Signes cliniques de l`état de choc

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Signes cliniques de l’état de choc
Pr. Patrick Plaisance
Service des Urgences
Hôpital Lariboisière
MODULE SEMIOLOGIE AUX URGENCES
25 mars 2009
Ronétypé par : Renan Duprez
Signes cliniques de l’état de choc
Pr. Patrick Plaisance
Nota bene : ce cours fait suite au cours sur les états de choc du module Urgences mais se situe sur un aspect plus
sémiologique. Il est organisé sous forme de cas cliniques, étant originellement prévu en groupes restreints.
Sommaire
Signes cliniques de l’état de choc | 25/03/2009
CAS CLINIQUE 1 ............................................................................................................... 2
HISTOIRE DE LA MALADIE ................................................................................................. 2
QUELS SONT LES SIGNES DE GRAVITE DE CE PATIENT ? ............................................................... 3
QUELS SONT LES ELEMENTS D’INTERROGATOIRE MANQUANTS ? ................................................... 3
QUELS AUTRES SIGNES CLINIQUES VA-T-ON RECHERCHER ?......................................................... 3
SIGNES CARDIO-VASCULAIRES ..................................................................................... 4
SIGNES VENTILATOIRES ............................................................................................. 4
SIGNES NEUROLOGIQUES .......................................................................................... 4
QUELS SONT LES DIAGNOSTIQUES SUSPECTES POUR CE PATIENT ? ................................................. 4
RAPPEL SUR LES DETERMINANTS DE LA PRESSION ARTERIELLE ............................................... 4
UTILISATION DE LA PRESSION ARTERIELLE DIFFERENTIELLE .................................................. 5
IMPORTANCE DE LA FREQUENCE CARDIAQUE .................................................................. 5
SIGNES CUTANES .................................................................................................... 6
SIGNES DE DESHYDRATATION ..................................................................................... 6
CAS DU PATIENT .................................................................................................... 6
RESUME ..................................................................................................................... 7
CAS CLINIQUE 2 ............................................................................................................... 7
HISTOIRE DE LA MALADIE ................................................................................................. 7
QUELS SIGNES CLINIQUES VA-T-ON RECHERCHER ?................................................................... 7
SIGNES CARDIO-VASCULAIRES ..................................................................................... 7
SIGNES VENTILATOIRES ............................................................................................. 8
SIGNES CUTANEO-MUQUEUX ..................................................................................... 8
AUTRES SIGNES ...................................................................................................... 8
AGENTS RESPONSABLES ................................................................................................... 8
CAS CLINIQUE 3 ............................................................................................................... 9
HISTOIRE DE LA MALADIE ................................................................................................. 9
QUELS SIGNES CLINIQUES VA-T-ON RECHERCHER ?................................................................... 9
RESUME ................................................................................................................... 10
CAS CLINIQUE 4 ............................................................................................................. 10
HISTOIRE DE LA MALADIE ............................................................................................... 10
RESUME GENERAL ........................................................................................................... 11
RESUME DES SIGNES DE GRAVITE .......................................................................................... 11
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Cas clinique 1
Histoire de la maladie
A noter que le résultat de la bandelette urinaire est coté +, correspondant à peu de leucocytes et peu de sang
retrouvé. Le médecin conclut donc à un problème d’infection urinaire et propose le traitement ci-dessus :
- Antibiotique (augmentin)
- Antalgique (acupan)
- Anti-inflammatoire (profenid)
- Pansement gastrique (mopral)
Le traitement de ce médecin n’est pas très rigoureux puisqu’il donne un anti-inflammatoire, ce qui n’est pas
recommandé en cas d’infection urinaire.
Devant la douleur au niveau des crêtes iliaques, le médecin de SOS médecin conclue à une sciatique et confirme le
traitement antalgique, allant même jusqu’à donner un plus puissant, contenant des opiacés, le topalgic.
Le jour de l’intervention SAMU :
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La veille de l’intervention SAMU :
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A l’arrivée du SAMU, le patient est assis dans son bureau :
On peut noter que l’oxymètre de pouls mesure la saturation sur le sang circulant. La circulation du patient, en
particulier au bout du doigt où s’effectue la mesure, doit être bonne pour permettre la détermination de la
saturation. L’absence de saturation mesurable dans ce cas implique une mauvaise circulation chez ce patient.
Quels sont les signes de gravité de ce patient ?
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Saturation basse
Hypotension : particulièrement car il a 85 ans et qu’il devrait avoir théoriquement nettement plus. En
général, il faut demander la tension habituelle pour comparer. De plus, la différentielle est pincée.
Elle est de 25 (PAS-PAD=90-65) alors que la normale est 40.
Tachycardie : possiblement reflétant l’anxiété, mais il a une hypotension associée pouvant provoquer
une hyperactivité sympathique qui augmente la fréquence cardiaque. Le patient est au repos, il devrait
avoir autour de 80bpm.
Asthénie
Notion de malaise : c’est qu’il a eu une hypoperfusion cérébrale. L’hypoperfusion peut avoir été
importante.
