PUCA - CNRS
ATELIER « CITOYENNETE URBAINE »
Séminaire 2006
Constitution des publics et catégorisations : habitants, usagers, citoyens
Jeudi 9 mars 2006 de 9 h 30 à 17 h 30
Ministère de la recherche et de la technologie
Carré des Sciences Amphi B
1, rue Descartes 75005 Paris
ATELIER « CITOYENNETE URBAINE »
SEMINAIRE 2006
PUCA-CNRS
Responsables :
Patrice Aubertel et Claire Gillio (PUCA)
Marion Carrel (Cems), Jacques Ion (Cresal) et Catherine Neveu (Laios)
Séance 2
Jeudi 9 mars 2006
Constitution des publics et catégorisations : habitants, usagers, citoyens.
Ministère de la Recherche et de la Technologie
Carré des sciences Amphi B
1, rue Descartes 75005 Paris
« Habitants », « usagers », « riverains », plus rarement « citoyens », les termes utilisés pour
désigner les « publics » invités à participer à un nombre croissant d’instances
d’élaboration, de mise en œuvre ou d’évaluation des politiques publiques, sont variés. Ce
séminaire visera à saisir à la fois les fondements de ces désignations, leurs usages, et leurs
effets sur la constitution de publics spécifiques.
PROGRAMME DE LA JOURNEE
Matinée (9 h 30 12 h 45)
- Catherine NEVEU (Laboratoire d'Anthropologie des Institutions et des Organisations
Sociales) : « Habitants, citoyens : interroger les catégories »
- Eric DOIDY (Institut National de la Recherche Agronomique - Dijon) : « Le “citoyen”
dans ses quartiers et ses parcelles »
Grand témoin : Catherine GORGEON (Service de recherche de La Poste)
Après-midi (14 h 17 h)
- John CLARKE (Open University, Londres) : « Citoyens, communautés et
consommateurs. Changer les relations entre publics et services publics »
- Arthur JOBERT (EDF Recherche et Développement) : « Evaluer la participation du
public : comment celui-ci est-il construit ? »
Grand témoin : Georges AMAR (Mission Prospective de la RATP)
ATELIER « CITOYENNETE URBAINE »
SEMINAIRE 2006
PUCA-CNRS
Responsables :
Patrice Aubertel et Claire Gillio (PUCA)
Marion Carrel (Cems), Jacques Ion (Cresal) et Catherine Neveu (Laios)
Séance 2
Jeudi 9 mars 2006
Constitution des publics et catégorisations : habitants, usagers, citoyens.
Ministère de la Recherche et de la Technologie
Carré des sciences Amphi B
1, rue Descartes 75005 - Paris
PRESENTATION
« Habitants », « usagers », « riverains », plus rarement « citoyens », les termes utilisés pour
désigner les « publics » invités à participer à un nombre croissant d’instances d’élaboration, de
mise en œuvre ou d’évaluation des politiques publiques, sont variés. Ce séminaire visera à
saisir à la fois les fondements de ces désignations, leurs usages, et leurs effets sur la
constitution de publics spécifiques. Quelles significations ces dénominations mettent-elles en
circulation ? Qu’attend-on des « intéressés » selon qu’ils sont désignés par l’un ou l’autre de
ces termes ? S’agit-il de s’adresser à des individus ou des collectifs, et de quelle nature ?
Les termes sont-ils les mêmes selon que l’on se situe du point de vue des institutions ou de
celui des populations ainsi désignées ?
Alors qu’on pourrait de prime abord considérer que ces différents termes découlent de la
diversité des échelles auxquelles les instances considérées fonctionnent (« habitants » dans les
quartiers, « citoyens » au niveau national), il semble plutôt qu’ils visent à, ou qu’ils ont pour
résultat de, placer les individus et les groupes dans des rôles spécifiques, qu’ils constituent
autant de manière de définir un public adapté aux attentes institutionnelles. Ainsi, les travaux
autour des usages des notions de « riverains » dans les enquêtes publiques (Blatrix) ou
« d’habitants » dans des procédures participatives (Lafaye) ont montré comment elles
pouvaient être utilisées à la fois pour légitimer et délégitimer la participation des
« intéressés ».
A l’échelle locale, le terme de « citoyen » fait l’objet d’usages paradoxaux ; d’un côté, il est
souvent perçu comme étant d’un usage inadapté à cette échelle, alors que dans le même
temps, notamment dans les quartiers dits sensibles il y a injonction à la citoyenneté, réduite
cette fois à l’échelle du quartier. Le terme est parfois repris par des associations se
revendiquant comme citoyennes, ou par des appels à l’inscription sur les listes électorales.
Quel est le poids des questions d’échelles spatiales dans ces variations d’usage ? Que désigne
le terme selon qu’il est utilisé dans l’un ou l’autre de ces contextes et selon qui l’utilise ?
Plus généralement, les tensions entre les différentes « catégorisations » des individus sont-
elles spécifiques au monde urbain ? N’assiste-t-on pas à des tensions similaires dans le monde
rural (entre le « paysan » et le « citoyen ») ou encore dans le domaine de la santé et des
services publics (entre « patient », « client » et « citoyen »), qui mériteraient d’être mises en
lien avec l’évolution des dynamiques contemporaines de l’engagement public ? Comment ces
catégorisations des publics s’articulent-elles avec des représentations spécifiques des registres
d’attachement, d’identification, d’engagement vis-à-vis de « territoires ».
