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Luc démasque ces béquilles que nous ajoutons à nos vies, pour les garder debout.
Les soucis sont une vraie tentation.
PRIER SANS CESSE:
Prier permet pourtant de dire à Dieu ce qui nous oppresse. « Prier sans cesse », c'est
décider de vivre à juste distance du réel, sans se laisser posséder par lui.
C'est rester centré sur le Christ, en ne laissant rien ni personne nous éparpiller, nous
disloquer dans des exigences stupides.
Jésus fait de notre Eglise une communauté de priants qui s'ignore.
C'est un défi. Nous sommes plutôt bavards en société, mais parcimonieux dès qu'il s'agit
d'inventer une parole inédite adressée à Dieu. Comme si Dieu n'entendait que le
battement de notre coeur, ou la répétitivité des formules de jeunesse.
Mais il peut aussi entendre les balbutiements de notre prière. Certes, il n'y a pas de
recette pour la prière. Le Notre Père est notre seule école: on apprend la prière en priant.
Ceux qui prennent l'habitude de prier sans cesse, peuvent conduire d'autres sur ce
chemin. Ils sont plus forts que la peur ambiante, avec son cortège d'exigences
hallucinantes qu'aucune vie ne pourrait porter. Les disciples n'étaient pas prêts à prier, ils
étaient vulnérables et dangereux pour Jésus lui-même.
Prier, c'est faire taire avec énergie le bruit du monde, les jugements humains, la peur
d'être soi devant autrui; pour laisser Dieu nous redonner confiance en nous-mêmes.
Quand nous prions, nous recevons l'assurance de nos talents, et nous les mettons en
oeuvre, à temps et à contre temps, avec le soutien d'autrui ou malgré l'éventuel désaveu
d'autrui. Etre soi, c'est le métier du chrétien.
Il n'y a pas d'autre que nous, pour exercer la vocation de témoin. Dieu nous a donné plein
de talents. Que personne ne les étouffe avec des procédures incontournables, ou des
jugements précipités. Car la fin ((la finalité) de toutes choses est proche; la finalité de nos
vies est en Dieu seul. Son jugement vient.
Quel sillage laisserons-nous derrière nous ?
Laisserons-nous le souvenir d'une vie habitée, portée par Dieu, rayonnante, plus forte que
les épreuves, ou bien la mémoire d'une agitation maladive à la recherche de soi ?