Page sur 26 Chap. 7 CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES

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Chap. 7 CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE ORIENTALE ET
MERIDIONALE
- Présenter les raisons et le déroulement des conquêtes ;
- Présenter la (les) puissance(s) rivale(s), l’objet des dissensions, décrire les incidents
survenus du fait de ces incidents et présenter le mode de règlement adopté ;
- Décrire la réaction des populations locales : les motifs, les acteurs, et l’issue de cette
réaction.
INTRODUCTION
L’Afrique méridionale et orientale fut largement sous l’emprise britannique. L’implantation
britannique dans la colonie du Cap traduisait le souci du gouvernement du Royaume de
Grande-Bretagne de sécuriser les colonies néerlandaises afin d'éviter qu'elles ne tombent sous
l'emprise des Français
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. Son extension dans la quasi-totalité de l’Afrique méridionale était
une réaction à l’installation d’une compagnie de commerce allemande dans la région d’Angra
Pequena en 1884, car les Britanniques redoutaient un soutien allemand aux Républiques
Boers qui leur faisaient des difficultés. Par ailleurs, ce fut l’ouverture du canal de Suez en
1869 qui suscita la ruée des puissances européennes sur les rives de la mer Rouge.
I- CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE MERIDIONALE
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Alors qu'en Europe, les Pays-Bas tombent sous l'influence de la France (traité de La Haye du 16 mai 1795)
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A- Du Cap au Limpopo (Transvaal)
1- Rappel de la prise de possession de la colonie du Cap par les Britanniques
Les Britanniques occupent la région du Cap à deux reprises, en 1795
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et en 1806
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. En 1814,
par le premier traité de Paris concluant les guerres napoléoniennes, le Royaume-Uni acquiert
la colonie du Cap.
2- La résistance des Xhosa face aux Britanniques
Pendant ce temps, sur la frontière est, les escarmouches étaient de plus en plus violentes. Le
11 décembre 1834, un chef de haut rang Xhosa est tué lors d'un raid des commandos boers.
Le frère de la victime lève alors dans la foulée une armée de 10 000 guerriers, franchit la
rivière Keiskamma, frontière orientale de la Colonie du Cap, procède à un pillage
systématique des fermes et abat tous ceux qui résistent. Non seulement les fermiers blancs
sont visés mais aussi les fermiers Khoikhoi établis près de la rivière Kat. Le gouverneur Sir
Benjamin d'Urban réagit rapidement et envoie dans la gion un contingent militaire sous le
commandement du colonel Harry Smith. Celui-ci atteint Grahamstown le 6 janvier 1835.
Pendant neuf mois, de sévères combats opposent troupes britanniques et les guerriers Xhosas.
Le 10 mai 1835, Smith proclame l'annexion de la région située en amont de la rivière
Keiskamma et en aval de la rivière Kei sous le nom de province de la Reine Adélaïde, en
hommage à l'épouse du Roi Guillaume IV. L'annexion de cette région à la Colonie du Cap est
désavouée par le secrétaire d'état aux colonies. Le 10 décembre 1835, la province est alors
déclassée en district de la Reine Adélaïde en attendant que le statut du territoire soit fixé.
Finalement, le principe de restituer la région aux indigènes, défendu par le secrétaire d'état
aux colonies, Lord Glenelg, est approuvé par Londres. En 1836, Sir Durban, qui était
favorable à l'annexion, doit retirer ses troupes de la zone tampon et les installer sur la frontière
située à la rivière Keiskamma. Le 17 septembre 1838, un traité de paix est signé entre les
autorités britanniques et les représentants Xhosas.
En mars 1846, l'attaque meurtrière par les Xhosas d'une escorte militaire Khoikhoi débouche
sur une nouvelle guerre Cafre et la défaite des guerriers Xhosas par le général Somerset le 7
juin 1846 à Gwangu. La guerre dure encore quelque temps jusqula reddition de Sandili, le
chef Xhosa de la tribu des Ngqika. Le 17 décembre 1847, le district est annexé et prend le
nom de Cafrerie britannique. Harry Smith, nouvellement nommé gouverneur, annonce qu'elle
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Alors qu'en Europe, les Pays-Bas tombent sous l'influence de la France (traité de La Haye du 16 mai 1795), le
gouvernement du Royaume de Grande-Bretagne ordonna de sécuriser les colonies néerlandaises afin d'éviter
qu'elles ne tombent sous l'emprise des Français. Le général James Henry Craig fut alors envoyé au Cap à la tête
d'un contingent militaire en 1795.
