UNIVERSITE DE PARIS IV | SORBONNE Forum des Doctorants de l'Ecole Doctorale de Paris 1er juin 2005 Institut de Géographie Thème du forum : "Evolutions, Inerties, Interférences" RECHERCHE SUR L’EVOLUTION DES MODELES D’URBANISATION A LISBONNE CATARINA LUÍSA TELES FERREIRA CAMARINHAS Sous l’orientation du Prof. Michel Carmona. Thèmes : Aménagement urbain. Ville de Lisbonne – évolution du processus d’urbanisation. Encadrement dans l’urbanisme portugais – écoles, évolution et influences internationales. La dimension sociale et politique et les mutations urbaines pendant le XXe siècle. Les visions de ville : quelques pratiques. Formules de gestion et administration urbanistique. Le mouvement de régénération urbaine et environnementale. Réhabilitation urbaine, logement social et projets urbains pour la requalification de l’espace publique. Implications métropolitaines et étude de centralité/périphérie. Étude comparative de la couronne urbaine à Lisbonne : morphologie urbaine et processus d’urbanisation. L’époque concernée par la recherche : XX e siècle. 1. Une « école » d’urbanisme à Lisbonne? Le XX e siècle représente, pour Lisbonne, une profonde mutation politique, dans le sens de la démocratisation de sa société et aussi de la flexibilisation du pouvoir politique, avec des implications très claires dans les tissus construits. La stratégie de la participation publique, les grandes opérations de logement, les altérations du droit urbanistique, sont aussi des manifestations nationales de cette période politique avec des représentations spatiales dans la ville de Lisbonne. Il serait possible de sélectionner quelques pratiques urbanistiques représentatives de cette évolution : les projets d’embellissement et d’expansion de la ville d’inspiration haussmannienne mais aussi suivant une tradition des pratiques de la ville régulière et pragmatique de Pombal (Ressano Garcia, Forestier) ; les projets intégrés dans le cadre d’une politique urbaine de l’Estado Novo (193374), très réglementés et dessinés selon des modèles classés comme des témoins de l’urbanisme éclectique, avec plusieurs influences nationales et internationales, mais pour la première fois tracés en considération d’une vision globale de ville (le plan directeur d’urbanisation de Lisbonne, de 1938-48, « Plan de Gröer ») ; projets urbains d’application de la charte d’Athènes (Olivais-Norte) ; [email protected] 1/11 projets de critique ou réflexion sur les modèles modernes, avec une vision organique de la ville (Olivais-Sul, Chelas) ; projets de logement social (SAAL, BAL, PER), initiés dans les années 1970, mais qui se prolongent jusqu’à nos jours, associés à un mouvement de réforme sociale; pratiques anonymes insérées dans une absence de pouvoir réglementé qui a caractérisé le début de la démocratie portugaise, dans une période de transition politique (aires urbaines d’origine illégale) ; nouvelles approches, plus récentes, de régénération urbaine (notamment le projet urbain pour l‘Expo’98). L’étude se situe d’abord comme un travail de synthèse sur le processus d’urbanisation à Lisbonne, sur la façon d’imposer des modèles de transformation urbaine, mais aussi sur les implications métropolitaines de la mutation territoriale et les questions relatives à l’antagonisme centralité/périphérie à Lisbonne. L’étude de la formation et de l’évolution d’une “école d’urbanisme” (dans le sens d’une continuité dans les pratiques urbanistiques) à Lisbonne, permettrai de comprendre les liaisons politique/urbanisme dans le cas de Lisbonne. Quels ont été les modèles de ville que certaines visions (totalitaire, démocratique) ont implémenté ? La recherche essayera d’étudier l’évolution des plusieurs modèles adoptés par différents contextes sociopolitiques : l’art urbain d’influence international (haussmanniennes, mouvement city beautiful, cité jardin) ; les modèles de régime ; jusqu’au urbanisme démocratique. Le but serait de comprendre s’il existe une cohérence d’école ou, tout au contraire, si les actions urbanistiques sont établies sans aucune liaison, comme actes isolés. Le mot modèle a plusieurs significations selon son champ d’application ; les dictionnaires lui donnent comme synonymes « archétype, canon, exemple, formule, paradigme, standard ». Il y a toujours une idée positive, de perfection, associée au mot modèle. La singularité, exceptionnalité, exemplarité, etc. d’une situation (dans ce cas urbaine) motive sa répétition, en créant un modèle. L’histoire urbaine nous montre comment les villes se sont toujours influencées les unes les autres. La reproduction d’un modèle pourra être liée à la fascination qu’il exerce sur les autres villes. Le modèle n’est pas une construction a priori, il correspond à la diffusion d’une méthodologie et d’une vision de l’urbain. Le mot modèle prend alors le sens de méthode. On ne peut pas parler de modèle qu’à partir du moment où il sera répété par d’autres villes1. La relation urbanisme/pouvoir serai centrale dans notre travail de recherche : l’urbanisme sans pouvoir existe-t-il ? L’urbaniste est sûrement un politique, le politique (élu municipal) devrait être un urbaniste, la fin ou l’absence de politique serait la désurbanisation. Quels ont été les reflets de la démocratie pour la ville de Lisbonne ? A-t-il jamais existé un urbanisme à Lisbonne ? 