Kenya

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Kenya / Economie
Kenya : Des élections sur fond de reprise économique
(MFI / 19.02.2013) Le Fonds monétaire international a prévu une croissance
économique au Kenya de 5,5 à 6 % pour 2013 si les élections prévues au mois de
mars se déroulent sans incident. Frappé de plein fouet par les violences de 20072008, le Kenya, un des principaux pôles économiques du continent, a repris le
chemin de la croissance qui reste fragile car tributaire de la situation intérieure.
Selon un responsable du Fonds monétaire international (FMI) pour l’Afrique, la
réorganisation constitutionnelle du pays a établi un nouveau climat qui devrait limiter
la possibilité de violences, bien qu'un risque subsiste. Il s’est déclaré optimiste sur les
perspectives que le Kenya poursuive sa tendance à la croissance – qui atteint 5,5 à 6 %
pour 2013, saluant au passage les réformes économiques que le pays a entreprises et
qui ont permis de réduire l'impact perturbateur des phénomènes extérieurs sur
l’économie nationale.
Ainsi, la croissance continuera de reposer sur des facteurs nationaux y compris la
consommation de la classe moyenne, la progression des investissements dans les
technologies de l'information et les services financiers. La diminution des exportations
vers l'Europe, liée à l’affaiblissement de la demande après la crise dans la Zone euro,
et la baisse du nombre de touristes, ne devraient pas affecter la croissance économique.
Une zone d’attraction majeure des pétroliers
Quant aux réformes financières, elles ont assuré l'inclusion financière de davantage de
Kenyans et par conséquent leur capacité à participer à l'économie formelle qui génère
la croissance. Les autres facteurs qui contribueront à cette croissance comprennent,
selon le FMI, la baisse des taux d'intérêts et le déroulement pacifique des élections
générales du 4 mars. L'Afrique de l'Est est devenue en l'espace de cinq ans l'une des
zones du continent où les investissements sont les plus soutenus, en raison notamment
du pétrole. Des compagnies ont mis à jour depuis 2006 en Ouganda entre 1 et 2,5
milliards de barils de réserve - soit l’équivalent des réserves de la République du
Congo. Ensuite, le niveau des cours du brut oscille entre 80 et 120 dollars depuis 2008
et pousse les sociétés à davantage de prises de risques.
La demande pétrolière mondiale toujours plus forte (Chine, Inde) permet d'affirmer
que les investissements pétroliers qui s’engagent actuellement se développeront sur le
long terme. Les efforts d'exploration ne devraient donc pas être affectés par quelques
déconvenues techniques telles que des forages secs. Cette zone allant du Soudan du
Sud jusqu'au Mozambique devrait en principe rester une zone d’attraction majeure des
pétroliers pour plusieurs dizaines d'années.
Un centre logistique de premier ordre
Le Kenya reste, en termes de performance économique, le chef de file de
l’organisation économique régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est qui
rassemble cinq pays en union douanière : Kenya, Tanzanie, Burundi, Rwanda et
Ouganda. Il est également un centre logistique de premier ordre : une plate-forme
routière, maritime, aéroportuaire et financière pour l’ensemble de la région. Le PIB
total s’est élevé en 2012 à 41,8 M de dollars US soit presque 20 % du total de
l’Afrique de l’Est et 31 % de la Communauté d’Afrique de l’Est. Cependant, le PIB
par habitant reste faible : 970 dollars en 2012.
La croissance économique a été soutenue en 2012 (+5,1 %). A partir de la mi-2012, la
croissance est tirée par une amélioration des conditions climatique et par de nouvelles
découvertes de réserves de pétrole et de gaz naturel qui ont dopé les investissements.
Dans ce contexte, la croissance devrait atteindre 5,7 % en 2013.
Au cours de l’exercice 2011-2012, le déficit courant s’est creusé, s’établissant à 9,1 %
du PIB, après 8,4 % au cours de l’exercice précédent. Cette dégradation du solde
s’explique principalement par la sécheresse qui a pénalisé les récoltes et la production
hydro-électrique du Kenya, entraînant des importations massives de céréales et de
pétrole. Le déficit courant pourrait être ramené à 8,2 % du PIB au cours de l’exercice
2012-2013. Le Kenya est enfin devenu en 2011 le deuxième récipiendaire des
investissements directs à l’étranger (IDE) en Afrique subsaharienne derrière l’Afrique
du Sud, dépassant le Nigeria.
Pressions inflationnistes et évolution négative du taux de change
Le budget 2011-2012 donne la priorité au développement des infrastructures, à la lutte
contre la pauvreté et à la mise en place des réformes de structure (fiscalité et
constitution d’août 2010). Toutefois, il ne prend pas en compte les dépenses non
prévues liées à l’aide alimentaire lors de la grande sécheresse du second semestre 2011
et à l’intervention militaire en Somalie. En outre, une réforme de l’impôt est en cours
et devrait permettre d’augmenter significativement les ressources fiscales de l’Etat
pour l’exercice budgétaire 2011-2012 et ultérieurement.
Deux préoccupations majeures ont émergé en 2011, à savoir le rebond des pressions
inflationnistes et l’évolution négative du taux de change du shilling kenyan (KES). Le
gouvernement kenyan a entrepris à la mi-octobre 2011 la mise en place d’une politique
monétaire et de change nettement plus restrictive. Les résultats de ces mesures
volontaristes sont positifs. Le shilling kenyan s’est stabilisé et l’inflation diminue
progressivement. Dans ce contexte favorable, la Banque centrale a réduit le taux de
base bancaire afin principalement de diminuer le coût pour les acteurs économiques.
Les réserves en devises du Kenya se situaient fin 2011 à 2,9 mois d’importations
contre 3,1 fin 2010.
Une organisation du secteur agricole globalement déficiente
La dette publique kényane - pour moitié interne et pour moitié externe –était
légèrement inférieure à 50 % du PIB en 2011. Elle est estimée à 50% du PIB pour
2012. La lutte contre la pauvreté (malgré l’émergence d’une classe moyenne) et
l’insécurité alimentaire demeurent - à court, moyen et long terme - des enjeux majeurs
de développement pour le pays. En effet, près de 40 % des 43 millions d’habitants que
compte le Kenya vivait sous le seuil de pauvreté fin 2012. Depuis plusieurs années, la
sécurité alimentaire du Kenya pose problème du fait de périodes récurrentes de
sécheresse et d’une organisation du secteur agricole globalement déficiente.
En 2011, l’APD totale reçue par le Kenya s’est élevée à 2,47 M de dollars, soit près de
5 % du PIB du pays. La France est le quatrième bailleur bilatéral derrière les EtatsUnis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et devant le Japon et les Nordiques. Parmi les
principaux bailleurs multilatéraux figurent l’Union européenne, le FMI, la Banque
mondiale et la Banque africaine de développement.
Marie Joannidis
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