LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : BILAN SCIENTIFIQUE
Extrait des Dossiers de la Documentation Française
Introduction
Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) [Intergovernmental
Panel on Climate Change - IPCC] est un organisme chargé du suivi scientifique des négociations
internationales sur le changement climatique.
Fondé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies
pour l’environnement, il joue un rôle central dans les négociations.
Sa mission est de rassembler des données scientifiques, techniques et socio-économiques
pertinentes afin d’envisager les risques des changements climatiques liés aux activités humaines. Il
doit également formuler et évaluer des stratégies possibles de prévention et d’adaptation.
• Il a publié son premier rapport en 1990. Mis à jour en 1992, ce rapport a servi de base à la
négociation de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, adoptée à
Rio de Janeiro en juin 1992.
• Le rapport publié en 2001, qui comprend trois volets :
- Les bases scientifiques,
- Impacts, adaptation et vulnérabilité,
- Mesures d'atténuation,
fait état de l'augmentation des indices témoignant d'un réchauffement de la planète et d'autres
modifications du système climatique.
• En février 2007, le GIEC publie le premier volume de l'édition 2007 du rapport "Changement
climatique 2007 : les bases scientifiques physiques qui établit la responsabilité humaine dans le
réchauffement climatique. C'est le bilan de six années de travaux menés par un réseau de 2 500
scientifiques. Les experts confirment le rôle des émissions de gaz à effet de serre et la gravité des
changements en cours : perspective d'augmentation moyenne de 1,8°C à 4°C et hausse du niveau
des océans de près de 60 cm d'ici la fin du siècle, généralisation de vagues de chaleur et d'épisodes
de fortes précipitations.
• En avril 2007, le GIEC publie le deuxième volume : "
". Celui-ci établit un diagnostic alarmant des impacts du réchauffement climatique, malgré les
réticences chinoises et américaines sur les conclusions, et notamment la demande américaine de
retirer la quasi totalité des données chiffrées du résumé. Le GIEC insiste sur deux principaux
messages : en premier lieu, le réchauffement déjà en cours frappera toutes les régions du monde,
mais prioritairement les pays en développement d'Afrique et d'Asie. Par ailleurs, au-delà de 2 à 3
degrés de hausse par rapport à 1990, ce réchauffement aura des impacts négatifs.
• En mai 2007, le 3ème volume sur Le changement climatique 2007 : les mesures d'atténuation est
publié à Bangkok. Le rapport établit qu'une action résolue contre le réchauffement aurait un coût
relativement modéré et que les 20 à 30 prochaines années seront déterminantes. Le GIEC présente
les principales options pour atténuer le réchauffement : diminuer les subventions aux énergies
fossiles, encourager les énergies renouvelables, encourager l'énergie nucléaire, capter et stocker le
CO2, réduire la pollution des transports, construire écologique, réduire les émissions de l'industrie,
modifier les pratiques agricoles et réduire la déforestation.
• En novembre 2007, la synthèse "Changement climatique 2007 : rapport de synthèse [PDF, 3638
Ko] ".
• Le 12 octobre 2007, le GIEC obtient, avec l'ancien vice-président américain Al Gore, le Prix
Nobel de la paix pour «leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les
changements climatiques provoqués par l'homme».
Le réchauffement climatique
La carte d'un monde réchauffé
Cette carte représente les principales
répercussions du changement climatique
constatées aujourd'hui (fonte des glaciers,
montée des eaux…) et les effets du
changement climatique prévus pour 2050-
2100.
Le bilan scientifique
En 2001, Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu public
son dernier rapport qui comprend trois volets.
Le bilan scientifique dressé par les experts du GIEC conclut à l'existence d'une quantité croissante
d'indices témoignant d'un réchauffement de la planète et d'autres modifications du système
climatique.
• La température moyenne de surface (moyenne de la température de l'air au-dessus des terres et de
la température à la surface de la mer) a augmenté de 0.6 °C (avec une marge d'erreur de ± 0.2 °C)
au cours du 20ème siècle.
• Le réchauffement s'est notamment produit durant deux périodes, de 1910 à 1945 et depuis 1976.
Depuis 1861, la décennie 90 a très probablement été la plus chaude et l'année 1998, l'année la plus
chaude.
De nouvelles analyses indiquent que le réchauffement survenu dans l'hémisphère nord au 20ème
siècle a probablement été le plus important de tous les siècles du millénaire passé.
• La couverture neigeuse et l'extension des glaciers ont diminué.
Des données satellites montrent une diminution probable de 10% de la couverture neigeuse depuis
la fin des années 60
• Le niveau moyen de la mer a progressé
Entre 10 et 20 centimètres au cours du 20 ème siècle
• Changements climatiques
-Augmentation des précipitations dans les zones de moyennes et hautes latitudes de l'hémisphère
nord et augmentation de la fréquence des épisodes de fortes précipitations dans les mêmes zones.