1 RODRIGUES-MALTA, Rachel, Espaces et Territoires - Bulletin de la Société Languedocienne de Géographie, n. º sur "Villes Portuaires modèles dans le temps et dans l'espace", 2001. [email protected] 2/11 Quelle a été l’influence de l’ouverture démocratique dans l’affirmation d’une « école », d’un mouvement pour l’étude scientifique de Lisbonne ? 2. L’urbanisme contre l’urbanisation Le but de notre recherche serait de tester l’existence d’une pensée urbanistique cohérente à Lisbonne et de vérifier quelles ont été les influences dans sa formation et son évolution, les moments de continuité et les ruptures dans les pratiques urbanistiques issues de cette pensée. Le terme urbanisme est attribué à Ildefons Cerdà y Suñer (1815-1879), responsable du plan d'extension de Barcelone (1860) et auteur de la Théorie générale de l'urbanisation2. Cerdà utilise le mot pour la première fois au milieu du XIX e siècle,3 contribuant à la division de l’histoire urbaine en deux grandes périodes: le pré urbanisme et l’urbanisme4. L'urbanisme se constitue comme une façon propre au XX e siècle de produire l’urbain, même s’il s’agit d’une évolution du processus d’urbanisation aussi ancienne que la ville elle-même. Le néologisme de urbanización créé par Cerdà désigne une nouvelle science autonome à laquelle Cerdà entend conférer un statut scientifique. On parlera à partir delà d'urbanisme, plutôt que d’urbanisation, comme processus intentionnel et obéissant à des techniques spécifiques de 2 1859, publié en 1867, première traduction française en 1979. 3 Cerdà approche, en 1856, une réalité qui comporte de très graves dysfonctionements. Dans sa "Monografía Estadística de la Clase Obrera" il fait une étude exhaustive des besoins sociaux, environnementaux, économiques et d’alimentation de la population qui habitait à l’intérieur des enceintes de Barcelone. Ses études ont été précurseurs d’une volonté interdisciplinaire, exigeant l’imaginati on pour utiliser et créer les instruments techniques, juridiques, économiques et sociales qui ont été à la base du nouveau concept. Cerdà a lui-même fait référence à la création de ce nouveau terme: "colocado en la alternativa de inventar una palabra o de dejar de escribir sobre una materia que, a medida que he ido profundizando en su estudio, la he creído más útil a la humanidad, he preferido inventar y escribir que callarme; el uso de una palabra nueva no puede ser censurable, siempre y cuando la necesidad lo justifique y lo abone a un fin laudable" (Cerdà, I., Teoría de la Construcción de Ciudades,1859). C’est a partir de Cerdà que se sont identifiés les fondements scientifiques de l’urbanistique, discipline qui existait déjà comme pratique dogmatique et intuitive dès la formation des premiers assemblements humains du Néolithique et qui plusieurs fois dans l’histoire a été perfectionnée pour faire face aux demandes religieuses, économiques ou de techniques militaires sans jamais, jusqu'alors, elle n’avais jamais été systématisée au point d’englober une pratique à la fois théorique, scientifique et politique. C’est aussi dans le prologue de la Teoría de la Construcción de Ciudades que Cerdá énonce une nouvelle façon critique d’approche méthodologique aux questions urbaines «de fundación de nuevas ciudades y de reforma y ensanche de las ecsistentes», en rupture avec les pratiques plutôt formels de l’art urbain antérieur et la nécessité d’élaboration d’une théorie générale : «Empecé pues por procurarme catálogos de varias librerías á fin de averiguar lo que acaso pudiera haberse escrito sobre este particular; pero desgraciadamente encontré tan poco y tan incompleto que mis deseos y mis esperanzas estuvieron muy lejos de quedar satisfechas, pues á cada paso que daban mis investigaciones, no obtenia mas resultado que el afirmarme mas en la convicción de la complexidad y trascendencia del asunto, de la falta de datos para tratarlo con el debido acierto, y sobre todo, de la debilidad de mis fuerzas para llevar á cabo una empresa tan árdua. (...) Cerrada esa puerta fui á llamar á otra, pasé del campo de las teorías al terreno de la práctica. Me dirijí á los puntos donde antes que en España han tenido que tratar las cuestiones de ensanche y reforma de las poblaciones, me dirijí á las administraciones y á los hombres de arte y de ciencia encargados de llevar á cabo dichos proyectos, con el fin de poder ilustrarme acerca del modo de concebirlos y realizarlos para venir á deducir la ley que pudiera establecerse con el caracter de general y las modificaciones que en ella pudieran ser convenientes para amoldarla practicamente á nuestro pais. (...); pero una vez mas tuve lugar de comprender su enormidad y la necesidad de sacarla del terreno de las aplicaciones