· les émissions de certains gaz à effet de serre, dont le CO2, ont des effets très durables dur la
composition de l'atmosphère."
Comment est élaboré le rapport : une critique des experts
"Pour mener les conférences internationales actuelles sur l'application du protocole de Kyoto, tout
le monde se repose sur les travaux du GIEC (ou IPCC). Il est donc intéressant d'étudier le
mécanisme d'élaboration des rapports de ce groupe d'experts en rappelant que ces documents
regroupent les travaux de plus d'une centaine d'auteurs principaux travaillant eux-mêmes à partir
des textes de plus de 500 contributeurs divers, qu'une vingtaine de correcteurs reprennent ce travail
à partir des observations de près de 700 relecteurs et que la somme de cette publication dépasse les
2.500 pages. D'où la nécessité de présenter une version plus accessible de cet énorme travail sous la
forme d'un résumé pour les décideurs politiques appelé SPM (summary for policy makers).
Il est donc évident que le passage du premier document, le rapport, au second, le résumé, doit être
entouré de garanties réelles. Près de 50 auteurs contribuent à l'élaboration de ces résumés, mais à ce
stade, les scientifiques qui ont collaboré au rapport de base et les organisations non
gouvernementales sont seulement consultés. Le choix de la rédaction finale dépend ensuite de 400
délégués des pays participants qui possèdent, ou non, une compétence sur les disciplines
scientifiques traitées. Chaque mot du résumé doit être approuvé à l'unanimité, les discussions étant
d'ailleurs menées simultanément en cinq langues.
A cette étape, les représentants des gouvernements poursuivent des buts fondés sur des objectifs
politiques plutôt que sur le contenu scientifique du rapport initial et ce point a été naturellement
critiqué de nombreuses fois au cours des années passées. C'est pourquoi, il semblerait souhaitable
qu'à l'avenir soient clairement mentionnées, au sein du résumé pour les décideurs, les opinions
divergentes et qu'à tout le moins, il soit clairement indiqué que les résumés pour les décideurs
n'émanent pas uniquement du travail des scientifiques, même si les principaux rapporteurs sont
présents et s'ils peuvent faire entendre leurs observations qui sont prises en compte par les
représentants des gouvernements. Certains ont suggéré de soumettre le texte final du résumé à
l'assemblée plénière des rédacteurs du rapport de base. Sinon, fatalement, les rédacteurs de ce
résumé risquent de ne prendre dans le rapport de base que les faits propres à étayer leurs
convictions initiales. En outre, les nombreuses réserves de méthode ou de fond exprimées au long
du rapport et qui sont essentielles compte tenu de la complexité du sujet sont gommées dans le
résumé.
En lisant les travaux du GIEC, l'ensemble des observations ci-dessus doit demeurer présent à l'esprit
sans pour autant conduire à dénier toute valeur au résumé pour les décideurs. A cet égard, le travail
mené par l'Académie nationale des sciences des États-Unis d'Amérique en 2001, pour apprécier si le
résumé pour les décideurs reflétait bien le rapport de base, a abouti à considérer que le résumé était
bien cohérent avec le corps du rapport, mais que, toutefois, le résumé pourrait être enrichi par
l'explication précise de la portée des lacunes ou incertitudes à partir desquelles les conclusions du
rapport ont été élaborées.
(..) De plus, il est vraisemblable que beaucoup de scientifiques spécialistes du climat brossent un
tableau un peu trop négatif de la réalité estimant probablement que, sans cela, les politiques ne se
mettraient pas en action. Cette remarque est également valable pour l'opinion publique en général
qui risquerait de ne pas s'intéresser assez à cette question si elle avait en mémoire l'ensemble des
incertitudes qui sous-tend les conclusions présentées.
Enfin, d'autres voix critiques se sont élevées pour observer que le colossal effort de synthèse des
opinions scientifiques des chercheurs du monde entier que représentent les rapports du GIEC aurait
A consulter
Le dossier en ligne de La Documentation française :
Catastrophes naturelles et prévention des risques