Quels sont les éléments d’in terrogatoire manquants ?
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Urine-t-il plus ou moins que d’habitude ? Urine-t-il la même quantité que d’habitude ? Cela va
renseigner sur la polyurie et l’oligurie. Quelle est la couleur ? Ceci renseignera sur la concentration
sans avoir à faire une analyse d’urine sur 24h.
Type de malaise : brutal (comme la syncope, sans aucun aura) ou progressif (comme le malaise vagal,
avec des éléments avant-coureurs). Ce patient n’a pas fait de syncope, il a fait un malaise sans perte de
connaissance.
Caractérisation de la douleur abdominale : son type (crampes, brulure), sa localisation, son
irradiation. Quelle est son évolution ? Quels sont les symptômes associés ?
Ses antécédents et traitements : on connait l’antécédent urologique, mais a-t-il des antécédents
cardiologiques, diabétologique ? A-t-il été opéré, a-t-il fait un infarctus, une embolie pulmonaire ? Pour
le traitement, ne jamais oublié le traitement récent. Le patient chronique aura tendance à donner
uniquement son traitement habituel, mais oubliera volontiers les médicaments qu’il aurait pris la veille,
comme des anti-inflammatoires pour les maux de tête par exemple. Pour ce patient :
o TA habituelle 150/90
o Antécédent d’HTA
o Traitement habituel : anti-HTA
Quels autres signes cliniques va -t-on rechercher ?
Il faut être systématique :
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Signes cardio-vasculaires
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Pâleur : correspond à une diminution de l’hémoglobine dans le sang : signe de saignement.
Erythrose : signe d’hypercapnie. C’est un souci pulmonaire, il n’arrive pas a exhaler le CO2.
L’augmentation de CO2 dans le sang provoque une vasodilatation capillaire expliquant l’aspect rouge du
patient.
Marbrures : correspond à une hypoperfusion périphérique, c’est un lassis veineux bleuté de sang
désoxygéné. Les cellules en périphérie ont besoin d’oxygène pour une raison donnée, elles vont extraire
donc beaucoup plus d’oxygène produisant un sang veineux très désoxygéné. Ces marbrures se
retrouvent plus facilement sur les genoux et les coudes qui possèdent moins de tissus adipeux et
musculaire. Mais cette marbrure peut se généralisée, correspondant alors à un signe d’aggravation, d’où
l’intérêt de déshabiller complètement le patient.
Signes ventilatoires
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Polypnée (superficielle, augmentation de la fréquence respiratoire (FR) seule), tachypnée
(augmentation de la FR et du Vcourant) ou bradypnée (baisse de la FR). Se souvenir que la
ventilation=FR x Vcourant (Vcourant est normalement de 500cc). La mesure de la FR se fera en posant la
main sur l’abdomen du patient, de manière à sentir parfaitement la respiration et en mesurant cette
fréquence sur 1 min.
Façon de respirer : dyspnée inspiratoire (correspond aux voies aériennes supérieures) ou expiatoire
(correspond à un problème bronchiolaire), tirage…
Extrémités froides : correspond à la SpO2 basse, en rapport avec une vasoconstriction majeure
périphérique.
Cyanose : coloration bleutée de la peau et des téguments, ne se retrouve que sur les extrémités
(contrairement à la marbrure qui se retrouve sur le corps) : lobes d’oreille, lèvres, ongles. Elle
correspond à la désaturation de l’hémoglobine : on transporte moins d’oxygène en périphérie
artérielle. Le sang est oxygéné dans les poumons mais il y a un problème qui fait que les cellules n’ont
pas un apport artériel suffisant en oxygène.
Peut-on être pâle et avoir une cyanose ? Non. La cyanose correspond à une hémoglobine non saturée supérieure ou égale à 45g%. Si le patient est pâle, c’est qu’il a peu d’hémoglobine, trop peut pour réussir à avoir 4 à 5g%. Il ne peut donc pas être
cyanosé.
Signes neurologiques
Conscience, désorientation, somnolence
Score de Glasgow
Quels sont les diagnostiques suspectés pour ce patient ?
Rappel sur les déterminants de la pression artérielle
La pression artérielle systolique (PAS) dépend :
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Du volume d’éjection systolique dépendant lui-même de :
o La précharge : quel volume arrive au cœur ? Si on saigne, il y a peut de sang qui arrive au cœur.
o La contractilité : le cœur peut-il bien se contracter ?
De l’impédance aortique : l’élasticité de l’aorte est très importante. L’hypertendu ou l’athéromateux n’a
pas une bonne élasticité, donc à volume égale, la pression est beaucoup plus importante.
De la pression artérielle diastolique : si celle-ci baisse, la PAS baisse proportionnellement.
La pression artérielle diastolique (PAD) dépend :
- Des résistances artérielles périphériques :
o Plus le patient est vasoconstricté, plus la PAD est élevée
o Plus le patient est vasodilaté, plus PAD est basse
- De la fréquence cardiaque (FC) :
o Plus le patient a une FC élevée, plus la PAD est élevée
o Plus le patient a une FC basse, plus la PAD est basse.
