L`ADVERBE « SI »

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Envoyé par Isabelle.
L’ADVERBE « SI »
Si est un adverbe hérité du latin sic. Anciennement, il peut se présenter sous la forme se, à ne pas confondre
avec la conjonction de coordination se, dans ce cas héritée de la conjonction latine si. On classera les emplois
de si en fonction des mots auxquels il est incident (un mot est incident à un autre lorsqu’il lui est
syntaxiquement subordonné). Si peut faire partie des « adverbes du dit », incidents à un mot, mais aussi des
« adverbes du dire », incidents à toute une phrase, comme adverbe de phrase.
I. Adverbe de manière : si incident à un verbe
Il a une valeur forte et précise la manière dont se déroule le procès du verbe (ainsi, dans ces conditions). Son
contexte peut aider à définir un de ses sens plus précisément :
- sens consécutif
li mairesse est mout sage, si te connistra au passer (c’est pourquoi)
- sens adversatif
cist ribaut tout se descirent, et si n’ont drap qui gaires vaille ! (pourtant, cependant)
Si sur un plan syntaxique l’adverbe est vide de sens, sur le plan sémantique, son contenu est précisé par la
situation et il prend un sens cataphorique ou anaphorique dans plusieurs cas :
- dans une comparative introduite par si com
je vos salu, si com ma mere le m’aprist (comme, ainsi que...)
- dans une consécutive introduite par si que
totes les quanpanes sonent si que tot le palès estonent (de telle sorte que...)
En français moderne, si est resté, traduit par ainsi dans la plupart des cas. Il s’est conservé dans le cas d’une
réponse à une question négative. Si cette réponse est aujourd’hui elliptique du verbe, si lui était pourtant bien
incident en ancien français (si fait).
II. Adverbe de degré : si incident à un adjectif ou à un autre adverbe
Il précise le degré d’intensité selon lequel doit être interprété l’adjectif ou l’adverbe. Le degré peut rester
indéterminé (pour créer un effet de suspens suggestif : si est si liez, il est si content) ou bien précisé par :
- une proposition comparative {si + adjectif/substantif + com}
si vos ferons si bon ostel com nos porrons : nous vous donnerons le meilleur logement que nous pourrons
- une proposition consécutive {si + adjectif + que}
ses chevax si fort s’açopa que la demoisele l’oï
En français moderne, la construction ancienne n’est restée que dans les consécutives du type {si grand que +
proposition}. Dans les comparatives, l’emploi a également subsisté mais il a subi quelques changements : que
s’est substitué à com et si a été remplacé par aussi.
III. Adverbe de phrase : si incident à toute la phrase
1 – si relie deux propositions indépendantes
- toujours placé en tête de phrase, car tonique, si adverbial relie deux propositions indépendantes. Il
fonctionne comme un anaphorique et rappelle la première proposition, pour en faire un point de départ
logique ou chronologique de la seconde (ainsi, pourtant / et puis, alors)
il le salua (et) si li dist
- les deux propositions peuvent être coordonnées par la conjonction et. Lorsque et et si sont associés, et marque
l’addition d’un élément (et place les deux propositions sur le même plan) et si situe l’élément ajouté (si étage les
deux propositions qu’il relie selon un lien temporel, logique...)
- à la différence de la conjonction de coordination et, si entraîne une inversion de l’ordre des mots dans la
phrase : inversion du sujet.
2 – si introduit une prop principale après une sub hypothétique ou temporelle
- il fonctionne comme une ponctuation lexicale, de valeur ténue (traduction impossible).
quant il l’ot salué, se li dist
3 – si dans les phrases à l’impératif
- revêt une valeur familière et affective (si vos seez : asseyez-vous donc)
IV. Se : conjonction de subordination
a - conjonction de subordination qui introduit une subordonnée hypothétique
- mode indicatif
tour neutre : {se + présent}+ futur
tour expressif : {se + présent}+ présent
- mode virtuel
tour étymologique : {se + subjonctif imparfait}+ subjonctif imparfait
tour roman : {se + indicatif imparfait}+ conditionnel présent
b - conjonction de subordination qui introduit une interrogative indirecte totale
Conclusion : Gérard Moignet pense que si et se sont le même terme pris à des stades différents. Si le principe
de subduction peut transformer qui en que, il peut faire passer se à si. Des théories plus récentes s’appuient sur
la situation d’énonciation : si et se deviennent des moyens de poser l’énoncé comme vrai, d’insister sur
l’authenticité de ce qui est dit par l’affirmation. Les théories unitaires semblent être confirmées par l’évolution
de si et de se qui se confondent en si. Il n’en reste pas moins que les dictionnaires font la différence entre si
adverbe et si conjonction.
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