particulares para sujeterla á una teoría general. Vi que la necesidad de una reforma radical en la disposición y sistema de construción de nuestras casas y de nuestras ciudades, es tan universalmente reconocida, que, en todos los paises y de todas partes se deja sentir un deseo general que la reclama» (...) «.. el problema no solo está muy distante de su resolucion, sino que ni siquiera se halla debidamente planteado. (...) Cuando se ha tratado de un proyecto de fundación, reforma ó ensanche de una ciudad, se ha librado todo al empirismo facultativo, creyendo que consistia todo en cojer un plano mas ó menos exacto de la localidad, trazar sobre él un sistema de lineas que siendo mas ó menos seductor á la vista de los profanos, haya halagado los intereses privados de las personas que directa ó indirectamente podian influir en su aprobacion» (...) «Fundado en estos estudios analiticos que habia empezado á hacer para darme cuenta de las condiciones higiénicas, económicas y sociales de la poblacion que habita esta ciudad, he hecho despues la síntesis razonada de mi proyecto para su reforma y ensanche». 4 CHOAY, Françoise, L'Urbanisme, utopies et réalités: une anthologie, Paris, Éditions du Seuil, 1965. [email protected] 3/11 construction de territoires. C’est, bien évidement, une science que va s’articuler de façon très claire avec les conséquences de l'industrialisation dans les grandes villes européennes où ses conséquences sont les plus visibles. La période sur laquelle porte notre recherche coïncide avec ce bouleversement conceptuel vers une science de la ville, ce qui permet d’évaluer l’impact de cette mutation au Portugal et, de façon plus concrète, dans les pratiques réglementaires, processuelles et opératives à Lisbonne. Parce que l’objet principal de la recherche se situe à Lisbonne, les enquêtes effectuées sur une base empirique auront lieu dans les archives et des bibliothèques portugaises5. La participation des architectes et urbanistes français à l’aménagement urbain de Lisbonne étant crucial, il se trouve que les archives et sources françaises6, sont aussi déterminantes pour cette recherche. L’information quantitative (démographique, par exemple) sera traitée avec l’appui des systèmes d’information géographique. L’investigation essayera aussi de faire la collecte d’informations qualitatives (interviews) avec quelques acteurs importants de ce processus de transformation. Même si l’objet principal de la recherche se situe à Lisbonne, le sujet d’étude n’est pas, dans ce cas, la ville elle-même, mais la façon d’imaginer la ville, de la penser, de la dessiner, de la produire. C’est une recherche sur la façon d’urbaniser Lisbonne pendant le XX e siècle. Qu’est-ce qui a changé dans cet imaginaire de la production urbaine ? Comment a-t-elle évolué ? Est-ce qu’il y a eu une rupture ? Plusieurs moments de rupture ? Est-ce qu’on peut parler d’une cohérence intrinsèque dans le processus d’urbanisation de la ville de Lisbonne ? Est-ce que l’urbanisme a jamais existé à Lisbonne ? L’étude des processus d’urbanisation doit s’appuyer sur deux approches de recherche symétriques : d’un côté les logiques de la production de la ville ; de l’autre côté les pratiques de la production de la ville. Il s’agit de confronter les champs théorique et pratique de l’urbanisme ; la vision politique et les résultats construits associés. La recherche sur l’espace urbain devrait essayer de comprendre d’une part le dessin plus ample de son image, décrire les actions qui ont crée cette espace, les résultats plus visibles du point de vue formel et d’autre part la construction des pratiques de son utilisation/appropriation, les tendances d’évolution, et comment elles se combinent7. La ville de Lisbonne participe de cette intéressant dichotomie populaire/érudite, spontanée/réglée. C’est surtout a partir du XVIII e siècle que la ville de Lisbonne se pense et se dessine, dès le grand tremblement de terre de 1755 qui a obligé les responsables politiques à trouver une façon rapide de réédifier la ville, presque totalement détruite par le tremblement de 5 Notamment les Archives de la Municipalité de Lisbonne (archives photographiques, cartographiques et hémérothèque), les Archives du Ministère des Travaux Publiques, les Archives de la Direction Générale de l’Aménagement du Territoire et les Archives de la Commission de Coordination de la Région de Lisbonne et de la Valée du Tage. 6 Notamment ceux des Centres de Documentation de l’Institut d’Urbanisme de Paris, Université de Paris, Val-de-Marne, du Musée social, du Service Technique de l’Urbanisme du Ministère de l’Équipement, du Logement et de l’Aménagement du Territoire et de l’Association Française des Architectes. 