Au commencement était la Parole (le LOGOS)

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Dans l’origine était le LOGOS
Nestor Turcotte
Le quatrième évangile (celui de Saint-Jean) commence ainsi : «Au commencement (lire
plutôt : dans l’origine) était le LOGOS (la Parole), et la Parole était auprès de Dieu, et
il était Dieu. Tout ce qui a été créé a été créé par Lui, et rien de ce qui a été créé n’a été
créé sans lui».
En langage moderne, on pourrait écrire : «Au commencement (dans l’origine) était
l’information»…Tout ce qui existe dans l’Univers s’effectue par communication. Par
information. La science moderne confirme cela. Tout dans la nature est information.
Celle-ci vient de Quelqu’un qui peut la donner. La nature ne peut se donner elle-même ce
qu’elle n’a pas. Elle reçoit donc d’un autre l’Idée directrice, sa réalité d’être qui lui vient
d’un autre Être qui n’a d’autre raison d’être que d’Être. Le monde n’est pas sa propre
cause. Quelqu’un cause le monde et le cause constamment.
L’athéisme (doctrine qui nie l’existence de Dieu ou qui nie celui qui donne cette Idée
directrice, cette pensée, cette information au monde) ne peut se soutenir aujourd’hui.
Cette philosophie est devenue impossible, si on tient compte de l’expérience scientifique
actuelle. Celle-ci nous enseigne que l’Univers n’est pas un système tout fait, statique,
mais un système qui reçoit de l’information, un système qui se complexifie sans cesse,
qui reçoit de plus en plus de l’information, bref, un régime de composition continuée.
Le monde est une symphonie inachevée. Il y a un chef d’orchestre qui harmonise le tout.
Il n’est donc plus nécessaire de faire appel, comme jadis, au premier commencement de
l’Univers pour appuyer thèse de l’existence de Dieu. Tout dans l’Univers est un perpétuel
commencement. A chaque instant, tout recommence. Et rien ne peut recommencer et
donner du nouveau en chaque être, sans que quelqu’un lui donne d’être l’être nouveau
que chacun devient dans l’instant présent.
Les gens qui soutiennent que le monde est éternel, que Dieu est identique au monde ou à
l’Univers, sont donc dans l’erreur. Le monde, non seulement a commencé, - c’est ce que
la science confirme – mais ce monde change constamment et reçoit de l’information, du
nouveau, qui ne peut venir d’un passé plus ou moins lointain, puisque dans ce passé, plus
ou moins lointain, cette information n’était pas là. L’Univers est un système évolutif, à
information croissante. Elle vient de quelque part. Elle vient constamment du Créateur.
Le philosophe et théologien Claude Trestmontant (mort à Paris en 1997) résume ainsi la
problématique du rapport de l’Univers avec Dieu le Créateur.
«Il y a douze ou quinze milliards d’années, l’Univers, c’était de l’hydrogène avec un peu
d’hélium et quelques traces d’autres éléments en formation. Si l’Univers était Dieu luimême (comme le prétendent les athées et les panthéistes) alors Dieu était nuée
d’hydrogène il y a douze milliards d’années. Et s’il était seulement nuée d’hydrogène il y
a douze ou quinze milliards d’années, il n’a pu se donner à lui-même ce qu’il ne
possédait pas, dans cette hypothèse, à savoir l’information ultérieure qui de fait a été
communiquée à l’Univers physique. Si on soutient que Dieu possédait en secret, d’une
manière non apparente, toute l’information qui depuis s’est manifestée dans l’Univers,
on fait alors de Dieu autre chose que cette multitude d’atomes d’hydrogène qui
constituait l’Univers il y a douze ou quinze milliards d’années, et on en vient donc à la
position que Dieu est distinct de la multiplicité matérielle, physique, à laquelle Il
communique progressivement une information de plus en plus riche. (Claude
Tresmontant, Problèmes du christianisme, page 52).
La théogonie (thèse qui soutient que l’Univers est divin) est impensable. Puisque, selon le
philosophe français, l’Univers est en genèse, en évolution, en régime d’évolution
créatrice, si Dieu est l’Univers, Dieu est en régime d’évolution et il n’est jamais ce qu’on
croit qu’il est : l’Absolu.
L’homme a toujours eu tendance à croire à la suffisance de l’Univers. Les athées et les
panthéistes versent dans le même défaut : l’adoration du monde ou de la matière.
Les théologiens hébreux (que l’on retrouve dans toute la Bible) ont raison : il n’y a qu’un
seul Dieu et le monothéisme s’oppose à l’adoration de l’Univers. Les athées (ceux qui
professent qu’il n’y a que ce monde matériel) et les panthéistes (ceux qui professent que
le monde est divin) repoussent l’idée de création, c’est-à-dire l’idée de DÉPENDANCE
de l’Univers par rapport à un autre. L’histoire humaine est une histoire en régime de
création. Il reçoit constamment d’un autre - Dieu – de l’être. Tout être humain, même s’il
ne le sait pas, dépend pour être, d’un Être qui n’a pas d’autre raison d’être que d’Être.
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