De plus, il adapte son armée aux conditions du terrain en allégeant la tenue et le bardât du soldat. Il
modifie la stratégie de l’armée pour la rendre plus mobile et plus rapide afin de pouvoir mener des
expéditions qui surprennent l’ennemi. C’est ainsi qu’en 1843, qu’avec l’aide de la chance, il arrive à
prendre la Smalah d’Abd El Kader. Une Smalah désigne la capitale ambulante de l’Emir Abd El Kader.
En effet, le duc Aumale rencontre par accident la Smalah et la détruit. Abd El Kader n’est pas présent
dans sa capitale nomade et n’est pas fait prisonnier mais cette victoire est exploitée par la
propagande pour célébrer le ‘génie’ tactique de Bugeaud alors que le hasard y est pour beaucoup.
Après 1843 la lutte s’intensifie et Bugeaud se met à employer des méthodes de guerre beaucoup plus
brutales. Il pratique la razzia, la terre brûlée et abat le bétail dans les villages où ces hommes passent.
Il laisse ainsi la population dans la famine sans aucun scrupule. Le résultat est immédiat. La
population algérienne se met alors à décroître rapidement. Ces méthodes ne sont pas connues de la
Métropole et sont prises directement par Bugeaud. Sa figure légendaire n’a pas retenu ce trait de
son caractère.
Comme il était bien vu de la troupe pour ces mesures sur l’ordinaire du soldat, sur son aptitude à
fermer les yeux lors de la prise d’une ville sur les exactions de ces troupes (pillage, viol), cela n’a
nullement été mis en avant à l’époque. Après 1843 la lutte contre Ab Del Kader se poursuit et ce
dernier obtient l’aide du Sultan du Maroc qui lève une armée contre Bugeaud. Bugeaud doit alors
affronter deux armées à la fois. En 1844 il écrase les troupes marocaines et de 1844 a 1847 Abd El
Kader est progressivement traqué. En décembre 1847 il se rend au duc Aumale à la condition qu’il
puisse rester vivre en Orient. La promesse ne sera pas tenue et il sera embarqué de force pour
Toulon. Il devra attendre Napoléon III pour voir son retour en Orient et aller s’installer à Damas en
1850. Dans cette conquête, l’armée a eut un rôle essentiel et par les Bureaux Arabes que Bugeaud
créé en 1844 elle va gérer l’Algérie.
Lamoricière qui est un second qui aide Bugeaud dans l’armée créera cette institution qui rassemblera
des officiers de l’armée afin qu’ils deviennent les intervenants entre l’armée et la population. Ces
officiers administrent, jugent et font en la police en Algérie. Le rôle de l’Armée va donc bien au-delà
de la conquête militaire. De plus, les premiers colons commencent à arriver en masse en Algérie mais
Bugeaud ne voit pas cela d’un bon œil et les rapports militaires/civils ne sont pas des meilleurs.
Bugeaud les méprises et il voit en eux des charognards qui viennent prendre ce que l’armée a gagné.
Il veut une Algérie aux mains de l’armée. Cette armée d’Algérie n’a alors plus rien à voir avec celle de
la Métropole. Cette armée intègre en elle des marginaux et des criminels qui veulent refaire leur vie.
Pour Bugeaud, l’armée doit leur donner le sens du devoir et la discipline. De plus on compte dans
l’Armée d’Afrique des corps d’indigènes, des Africains eux-mêmes. Très vite pour l’armée française,
ils apparaissent comme étant de meilleurs soldats en Algérie. Ils connaissent le terrain, résiste au
climat et son aussi moins payé et par conséquent moins chers. C’est donc une armée aguerrie avec
un esprit de corps que vient de créer Bugeaud en Algérie. Il y a en cette armée une fierté
d’appartenir à l’Armée d’Afrique. De plus, elle goutte peu à peu au pouvoir par les Bureaux Arabes.
Elle a une liberté d’action que peu d’armées n’ont pas et c’est elle qui apporte l’ordre dans le pays
comme si avant elle ne régnait en Algérie que l’anarchie. Avec Bugeaud émerge alors les premières
images d’Epinal de la colonisation. Bugeaud est présenté en héros colonial et la vaillance des soldats
français sont exaltée. On voit un soldat tenir tête seul à des centaines d’arabes par son seul courage.
Et s’il est tué, c’est par derrière d’un coup de couteau.
II] La Monarchie de Juillet et le Tournant de l’aventure coloniale.