7 BOURDIN, Alain, Le Patrimoine Réinventé, Paris, PUF, 1984. [email protected] 4/11 terre et les raz de marées et incendies qui ont suivi. Au cours de ses huit siècles d’existence la ville a été plusieurs fois victime de violents tremblements de terre qui l’ont détruite en partie. Le plus terrible des temps moderne, celui du 1er novembre 1755, a détruit 10% des bâtiments et rendu inhabitables plus des deux tiers de la ville. Le période d’urbanisation qui suit va marquer le devenir de la ville de Lisbonne d’une part parce que c’est toute la zone centrale, appelée « Baixa » (partie baisse de la ville), qui avait le plus souffert dans la catastrophe ; d’autre part, parce que les options de reconstruction de la ville vont visiblement créer une tendance pour le dessin de la ville en même temps qu’accentuer la création d’un axe vers le nord et l’intérieur de Lisbonne. La solution adoptée présente une série de rues parallèles coupées orthogonalement par des rues secondaires, expression d’une préoccupation géométrique qui se manifeste sous une forme plus visible dans l’équilibre de la conception du vaste « Terreiro do Paço », place qui donne sur le Tage. La « Baixa » s’affirme comme lieu de pouvoir, de commerce et de la finance, un véritable centre de Lisbonne8. La ville devient, pour la première fois, intentionnelle, programmée, réglée, régulière9. La réflexion associé à la reconstruction de Lisbonne, le rôle de l’État et des commerçants impliqués très directement, la création d’un atelier d’urbanisme (« Sala do Risco ») et d’un chantier urbain vont, en même temps, contribuer au début d’une conscience de l’urbain et représenter un premier pas vers une science de la ville. Mise à part la situation très exceptionnelle du tremblement de terre, la ville de Lisbonne pourrait être, elle-même, un paradigme de l’urbanisation, dans le sens où elle pourrait être exemplaire de l’évolution/croissance-type d’une ville occidentale. Les premiers noyaux néolithiques, un peu excentriques vis-à-vis le futur «assemblement» de Lisbonne, mais déjà montrant un choix de lieu, une tendance de peuplement. Puis, la croissance lié à sa situation géographique : une fleuve (la Tage), son estuaire, facteur, plus tard, de développement économique ; ses collines qui tombent sur la Tage ; une motivation géostratégique pour la construction d’un château, des enceintes, des systèmes de fortification chaque fois plus complexes ; une croissance lié au fleuve, à son port, avec quelques incursions industrielles vers l’intérieur (Ajuda, Alcântara, Amoreiras), là ou la géographie le permet, ou un cours de rivière le facilite. C’est surtout à partir de la période de l’industrialisation que Lisbonne, comme la plupart des villes européennes, s’interroge sur son urbanisme : comment construire son avenir, comment s’organiser du point de vue démographique, des accessibilités, de sa centralité ? La complexité, l’exigeante demande de logement, d’organisation industrielle, vont être à la base de la pensée urbanistique à Lisbonne. C’est à ce moment que la ville devient un objet complexe, que s’introduit Le terme « Baixa » a même été exporté hors Lisbonne et a pris le même significat de Downtown, un lieu de commerce où les fonctions urbaines les plus importantes co-existent. 9 Bairro Alto: reconnu comme le premier projet d’expansion de la ville hors ses murs, de façon intentionnel, programmée et obéi ssant à un dessin plus au moins défini (sec.XV). Le projet du Bairro Alto a été fait sur la coline de São Francisco, le long de la muraille fernandine et était nommé primitivement Vila Nova de Andrade. Il s’agissait de grandes propriétés appartenant à la famille d’un astrologue et chirurgien juif qui avait été contraint, à la suite des persécutions, de vendre ses terrains à la famille Andrade. L’urbanisation suit un dessin orthogonal coupé en deux parties distinctes : la partie la plus basse, rapidement lotie, est devenue très populaire, alors que les terrains situés plus haut, ont été acquis par des aristocrates qui, de façon plus lente, édifièrent leurs hôtels particuliers. 8 [email protected] 5/11 le besoin de la regarder à nouveau pour la redessiner et la réorganiser avec les nouvelles méthodes scientifiques. L'urbanisme entendu comme science humaine qui permet et définit l'organisation de la ville, n’est introduit à Lisbonne qu’à partir des années 1930, mais la réflexion avait commencé déjà dans les plans de la ville et surtout dès le début de siècle dans les récits et critiques littéraires10 aussi bien que dans les premiers projets d’ensemble pour la ville de Lisbonne. Ce « cycle » de l’urbanisme se positionne, donc, dans le XX e siècle. D’une part l’anonce d’une troisième voie pour la production de la ville, « entre celle du prince et celle de l’artiste »11, ce qu’on a appelé l’urbanisme démocratique, fondée sur les idées de transdisciplinarité12, la participation et pluralité des acteurs et l’articulation des échelles, fait prévoir la fin du cycle de l’urbanisme entendu comme science de l’aménagement de la ville. D’autre part, l’évolution de l’idée de ville elle-même, ne rend plus possible cette vision de la transformation urbaine13. L’idée de transurbanisme14 comme une méthode de produire l’urbain dans l’age de la globalisation, ferait, donc, prévoir une nouvelle étape de l’urbanisme que fermerait ce cycle sur lequel on ira travailler. 