Déclin et Renaissance de l’Ambition Coloniale (1814-1852) I] Les débuts du Nouvel Empire Colonial à la Politique de points d’appui. A] La Situation en 1814 et ses conséquences. En 1852 à lieu la proclamation du Second Empire. C’est aussi la période où l’Empire Colonial prends un second souffle. Auparavant, en mai 1814 a lieu la négociation du Traité de Paris entre la France et l’Angleterre. Ce traité est négocié par Talleyrand. Talleyrand a une vision des colonies hérité de l’Ancien Régime. Il veut que la France récupère en premier lieu ce qui faisait sa richesse à cette période, à savoir les ‘îles à sucre’. En apparence, la France semble bien aller car suite à ce Traité, elle récupère une partie de son domaine coloniale : - La Martinique et la Guadeloupe. - Les comptoirs Sénégalais. - Les îles Bourbons. - Cinq comptoirs commerciaux en Inde. Seules les îles Tobago et les îles Maurice restent aux mains des anglais. Saint-Domingue quant à elle, reste indépendante. Mais le régime colonial a été démantelé et la Traite interdite de manière européenne par le Congrès de Vienne. Par ce Traité, l’Angleterre exige l’abolition de la Traite dans les territoires qu’elle a restituée à la France. La perte de Saint-Domingue marque la fin de l’ère des ‘îles à Sucre’. De plus, le déséquilibre entre la France et l’Angleterre s’est accru. L’Angleterre a plus de navires et sa flotte est mieux équipée que celle de la France. Ceci est essentiel si l’on veut maintenir un lien entre Métropole et Colonie. Hors la France ne peut plus maintenir ce lien. La France est alors la 5ème puissance coloniale mondiale. Cette rétrogradation derrière l’Angleterre, la Hollande, l’Espagne et le Portugal fait fortement chuter sa puissance politique en Europe. Cela se ressent sur les Grands Ports français. Bordeaux qui à l’époque est le plus grand port français est alors en déclin. 1) La Résistance de la Restauration. La France à une position frileuse en ce qui concerne la question coloniale. Pourtant, pendant la Restauration il y a quelques tentatives en Guyane et au Sénégal, voir à Madagascar pour relever les colonies et l’Empire français. C’est un échec pour toutes ces tentatives qui de toute manière furent mal préparées. Sous la Restauration se créent en ce but les premières congrégations religieuses avec un but missionnaire. En 1818 sont créés les Maristes et en 1822 apparaît la Société pour la propagation de la fois. Le but de ces Congrégations Religieuses est de convertir les ‘sauvages’ au XIXès et de les amener à la civilisation. La Restauration est en cela une période de replis colonial. Mais toutefois, on y trouve des signes avant-coureurs pour une reconquête coloniale. Peu à peu la Marine est reconstruite et des Congrégations Religieuses sont mises en place. 2) L’Affaire d’Alger : un grand dessein colonial ? Avec la Restauration qui prend fin en 1830, on entre dans une période de transition entre l’Ancien Régime colonial et un autre âge, celui de la Grande Poussée Impérialiste. La question d’Alger se situe dans un contexte nouveau et elle indique la nouvelle place que prends peu à peu la Méditerranée dans le monde occidental. Cette place nouvelle de ma Méditerranée à déjà été mis en valeur par l’expédition d’Egypte de Bonaparte. En effet, son expédition est considérée comme le laboratoire de la colonisation du XIXès. Il ne s’agit plus d’aller en Afrique pour prendre des esclaves. Bonaparte en effet en plus de ces soldats embarque des scientifiques, des artistes et des géographes. Par son expédition, une cartographie de cette partie de la Méditerranée va se développer. De 1800 à 1830 de nombreuses descriptions des régions méditerranéennes vont être publiées. Note; On publiera une description de l’Egypte en 18 volumes. Tout comme une description de l’Algérie en 37 volumes. Cela montre un regain d’intérêt sur ces régions. Donc, la mer Méditerranée intéresse de plus en plus, et cela de tous les points de vue. Avec la chute de l’Empire Ottoman, la Géopolitique reprend en France ces lettres de noblesse et les regards se tournent vers l’Orient. Les pays d’Afrique du Nord pratiquent encore à cette période la guerre de course et ils sont la plupart du temps dirigé par une monarchie. En 1830 a lieu une expédition contre Alger même si à la base, la guerre n’est pas la base de l’expédition. 