Elle est sur la sellette, et doit répondre à toutes les questions de l'équipe de rédaction qui a pris
connaissance de sa proposition. C'est un moment stressant, comme le passage d'un grand oral.
Ce pré-scénario est épluché, trituré, étudié sous toutes les coutures et cette séance de
questions/réponses, permet à chacun d'explorer et de comprendre le sujet. Il faut aussi se mettre à la
place du public pour étudier ensuite la mise en scène des explications.
Cet échange est très impressionnant par la densité des débats et l'exigence extrême de clarté.
Les présentateurs, ne se contentent pas de lire un texte écrit par les journalistes mais veulent
maîtriser parfaitement ce qu'ils vont ensuite devoir expliquer au public.
Elle reconnaît, comme d'autres journalistes, avoir été impressionnée par l'exigence de
l'équipe. Le texte ainsi que les propositions visuelles sont analysées très précisément. Rien n'est
laissé au hasard. Même si elle ressort parfois de la réunion, découragée, avec de nombreuses
modifications à faire, elle reconnaît la pertinence des remarques qui font évoluer sa proposition.
Selon les sujets, les modifications sont plus ou moins importantes : des plateaux peuvent devenir
des sujets, l'ordre peut bouger...Mais à la fin de cette réunion, la succession des séquences est
arrêtée.
Selon Marianne, C'est Pas Sorcier est une très bonne école pour apprendre à construire une
émission. On y apprend en particulier la rigueur : toutes les informations doivent être vérifiées et
validées par plusieurs sources, aucune approximation n'est possible.
L'écriture du scénario définitif qui suit cette réunion doit intégrer toutes les modifications
décidées.
Il faut alors prendre de nouveaux contacts, faire de nouvelles recherches pour compléter les
informations. Une validation par des spécialistes est nécessaire. Même si dans le domaine
scientifique on ne peut jamais parler de certitude, les notions sont expliquées en tenant compte de
l'état des connaissances à ce moment donné et si des désaccords entre scientifiques existent, il faut
en tenir compte et relativiser.
C'est Pas Sorcier est bien perçu par les scientifiques qui acceptent facilement d'intervenir.
Mais il faut cependant mesurer la capacité de communication du spécialiste. Quelqu'un qui connaît
parfaitement un sujet ne sait pas forcément l'expliquer clairement. Cette émission est très suivie par
les jeunes et le langage doit leur être accessible.
A cette étape, environ deux semaines avant la réunion scénario, le réalisateur est choisi avec
qui elle travaillera désormais étroitement. Un binôme journaliste-réalisateur se constitue alors. Cette
collaboration orientera la version définitive du scénario. Ils font ensemble les repérages des lieux de
tournage et décident des mises en scène. Le but de la scénarisation est de faciliter la compréhension
du sujet et l'écriture du scénario est guidée par cette exigence.
Marianne prépare alors un texte de base pour les présentateurs Fred, Sabine et Jamy qui
ensuite l'adaptent.
Avant le tournage de la séquence, ils font également relire leur version par le journaliste qui
par sa connaissance du sujet devient également une caution scientifique. Là aussi, les échanges
entre tous les membres de l'équipe sont importants.
L'écriture est différente selon les journalistes : certains ont une âme de dialoguiste et
rédigent tout ce que disent les présentateurs sous forme de dialogues. D'autres écrivent sous forme
de sujet.
Le scénario détaillé et précis, tenant compte de tous les paramètres, est alors soumis à la
rédaction qui l'explore à nouveau au cours d'une réunion tout aussi dense que la précédente. Toutes
les informations sont à nouveau passées au crible et décortiquées jusqu'à ce que la moindre zone
d'ombres soit éclaircie. Chacun doit comprendre toutes les informations données et le journaliste