-Les épisodes chauds du phénomène El Nino ont été plus fréquents, plus durables et plus intenses
depuis le milieu des années 1970.
-Dans certaines régions, notamment dans certaines zones d'Asie et d'Afrique, augmentation de la
fréquence et de l'intensité des sécheresses durant ces dernières décennies.
Les émissions de gaz à effet de serre et d'aérosols dues aux activités humaines continuent d'altérer
l'atmosphère d'une manière qui affecte le climat.
• Du fait des activités humaines, la concentration des GES dans l'atmosphère a continué à
augmenter.
- La concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère a augmenté de 31% depuis 1750. Le taux
actuel d'augmentation est sans précédent depuis au moins 20 000 ans.
- Environ ¾ des émissions humaines de CO2 au cours des vingt dernières années est due à la
combustion d'énergies fossiles. Le reste est essentiellement dû au changement dans l'utilisation des
terres, notamment à la déforestation.
La confiance dans la capacités des modèles à prévoir le climat futur a augmenté.
On dispose aujourd'hui de preuves plus grandes que le réchauffement constaté au cours des
cinquante dernières années est attribuable aux activités humaines.
Le GIEC annonce qu'il dispose aujourd'hui d'analyses d'une très grande fiabilité qu'il lui permette
d'affirmer que le réchauffement observé au cours des cinquante dernières années est bien dû aux
activités humaines.
Les influences humaines continueront de changer la composition atmosphérique tout au long du
XXIe siècle.
-Les émissions de CO2 dues aux combustions d'énergies fossiles seront encore prédominantes au
XXIe siècle.
Tous les résultats des modèles du GIEC conduisent à prévoir une augmentation de la température
globale et une élévation du niveau de la mer.
Températures :
· la température moyenne de surface devrait encore augmenter entre 1, 4 et 5,8 °C entre 1990 et
2100
· il est prévu que le taux de réchauffement soit bien plus important que les changements observés
durant le XXe siècle, phénomène sans précédent depuis au moins 10 000 ans.
· le réchauffement devrait s'intensifier notamment durant l'hiver dans les régions de hautes latitudes
de l'hémisphère nord. On peut citer les cas notables des régions septentrionales de l'Amérique et de
l'Asie et l'Asie centrale où le réchauffement pourrait excéder de 40% le réchauffement moyen de
l'ensemble de la planète.
Précipitations :
· La concentration moyenne de vapeur d'eau dans l'atmosphère et les précipitations devraient
augmenter au cours du XXIe siècle.
· Le réchauffement climatique devrait accroître les phénomènes extrêmes (sécheresses/fortes
précipitations-inondations) qui accompagnent les manifestations d'El Nino.
· Le réchauffement climatique devrait entraîner un dérèglement de la mousson d'été en Asie.
· L'étendue de la couverture neigeuse et de la banquise de l'hémisphère nord devrait continuer de
diminuer.
Idem pour les glaciers.
Niveau de la mer
· l'élévation du niveau moyen des océans est estimée entre 9 et 88 cm, selon les modèles
Les changements climatiques dus aux activités humaines persisteront pendant de nombreux siècles.
· les émissions de certains gaz à effet de serre, dont le CO2, ont des effets très durables dur la
composition de l'atmosphère."
1
Comment est élaboré le rapport : une critique des experts
"Pour mener les conférences internationales actuelles sur l'application du protocole de Kyoto, tout
le monde se repose sur les travaux du GIEC (ou IPCC). Il est donc intéressant d'étudier le
mécanisme d'élaboration des rapports de ce groupe d'experts en rappelant que ces documents
regroupent les travaux de plus d'une centaine d'auteurs principaux travaillant eux-mêmes à partir
des textes de plus de 500 contributeurs divers, qu'une vingtaine de correcteurs reprennent ce travail
à partir des observations de près de 700 relecteurs et que la somme de cette publication dépasse les
2.500 pages. D'où la nécessité de présenter une version plus accessible de cet énorme travail sous la
forme d'un résumé pour les décideurs politiques appelé SPM (summary for policy makers).
Il est donc évident que le passage du premier document, le rapport, au second, le résumé, doit être
entouré de garanties réelles. Près de 50 auteurs contribuent à l'élaboration de ces résumés, mais à ce
stade, les scientifiques qui ont collaboré au rapport de base et les organisations non
gouvernementales sont seulement consultés. Le choix de la rédaction finale dépend ensuite de 400
délégués des pays participants qui possèdent, ou non, une compétence sur les disciplines
scientifiques traitées. Chaque mot du résumé doit être approuvé à l'unanimité, les discussions étant
d'ailleurs menées simultanément en cinq langues.