3) L’expédition d’Alger. La Méditerranée devient un nouveau champ d’action car le commerce si développe. De plus, l’orientalisme fait rêver et on peut dire que dans la France des années 1820, on a besoin d’aventure et de conquête pour effacer les défaites et les replis de la France depuis Napoléon. C’est ainsi que l’on envois une expédition à Alger en 1830. Pour comprendre cette crise, il faut remonter en 1927 et se rappeler une discussion de Paul Deval avec le deys d’Alger. En effet, le deys aurait fournit du blé à la France pendant le Directoire à la France et elle n’aurait jamais reçu en retour. Donc, le 27 janvier 1927, Le deys d’Alger et le Consul Général d’Alger discutent d’une affaire vielle de 30 ans. Au cours de la discussion, le deys d’Alger s’énerve et donne des coups de ‘tue mouche’ au Consul. Le gouvernement Videl demande alors des excuses au deys d’Alger et envoi des bateaux au large d’Alger pour faire pression. Un des bateaux envoyé se fait alors tirer dessus et en France on décide de lancer une expédition pour laver l’honneur. Pouliniac qui à alors succédé à Videl espère trouver là matière à redorer le blason français. Il espère qu’une victoire militaire en Algérie assurera son prestige et le maintient à son gouvernement qui est alors impopulaire. C’est ainsi qu’en Mars 1930 est lancée cette expédition. Elle est préparée à Toulon et elle va rassembler 600 navires de tous genres. Des navires de guerres et des navires marchands vont ainsi emmener 37 000 hommes à Alger. C’est ainsi que le 25 mai 1830 l’expédition prenait la mer. Ceci dit cette expédition n’est pas populaire chez les militaires et les civils. Beaucoup ont été enrôlés par engagement ‘coup de tête’ dans des cafés et veulent éviter le départ vers une terre éloignée et inconnue qui avait mauvaise réputation. L’opinion ne soutient pas massivement cette expédition qui parai aventureuse. Seuls le milieu des négociants marseillais soutiennent cette expédition. Pour eux, c’est un moyen pour le port de Marseille de retrouver sa prospérité. Le 14 juin 1830 les 37 000 hommes de l’expédition débarquent alors dans la baie de Sidi Ferruch près d’Alger. Le corps expéditionnaire met le siége d’Alger et le 5 juillet 1830 Alger se rend et le deys d’Alger part en exil. Les 26-27 et 28 juillet 1830 le gouvernement de la Restauration tombe mais le temps que les informations arrivent à Alger, la guerre continue. De plus, face à cette arrivée des français à Alger l’opinion française reste hostile à cette guerre. Et c’est ensuite à l’Angleterre de faire pression sur la France car elle voit d’un mauvais œil cette intrusion en Algérie d’une présence française. A la fin du mois de juillet 1830 un nouveau régime avec un roi de la Branche des Orléans est mis au pouvoir. Ce nouveau Régime est d’emblée mis en face de cette conquête qu’il n'a pas voulu ni désiré. Vu que l’opinion publique n’est pas favorable à cette conquête, il est alors dans une position politique embarrassante. Cet héritage est encombrant. Que faire, c’est une victoire mais personne ne semble en vouloir !!! B] La difficile naissance d’une colonie. La question qui se pose est alors : Partir ou rester en Algérie ? Décider de rester c’est contrer les libéraux qui ont porté Louis-Philippe au pouvoir et aller contre l’opinion publique. C’est aller contre courant. De plus, c’est un pays dont on ignore tout. Que faire… Partir, c’est rapatrier 37 000 hommes et reconnaître un échec en se mettant les militaires à dos. Puis de manière géopolitique c’est accepter une place moindre pour la France en Europe et en Méditerranée. Du coup le choix est litigieux. Louis-Philippe hésite longtemps et dans un premier temps il semble