Le but de SIDABLOG est d’exposer, par le biais de lettres d’informations bimensuelles accessibles à tous,
le contenu d’articles scientifiques récemment publiés dans les plus importantes revues internationales.
Comment l’interleukine-7 pourrait renforcer nos défenses
L’une des caractéristiques du VIH est de persister au sein de l’organisme infecté. Pour cela, l’une
de ses tactiques, c’est de neutraliser les défenses immunitaires. Cependant, ce mécanisme reste
globalement mal compris. Les comprendre ouvrirait pourtant des voies thérapeutiques. De récentes études
réalisées in vivo sur des souris infectées permettent justement de mieux saisir comment une protéine
naturelle, l’interleukine-7 (IL-7), pourrait rétablir nos défenses immunitaires.
En effet, les interactions entre le virus lymphatique chorimeningitis (LCMV) et le système
immunitaire de la souris ressemblent à l’infection chez l’homme par le VIH. Ce virus entraîne des
infections chroniques associées à une réplication virale massive. Comme dans le cas du VIH, il altère la
réponse immunitaire qui pourrait l’éliminer. Différentes équipes de recherche utilisent donc ce modèle
pour comprendre les interactions entre les virus à infection lente et le système immunitaire.
Ces animaux de laboratoire sont notamment un outil précieux pour étudier les interleukines. Il
s’agit de protéines naturelles qui servent de médiateurs entre cellules du système immunitaire. L’une
d’entre elles, l’IL-7, permet de maintenir la quantité de lymphocytes T en stimulant la production de
nouvelles cellules ou en agissant directement sur eux. On voudrait donc les utiliser pour surmonter les
dégradations provoquées par certains virus. L’IL7 a déjà été testée chez des singes infectés ce qui a
permis de réduire la charge virale, bien que l’on en comprenne encore mal le détail.
Ainsi des chercheurs se sont penchés sur les effets biologiques de l’IL-7. Ils l’ont administrée à
des souris infectés par LCMV clone 13 et ont étudié la réponse immunitaire associée. Ils ont en effet
montré que l’IL-7 protège et restaure la réponse immunitaire : l’IL-7 permet d’augmenter le nombre de
lymphocytes T, qu’ils participent à la réponse contre le virus ou non. Ils ont ainsi observé une diminution
de la charge virale et ont mesuré une augmentation de la quantité d’autres interleukines, en particulier
l’interleukine-22
qui protège le foie.
Ces chercheurs ont également montré que l’IL-7 agit en réduisant le nombre de protéines
cellulaires Soc3. Il s’agit de molécules qui inhibent la prolifération des cellules T. En dehors de toute
infection, ces dernières sont nécessaires, mais en cas d’infection par le VIH, elles deviennent
paradoxalement handicapantes. Il en va de même pour le facteur PD-1
qui dérégule les fonctions
antivirales dans les cellules infectées. Celui-ci est bloqué par l’IL-7.
Ainsi le traitement via l’IL-7 permet d’inhiber Soc3 et PD-1 : l’inactivation de ces deux
régulateurs de la réponse immunitaire entraîne une augmentation du nombre et des fonctions des cellules
T ainsi qu’une diminution de la charge virale. Ces données suggèrent que l’IL-7 pourrait être utilisée en
traitement complémentaire des maladies virales chroniques liées au VIH ou au virus de l’hépatite C.
Toutefois, rappelons qu’une autre interleukine, l’IL-2, a suscité un certain enthousiasme. Mais,
paradoxalement, même si elle augmente le nombre de lymphocytes T CD4+, elle n’a pas d’effet sur la
maladie : elle stimule également les lymphocytes T régulateurs (Tregs) qui affaiblissent nos défenses.
Concernant l’Il-7, les chercheurs ont montré qu’elle limiterait la quantité de Tregs. Il faut donc suivre
avec intérêt les travaux sur l’IL-7.
IL-7 favorise la différentiation des cellules Th17 source majeure de l’IL-22.
Voir lettre SIDABLOG n°36 et 45.
Lettre bimensuelle n°53 (16-28 février 2011)