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http://archives.tsr.ch/player/guillemin-commune1 (17/04/71) radio télévisions suisse
La COMMUNE
Raconté par Henri GUILLEMIN
1. La révolution française Pour estimer La Commune, il faut remonter à la
Révolution.
« Croire à l’histoire officielle c’est croire des criminels sur parole » Simone Weil.
La commune c’est une histoire atroce. Elle commence le 18 mars 1871.
Il faut remonter 80 ans en arrière avant la révolution française.
Le mouvement de 1789, c’est une nouvelle classe française, la bourgeoisie, qui au cours du 18ème siècle
prend conscience de son existence, ils ont la richesse mobilière (les banques, les manufactures, le grand
commerce etc…) mais ils n’ont pas accès au pouvoir.
La richesse immobilière, (la terre) ce sont les aristocrates et le clergé qui possèdent tout.
La bourgeoisie est exaspérée de voir que le pouvoir est entre les mains de l’aristocratie, elle veut s’en
emparer.
Il lui faudra attendre 1830 pour que cela se réalise.
Entre 1789 et 1792, c’est la lutte entre aristocrates et bourgeois.
Voltaire disait : « Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est
nourrit par lui et le gouverne. »
1er incident : 10/08/92 le peuple est dans la rue (commune insurrectionnelle de Paris)
La plèbe (les pauvres ou « la cariatide », comme disait Victor Hugo, sur le dos desquels le
festin des riches se passait !!!) se mêle de ce qui ne la regarde pas. Le Roi est déchu.
C’est odieux pour l’aristocratie, il faudra 2 ans pour en venir à bout : 9 thermidor (27/07/94) chute de
Robespierre et 18 brumaire (9/11/99) Bonaparte s’empare de la République et l’étrangle !!
La bourgeoisie dans un premier temps se réjouit, il lui semble qu’elle va régner tranquillement mais
Bonaparte en devenant Napoléon, tourne mal. Il fait trop de guerres !
Il a tellement besoin d’hommes qu’il envoie au front tout le monde, y compris les fils de bourgeois !!
Ce qui n’était pas le cas auparavant, on avait recours aux exemptions et rachat de conscription : on payait
un pauvre pour aller se faire tuer à la place d’un riche !
De plus la bourgeoisie croit bénéficier du blocus continental. Erreur : les bénéfices s’effondrent !!
Le soutien naturel de la bourgeoisie à l’Empire se retire, c’est la chute de 1815 et l’arrivée de la
Restauration, et….. le retour en force de l’aristocratie.
En 1830 sous le règne de Louis Philippe, enfin, la bourgeoisie prend le pouvoir. C’est un régime de
banquiers, le paradis ; ils tiennent tout, l’Etat c’est eux. Cela va durer 18 ans.
2ème incident : 24/02/1848 : résurrection de la république avec le prolétariat qui est en arme dans
les rues de Paris. Il faudra 4 à 5 mois pour en venir à bout en deux étapes : les journées de juin et
le coup d’état du 2/12/1848 de Louis Napoléon Bonaparte qui lui permet de devenir Président de
la République puis Empereur. C’est magnifique !!! (sic)
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C’est une restauration perfectionnée de la dictature bourgeoise à partir de 1851. On ne peut imaginer
mieux : apparition du Crédit Lyonnais, le Crédit foncier, le Crédit Immobilier, la Société Générale etc…..
En 1867, loi sur les sociétés anonymes.
Le président de la Chambre des députés est en même temps, le patron du Creusot (Forges et futur empire
sidérurgique Schneider), président du comité des Forges, le régent de la Banque de France, et
administrateur de la Société Générale !!! C’est un régime stable et sérieux !!!
Quant à la condition ouvrière, c’est une horreur !!
L’apparition des machines, à partir de la Restauration, permet de faire travailler les… enfants !
Ils font le même travail qu’un adulte mais sont payés le quart !!! Ce qui permet la constitution de fortunes
énormes, des bénéfices gigantesques, une opulence prodigieuse !
Une loi de 1841 prétendait contrôler le travail des enfants mais en 1868, il y a 99150 enfants de 5 à 13 ans
encore au travail (cela rapporte bien !)
Entre 1851 et 1870, les salaires avaient augmenté de 15 % mais le coût de la vie avait augmenté de 45 % !
La situation ouvrière est donc pire à la fin du second Empire qu’au début.
En 1862, dans un rapport rédigé par le Baron Haussmann (publié !) on lit ceci : « dans la population
parisienne de 1,7 M d’habitants, on compte plus d’1 M d’indigents » !!!!