prêt à décider un retour des troupes avant de changer d’avis et de nommer le général Clauzel en Algérie qui a alors ‘carte blanche’ pour administrer le régime comme bon lui semble. Le gouvernement montre de 1830 à 1834 sa perplexité face à cette situation. Les conquêtes sont surtout axées sur la côte Algérienne et peu à peu au fil des prises, il faut organiser l’administration de ces nouvelles Provinces. En même temps dans la Métropole se sont développés des polémiques entre les ‘pour’ et les ‘contre’ colonisateurs de l’Algérie. Plus précisément, trois camps s’affrontent : - Ceux qui disent, non, on s’en va. On quitte l’Algérie. - Ceux qui disent, oui on reste et on colonise. - Les indécis. Pourtant, en 1934 seul Alger, Oran et Bône sont occupés sur la côte algérienne. En effet, Clauzel met en place la technique de l’occupation retreinte. On occupe juste quelque zone sur les côtes. Une ordonnance de juillet 1834 fixe alors les règles de l’administration coloniale et la gestion de ces côtes. En somme, peu à peu la décision de rester s’impose comme la seule ‘logique’. Mais si elle est prise par le pouvoir, elle n’est pas annoncée officiellement. On utilise une ordonnance, pas une loi. La France vient de commencer ce que l’on peut qualifier son ‘aventure’ coloniale. L’Algérie devient alors une colonie militaire sous la direction du Ministère de la guerre. L’Algérie est dirigée par un gouverneur tout puissant qui lui est désigné par le roi. Ce gouverneur peut promulguer des ordonnances propres à l’Algérie. Pour rassurer les libéraux qui ont peur d’une dérive autoritaire, le principal ministre de Louis Philippe, François Guizot garde comme doctrine officielle celle de l’occupation partielle, c’est à dire qu’on ne s’aventure pas encore dans les terres. Il refuse toute colonisation. De plus, le fait que l’Angleterre accepte enfin officiellement l’occupation de l’Algérie par la France lève le dernier obstacle diplomatique à cette occupation. Mais rapidement, la Monarchie de Juillet va se laisser porter par les décisions prises par ces différents Gouverneurs Généraux de l’Algérie prendront. Décisions qui entreront alors en conflit avec celles prisent par le roi. C] L’Algérie, apanage de l’Armée. L’Armée porte le plus grand poids de cette conquête. Elle pratique la doctrine de l’occupation restreinte et elle laisse l’intérieur du pays aux mains de quelques princes avec qui la France passe des accords pour contrôler et administrer le pays. En 1830 des négociations ont lieu en ce sens avec Abd El Kader pour qu’il administre la partie Ouest de l’Algérie. De 1834 a 1837 son autorité est reconnue sur cette région par les autorités françaises et en 1837 le traité est renouvelé. Pendant ce temps, en 1836 le Général Clauzel à la tête de l’Algérie veut mener une expédition pour prendre Constantine, une ville forteresse. Sa première expédition échoue en 1838 mais en 1837 la ville tombe entre ses mains aux prix de combats épouvantables et acharnés. Ces deux expéditions décidées par la simple volonté du Gouverneur de l’Algérie montrent bien que la Monarchie de Juillet n’a aucun poids politique véritable en Algérie et qu’elle laisse faire les militaires sur place. Militaires qui ne respectent pas la Métropole et qui prennent eux-mêmes des décisions qui ne s’imposent pas aux premiers abords. D’ou le rôle et le poids des militaires en Algérie. La prise de Constantine quant à elle va ouvrir chez eux l’envie de contrôler plus en avant le territoire qui relie cette ville forteresse à Alger et qui selon Abd El Kader étaient sous sa protection. Dès lors Abd El Kader juge que le traité est rompu et il déclare la Guerre Sainte (Jihad) à la France, conflit qui l’opposera au Général Bugeaud. Abd El Kader bénéficie alors d’une armée grâce à un impôt qu’il lève sur les tributs de l’ouest et du centre de l’Algérie. Le but d’Abd El Kader est de chasser totalement les français d’Algérie. La monarchie lui envoie alors en opposition le Général Bugeaud en 1841. Il devient Gouverneur