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En février 1803, en vertu des termes de la paix d'Amiens, la Colonie du Cap est rétrocédée à la République
batave. Les Néerlandais y envoient le commissaire général Jacob Abraham de Mist et le général Jan Willem
Janssens. Mais en janvier 1806, trois mois après Trafalgar, la colonie était de nouveau occupée par les
Britanniques.
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sera administrée séparément de la Colonie du Cap en tant que possession de la Couronne
britannique.
En 1850, les Xhosas se soulèvent de nouveau après que Smith a fait destituer le récalcitrant
Sandili de sa fonction de chef de la tribu Ngqika pour le remplacer temporairement par un
magistrat britannique. Le 24 décembre, l'escorte du Colonel George Mackinnon est attaquée
par les Xhosas alors que les colons établis dans les villages frontaliers sont attaqués par
surprise. La plupart sont tués et leurs fermes incendiées. Le gouverneur Harry Smith, présent
dans la région, est lui-même encerclé avec son escorte à Fort Cox. Il parvient à se fugier à
King William's Town sous le feu des guerriers Xhosas, armés des carabines. Dans le même
temps, plus de 900 Khoikhois, jusque-là d'anciens soldats loyalistes envers les Britanniques,
rejoignent les guerriers Xhosas. Ils revendiquent l'établissement d'une République Khoikhoi.
La guerre dura quelques années avec les montagnes Amatolas pour principal champ de
bataille. Entre temps, en 1852, Sir Harry Smith avait été rappelé au Royaume-Uni. Le
lieutenant-général Cathcart lui succéda. Le Xhosas furent finalement expulsés des montagnes
Amatolas et en mars 1853, la frontière solidifiée. La Cafrerie britannique changea alors de
statut pour devenir une colonie de la Couronne. Les chefs Xhosas sont alors placés sous la
tutelle des conseillers britanniques.
En 1856, une jeune fille xhosa nommée Nongqawuse annonça avoir eu la vision que la
puissance des Xhosas serait restaurée, le bétail multiplié et les Blancs chassés. Elle affirma
que cette prévision ne se réaliserait que si, en préliminaire, tout le bétail était abattu, les
récoltes brulées et les réserves alimentaires détruites. Membre d'une famille xhosa importante,
elle fut entendue et les chefs xhosas ordonnèrent de procéder à la destruction du bétail et des
récoltes. La mort du lieutenant-général Cathcart en Crimée fut interprétée comme un signe
annonciateur. À la date attendue du 11 août 1856, la prédiction ne se réalisa pas alors que
85 % du bétail avait été abattu. La faute en fut imputée aux récalcitrants et de violentes
querelles achevèrent de plonger la région dans la misère et la famine. Pour survivre, plusieurs
milliers de Xhosas n'eurent d'autres choix que de recourir au cannibalisme alors que d'autres
fuyaient vers la Colonie du Cap pour implorer des secours. En fin de compte, cette famine
meurtrière tua plus de 50 000 Xhosas en six mois ce qui signa la fin des guerres cafres sur la
frontière orientale de la colonie. La population de la Cafrerie passa en deux ans de 105 000 à
moins de 27 000 individus.
Les terres dépeuplées sont alors attribuées à plus de 6 000 immigrants européens d'origine
allemandes dont un certain nombre étaient d'anciens membres de la légion germanique qui
avait combattu au côté des Britanniques lors de la guerre de Crimée. En 1866, tout le territoire
de la Cafrerie britannique est incorporé à la Colonie du Cap pour former les districts de King
William's Town et de East London. Le transfert est marqué par la levée de la prohibition
envers les indigènes de ces districts.