3. Délimitation de l’objet d’étude et méthodologie suivie pour la recherche La question des limites dans le cadre urbain, pose toujours des problèmes. Dans ce cas il y a 2 types de délimitation. D’une part une délimitation formelle (espace et temps), mais aussi conceptuelle (le dessin et le projet de ville : comment ça se forme, une ville, comment ça évolue ; la pensée urbanistique, les façons et progrès dans la construction de la ville). En ce que concerne la délimitation temporel on pourrait dire que la question est un peu plus simple : le XX e siècle est déjà bien délimité et pour l’étude de l’urbanisme il représente un moment concret qu’on peut détacher, même s’on a déjà vue que pour Lisbonne le XVIII e siècle a eu une importance capital pour cette prise de conscience de l’urbain et pour le regard sur la ville. Mais la question de la délimitation physique de Lisbonne pose beaucoup plus de problèmes. C’est la question ville/métropole/urbain/métapole qu’on aura besoin de discuter pour pouvoir découper ce morceau de Lisbonne. Il y aura plusieurs Lisbonnes, à des échelles différents : tout d’abord une Lisbonne métropolitaine, qu’on aura besoin d’étudier aussi. 10 Le débat à été introduit a Portugal par les hygiénistes, comme Ricardo Jorge, qui ont dénoncé le cadre de vie misérable des classes ouvrières. La tuberculose constituait une énorme menace pour toutes les classes sociales et ce qui a d’abord commencé pour attendre les classes populaires s’a propagé à l’ensemble de la société. Mis à part celui de Ricardo Jorge, que fut chargé de mission à Lisbonne pour l’étude de l’épidémie de 1894, les principaux noms liés à ce période pré urbanistique dans la ville de Lisbonne seront le conseiller Augusto Fuschini, qu’a plusieurs fois posé la question au Parlement, les ingénieurs Oliveira Simões et Augusto Montenegro, qui a été chargé des premières enquêtes à l’habitation à Lisbonne, l’écrivain et utopiste Fialho de Almeida et le peintre et intellectuel Guilherme Santa-Rita. 11 C.f. LOUBIÈRE, Antoine, « Réponse à Marcel Belliot » in Urbanisme, n. º 340, 2005. 12 Déjà pas inter ou pluridisciplinarité, mais plutôt une idée de transposition de plusieurs disciplines pour créer une discipline de l’urbain, l’urbanisme, l’aménagement urbain, un regard croisé. 13 « Urbanism is today no longer possible simply because the notion of the city on which it was based ceased to exist some time ago » in MULDER, Arjen et Joke BROWER (eds.), Transurbanism, Roterdão, V2 Publishing / Nai Publishers, 2002, p.17 . 14 Idem. [email protected] 6/11 Pour aider à ce découpage de l’urbain on peut se retenir sur les mots centre et périphérie qui ont été empruntés des traités de la géométrie du XVIII e siècle et introduits dans le langage savant des géographes et aménageurs au moment où ils ont eu cette ambition d’étudier la ville de façon scientifique. 15 L’utilisation du terme aire urbaine16 commence à substituer le mot ville à la mesure où les limites de la ville sont chaque fois plus difficiles à reconnaître. Cette définition et utilisation suppose la compréhension du phénomène de globalisation sur les villes : les métapoles distendues et désarticulées, les citadins de plus en plus autonomes mais aussi plus différents et inégaux. Le mot métapole17, étymologiquement, signifie « au-delà de la ville ». Ses caractéristiques morphologiques son l’étalement, la discontinuité, l’hétérogénéité et la multipolarité. Au contraire de la métropole, rend compte non seulement des très grandes agglomérations de plusieurs centaines de milliers d’habitants, voire de millions (comme le cas de Lisbonne), mais aussi des aires urbaines plus petites, ou encore des réseaux de villes proches qui présentent ces mêmes caractéristiques. C’est la substitution de la ville, de son réseau de protection délimité (l’idée d’enceinte), avec un centre et une périphérie plus au moins distendue (mais reconnaissable), par une entité urbaine polarisée, avec plusieurs centralités, une nouvelle étape dans l’histoire urbaine, une espèce de post-ville. Alors, Lisbonne elle est toujours délimitable, présente un centre fort, tertiairisé, à la même fois historique et géographiquement centrale et une périphérie, un territoire bien moins réglé, moins dense, ce qui fait supposer qu’il est encore possible de parler de ville pour le cas de Lisbonne. La réflexion se focalise sur ce lieu central dans le cadre métropolitain et national, sur l’évolution de la façon de le régler dans le XX e siècle. L’analyse de la couronne urbaine de Lisbonne, territoire partagé constituant une frontière urbaine de transition entre le centre et la périphérie métropolitaine, sera approfondie comme étude de cas, notamment le territoire du Parc Périphérique de Lisbonne et de la Valée d’Ameixoeira. En tous cas, la croissance de la ville vers l’ouest, programmée dans les années 30 par l’État et par l’urbaniste Donat-Alfred Agache, a eu une telle importance, que le continuum urbain est en fait une