de l’Algérie à la place de Clauzel. Bugeaud est un vétéran des Guerres du Consulat et de l’Empire. Il a survécu aux campagnes de Napoléon pour en 1815 se retirer sur ces terres de Dordogne où il possède une charge de noblesse. Là, il se fait élire député et en 1830 sous la Monarchie de Juillet, il reprend alors du service dans l’armée pour participer à l’expédition d’Algérie. De 1830 a 1831 il est nommé commandant de la place forte d’Oran. Il connaît donc bien le pays lorsqu’en 1841 il y débarque une nouvelle fois. En 1841 il revient en Algérie avec un contingent fort de 100 000 hommes. Il est envoyé là par François Guizot pour qu’il mette à bas Abd El Kader. Bugeaud voit l’Algérie comme une conquête militaire et si à ces débuts lorsqu’il était commandant d’Oran (1830) il était partisan d’une colonisation partielle, en 1841 sa vision à changé. Il est partisan d’une conquête totale de l’Algérie. Et c’est ce qu’il va s’efforcer de faire avec ces 100 000 hommes de 1841 a 1847. En premier lieu, il va intégrer des autochtones dans l’armée. Il va créer des corps spéciaux dont les plus connus seront les zouaves, les turcos et les spahis (cavalier autochtone de l’armée). Ces régiments sont spécifiques alors à l’Armée d’Afrique. De plus, il adapte son armée aux conditions du terrain en allégeant la tenue et le bardât du soldat. Il modifie la stratégie de l’armée pour la rendre plus mobile et plus rapide afin de pouvoir mener des expéditions qui surprennent l’ennemi. C’est ainsi qu’en 1843, qu’avec l’aide de la chance, il arrive à prendre la Smalah d’Abd El Kader. Une Smalah désigne la capitale ambulante de l’Emir Abd El Kader. En effet, le duc Aumale rencontre par accident la Smalah et la détruit. Abd El Kader n’est pas présent dans sa capitale nomade et n’est pas fait prisonnier mais cette victoire est exploitée par la propagande pour célébrer le ‘génie’ tactique de Bugeaud alors que le hasard y est pour beaucoup. Après 1843 la lutte s’intensifie et Bugeaud se met à employer des méthodes de guerre beaucoup plus brutales. Il pratique la razzia, la terre brûlée et abat le bétail dans les villages où ces hommes passent. Il laisse ainsi la population dans la famine sans aucun scrupule. Le résultat est immédiat. La population algérienne se met alors à décroître rapidement. Ces méthodes ne sont pas connues de la Métropole et sont prises directement par Bugeaud. Sa figure légendaire n’a pas retenu ce trait de son caractère. Comme il était bien vu de la troupe pour ces mesures sur l’ordinaire du soldat, sur son aptitude à fermer les yeux lors de la prise d’une ville sur les exactions de ces troupes (pillage, viol), cela n’a nullement été mis en avant à l’époque. Après 1843 la lutte contre Ab Del Kader se poursuit et ce dernier obtient l’aide du Sultan du Maroc qui lève une armée contre Bugeaud. Bugeaud doit alors affronter deux armées à la fois. En 1844 il écrase les troupes marocaines et de 1844 a 1847 Abd El Kader est progressivement traqué. En décembre 1847 il se rend au duc Aumale à la condition qu’il puisse rester vivre en Orient. La promesse ne sera pas tenue et il sera embarqué de force pour Toulon. Il devra attendre Napoléon III pour voir son retour en Orient et aller s’installer à Damas en 1850. Dans cette conquête, l’armée a eut un rôle essentiel et par les Bureaux Arabes que Bugeaud créé en 1844 elle va gérer l’Algérie. Lamoricière qui est un second qui aide Bugeaud dans l’armée créera cette institution qui rassemblera des officiers de l’armée afin qu’ils deviennent les intervenants entre l’armée et la population. Ces officiers administrent, jugent et font en la police en Algérie. Le rôle de l’Armée va donc bien au-delà de la conquête militaire. De plus, les premiers colons commencent à arriver en masse en Algérie mais Bugeaud ne voit pas cela d’un bon œil et les rapports militaires/civils ne sont pas des meilleurs. Bugeaud les méprises et il voit en eux des charognards qui viennent prendre ce que l’armée a gagné. Il veut une Algérie aux