
temps la richesse dont tout ce qui est.»
 Quand l’homme est vide, l’eau de 
l’esprit jaillit en lui. Pour Zundel, le "mot-clef" de la pensée de S. Weil dans 
La pesanteur et la grâce est la "nudité". « On est livré nu à la lumière».
: 
«Accepter un vide en soi-même, cela est surnaturel».
 « La grâce comble, 
mais elle ne peut entrer que là où il y a un vide pour la recevoir, et c'est elle 
qui fait ce vide.»
 Ce vide métaphysique ne se réduit pas au néant sartrien. Il 
n'est pas isolement, replis sur son égo et un refus de l'Autre, mais, par delà 
l'expérience du bien et du mal, de la souffrance et de la joie, c'est un 
détachement, une disponibilité et une ouverture sur une plénitude et une 
communion. « Tout au fond, au centre de son amertume inconsolable. Si on 
tombe en persévérant dans l'amour jusqu'à ce point où l'âme ne peut plus 
retenir le cri "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné", si on demeure en ce 
point sans cesser d'aimer, on finit par toucher quelque chose qui n'est plus le 
malheur, qui n'est pas la joie, qui est l'essence centrale, essentiel, pure, non 
sensible, commune à la joie et à la souffrance, et qui est l'amour même de 
Dieu.»
 «Qui supporte un moment le vide, ou reçoit le pain surnaturel, ou 
tombe. Risque terrible, mais il faut le courir, et même un moment sans 
espérance. Mais il ne faut pas s'y jeter.»
 
Transformé par l’expérience crucifiante du vide, le “Je” n’est plus 
l’objet de mon besoin et de mes manques, mais il est devenu le sujet de mon 
désir, “l’Autre du désir”
 et ce vers quoi il doit tendre, non seulement en se 
dépouillant de lui-même, mais en dépouillant ses propres représentations de 
Dieu. Rien ne peut définir et limiter cet Autre s’il est vraiment l’Infini caché 
dans l’homme. Le vide de tout devient le seuil de la plénitude d'un jour 
nouveau. Ce vide est le berceau d'une nouvelle naissance où l’homme devient 
une personne, en s’établissant dans ce centre divin pour en recevoir son 
identité de fils de Dieu. Dieu est toujours là mais caché dans ce fond de l’âme. 
En tant que sujet, il est toujours au delà de toute image et de tout concept, et 
même au delà de tout désir. C’est pourquoi Éckhart écrit : «”Vraiment tu es le 
Dieu caché” au fond de l’âme ; le fond de l’âme et le fond de Dieu n’étant 
qu’un seul et même fond. Plus on te cherche, moins on te trouve. Tu dois le 
chercher de façon à ne jamais le trouver. Si tu ne le cherches pas, tu le 
trouves »
. 
 
Le monde du "Je" et du "Tu" Martin Buber 
 
 M. Heidegger, art.: "L'être comme vide et comme richesse", dans HERMÈS, n°2, 1981, p. 332. 
 S. Weil, La pesanteur et la grâce, Paris, Plon, 1948, p. 64; cité par M. Zundel, "Simone Weil", Le 
Caire, Les mardi de Dar El Salam, 1948, p. 2. 
 S. Weil, La pesanteur et la grâce, Paris, Plon, 1948, p. 21. 
 S. Weil, La pesanteur et la grâce, Paris, Plon, 1948, p. 20. 
 S. Weil, Attente de Dieu, Paris, Fayard, 1966, p. 69. 
S. Weil, La pesanteur et la grâce, Paris, Plon, 1948, p. 21. 
 D. Vasse, L’Autre du désir et le Dieu de la Foi, Paris, Seuil, 1991. 
 Maître Éckhart, Traités et Sermons, Sermon n°15, Trad. A. de Libéra, Paris, Garnier/Flamarion, 
1993, p. 315.