intervention de madame defontaine catteau – psychologue

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INTERVENTION DE MADAME DEFONTAINE CATTEAU – PSYCHOLOGUE
Accompagnement psychologique du cancéreux algique
I.
Signification de la douleur pour le cancéreux d’un point de vue psychologique
La douleur peut avoir été l’un des premiers indices de découverte de la pathologie néoplasique par le
patient. Sa persistance ou son retour peut constituer une espèce de signal (cf ; Descartes : la douleur
comme signal d’alarme). Ce signal aura pour signification de rappeler l’existence d’un processus
pathologique évolutif : la douleur est alors la manifestation tangible de l’évolutivité ou de l’évolution
de la pathologie cancéreuse (le cancer « en action », les « agissements » du cancer). C’est d’ailleurs
pour cette raison que la prise en charge de la douleur chez un patient cancéreux en rémission pose
autant de problèmes au plan psychologique. Toute apparition ou tout retour de la douleur est alors
synonyme de récidive et déclenche pour le patient des démarches en vue d’une réassurance médicale.
Dans le même ordre d’idées, la douleur peut également constituer pour le patient un indice de l’échec
de la médecine à le sauver de manière définitive et radicale (en rémission et non « guéri ») de son
cancer.
II.
Quelle peut être, d’un point de vue psychologique, la fonction de la douleur
pour un patient cancéreux ?
La douleur peut être un moyen d’expression d’une plainte relative au cancer quant il est difficile au
plan de l’entourage familial et amical d’aborder le problème cancéreux de front ou de manière
explicite. Il est plus facile de parler d’une partie du corps ou d’un organe de façon « algique » que
d’aborder le problème cancéreux.
Plainte douloureuse = substitut de la plainte par rapport au cancer.
La douleur est également garante d’une permanence particulière de la relation aux médecins. Elle peut
fonctionner comme demande de davantage de contrôles médicaux ou, le plus souvent, elle constitue
une demande d’aide, d’attention et d’écoute.
En menant le raisonnement un peu plus loin, on peut penser aussi que certains cancéreux sont victimes
de bénéfices secondaires que leur a octroyés la douleur, non seulement au plan médical mais surtout au
plan familial. Certains malades peuvent ainsi majorer ou anticiper la douleur dans un but d’obtenir le
plus souvent des réassurances. La majoration ou l’exagération de la douleur va alors constituer un
désinvestissement préjudiciable du cancéreux et à l’égard de la prise en charge par lui même de sa
pathologie et à l’égard des activités dont la douleur pourrait le décharger.
J’ai mal = faites quelque chose pour moi
= je ne pense plus pouvoir faire quelque chose pour moi
La douleur peut être le moyen de demander des antalgiques qui, plutôt que de soulager la douleur,
vont soulager l’angoisse de la mort.
 Des antalgiques, non pour soulager,
mais pour s’anesthésier
pour fuir la réalité
III.
Conséquences psychologiques de la douleur chez le cancéreux
 Génératrice d’anxiété à l’égard de l’évaluation de la maladie (« ça me ronge »).
 Génératrice d’un continuel retour de la pensée vers le corps et donc la difficulté pour le psychisme à
se dégager d’une focalisation sur le corps.
Préoccupations par rapport à la douleur
Préoccupation par rapport à la maladie
Préoccupations hypocondriaques au sens où il n’est plus possible de penser à autre chose qu’à la lésion
cancéreuse.
 Génératrice de repli et de régression, comme toute douleur. Quand la douleur est trop forte ou
qu’elle dure depuis trop longtemps, certains douloureux se rétractent (comme les enfants algiques) et
paraissent s’économiser. Patients qui semblent toujours somnolents ou immobiles quand on entre dans
leur chambre et qui semblent avoir renoncé (à cause du désespoir qu’occasionne la douleur) à tout ce
qui pourrait les aider.
IV.
Evaluation de la douleur chez le patient cancéreux
C’est une évaluation difficile car elle est perturbée par des facteurs psychologiques puissants. On vient
de voir que ce sont des facteurs qui ont à la fois un rôle sur la douleur elle-même et son ressenti
subjectif, mais aussi sur l’intensité de la plainte douloureuse. C’est à dire un rôle sur la façon dont la
douleur est exprimée.
La douleur est majorée par les facteurs d’anxiété et de dépression ; ces dernières, visibles ou
masquées, sont présentes dans l’évolution de toute pathologie néoplasique. Une des premières étapes
de l’évaluation psychologique est de départager douleur et anxiété Cette anxiété est liée à l’ignorance
tout autant qu’à la connaissance du diagnostic, est liée aux préoccupations sur la dégradation de l’état
général, et cette anxiété accompagne sans cesse le patient cancéreux en attente de la douleur à venir,
ou qui va revenir par crise, ou dont il est convaincu qu’elle ne fait qu’augmenter.
Un patient cancéreux hospitalisé parce qu’il est mal soulagé est dans une angoisse extrême car il sait
consciemment ou inconsciemment que la maladie ne s’arrêtera pas => il a donc peur que les processus
pathologiques ne débordent l’arsenal antalgique, et il finit par dérégler totalement la possibilité de
prise en charge de ses douleurs en prenant des antalgiques à tort et à travers. C’est une manière de
s’octroyer un contrôle sur la douleur, c’est aussi une tentative pour imaginer pouvoir maîtriser la
maladie.
Cette anxiété ou ces crises d’angoisse sont le plus souvent présentes dans la phase de révolte de la fin
de vie.
Le patient s’agite dès qu’on l’approche, il préfère faire lui-même les gestes infirmiers, il a tendance à
s’automédiquer. Cette période de révolte est une phase nécessaire et obligée du vécu du cancer : elle
s’accompagne d’une intensification de la douleur, liée au refus et à des crises douloureuses
paroxystiques, qui sont le plus souvent assimilables à des crises d’angoisse.
La maladie néoplasique comporte également des phases d’abattement et de dépression, favorables à
une flambée submersive de la douleur. Cet état d’abattement place le malade en position uniquement
de victime de la maladie et de sa douleur, le privant de toute initiative, de tout sursaut, de toute
volonté, de maîtrise de la douleur. Le patient est manifestement algique mais ne s’exprime pas ; il se
replie sur lui-même, se cantonne dans une attitude très défensive et il n’arrive pas à participer à ce qui
lui est proposé (addition des replis liés à la douleur et à la dépression ou, au contraire, attitude
extrêmement défensive).
Il s’agit donc de replacer la douleur dans son contexte afin de pouvoir proposer au malade ce dont il a
besoin : des antalgiques pour la douleur, mais aussi une prise en charge psychologique qui permette
d’accompagner angoisse et dépression.
Par ailleurs, l’évaluation de la douleur chez le cancéreux exige non seulement d’écouter le patient,
mais aussi de l’observer et de pouvoir interpréter ses comportements :
-
repli
alerte
laisser-aller
attitude bravache et héroïque
agressivité
économie de mouvements
La douleur est encore difficile à évaluer parce que le patient confond douleur et inconfort, douleur et
impotence acquise au fil de la dégradation générale, douleur et maladie et que, bien souvent, il
superpose, à partir de cette assimilation, sédation de la douleur et guérison.