mains de l’armée. Cette armée d’Algérie n’a alors plus rien à voir avec celle de la Métropole. Cette armée intègre en elle des marginaux et des criminels qui veulent refaire leur vie. Pour Bugeaud, l’armée doit leur donner le sens du devoir et la discipline. De plus on compte dans l’Armée d’Afrique des corps d’indigènes, des Africains eux-mêmes. Très vite pour l’armée française, ils apparaissent comme étant de meilleurs soldats en Algérie. Ils connaissent le terrain, résiste au climat et son aussi moins payé et par conséquent moins chers. C’est donc une armée aguerrie avec un esprit de corps que vient de créer Bugeaud en Algérie. Il y a en cette armée une fierté d’appartenir à l’Armée d’Afrique. De plus, elle goutte peu à peu au pouvoir par les Bureaux Arabes. Elle a une liberté d’action que peu d’armées n’ont pas et c’est elle qui apporte l’ordre dans le pays comme si avant elle ne régnait en Algérie que l’anarchie. Avec Bugeaud émerge alors les premières images d’Epinal de la colonisation. Bugeaud est présenté en héros colonial et la vaillance des soldats français sont exaltée. On voit un soldat tenir tête seul à des centaines d’arabes par son seul courage. Et s’il est tué, c’est par derrière d’un coup de couteau. II] La Monarchie de Juillet et le Tournant de l’aventure coloniale. A] La politique des points d’appui. Peu a peu sous la Monarchie de Juillet un esprit favorable aux colonies voit le jour à partir de 1840. Cela passe par une refonte de la Marine. En 1846, une centaine de navire de guerre sont construits. De plus, on voit se multiplier dès 1840 des expéditions maritimes qui ouvrent de nouvelles routes et offrent des points d’appuis aux navires à vapeur qui à cette époque commencent à voir le jour. C’est à cette période que les Marquises, Tahiti et Wallis et Futuna sont conquises. C’est maintenant autant d’endroits dans le globe ou la flotte française peut venir s’avitailler. C’est dans ces années là qu’est lancée une mission en Indochine ou peu à peu l’influence française s’affine. En Egypte, l’influence Française se développe aussi puisque la France y envoie des médecins, des cadres et des techniciens afin d’améliorer la vie dans ce pays. En Grèce aussi, la France développe son influence en soutenant les insurgés contre l’Empire Ottoman. En Extrême-Orient, c’est le marché Chinois qui intéresse la France, tout comme la Grande-Bretagne qui a obtenu la concession de Hong Kong pour 99 ans. En parallèle à cela, la Monarchie de Juillet est une période d’adaptation vis à vis de la Traite qui se pratiquait au XVIIés. En juillet 1831 des lois très sévères sont promulguées par rapport à ceux qui pratiquent encore la Traite. Pendant cette période il y a réorientation du commerce africain et le développement du commerce des oléagineux tropicaux (arachides/huiles de palmiers) que l’on va chercher pour lubrifier les moteurs de la Révolution Industrielle. Ainsi apparaissent en Afrique des plantations pendant cette période. Les ordres missionnaires se développent pendant cette période. Ils sont présents en Algérie ou ils occupent des terres. En Afrique et en extrême Orient ces missionnaires ouvrent des brèches dans les mentalités. Mentalités et brèches que les soldats suivront par la suite. Les prochaines conquêtes militaires prendront comme excuse la protection de ces missionnaires. Si un missionnaire est tué dans le Tonkin, l’armée interviendra alors. En métropole, ces missions coloniales offrent une image exotique des colonies et elle donne aux français Métropolitains un nouveau but métaphysique, apporter la civilisation à ces peuplades ‘sauvages’. Ils jouent dans l’inconscient collectif. B] Les idéologies favorables à la colonisation. La création d’images favorables à l’extension coloniale passe par la naissance d’un imaginaire colonial peint avec des thèmes littéraires nouveaux. Une peinture orientaliste prend alors naissance. Ce courant diffuse alors l’image d’une Algérie imaginaire et rêvée. Le mouvement des saintsimoniens est aussi