réalité aujourd’hui. Agache a critiqué la croissance de la ville vers le Nord qu’il a considéré « en quelque sorte, à contre sens, puisque, à l'ouest, côté vers lequel les villes se dirigent en général, Lisbonne aurait dû s'étendre le long de la «costa do sol» (côte du soleil) région en bordure du fleuve et admirablement orientée »18. Le Sud de Lisbonne présente un découpage naturel, la Tage ; le côté Nord présente encore des caractéristiques de couronne urbaine désintégré et peu cohérente que pourrait justifier une découpage de la ville a partir de cette périphérie ; l’Est aussi, même si les récents projets de l’Exposition Universelle de 1998 dans le limite nord-est de Lisbonne ont eu cette capacité de créer un tissu dessiné (voir urbain) et une 15 Dans le sens géométrique, le centre serait le point intérieur situé à égale distance de tous les points d'une circonférence ou d’une sphère ; la périphérie serait la ligne qui délimite une figure plane curviligne, une surface circulaire ou ovale ou la surface extérieur d’un volume. L’usage des mots centre et périphérie dans le cadre urbain serait ainsi lié a une tentative d’encadrement scientifique, d’essai de régler la ville selon aussi des signifiants d’une précision presque mathématique, dans ce cas selon une découpage géométrique. 16 Un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci (INSEE, avril 2005). 17 Terme proposé par François ASCHER, dans son livre Métapolis ou l'Avenir des Villes, Paris, Odile Jacob, 1995. 18 C.f. « Un travail régional d'urbanisation au Portugal : la Costa do Sol (extension Ouest de Lisbonne) », in Le Musée Social, Séance du 15 mars 1935 de la Section d’hygiène urbaine et rurale, pp.143-144. [email protected] 7/11 tentative de relation avec le municipe voisin, Loures. Mais le continuum urbanisé du côté Ouest de la ville est très clair, même si dans l’imaginaire des habitants les limites de la ville sont encore visibles. Alors ont pourrait dire, en manquant une raison plus formel, qu’il s’agit de faire l’histoire de l’urbanisme d’un morceau de ville, la Lisbonne découpé par les administrations, que jusqu’au milieu du siècle a eu une significat aussi visible et identifiable et que, à ce moment, présente déjà des caractéristiques de la plupart des métropoles contemporaines : assez difficile délimitation, continuum urbain avec les communes voisines, une périphérie distendue et asymétrique. En ce qui concerne la méthodologie suivie pour la recherche, l’information recueillie dans les archives et bibliothèques est groupée selon des bases de données thématiques : d’une part une base de données bibliographiques ; d’autre part une grande base de données que regroupe les définitions, les entités (urbanistes, élus municipaux, ateliers...)et les plans. Cette base de données permettra une relation avec les lieux de la ville et les réorganiser thématiquement avec l’aide d’un outil du type arcView pour créer un système d’information géographique que nous permet d’étudier l’évolution des modèles d’urbanisation dans le XX e siècle. Dans une dizaine de plans de Lisbonne, on pourra visualiser les dix décennies : les lieux les plus urbanisées, qui a été plus engagé dans cette transformation (l’état, les particuliers, etc.), ce qu’a été exécuté, les projets abandonnés, etc.. Les plans régionales et municipaux devront être étudiés de plus près, pour essayer de comprendre son évolution et les réseaux de ses principaux agents et acteurs. Notamment les plans directeurs de 1903 (Ressano Garcia), de 1927 (Forestier), de 1938/48 (Faria da Costa / De Gröer), de 1954-59 (Guimarães Lobato/GEU), de 1963/67 (Meyer-Heine), de 1994 (Plan Directeur Municipal en vigueur, en révision à présent), produite à la suite du Plan Stratégique de 1992. En même temps, un cadre synoptique permet d’établir des comparaisons avec les principaux moments de cette recherche, soit en Portugal, soit à l’étranger. Mis à part le cas des plans directeurs de la ville, qui doivent être étudiés avec l’aide d’une grille d’analyse spécifique, notre recherche doit faire un choix de cas représentatifs des modèles employés à l’échelle locale. Pour chaque décennie il faudra procéder au choix d’un cas, et avec l’aide soit de la consultation des archives, soit de l’interview, essayer de mieux comprendre l’application et les conséquences des méthodes appliquées sur le processus d’urbanisation de la ville. Au contraire de ce qu’on pourrait imaginer, ce sont les moments entre deux plans directeurs, qui peuvent aider à reconnaître l’affirmation d’un urbanisme de Lisbonne. Ce n’est pas seulement chaque plan per se qui peut aider à comprendre cette évolution mais plutôt les moments de transition entre plans et les choix qu’ont été faits à ces moments. Le rapport Auzelle est exemplaire de cette idée de continuité. Le 16 février 1962, Robert Auzelle est invité à participer à la discussion du nouveau plan directeur du Gabinete de Estudos de Urbanização cordonné par l’ingénieur Guimarães Lobato. C’est une lettre du président de