Utilisation de la pression artérielle différentielle
La pression artérielle différentielle (PAd) est l’élément fondamental. Elle se calcule simplement : PAd=PASPAD.
Une PAd normale se rencontre lors de grosses vasodilatations. C’est le cas des chocs sceptiques, par réaction
contre les toxines, ou des chocs anaphylactiques, par réaction antigène/anticorps.
Une PAd pincée se retrouve lorsque l’organisme effectue une vasoconstriction pour maintenir la pression
artérielle. C’est le cas lors des chocs hémorragiques, par perte de volume sanguin, ou lors des chocs
cardiogéniques, par baisse de la capacité d’éjection du cœur.
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La distinction suivante entre choc hémorragique / cardiogénique et choc septique / anaphylactique dépendra du
contexte.
Importance de la fréquence cardiaque
Lors d’un état de choc, l’élément important est la FC et non la tension ou pression artérielle (PA).
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Il est important de remarquer qu’à cause de ce système, la PA peut être maintenue comme résultat de
l’accommodation du système, mais la FC, elle, sera toujours élevée. C’est donc elle qui sera l’élément le plus
sensible qui permet de détecter à temps quelqu’un qui n’a pas encore décompensé sa PA mais qui le fera
probablement dans les prochaines heures.
Signes cuta nés
Il faut regarder bien entendu la pâleur, en particulier au niveau des conjonctives.
Un autre signe important est le temps de recoloration cutané. Elle s’observe en appuyant sur l’ongle puis en le
relâchant et en mesurant le temps de recoloration. Une personne qui a une circulation périphérique normale va
avoir un temps de recoloration inférieur à 3 sec.
Signes de déshydratation
Un patient victime d’un accident grave, pâle, qui a soif, correspond à un patient ayant un saignement très
important. C’est un élément de gravité très important.
Cas du patient
Ce patient à une PAd pincée (25). Il ne s’agit donc ni d’un choc septique ni d’un choc anaphylactique. Le choc
sceptique était pourtant envisageable devant le point d’appel urinaire que l’on avait, l’absence de fièvre et de
frissons pouvant parfaitement être expliqué par la prise d’augmentin (traitement originel).
Dans le cas présent, il est important de se souvenir que le patient se plaignait d’une douleur abdominale. La
palpation est alors indispensable mais l’auscultation également. On cherchera des bruits aériques autour de
l’ombilic, dont l’absence pourra signer une occlusion. Mais on recherchera également des souffles à gauche de
l’ombilic, au niveau de l’aorte.
Ce patient présentait un souffle systolique aortique. Cela correspond à une dissection aortique.
On voit dans ce cas que deux médecins se sont équivoqués en grande partie à cause d’un interrogatoire et un
examen clinique insuffisant.
Signes cliniques de l’état de choc | 25/03/2009
Il pourrait donc s’agir d’un choc cardiogénique, il y aurait alors de la cyanose, ou un choc hémorragique, il y
aurait alors une pâleur.
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Résumé
Encore une fois, il est vraiment essentiel d’avoir la PAS et la PAD mais également de l’obtenir aux 2 bras.
Cas clinique 2
Histoire de la maladie
Immédiatement, il faut penser au choc anaphylactique.
Quels signes cliniques va -t-on rechercher ?
Signes cardio-vasculaires
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On observera de l’œdème.
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Signes ventilatoires
Les deux points importants sont : un stridor au niveau des VAS et un œdème de Quincke.
Certains patients ne présentent qu’une atteinte des muqueuses lors de l’œdème de Quincke. Il est donc très
important de demander s’il n’a pas de difficulté pour avaler.
Signes cutanéo-muqueux
A noter : les acouphènes sont dus à de l’œdème de l’oreille interne ou moyenne.
Agents responsables
Ces réactions peuvent s’observer chez des patients atopiques, ayant une hypersensibilité génique.
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Autres signes
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A noter : contrairement à ce qu’à dit M. Plaisance, l’allergie à l’iode n’existe pas (cf. cours d’uro-radio du
premier semestre)
Cas clinique 3
Histoire de la maladie
Le traitement correspond à un traitement pour l’insuffisance cardiaque. Il s’agit probablement d’un choc
cardiogénique.
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Quels signes cliniques va -t-on rechercher ?
A noter : le crépitant est une crépitation neigeuse qui s’écoute en fin d’inspiration. Les marbrures peuvent
s’étendre à tout le corps, c’est un élément de gravité.
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Résumé
Cas clinique 4
Histoire de la maladie
Le contexte, le traitement, la pression artérielle nous fait immédiatement penser à un choc sceptique.
La FC est un peu élevée, il y a une grosse insuffisance circulatoire périphérique, donc on a des marbrures et de la
cyanose car le cœur est fatigué et il y a une grosse défaillance pulmonaire.
La présence du foyer de crépitants en base droite fait penser à une pneumopathie.
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A l’arrivée du SAMU :
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Résumé général
Résumé des signes de gravité
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Enfin, il est important de terminer par les signes de diagnostic étiologique… mais ca, nous le verrons plus tard !
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