Il y a évidemment des « grincements » dans cette belle mécanique.
Louis Napoléon Bonaparte devenu Napoléon III qui s’intéresse sincèrement à la condition ouvrière,
permet en 1864 la loi Ollivier qui abolit le délit de coalition ouvrière qui avait été mis en place par la loi
Le chapelier en 1791. (Interdiction de se réunir et d’enchérir le salaire, abolition du compagnonnage.)
En 1864, création à Londres de l’Association Internationale des Travailleurs dite « L’Internationale »
En 1869, il y aurait 60.000 membres en France, c’est beaucoup ! Il y aura des procès et des peines de
prison !
( En 1864, en marge de l'exposition universelle de Londres, des militants ouvriers européens se rencontrent et fondent l'Association
Internationale des Travailleurs. L'objectif est de réaliser une union mondiale des ouvriers afin de créer un front commun de lutte pour
l'amélioration de leurs conditions de vie, voir plus loin, pour la conquête de la société. C'est un pas décisif qui est franchi pour le mouvement
ouvrier, répondant au fameux appel lancé par Marx et Engels, 16 ans plus tôt : « Prolétaires de tous les pays, unissez vous ».
Les militants français vont y jouer un rôle important et vont créer des sections un peu partout en France.
Source : http://chipluvrio.free.fr/yin-yang-terre/terrep2/terre2-4.html )
La « cariatide », le peuple, commence à bouger !
Napoléon III qui se voit en Empereur libéral appelle au pouvoir un civil, Emile Ollivier, qui déclare le
2 janvier 1870 ; « je suis là pour prendre la révolution à bras le corps ! »
Il est optimiste car dès le 12 janvier lors des obsèques de Victor Noir, un journaliste tué pat un neveu de
Napoléon III, il y a 200 000 hommes sur les Champs Elysées prêts à renverser l’Empire.
On finit par les calmer mais on a eu chaud !!!
Napoléon III décide pour asseoir son pouvoir décide d’avoir recourt à un plébiscite en mai 1870.
Grosse majorité de oui dans les campagnes mais dans presque toutes les grandes villes et à Paris c’est le
non qui l’emporte.
A Paris ; 183000 non pour 134000 oui ! Paris est hostile au régime, de plus, il y a des grèves, la situation
est alarmante.
Surgit la vieille idée de porter l’attention vers la frontière pour régler un problème intérieur.
La patrie est en danger, tout le monde « sur le pont » même si c’est nous qui attaquons !!!
Aucune inquiétude, la guerre sera rapide, notre armée est puissante, on gagnera, on aura la gloire pour
longtemps, à l’attaque !!!!
On déclare donc la guerre à la Prusse alors que nos intérêts ne sont pas vraiment menacés, uniquement
pour désamorcer le danger intérieur du prolétariat en révolte.
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Dès le début, c’est la catastrophe ; la mobilisation est misérable, le Général Lebœuf qui prétend que
« l’armée est prête jusqu’au dernier bouton de guêtre ! » n’a rien préparé, l’organisation est une
cacophonie !!
Dès le 4 aout, première défaite de l’armée française à Wissembourg, suivie le 6 aout par deux autres
défaites.
Et le 2 septembre c’est la catastrophe de Sedan, toute l’armée française et son chef Napoléon III sont fait
prisonniers.
Ce qui suit n’est pas du tout conforme à l’histoire officielle mais c’est la vérité.
A Paris, un groupe de députés se précipite à l’Hôtel de ville et se proclame le gouvernement provisoire.
Ils représentent une opposition républicaine « arrangeante », c’est le gouvernement dit des Jules : Jules
Simon, Jules Favre, Jules Ferry, et le militaire Jules Trochu.
Le journal « l’Illustration » publie la semaine suivante ce texte : « Il faut rendre justice à ces gouvernants
d’avoir fait tout leur effort pour éviter la proclamation de la république. »
Mais pourquoi donc ? Mais parce que les faubourgs sont pleins d’internationalistes et de socialistes qui
menacent de descendre sur l’hôtel de ville, et constituer un gouvernement socialiste vraiment républicain.
Leur précipitation n’a qu’un but, c’est de court-circuiter ce mouvement populaire.
Ils ont, aux dernières élections en mai 1869, vu se dresser devant eux des candidats d’extrême gauche :
Jules Vallès devant Jules Simon, Henri Rochefort contre Jules Favre, qui sera élu grâce aux voix de la
droite !!