la Câmara Municipal de Lisboa qui invite Robert Auzelle et a laquelle Auzelle répond en précisant ses conditions : se faire aider par son associé Ivan Jankovic, architecte et urbaniste, que ferait les [email protected] 8/11 travaux d’analyse à Lisbonne, une personne parlant français qui puisse l’informer des enquêtes déjà faites, des problèmes posés sur le moment et des solutions choisies, un ou deux collaborateurs, et un moyen de locomotion. L’invitation pour « renouveler ce qu’il avait fait à Porto »19 est faite personnellement par l’ingénieur Manuel Duarte Moreira de Sá e Mello, Directeur des Services d’Urbanisation du Ministério das Obras Públicas, avec qui Auzelle avait déjà travaillé pour les plans d’Aveiro et Porto. La correspondance entre Auzelle et les Portugais, conservée dans le fonds Auzelle de l’Institut français d’Architecture, permet de reconstituer presque tous les pas de ce période : l’élaboration du rapport, les méthodes suivies par son équipe, les réseaux établis par les urbanistes et politiciens. Après la réalisation de son rapport, qui est plutôt une étude sur la ville de Lisbonne, Auzelle va décliner l’invitation pour « renouveler ce qu’il avait fait à Porto » pour des raisons personnelles aussi bien que parce qu’il n’arrive pas à faire valider ses points de vue en ce qui concerne la création d’une structure métropolitaine20. Le maire a été visiblement déçu avec cette réponse. Dans une lettre de 6 février 1963 , 21 França Borges se déclare « beaucoup contristé » par la décision d’Auzelle, et, en faite il ajoute : « J’espère que vous n’oubliez pas la ville de Lisbonne en lui donnant toujours un peu d’attention, d’expérience, et du votre bon conseil ». Il demande à Auzelle « une dernière faveur » : de lui indiquer le nom d’un autre urbaniste pour être en charge du Plan de Lisbonne. Le bon conseil d’Auzelle est suivi et Georges Meyer-Heine, qui a été collègue de Robert Auzelle à l’Institut d’Urbanisme de Paris, est invité pour prendre en charge le Plan Directeur d’Urbanisation de Lisbonne, ce qui marquera une continuité avec l’urbanisme de l’IUP dans l’histoire de Lisbonne. Ce serait, donc, un moment décisif en ce qui concerne l’option pour un urbanisme selon l’école d’urbanisme de Paris. 4. Une thèse sur la ville de Lisbonne... à Paris On pourrait se demander, finalement : Que fait-je ici ? Pourquoi suis-je à Paris pour étudier Lisbonne ? Il y a des raisons aussi bien personnelles que professionnels. En ce qui concerne les raisons professionnels, tout d’abord par tradition : l’étude de l‘urbanisme en Portugal n’existait pas jusqu’aux années 90, donc la tradition a fait consacrer une 19 Expression utilisé par Auzelle en citant l’invitation de M. Sá e Mello, en lettre de 23 octobre 1962 à l’architecte José Raphael Botelho (Institut français d’Architecture : Auzelle, Robert (1913-1983), Fonds n° 242 IFA, RA 47/24) « Or, en ce que concerne la ville de Lisbonne, il n’est pas possible de définir un programme en dehors du Grand Lisbonne et sans une participation active et suivie du gouvernement. Je sais bien que le Plan Régional existe dans les textes et qu’une administration technique assure la responsabilité de son exécution. Mais cette administration ne souffre-t-elle pas de l’absence de programme. [sic] Je crois donc que la création du comité temporaire proposé dans notre rapport pour une durée de 12 mois doit permettre : 1º - de fixer l’orientation de l’évolution de ce que j’appelle le Grand Lisbonne et qui constituera en fait le programme d’action pour le Plan Régional qui peut substituer intégralement à la condition d’être sous la dépendance temporaire de ce comité ; 2º - de préciser le programme d’aménagement de la ville de Lisbonne à partir de ce qu’il nous sera possible, vous et nous, de travailler valablement. » Lettre de Robert Auzelle de 30 octobre de 1962 à Raphael Botelho, architecte invité pour être responsable de l’agence d’urbanisme a créer dans le cadre du futur Plan Directeur de Lisbonne, mais que ne jamais été crée. (Institut français d’Architecture : Auzelle, Robert (19131983), Fonds n° 242 IFA, RA 47/24) 21 C.f. Ibidem 20 [email protected] 9/11 période à l’étranger, soit en France, aux Etats-Unis, en Angleterre, plus récemment à Barcelone. Dans autres disciplines aussi, on pourrait dire qu’il existe une tradition de l’étude post-graduée à l’étranger. Le récent phénomène de « fuite » des jeunes chercheurs français vers les Universités pour la plupart aux Etats-Unis et au Canada fait aussi parti d’une même expérience de trasnationalisation de l’enseignement et d’une façon plus générale de la culture. C’est vrai que le fait de prendre distance nous oblige à repenser notre objet d’étude et nous permet de, dans ce cas, regarder Lisbonne, son développement, ses agents, ses acteurs dans une nouvelle perspective. Ce repositionnement temporaire nous emmène à repenser la ville avec un nouveau regard, à repenser nous-mêmes, ce qu’on a lu, ce qu’on a crû pendant un moment. Le regard sur une autre réalité, sur