III. Conséquences psychologiques de la douleur chez le cancéreux
Génératrice d’anxiété à l’égard de l’évaluation de la maladie (« ça me ronge »).
Génératrice d’un continuel retour de la pensée vers le corps et donc la difficulté pour le psychisme à
se dégager d’une focalisation sur le corps.
Préoccupations par rapport à la douleur
Préoccupation par rapport à la maladie
Préoccupations hypocondriaques au sens où il n’est plus possible de penser à autre chose qu’à la lésion
cancéreuse.
Génératrice de repli et de régression, comme toute douleur. Quand la douleur est trop forte ou
qu’elle dure depuis trop longtemps, certains douloureux se rétractent (comme les enfants algiques) et
paraissent s’économiser. Patients qui semblent toujours somnolents ou immobiles quand on entre dans
leur chambre et qui semblent avoir renoncé (à cause du désespoir qu’occasionne la douleur) à tout ce
qui pourrait les aider.
IV. Evaluation de la douleur chez le patient cancéreux
C’est une évaluation difficile car elle est perturbée par des facteurs psychologiques puissants. On vient
de voir que ce sont des facteurs qui ont à la fois un rôle sur la douleur elle-même et son ressenti
subjectif, mais aussi sur l’intensité de la plainte douloureuse. C’est à dire un rôle sur la façon dont la
douleur est exprimée.
La douleur est majorée par les facteurs d’anxiété et de dépression ; ces dernières, visibles ou
masquées, sont présentes dans l’évolution de toute pathologie néoplasique. Une des premières étapes
de l’évaluation psychologique est de départager douleur et anxiété Cette anxiété est liée à l’ignorance
tout autant qu’à la connaissance du diagnostic, est liée aux préoccupations sur la dégradation de l’état
général, et cette anxiété accompagne sans cesse le patient cancéreux en attente de la douleur à venir,
ou qui va revenir par crise, ou dont il est convaincu qu’elle ne fait qu’augmenter.
Un patient cancéreux hospitalisé parce qu’il est mal soulagé est dans une angoisse extrême car il sait
consciemment ou inconsciemment que la maladie ne s’arrêtera pas => il a donc peur que les processus
pathologiques ne débordent l’arsenal antalgique, et il finit par dérégler totalement la possibilité de
prise en charge de ses douleurs en prenant des antalgiques à tort et à travers. C’est une manière de
s’octroyer un contrôle sur la douleur, c’est aussi une tentative pour imaginer pouvoir maîtriser la
maladie.
Cette anxiété ou ces crises d’angoisse sont le plus souvent présentes dans la phase de révolte de la fin
de vie.
Le patient s’agite dès qu’on l’approche, il préfère faire lui-même les gestes infirmiers, il a tendance à
s’automédiquer. Cette période de révolte est une phase nécessaire et obligée du vécu du cancer : elle
s’accompagne d’une intensification de la douleur, liée au refus et à des crises douloureuses
paroxystiques, qui sont le plus souvent assimilables à des crises d’angoisse.
La maladie néoplasique comporte également des phases d’abattement et de dépression, favorables à
une flambée submersive de la douleur. Cet état d’abattement place le malade en position uniquement
de victime de la maladie et de sa douleur, le privant de toute initiative, de tout sursaut, de toute
volonté, de maîtrise de la douleur. Le patient est manifestement algique mais ne s’exprime pas ; il se
replie sur lui-même, se cantonne dans une attitude très défensive et il n’arrive pas à participer à ce qui
lui est proposé (addition des replis liés à la douleur et à la dépression ou, au contraire, attitude
extrêmement défensive).