3- Les dissensions
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entre Boers et les autorités britanniques : la formation des républiques
boers du Transvaal et d’Orange
En 1815, les tensions entre Boers et autorités britanniques franchissent un nouveau pas à la
suite de la mort de Frederic Bezuidenhout. Ce jeune boer de l'intérieur avait refusé de se
rendre à une convocation judiciaire et avait été condamné par défaut. Un détachement de
4
Profonde divergence de jugement, de sentiments ou d'intérêts génératrice de conflits [Remarque d'usage:
souvent au pluriel] Synonyme: désaccord Synonyme: discorde
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police composé de quatre Blancs et de douze Hottentots fut envoyé pour l'arrêter. Il résista et
il fut tué par l'un des Hottentots armés. Le frère de la victime cria à l'assassinat et parvint à
soulever une soixantaine de fermiers, décidés à venger Frederic Bezuidenhout. Perçus comme
des rebelles, ils furent à leur tour pourchassés. Acculés à la reddition, ils passèrent en
jugement. Cinq d'entre eux furent condamnés à mort. Le 9 mars 1816, ils furent pendus à
Slachters Neck. Quatre le seront deux fois, la corde ayant rompu sous leurs poids. Cet épisode
restera longtemps l'un des motifs d'acrimonie
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des Boers envers les Britanniques.
Les premières vagues d'immigration britanniques en Afrique du Sud commencent dans les
années 1817-1819. Le gouverneur Charles Somerset souhaite alors fortifier la frontière est
avec les territoires Xhosas. C'est dans cette optique qu'il entreprend d'intensifier la
colonisation de la région frontière du Zuurveld située en amont de la rivière Sundays et en
aval de la rivière Great Fish. En 1820, avec le soutien de Lord Somerset et du parlement
britannique, près de 4 000 colons anglais émigrent dans cette région au bord de l'océan Indien.
Principalement d'anciens chômeurs urbains qui se révélèrent de piètres fermiers, ils
s'établirent pour la plupart comme artisans et commerçants à Port Elizabeth, alors un petit
village de la baie d'Algoa et à Grahamstown, alors garnison britannique11. Cette nouvelle
émigration de « loyaux sujets de Sa Majesté » permet de faire contrepoids aux descendants de
colons néerlandais, rétifs à la nouvelle administration. Elle permet en outre d'angliciser la
colonie.
En 1822, le néerlandais perd son statut de langue officielle dans les tribunaux et les services
gouvernementaux. Il recule dans les domaines scolaires et religieux. Le processus
d'anglicisation est en marche alors que le patois néerlandais, appelé aussi afrikaans, est
dénigré et réservé aux rustauds des frontières. En 1828, l'anglais devient la seule langue
officielle pour les affaires administratives et religieuses. Les Hottentots se voient également
reconnaître l'égalité des droits avec les blancs.
Dans les années 1820, le mouvement abolitionniste avait pris de l'ampleur au Royaume-Uni.
Il aboutit en 1834 à l'émancipation de tous les esclaves de la Colonie du Cap. Pour apaiser les
esprits, le gouverneur, Sir Benjamin D'Urban instaure un conseil législatif de douze membres
supposé permettre aux administrés du Cap de débattre des affaires publiques. Les
compensations pécuniaires pour l'émancipation des esclaves ne satisfirent pas les anciens
propriétaires d'esclaves et en 1835, plusieurs milliers de fermiers Boers décidaient de rompre
tout lien avec la Colonie du Cap et de s'exiler à l'intérieur des terres pour fonder une
république boer indépendante. C'est le Grand Trek.
En quelques années, de 1837 à 1850, près de 15 000 boers12 quittent ainsi la Colonie du Cap
pour l'inconnu. Cette migration forge définitivement l’identité afrikaner. Les Boers, partis à la
recherche de la Terre promise, s'installent sur les terres situées au-delà du fleuve Orange.