l’injection.

remarcher ?
Insatisfaction = mais ça ne soulage pas longtemps, il faut en reprendre ou il faire
Perplexité = j’ai moins mal, mais est-ce que je vais guérir ? est-ce que je vais pouvoir
Il s’agit alors de pouvoir faire la distinction entre plainte douloureuse et plainte émanant de la prise de
conscience de la dégradation corporelle et de la honte qui lui est souvent relative.
- proposer des critères personnels d’évaluation en plus d l’EVA
(échelle visuelle analogique)
- s’en donner soi-même
- en donner au cancéreux algique.
Il est important que, progressivement, le patient puisse bénéficier d’un soulagement optimal : en effet,
il faut qu’il sache pouvoir être délivré au maximum de ses sensations douloureuses et qu’il sache qu’il
existe une médication appropriée. L’impact des douleurs terminales est fonction pour une part très
large des expériences douloureuses antérieures (mémoire de la douleur) et si elles n’ont pu être
soulagées, elles engendrent l’appréhension des souffrances à venir. L’appréhension, l’angoisse sont
responsables d’une tension anxieuse qui augmente immédiatement la douleur.
Cette douleur, si elle est installée, nécessitera forcément des doses d’antalgiques beaucoup plus fortes
pour le soulager.
C’est pour cela qu’il vaut mieux prévenir la douleur et aménager un entretien du soulagement pour
éviter que le patient attribue aux médicaments une puissance miracle à toujours réclamer et pour que le
malade ne se désinvestisse pas sa propre lutte contre la douleur.
Il est souvent judicieux pour vaincre la douleur de travailler de concert avec le malade et de viser avec
lui des résultats précis = donner des objectifs, des repères, et lui signifier que c’est une action
commune et que son soulagement est une priorité.
L’angoisse du retour de la douleur peut gâcher complètement la fin de vie et devenir une obsession
pour le malade.
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