Ils sont terrifiés par l’idée que cette opposition d’extrême gauche vienne constituer un gouvernement, ils
n’ont donc qu’une seule idée : que les prussiens gagnent rapidement la guerre, s’installent à Paris et
braquent leurs canons sur les faubourgs pour tenir le peuple en respect.
Les « Jules » crient donc « République ! » car la foule veut la République, (ils se souviennent de 1792 qui
avait été la 1ère publique et la victoire de Valmy contre l’envahisseur déjà la Prusse), avec ce mot là, ils
sont sûrs de vaincre, mais il est clair qu’on va bien leur donner le mot mais pas la chose.
L’extrême gauche se rallie à eux en disant : « pour l’instant nous voulons chasser l’envahisseur, pour
notre programme politique, on verra plus tard ».
On ne peut faire mieux.
Mais voudraient-ils se battre qu’ils ne le pourraient pas car tous les généraux sont des créatures de
l’Empire et pour rien au monde, ils ne risqueraient l’arrivée de la République.
Ils sont résolus à l’inertie la plus totale.
Jules Favre se met à pousser de grands cris : « Pas un pouce de notre territoire, pas une pierre de nos
forteresses, on ne donnera rien à, l’ennemi ! » Le même personnage, en catimini, va trouver Bismarck,
qui s’est installé à Versailles, pour lui dire : « on les connaît vos buts de guerre, vous voulez l’Alsace et la
Lorraine, Strasbourg et Metz. C’est d’accord on vous les donnera, il ne faut pas que les parisiens s’en
doute, on leur présentera cela sous une forme d’armistice, vous pouvez être tranquille !»
Pourquoi « les Jules » ont-ils cette facilité d’abandonner une grande partie du territoire national ?
Parce que ce n’est pas le problème ! Qu’est ce que cela peut faire qu’il y ait 2 provinces en moins !
Le plus grave, l’essentiel ce sont les structure économiques et sociales, Une république socialiste
remettrait tout cela en cause, c’est impossible. Donc, pas d’hésitation, on ampute le territoire pour pouvoir
préserver l’ordre établi et préserver le système voltairien du petit nombre qui gouverne le grand nombre.
Mais ce n’est guère commode de faire avaler cela à l’opinion, quand on vient de crier « résistance,
résistance ! » alors que l’on ne veut pas la faire
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L’unique moyen c’est : la duplicité !!
Ils vont faire croire, faire semblant de faire de la résistance alors qu’ils n’ont qu’une pensée : la
capitulation au plus vite ! C’est de la haute voltige !
L’extrême gauche va rapidement s’apercevoir qu’on est en train de les rouler.
Auguste Blanqui qui représente la gauche la plus rouge (il a passé une grande partie de sa vie en prison,
37 ans) va créer, début septembre, un journal : « La Patrie en danger », dans lequel il invite d’abord à
l’union sacrée derrière ce gouvernement de défense.
Mais dès le 15 septembre, il dit : « le cœur se serre au soupçon d’un immense mensonge », le 11
octobre : « la question se pose si nous ne sommes pas tous, en ce moment, les victimes d’une abominable
comédie ! »
(L’encerclement de Paris et des forts extérieurs est achevé le soir du 19 septembre, après cette première « bataille de Chatillon ».Les armées
ennemies se tiennent toujours dans un rayon de 10 à 12 kilomètres, long cordon s’étirant sur une centaine de kilomètres. C’est le premier
jour du « siège de Paris ».source wikipedia.)
Bien sûr, il y a des crises : le 31 octobre lorsque le gouvernement va dire, grâce à Mr Thiers, qu’il y a un
armistice possible. La population de Paris s’insurge, le gouvernement surnage.
Ils attendent que la famine leur permette de dire qu’on ne peut plus résister car il n’y arien à manger.
Mais Gambetta complique la vie de ces « Jules » ! C’est le seul membre du gouvernement de défense
nationale qui prend la défense nationale au sérieux !
Il est le plus jeune de la bande (32 ans), c’est un avocat devenu borgne de l’œil droit dans un accident.
On l’envoie à Tours rejoindre une délégation chargée de relayer l’action du gouvernement en province.
Là, il se dit que la France à des ressources énormes, elle peut résister à l’envahisseur prussien.
(Le général Foch plus tard Maréchal, professeur à l’école de guerre entre 1910 et 1912, dira dans son cours : »mais bien entendu qu’il y
avait des moyens de gagner la guerre ! on avait perdu Sedan, mais perdre une bataille n’est pas perdre la guerre ! La France a encore des
millions d’hommes en réserve, si on mobilise les hommes mariés et si on supprime les remplacements, on a de quoi se battre ! On a des
usines, une artillerie en province, de l’argent tant que l’on veut. Si la France veut réellement se battre, on a les moyens de renverser la
situation !)
