent: d’une part le recours croissant
à des équipements — outils, machines, automatismes — qui multiplient toujours plus les potentialités du travail
humain, d’autre part des transformations dans l’organisation des entreprises qui ont permis la mise en oeuvre des
équipements, mais aussi ont conduit à intensifier le travail.
Avec la croissance de la production, d’autres gains de productivité ont résulté d’économies d’échelle et du recours
à des équipements plus efficaces. La spécialisation de la production a accentué le phénomène.
Ces évolutions n’auraient pas été possibles sans les progrès de l’éducation et de la formation de la main-d’oeuvre.
Et surtout, après la seconde guerre mondiale, par une meilleure organisation du travail, non seulement dans les
activités de fabrication mais aussi dans celles de conception et de gestion.
D. Teman, « La productivité », Alternatives économiques, n°123, janvier 1995.
Document 2
À l’inverse de ce que l’expérience individuelle semble prouver avec évidence, les progrès de la productivité ne
suppriment pas d’emplois. Les économistes d’Alfred Sauvy à Jean Fourastié ont expliqué que les gains de
productivité créent autant d’emplois qu’ils en suppriment (mécanisme du « déversement »).
Les gains de productivité réalisés dans une entreprise peuvent se répartir de différentes façons : ils peuvent
bénéficier aux salariés sous la forme d’un accroissement des salaires, d’une réduction du temps de travail, ou
encore des deux. Ils peuvent aussi bénéficier à l’entreprise qui augmente sa marge, grâce à la diminution des
coûts salariaux. L’entreprise peut alors soit accroître ses investissements, soit distribuer des revenus
supplémentaires à ses actionnaires. Enfin les gains de productivité peuvent se traduire par une baisse des prix qui
profite aux consommateurs. Cette redistribution de revenu se traduit par une croissance de la demande qui se
répercute sur la demande de travail et vient compenser, au niveau global, la perte engendrée par le gain de
productivité. Ce phénomène peut se faire de multiples façons. Si les gains de productivité sont distribués aux
salariés, c’est l’accroissement de leurs dépenses de consommation ou d’investissement (dans le logement) qui
tirera la demande. Même chose si les revenus sont distribués aux actionnaires. Si les entreprises en profitent pour
accroître leurs investissements, c’est la demande de biens d’équipement qui en profitera. Si enfin, l’entreprise
baisse ses prix, le bénéfice en revient à l’ensemble des consommateurs qui, à revenu égal, peuvent choisir de
consommer plus du bien offert, soit de transférer le pouvoir d’achat ainsi dégagé vers d’autres biens et services,
concourant ainsi à la montée de la demande.
Au total, les gains de productivité sont donc pour chaque entreprise la condition du maintien de sa compétitivité et,
au niveau macro-économique, la condition d’une hausse du niveau de vie et d’une réduction du temps consacré au
travail. P. Frémeaux, « Productivité et emploi », Alternatives économiques, n’°123, janvier 1995.
Document 3
«Porsche a beau envisagé un bénéfice imposable record cette année, plus d’un milliard d’euros, cela ne l’empêche
pas de vouloir supprimer des emplois. [...] “Les postes qui se libèrent dans la production ne seront pas pourvus,
car nous avons énormément amélioré notre productivité” indique le patron de Porsche.
« Porsche supprime lui aussi des emplois malgré des profits record », l’Expansion, 20.10.2004)