Les similitudes concernent les nouvelles manières d’opérer des compositions entre
détachement (engagement « citoyen », mise à l’épreuve d’une critique publique) et
attachement (mise en valeur de formes diverses d’ancrage local : « habitant », « usager »,
« paysan »). En ville comme à la campagne, on observe des difficultés à faire tenir ces
compositions ensemble, et des craintes concernant des formes de repli de l’action individuelle
et collective (le « quartier » et le « repli communautaire » ; la « parcelle » et le « repli
corporatiste »).
Il semble alors qu’une enquête sur les dynamiques contemporaines de l’engagement public,
sur les manières dont se recompose aujourd’hui la figure du citoyen, ne puisse sans risque de
réduction reposer sur l’étude empirique d’une seule des « arènes » dans lesquelles se jouent
ces dynamiques, et sur les outils d’un champ disciplinaire situé. L’ambition de la
communication est donc :
1) de proposer un décloisonnement raisonné des perspectives de recherche (de sociologie
urbaine, sociologie politique, sociologie rurale), et un dialogue tant sur le plan
empirique que théorique ;
2) de présenter une manière d’opérer ce décloisonnement, à partir d’un travail mené sur
certains dispositifs participatifs (concertation et médiation lors de conflits d’usage
dans l’espace rural ; participation d’habitants de quartiers urbains à la définition d’un
projet politique municipal) et certains collectifs militants (mobilisation contre un
projet d’infrastructure, activité syndicale paysanne et mobilisations urbaines autour du
logement).
Références :
- Doidy Eric, 2002, La vulnérabilité du sujet politique. Régimes de proximité dans les arènes
d’engagement public, thèse de doctorat en sociologie (dir. Laurent Thévenot), Paris, Ehess,
468 p.
- Doidy Eric, 2004, « Prévenir la violence dans l’activité militante. Trois études de cas »,
Revue française de sociologie 45-3, p. 499-527.
- Doidy Eric, 2003, « L’espace public en contexte : concertation et médiation en milieu
rural », in C. Barril, M. Carrel, J-C. Guerrero et A. Marquez (dir.) Le public en action. Usages
et limites de la notion d’espace public en sciences sociales, Paris, L’Harmattan, p. 199-218.
- Doidy Eric, 2003, « La voix des usagers dans les concertations environnementales »,
Sociologies pratiques, p. 49-64.
John CLARKE (The Open University)
« Citoyens, communautés et consommateurs. Changer les relations entre publics et
services publics »
Dans un contexte d’évolutions significatives des relations entre l’Etat et la société, saisir la
manière dont les gens conçoivent leur relation avec les institutions publiques est un enjeu
analytique et politique central. A partir d’une étude sur trois services (santé, police et services
sociaux) en Grande-Bretagne, et alors que le gouvernement tend à privilégier une logique de
« consommateurs », cette présentation s’intéressera à la manière dont les gens se définissent
quand ils utilisent ces services.
On analysera alors les identifications préférées, celles de consommateurs et de citoyens, ainsi
que le rapport à la notion d’ « appartenance » (membership) et à des termes plus spécifiques à
tel ou tel service (usagers ou patients). Cette analyse tend à montrer que la signification de ces