Après avoir battu les Zoulous à la bataille de la Blood River (la « rivière du Sang ») le 16
décembre 1838, ils fondent, en 1840, la république du Natal (Voir carte 1, page 148, Histoire
3e. Le monde contemporain, de 1815 à nos jours, Edicef). Mais le Natal est annexé, en 1843,
par les Britanniques. Les Boers repartent alors vers l’ouest et le nord, ils fondent en 1852
des républiques autonomes dans le Transvaal, puis en 1854, l’État libre d’Orange.
5
Mauvaise humeur s'exprimant par des paroles déplaisantes (soutenu) répondre avec acrimonie
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En 1852-1854, les frontières sont fixées avec les républiques du Transvaal et de l'Orange
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. La
Colonie du Cap a désormais des états voisins gouvernés par des descendants d'européens.
4- Modernisation et extensions territoriales de la colonie du Cap
En 1858, le gouverneur Grey proposa l'établissement d'une confédération sud-africaine
englobant toute l'Afrique du Sud, y compris les Républiques boers et les territoires indigènes.
Sa proposition ambitieuse fut immédiatement rejetée par Londres. Sir George Grey
entreprend alors de développer les infrastructures routières. Avec le soutien des missionnaires
comme Robert Moffat et des explorateurs comme David Livingstone, il ouvre une route vers
le Botswana, au-delà du fleuve Orange et du désert du Karoo. Il entreprend aussi de débuter
l'intégration à des Xhosas, rendus dociles après la famine de 1857, en leur octroyant un début
d'instruction publique non obligatoire de type britannique. Quand il quitte Le Cap en 1861,
George Grey laisse une colonie plus prospère. Sa politique de grands travaux publics incluant
des barrages a permis à la colonie de se moderniser. Des mines de cuivre commencent à être
exploitées dans le petit Namaqualand, l'industrie de la laine est bénéficiaire et le Natal est
devenue une colonie de la Couronne. Les chemins de fer commencent à se développer avec le
lancement de la première ligne Le Cap-Wellington. En 1869, l'élevage d'autruches devient
une nouvelle activité prospère de la colonie et participe au développement économique de la
région d'Oudtshoorn
Par comparaison, dans les années 1860, l'économie des Républiques boers est autarcique et
primitive alors que l'administration et les infrastructures sont quasi-inexistantes, notamment
au Transvaal.
En 1868, les Basothos en guerre contre les Boers de l'État libre d'Orange requièrent et
obtiennent la nationalité britannique. Deux ans plus tard, le Basutholand est annexé à la
Colonie du Cap.
En 1871, à la suite de la découverte de diamants dans la région de Kimberley, le Griqualand
Ouest est annexé. À partir de 1875, les territoires indigènes, en amont de la rivière Kei et en
aval de Port Edward dans la colonie britannique du Natal, sont progressivement annexés à la
Colonie du Cap sans que ces territoires soient pour autant tous ouverts à la colonisation. Le
Fingoland est annexé dès 1875 puis le Griqualand-est en 1879. C'est ensuite le tour du
Gcalekaland et du Bomvanaland en 1885, du Thembuland en 1886 et du Pondoland en 1894.
Réorganisés en districts et administrés à l'aide de conseils indigènes (Native Council), ces
territoires sont progressivement unifiés au sein d'un conseil général du Transkei.
5- L’idée de l'inclusion des Républiques boers et de la Colonie du Cap ou projet d'État
souverain nommé « États-Unis d'Afrique du Sud » : expansionnisme britannique sous
l’impulsion de Cecil Rhodes motivé par la découverte des gisements de minerai
La découverte de gisements de diamants dans le Transvaal en 1867, relance l’expansionnisme
britannique. À partir de 1867, l'Afrique du Sud commence à connaître une ruée vers le
diamant. Jusque-là perçu en Europe comme une contrée pauvre et dangereuse, le sous-sol de
la région révèle ses potentielles richesses. Les colons britanniques sont les premiers à
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En 1848, le gouverneur de la colonie du Cap, sir Harry Smith, prend le contrôle des rives du fleuve Orange.
Cependant, les Britanniques, après un soulèvement des Boers, accordent à ceux-ci l’indépendance du Transvaal
en 1852, et de l’État libre d’Orange en 1854.
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