favorable à la colonisation au nom du progrès alors que les socialistes utopiques de 1840 quant à eux, tendent à mettre le problème des colonies au cœur du questionnement sur le capitalisme. Les négociants des grands ports suivent avec entrain le développement des colonies qui apparaît de plus en plus pour eux comme un ‘produit de substitution’ à la Traite. Mais même s’il existe des mouvements favorables à la colonisation, il n’existe as de plan pré-établit pour créer un Empire Colonial. Cela se fait alors au coup par coup. Le gouvernement est souvent mit devant les faits accomplis des militaires et il n’y a pas encore de projet cohérent pour la colonisation. C] Les idéologies favorables à la colonisation. Le premier problème du peuplement et de la mise en valeur des colonies et d’organiser leur administration. Cela va déboucher à la fin de 1850 sur un grand débat portant sur la colonisation. De ce débat, des questions de société vont apparaître. Elles sont au nombre de quatre. L’esclavagisme, le peuplement des colonies, la mise en culture des terres et l’organisation administrative de la colonie. 1) L’esclavagisme dans les colonies au XIXès. A partir de 1833 l’Angleterre supprime l’esclavagisme dans ces colonies et la Traite est de plus en plus en déclin. Même si les colons refusent la suppression de l’esclavagisme et que la Monarchie de Juillet n’arrive pas à prendre position sur la question, l’esclavagisme commence toutefois à disparaître lentement en entraînant dans son sillon une crise aux Antilles et une ruine totale de la Guyane. A l’île de la Réunion ou il y a des accords passés entre Colons et Esclaves, la crise est évitée. La Monarchie de Juillet quant à elle prépare juste à l’abolition. Par exemple, elle reconnaît le droit à la propriété de l’esclave mais elle n’abolit pas son aliénation. 2) Comment peupler les nouvelles colonies ? La conquête de l’Algérie soulève cette interrogation. On a conquis un vaste territoire mais comment le peupler ? Pour l’opinion publique française, l’idée est de favoriser le départ vers l’Algérie de colons français, surtout des chômeurs ou des pauvres, voir des délinquants. Peu à peu on se met à penser que la colonie pourrait régler les problèmes sociaux de la Métropole. A l’époque il y a une adéquation entre la classe laborieuse et l’idée de classe dangereuse. D’où l’idée d’envoyer là-bas tous ceux qui posent ‘problème’ à la Monarchie de Juillet et de les utiliser pour coloniser de manière agraire l’Algérie. En 1846, 200 000 colons partent pour l’Algérie ce qui est beaucoup pour l’époque. Mais les désillusions sont grandes et sur ces 200 000, à peu près 100 000 reviennent en Métropole. Ceux qui restent sont peu nombreux. Les gens qui arrivent de France ne connaissent rien de l’Algérie et s’en font la représentation d’un nouvel Eden alors que la vie y est rude. Un certain nombre de terres sont à cultivées, mais l’ensemble n’est pas aussi productif qu’on l’a dit, de plus, les colons sont décimés par les épidémies et les maladies auxquels ils n’étaient pas exposés en Métropole. La malaria notamment fait des ravages, d’où les retours incessants de colons en Métropole et les incitations incessantes du gouvernement pour compenser ces retours et faire revenir des nouveaux colons. 3) Une mise en valeur difficile des terres. La mise en valeur et la rentabilité des terres apparaît très vite pendant la Monarchie de Juillet comme étant presque nulle. Les terres en Algérie coûtent chère et ne rapportent presque rien. On y construit des routes, des ponts et on doit payer les soldes des soldats. Mais en parallèle, au fur et à mesure que l’on construit là-bas, l’Algérie devient un débouché pour les productions françaises. Peu à peu la logique coloniale du premier Empire est inversée et ce n’est plus la colonie qui fournit la Métropole, mais l’inverse, la Métropole qui fournit la colonie. Les produits français ne sont pas taxés en Algérie, cela favorise les commerçants français. 