d’autres échelles, sur d’autres exemples, peut, paradoxalement, aider à une meilleure compréhension de nous-mêmes. Mais il en a aussi des raisons plutôt objectives : Paris a eu toujours une immense influence sur les autres villes, comme ville exportatrice de modèles d’urbanisation. L’absence, voir introduction tardive, de formation spécifique en urbanisme au Portugal a laissé un champ ouvert à l’intervention étrangère et dans le cas de la ville de Lisbonne c’était vraiment les urbanistes français qu’ont profité de cette absence. Plusieurs architectes portugais, dans cette absence d’enseignement spécifique, ont fait leurs études d’urbanisme en France. Donc : d’une part l’influence de Paris comme ville exportatrice de modèles urbanistiques et d’autre part aussi la participation des urbanistes français22 est présente dans la création et expansion de la pensée urbanistique au Portugal et aussi à Lisbonne. Quelques archives françaises gardent encore la mémoire de cette collaboration entre les deux pays, notamment les archives de l’Institut Français d’Architecture, les Archives d’architecture du XX e siècle, situés à la rue de Tolbiac ou se trouve le fonds Auzelle. D’autres archives aussi utilisables se trouvent à l’Institut d’Urbanisme de Paris, à la Bibliothèque Nationale de France, au Centre de Documentation d’Urbanisme du Ministère de l’Équipement, des Transports, de l’Aménagement du Territoire, du Tourisme et de la Mer, les Archives Nationales et encore dans quelques Archives Départementales où se trouvent des fonds d’architectes qu’ont travaillé à Lisbonne23. L’étude des modèles urbanistiques per se et de son développement et évolution constitue, finalement, un objet d’étude plus facilement accessible à partir d’une ville comme Paris. 5. Quelques doutes dans ce moment de la recherche Il est encore impossible de faire des conclusions, puisque ce travail a seulement commencé, mais il y a déjà quelques doutes : 22 23 Forestier - 1927, Agache - 1933, De Gröer – 1938/48, Robert Auzelle et Ivan Jankovic - 1962, Meyer-Heine – 1963/67 La mémoire de cette collaboration est, bien sûr, aussi présente à Lisbonne, surtout dans les archives de la Mairie de Lisbonne, mais aussi dans les archives de la Fondation Calouste Gulbenkian, dans l’Ecole d’Architecture de Lisbonne et dans l’Ordem dos Arquitectos. [email protected] 10/11 Comment évaluer ou analyser les solutions de continuité dans le travail des urbanistes à Lisbonne ? L’idée d’étudier la cohérence de l’urbanisme et ses pratiques est présente dès le début du projet de thèse mais comment peut-on évaluer l’évolution des politiques urbaines sur Lisbonne et surtout ses continuités et ses moments de rupture ? Est-ce que le rapport Auzelle de 1962 représente un moment de continuité ? L’abandon du plan « portugais » pour l’invitation d’un urbaniste français (Meyer-Heine) qui conduit à la continuation d’un urbanisme étranger : Est-ce une continuité avec le travail de l’IUP et l’exportation de l’urbanisme français ou, au contraire, est-ce une interférence continuée avec la tradition de l’urbanistique portugais ? Ou, finalement, est-ce une inertie de la part des architectes et urbanistes portugais que n’ont pas su combattre pour son projet de ville ? D’autre part, comment équilibrer la recherche de tous ses moments ? À la mesure où on découvre des fonds d’archives et où on s’intéresse sur des moments précis on a l’impression de majorer l’importance de certains événements par rapport à d’autres. Comment comprendre le paradoxe des modèles imposés par le régime d’un dictateur (par exemple dans le Plan de Alvalade, de Faria da Costa) ? L’implémentation d’une ville sans classes, d’échelle non contrainte, avec l’aide des instruments outrés (par exemple le code des expropriations) ; un urbanisme « fasciste » qui va chercher ses racines dans le Musée Social, une institution pour la mise en valeur de l’homme, qui est à la base du système français de protection sociale, de l'Etat providence en France et qui a joué un rôle décisif dans le débat sur la réforme sociale dès la fin du XIX e siècle. Comment évaluer la participation des acteurs passifs, notamment la population, dans les politiques de la ville ? Ce serait un peut l’esprit de la ville, la réception des grands travaux de l’urbanisme, la répercussion qu’ils ont eu sur les habitants de la ville de Lisbonne qui est présent dans le cinéma portugais faisant écho, par exemple, dans le film de 1937, Maria Papoila de Leitão de Barros, de la grande monumentalité de la nouvelle échelle de l’État Nouveau dans l’ensemble moderne de l’Institut Supérieur Technique, sur le peuple… Aussi dans la musique… Une chanson populaire regrette le mariage Lisbonne-Paris (Lisboa não sejas francesa) et l’importation des modèles étrangers. Comment mesurer cette force implicite cachée dans l’évolution des idées sur la ville ? Finalement et pour reprendre la question de l’étude de la ville de Lisbonne à Paris : pourquoi suisje ici ? Je suis ici pour vous écouter. [email protected] 11/11