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ONU / Criminalité / Afrique de l’Ouest
Afrique de l’Ouest : La criminalité transnationale au pilori
(MFI / 05.03.2013) L’ONU met en lumière, dans un nouveau rapport publié fin
février, la criminalité transnationale qui frappe l’Afrique de l’Ouest : trafic
d’armes, de drogue, de médicaments périmés et piraterie maritime. Et suggère
quelques remèdes : meilleure coopération régionale et internationale,
harmonisation des législations nationales et renforcement des cadres juridiques
pour assurer la condamnation des criminels identifiés.
« Le trafic de cocaïne a accentué l’instabilité en Guinée-Bissau, le trafic d’armes à feu
a nourri la rébellion dans le nord du Mali, la piraterie maritime menace le commerce
dans le golfe de Guinée », affirme le nouveau rapport de l’Office des Nations unies
contre la drogue et le crime (ONUDC) intitulé Criminalité transnationale organisée en
Afrique de l'Ouest : Une évaluation des menaces. Un rapport fait le point sur les
menaces qui ont pesé sur la région en 2012. Il fournit des recommandations pour les
combattre. Pour l’ONU, les trafics d’armes et de drogue ainsi que la piraterie maritime
accentuent les menaces sur la sécurité dans cette région actuellement en guerre contre
les jihadistes au Mali.
Le trafic de cocaïne est l'activité criminelle la plus lucrative d'Afrique de l'Ouest. Son
volume de transit, en provenance d’Amérique latine, est en augmentation alors que la
contrebande de faux médicaments pourrait atteindre 10 % au moins de l’ensemble des
médicaments essentiels qui circulent en Afrique de l’Ouest. A cet égard, le rapport
préconise de limiter de la taille de ces stocks grâce à une surveillance plus étroite pour
réduire l'ampleur du problème.
Gao plaque tournante du trafic d’armes ?
Mais c’est surtout le trafic d'armes à feu qui est particulièrement sensible car il
engendre misère humaine et instabilité. Le récent afflux d’armes en provenance de
Libye constitue une grave menace pour la stabilité. Menace qui s’est concrétisée dans
le nord du Mali, souligne ce rapport. La ville de Gao, au nord du Mali, est notamment
citée comme plaque tournante du trafic d’armes au Sahel. La plupart des armes illicites
proviennent de stocks légaux détournés ou volés. Selon des estimations, « entre 10 000
et 20 000 armes » pourraient « avoir fait l’objet d’un trafic » entre les arsenaux libyens
et le Mali l’an dernier. Des groupes étaient revenus de Libye lourdement armés après
la chute du leader de la révolution Mouammar Kadhafi, pour lequel ils avaient
combattu - et des islamistes alliés à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
La plupart des armes illicites proviennent de stocks légaux détournés ou volés,
la limitation de la taille de ces stocks et une surveillance plus étroite pourraient aider à
réduire l'ampleur de ce problème. Outre les centres traditionnels du commerce d’armes
tels qu’Agadez (Niger) et Gao (Mali), ce sont principalement les zones situées autour
des massifs montagneux de l’Aïr, du Hoggar et du Tibesti qui sont au centre de ce
trafic. La première source d’armes semble être, selon l’ONU, les stocks publics
officiels achetés en toute légalité, avant d’être détournés vers les marchés illicites. Les
criminels se procurent ce dont ils ont besoin auprès des forces de sécurité locales, et
achètent ou louent des armes à des éléments corrompus de la police et des forces
armées. Les importations d’armes ne sont pas toujours le fait de courtiers clandestins,
et sont effectuées par les voies commerciales habituelles, avant d’être acheminées vers
les criminels. L’ampleur de l’arsenal de Kadhafi doit encore être déterminée par les
Nations unies, mais tout porte à croire qu’il était immense et sophistiqué. Au nombre
des mouvements qui en bénéficient figurent les groupes armés non étatiques du nord
du Mali - les différentes factions d’Aqmi, le Mouvement national pour la libération de
l’Azawad (MNLA), Ansar Dine, et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique
de l’Ouest (MUJAO). Le marché est dominé par des armements issus du Pacte de
Varsovie, pour des raisons telles que la formation, les pièces détachées, les munitions
et l’habitude. Ces armes restent privilégiées, même vingt ans après la fin de la Guerre
froide. La plupart des fusils d’assaut découverts sont des Kalachnikov. À l’heure
actuelle cependant, les armes nouvelles sont surtout de fabrication chinoise.
10 % des médicaments sont importés de manière frauduleuse
Ce rapport de l’ONU traite également du trafic illicite de migrants de l'Afrique de
l'Ouest vers l'Europe. Si les flux vers l'Europe ont diminué ces dernières années en
raison de la crise financière, un flux constant de migrants en situation irrégulière
continue d’aller vers le nord, généralement avec l'aide de criminels. Les routes ont
toutefois été sensiblement modifiées avec des parcours se déplaçant vers l’Est.
Quant aux médicaments en circulation, au moins 10 % de ces produits sont importés
de manière frauduleuse en Afrique de l’Ouest, faisant peser une menace considérable
sur la santé publique dans la région. L'approvisionnement régulier du marché en
médicaments de qualité inférieure empire l'état des malades. Une plus stricte
réglementation et un accroissement de la coopération régionale dans ce domaine
pourraient être une bonne manière de combattre ce fléau.
Enfin, la piraterie maritime, habituellement associée aux eaux situées au large des
côtes somaliennes, pose également problème dans le Golfe de Guinée en raison des
liens avec l’industrie pétrolière et du marché noir pour le carburant. Bien que la
plupart des attaques se résument à de simples vols qui rapportent des bénéfices
relativement faibles aux criminels, leur fréquence fait augmenter les primes
d'assurance, ce qui en retour fait diminuer l'usage des ports d'Afrique de l'Ouest pour
les transports maritimes et prive les gouvernements de la région, à court d'argent, de
revenus vitaux.
Le rapport met aussi en garde, soulignant que ces « criminels transnationaux » sont
plus susceptibles d’investir leurs gains à l’étranger dans des économies stables et des
devises fortes, plutôt que dans les pays de transit. Des chantiers de construction sont
parfois entrepris tels que des hôtels et des casinos sans la moindre utilité, et dont la
raison d’être est souvent de servir de couverture au blanchiment d’argent. Les
trafiquants n’ont guère d’intérêt à assurer la pérennité de ces installations et leur
attention change d’objet au gré de la dynamique imprévisible de la criminalité
transnationale organisée.
Marie Joannidis
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