Cette séance visera à une meilleure compréhension des représentations du politique, des
publics et des enjeux de ces instances, en inscrivant également l’analyse de ces catégorisations
dans leur profondeur historique (liens avec les mouvements sociaux et les mobilisations par
exemple).
RESUME DES INTERVENTIONS
Catherine NEVEU
« Habitants, citoyens : interroger les catégories »
Au fil des instances, procédures et mouvements affichant la volonté de développer une
démocratie participative circule un certain nombre de termes et de thèmes qui paraissent
« aller de soi ». Habitants, usagers, citoyens, mais aussi participation et représentation, et
même démocratie, sont généralement utilisés sans qu’une attention suffisamment grande soit
portée à leurs significations, aux conceptions du politique ainsi mises en avant. En
interrogeant les catégories utilisées dans un certain nombre d’initiatives, cette communication
s’attachera à ouvrir quelques pistes de réflexion quant à la nécessité de contextualiser la
réflexion, et de mettre en relation le succès de certains vocables avec des conceptions
diversifiées du rapport politique, notamment autour de la question centrale des relations entre
individus et collectifs.
Références:
- Neveu Catherine, 2005. « De “petits lieux du politique“ ? Individus et collectifs dans des
instances de “débat public“ » (en collaboration avec H. Bertheleu), Espaces et Sociétés, n° 123
« Action citoyenne et débat public dans la ville », décembre.
- Neveu Catherine, 2004, « Une “petite fabrique de territoire“ : quartiers et citoyenneté à
Roubaix », Ethnologie Française, Volume XXXIV, n° 1, pp. 59-66.
- Neveu Catherine, 1999. « L’anthropologue, le citoyen et l’habitant. Le rapport au politique
dans une ville du Nord », Ethnologie Française, “Les mots des institutions“, 4, pp. 559-
567.
Eric DOIDY
« Le “citoyen” dans ses quartiers et ses parcelles »
Les thèmes de la « démocratie de proximité » ou « participative » et de la « citoyenneté »
semblent surtout posés en lien avec la mise en place de politiques urbaines. Pourtant, dans les
zones rurales comme dans les zones urbaines, dans les mobilisations associatives comme lors
de « conflits d’usage », les acteurs se trouvent placés dans des situations assez similaires.
Les similitudes concernent les nouvelles manières d’opérer des compositions entre
détachement (engagement « citoyen », mise à l’épreuve d’une critique publique) et
attachement (mise en valeur de formes diverses d’ancrage local : « habitant », « usager »,
« paysan »). En ville comme à la campagne, on observe des difficultés à faire tenir ces
compositions ensemble, et des craintes concernant des formes de repli de l’action individuelle
et collective (le « quartier » et le « repli communautaire » ; la « parcelle » et le « repli
corporatiste »).
Il semble alors qu’une enquête sur les dynamiques contemporaines de l’engagement public,
sur les manières dont se recompose aujourd’hui la figure du citoyen, ne puisse sans risque de
réduction reposer sur l’étude empirique d’une seule des « arènes » dans lesquelles se jouent
ces dynamiques, et sur les outils d’un champ disciplinaire situé. L’ambition de la
communication est donc :
1) de proposer un décloisonnement raisonné des perspectives de recherche (de sociologie
urbaine, sociologie politique, sociologie rurale), et un dialogue tant sur le plan
empirique que théorique ;
2) de présenter une manière d’opérer ce décloisonnement, à partir d’un travail mené sur
certains dispositifs participatifs (concertation et médiation lors de conflits d’usage
dans l’espace rural ; participation d’habitants de quartiers urbains à la définition d’un
projet politique municipal) et certains collectifs militants (mobilisation contre un
projet d’infrastructure, activité syndicale paysanne et mobilisations urbaines autour du
logement).
Références :
- Doidy Eric, 2002, La vulnérabilité du sujet politique. Régimes de proximité dans les arènes
d’engagement public, thèse de doctorat en sociologie (dir. Laurent Thévenot), Paris, Ehess,
468 p.
- Doidy Eric, 2004, « Prévenir la violence dans l’activité militante. Trois études de cas »,
Revue française de sociologie 45-3, p. 499-527.
- Doidy Eric, 2003, « L’espace public en contexte : concertation et médiation en milieu
rural », in C. Barril, M. Carrel, J-C. Guerrero et A. Marquez (dir.) Le public en action. Usages
et limites de la notion d’espace public en sciences sociales, Paris, L’Harmattan, p. 199-218.
- Doidy Eric, 2003, « La voix des usagers dans les concertations environnementales »,
Sociologies pratiques, p. 49-64.
John CLARKE (The Open University)
« Citoyens, communautés et consommateurs. Changer les relations entre publics et
services publics »
Dans un contexte d’évolutions significatives des relations entre l’Etat et la société, saisir la
manière dont les gens conçoivent leur relation avec les institutions publiques est un enjeu
analytique et politique central. A partir d’une étude sur trois services (santé, police et services
sociaux) en Grande-Bretagne, et alors que le gouvernement tend à privilégier une logique de
« consommateurs », cette présentation s’intéressera à la manière dont les gens se définissent
quand ils utilisent ces services.
On analysera alors les identifications préférées, celles de consommateurs et de citoyens, ainsi
que le rapport à la notion d’ « appartenance » (membership) et à des termes plus spécifiques à
tel ou tel service (usagers ou patients). Cette analyse tend à montrer que la signification de ces
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