Ce Gambetta va avoir contre lui une conjuration quasi-totale de notables, de châtelains, de grands
propriétaires, le clergé etc….. Ils sont tous terrifiés par une révolution populaire à Paris.
Il leur faut la victoire de la Prusse, le plus rapidement possible pour éloigner ce terrible danger et protéger
l’ordre établi.
Le malheureux Gambetta va voir se dresser contre lui une coalition forcenée qui ira de l’extrême droite à
la gauche républicaine, de Louis Veuillot, (journaliste et homme de lettre, catholique passionné, ardent
défenseur de l’enseignement privé) ultra clérical à Ernest Renan, anti clérical, du Comte de Falloux,
clérical jusqu’à Marcellin Berthelot, savant libre penseur, de l’archevêque de Rouen, Mgr de Bonnechose
à Madame Georges Sand, châtelaine de Nohant.
Tous les « gens de biens » (ceux qui ont du bien !), les possédants, tous les nantis, tous ceux qui
s’appellent eux-mêmes « les honnêtes gens » n’ont qu’une pensée ; c’est de « casser les reins » à cette
résistance, car elle est socialement dangereuse pour eux.
Il faut faire durer les choses en longueur jusqu’à la « crédibilité » de la famine.
On ne parle jamais de ce qu’à fait le Général Bazaine.
Il a, le 10 octobre, envoyé un émissaire, le Général Napoléon Boyer, auprès de Bismarck pour lui faire la
proposition suivant : « Permettez-moi avec mes 170000 hommes de traverser les lignes prussiennes pour
marcher sur Paris pour rétablir l’ordre !!! »
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Bismarck rétorque : « Messieurs les Généraux, je sais que vous êtes des gens biens, je vous fais
confiance mais, êtes vous sûrs que vos hommes vont vous suivre pour marcher contre les parisiens ? Si
vous voulez porter un coup de massue à la résistance, rendez vous !! »
C’est ce qu’il finira par faire le 28 octobre, il se rend avec, non seulement ses 170000 hommes !!
Mais toutes les fortifications intactes, tout le matériel, toutes les munitions !!!
C’est une vérité historique peu connu, les documents sont dans les archives.
Ces généraux qui ont reçu de la France, l’armée pour la défense nationale, transforme cette armée en
instrument de guerre civile pour essayer de fracasser les parisiens parce qu’ils sont coupables de
résistance !!
Les « Jules » vont faire trainer les choses par tous les moyens, y compris un simulacre, une fausse sortie
(Champigny) jusqu’au 28 janvier 1871.
On veut faire croire aux parisiens qu’ils vont crever de faim, Jules Favre déclare, la main sur le cœur :
« Je ne peux pas supporter l’idée que les femmes et les enfants meurent de faim, c’est affreux, c’est
terrible, je suis obligé de nous rendre aux prussiens !!!! »
C’est sinistre de voir ces gens, qui plus tard, diront la vérité.
Ils diront : « bien entendu nous ne voulions pas nous battre ! »
Le Général Trochu, quand tout sera terminé dira : « Moi, je n’ai jamais eu l’idée d’une stratégie, je
n’avais qu’une seule préoccupation, gagnez du temps jusqu'à ce qu’il soit possible de réunir l’Assemblée
Nationale, seule habilité à statuer à l’abandon des territoires exigés par la Prusse !!! »
Ils ont gagné les « Jules » !!!
Un certain Comte de Meffret, publiera un livre en leur honneur : « ils ont su triompher de la révolution
communiste à Paris et ils ont acquis par là des droits à la reconnaissance de tous les honnêtes gens »
Qu’est ce qu’ils ont fait ? : Ils ont fait une trahison.
Définition : « Un traître est un mandataire qui substitue sa volonté à celle du mandant. »
Les mandataires leur avaient dit : Résistance ! Et eux Capitulation !
Maurice Barrès (figure de proue du nationalisme français) lui-même, dans un curieux article du
20 novembre 1897, écrira noir sur blanc : « il faut dire la vérité sur les généraux de Paris en 1870, ce
n’était pas la victoire qu’il voulait, c’était la reddition, ils ont trahi la Loi Nationale. »
La femme de l’écrivain Edgard Quinet avait écrit dans son journal du siège, le 12 novembre 1870 : « Si
Paris s’aperçoit un jour qu’on la joué, le revirement sera terrible !! »
C’est cela l’origine directe de la Commune !!!!!
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