4) Les liens politiques de la Colonie à la Métropole. En 1834, le rôle de Gouverneur Général échoue à Bugeaud qui se comporte en Algérie comme un mini-monarque et qui par son comportement inscrit ce poste dans une ‘tradition’ d’indépendance face au pouvoir politique de la Métropole. C’est son comportement qui fera qu’en 1846 LouisPhilippe le rappellera à lui. En 1845 une ordonnance organise l’administration des colonies vers deux directions, une civile et une militaire. Mais les militaires gardent la primauté du pouvoir. Peu & peu, toutefois le principe de l’assimilation guide l’aventure coloniale française et l’on désire modeler les colonies à l’image de la France, pour en faire une vitrine du pouvoir et du rayonnement français. Toutes les colonies ont alors les mêmes lois et droits que la Métropole. Le principe est louable mais bien peu appliqué. Pour le gouvernement français, assimiler veut dire soumettre la population algérienne aux lois françaises et non pas en respecter la différence culturelle. Pour le colon, assimiler veut dire que les colons des colonies bénéficient des mêmes droits que les citoyens de la Métropole, excluant de fait par cette définition la population algérienne qui n’est nullement française et donc ne réponds pas de ce droit. C’est dire si les uns et les autres ne mettent pas le même contenu derrière les mots. Cela se ressentira vivement lors des débats sur les colonies. Se développe alors autour de ces questions de peuplement, de rentabilité, d’administration un grand débat public qui se cristallise à la fin de la Monarchie de Juillet. III] Le tournant autour des colonies ouvert par la Monarchie de Juillet. A] Le débat autour des colonies. Le premier point en jeu dans ce débat est l’intérêt économique d’avoir encore des colonies. Ceux qui sont pour parlent d’une augmentation de la richesse du pays et de la lutte contre le paupérisme. Ce qui sont contre disent que les colonies coûtent trop chers au pays. Cette idée est développée à la fois par des socialistes comme Blanqui ou des libéraux comme J.B. Say. Ceux qui sont pour soulignent aussi la force que sont les points d’appui pour la marine que représentent les colonies. Cela permet aussi à la France d’asseoir son hégémonie géopolitique sur l’Angleterre et l’Allemagne. De surcroît, on peut déporter dans les colonies les Républicains récalcitrants à la Monarchie de Juillet. Ceux qui sont contre rétorquent alors que cela mobilise inutilement l’armée française ailleurs qu’en Europe. Que l’argent est dilapidé alors que politiquement il pourrait servir à résoudre des problèmes intérieurs français. La valeur éthique est pour les uns mise en avant. La colonisation ce n’est pas que de la conquête militaire, il faut apporter à ces pays la santé, les constructions et l’éducation. Cela part d’un préjugé fort de la société algérienne et sur les pays colonisés. La vision de ces sociétés sous Louis-Philippe est celle d’une société tribale, nullement moderne. Delà découle l’idée que la colonisation n’est qu’un bienfait pour les colonisés. Pour lutter contre ces stéréotypes il faudrait pouvoir dresser le portrait de cette société algérienne avant la colonisation. Hors les sources sont très faibles sur cette période, ce qui rend le travail de l’historien plus compliqué. L’image de l’Orient dominé par le Harem est un exemple des préjugés qui vont en ce sens. Pour les contre, la colonisation est vecteur de destruction et ils contestent l’idée de progrès propre à la colonisation. Ils ne sont pas pour autant contre les colonies, ils veulent juste une autre colonisation. Par exemple Tocqueville pense que la colonisation française a ruiné des villes et il milite pour une autre forme de colonisation. Il ne faut pas perdre de vue non plus que ce débat intéresse qu’une minorité de gens. Seule une partie des intellectuels s’interrogent sur ces questions, le peuple français lui n’avait que des images en tête. Les ports français s’intéressent à la colonisation pour des raisons mercantiles. Ils y voient des entrées économiques.