Pour ce qui est de donner une définition claire et précise de la "mort" et du "moment de la mort", l’Église s’en remet aux
médecins ... même si un organisme ecclésial comme l’Académie Pontificale des Sciences entend bien donner une
contribution autorisée à ce débat : "la mort cérébrale est le vrai critère de la mort, puisque l’arrêt définitif des fonctions
cardiorespiratoires entraîne très rapidement la mort cérébrale" (citée au §129 de la Charte des personnels de la santé,
publiée en 1995 par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé). On notera qu’en France, le décret
publié le 4 décembre 1996 au Journal officiel réactualise les critères de la mort cérébrale auparavant définis par une
circulaire du 24 avril 1968.
Cette détermination du moment de la mort est importante, notamment pour l’appréciation morale concernant les
prélèvements d’organe. Même si, en effet, le cadavre humain doit toujours être traité avec respect, il n’a plus la dignité de
sujet et la valeur de fin d’une personne vivante (idem, §87).
3°) Le progrès des sciences et des techniques est un grand bien... mais n’est pas la valeur absolue
"La science et la technique, précieuses ressources de l’homme quand elles sont mises à son service et en promeuvent le
développement intégral au bénéfice de tous, ne peuvent pas indiquer à elles seules le sens de l’existence et du progrès
humain. étant ordonnées à l’homme, dont elles tirent origine et accroissement, c’est dans la personne et ses valeurs
morales qu’elles trouvent l’indication de leur finalité et la conscience de leurs limites." (Instruction "Donum Vitae" ,
introduction n° 2)
Le progrès scientifique à lui seul ne saurait donc justifier n’importe quelle pratique ou expérimentation. Vigilante à
l’égard de la "logique technique" qui, par définition, est "jusqu’au-boutiste", l’Église entend inviter les hommes à un
minimum de recul, convaincue que ce qui est faisable techniquement n’est pas pour autant nécessairement à faire ! (cf.
Vie et mort sur commande, une déclaration datée de 1984 et émanant de la Commission Familiale de l’épiscopat
Français). C’est la raison pour laquelle la science doit s’allier à la sagesse. "La science et la technique sont outrancières,
elles déplacent jour après jour plus avant leurs frontières. La sagesse et la conscience leur tracent les limites
infranchissables de l’humain." (Charte des personnels de la santé, n° 45).
Ces considérations ont des applications très concrètes dans le domaine de la recherche et de l’expérimentation des
sciences biomédicales, qui ne sauraient oublier en effet que l’homme auquel elles s’intéressent est doté d’une inaliénable
dignité, lui conférant une valeur de sujet et non de simple objet d’expériences (idem, n° 75).
4°) L’homme, en tant que personne, est une fin, jamais un moyen.
Le Concile Vatican II énonce clairement que "la personne humaine qui, de par sa nature même, a absolument besoin
d’une vie sociale, est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions." ("Gaudium et Spes" n° 25). Elle ne
peut donc pas plus être sacrifiée au prétendu bien de la collectivité qu’à l’intérêt de la science.
Lorsque, au nom de l’eugénisme ou d’arguments économiques, on en vient à douter de la valeur de certaines vies
humaines, l’Église se doit de réagir ; ainsi les évêques catholiques des pays du Nord de l’Europe, en 1971 : "Il n’est pas du
ressort de l’état de déterminer la valeur relative de diverses formes d’existence humaine, ce qui serait le cas par exemple
si la loi attribuait un plus grand droit à vivre à ceux qui sont en bonne santé qu’aux malades, à ceux qui sont doués qu’à
ceux qui le sont moins, aux jeunes qu’aux vieillards, etc.... Seul l’état qui protège le droit à une existence intégralement
humaine de l’individu le plus faible peut prétendre maintenir une société pleinement respectueuse des droits de la
personne." (n° 19)
5°) Placé au sommet de la création, l’homme n’en est pourtant pas le maître absolu. Il n’est pas le maître
absolu de sa propre vie.
En 1951 déjà, le pape Pie XII était formel : "tout être humain, même l’enfant dans le sein de sa mère, tient le droit à la vie
immédiatement de Dieu, et non des parents ou de quelque société ou autorité humaine. Donc, il n’y a aucun homme,
aucune autorité humaine, aucune science, aucune ’indication’ médicale, eugénique, sociale, économique, morale qui
puisse exhiber ou donner un titre juridique valable pour disposer directement et délibérément d’une vie humaine
innocente, c’est-à-dire en disposer en vue de sa destruction envisagée soit comme but, soit comme moyen d’obtenir un
but qui peut-être en soi n’est pas du tout illégitime." (discours du 29 octobre 1951)
Vingt ans plus tard, dans sa note doctrinale sur l’avortement, la Commission épiscopale Française de la Famille
rappelait : "Une vie humaine n’appartient pas aux autres, pas mêmes aux parents qui l’ont conçue, ni d’ailleurs à l’état.
Elle ne s’appartient pas à elle-même absolument : elle appartient à Dieu et c’est pourquoi le suicide est immoral." (n° 14)
Rejetant très clairement le suicide (§ 2281) et l’euthanasie (§ 2277), le Catéchisme de l’Église Catholique redit cela très
clairement : "Nous sommes les intendants et non les propriétaires de la vie que Dieu nous a confiée. Nous n’en disposons
pas." (§ 2280). Dans la même logique, Jean-Paul II récuse un prétendu droit à la drogue, "car l’être humain n’a pas le
droit de se nuire à lui-même, il ne peut ni ne doit jamais abdiquer sa dignité personnelle qui lui vient de Dieu" (Aux
participants à la Conférence Internationale sur la drogue et l’alcool, 23 novembre 1991, n° 4). En positif, une telle
conception de l’homme lui impose, lorsqu’il est malade, le devoir de se soigner et de se faire soigner !