A cette étape, les représentants des gouvernements poursuivent des buts fondés sur des objectifs
politiques plutôt que sur le contenu scientifique du rapport initial et ce point a été naturellement
critiqué de nombreuses fois au cours des années passées. C'est pourquoi, il semblerait souhaitable
qu'à l'avenir soient clairement mentionnées, au sein du résumé pour les décideurs, les opinions
divergentes et qu'à tout le moins, il soit clairement indiqué que les résumés pour les décideurs
n'émanent pas uniquement du travail des scientifiques, même si les principaux rapporteurs sont
présents et s'ils peuvent faire entendre leurs observations qui sont prises en compte par les
représentants des gouvernements. Certains ont suggéré de soumettre le texte final du résumé à
l'assemblée plénière des rédacteurs du rapport de base. Sinon, fatalement, les rédacteurs de ce
résumé risquent de ne prendre dans le rapport de base que les faits propres à étayer leurs
convictions initiales. En outre, les nombreuses réserves de méthode ou de fond exprimées au long
du rapport et qui sont essentielles compte tenu de la complexité du sujet sont gommées dans le
résumé.
En lisant les travaux du GIEC, l'ensemble des observations ci-dessus doit demeurer présent à l'esprit
sans pour autant conduire à dénier toute valeur au résumé pour les décideurs. A cet égard, le travail
mené par l'Académie nationale des sciences des États-Unis d'Amérique en 2001, pour apprécier si le
résumé pour les décideurs reflétait bien le rapport de base, a abouti à considérer que le résumé était
bien cohérent avec le corps du rapport, mais que, toutefois, le résumé pourrait être enrichi par
l'explication précise de la portée des lacunes ou incertitudes à partir desquelles les conclusions du
rapport ont été élaborées.
(..) De plus, il est vraisemblable que beaucoup de scientifiques spécialistes du climat brossent un
tableau un peu trop négatif de la réalité estimant probablement que, sans cela, les politiques ne se
mettraient pas en action. Cette remarque est également valable pour l'opinion publique en général
qui risquerait de ne pas s'intéresser assez à cette question si elle avait en mémoire l'ensemble des
incertitudes qui sous-tend les conclusions présentées.
Enfin, d'autres voix critiques se sont élevées pour observer que le colossal effort de synthèse des
opinions scientifiques des chercheurs du monde entier que représentent les rapports du GIEC aurait
1
A consulter
Le dossier en ligne de La Documentation française :
Catastrophes naturelles et prévention des risques
mérité d'être mené également au sujet de la déforestation ou du risque de pénurie d'eau potable, ou
encore de la pollution des océans ou des modifications génétiques.
Une partie de ces critiques a été présentée par la revue "Nature", sous le titre «consensus science or
consensus politics», un consensus de la science ou des consensus politiques.
Dans le rapport du GIEC paru en octobre 2001, est rappelée la méthodologie utilisée par le groupe
de chercheurs internationaux travaillant sous l'égide de l'ONU pour essayer d'établir des simulations
du climat du futur.
Il y est souligné que la complexité des processus en oeuvre dans le système climatique interdit de se
livrer simplement à l'extrapolation du passé ou de statistiques pour en tirer des projections. Même si
un modèle climatique ne peut être qu'une simplification mathématique représentant le climat de la
Terre, l'élaboration de tout modèle exige une connaissance approfondie des mécanismes physiques,
géophysiques, chimiques et biologiques qui gouvernent le système climatique. (...)
Le GIEC insiste sur les incertitudes qui demeurent, par exemple dans l'effet du réchauffement
provenant du Soleil comme de l'activité volcanique, notamment parce que les données sur ces
phénomènes n'ont pas plus de deux décennies d'existence. Le GIEC relève également les
incertitudes relatives aux aérosols et au changement dans l'usage des terres, beaucoup de ces effets
n'ayant pas été pris en compte dans les études menées, mais il est vraisemblable que l'influence de
ces facteurs est plus locale que globale.
Enfin, le GIEC ne passe pas sous silence les réponses différentes résultant de l'emploi de tel ou tel
modèle ; il note qu'il reste nécessaire de quantifier et de réduire ces différences en obtenant de
meilleures données d'observation et de meilleures techniques de fabrication des modèles.
Mais, au total, le GIEC considère que l'essentiel du réchauffement observé au cours des cinquante
dernières années résulte, sans ambiguïté, de l'augmentation de la concentration des gaz à effet de
serre."
Source : Deneux, Marcel Rapport sur l'évaluation de l'ampleur des changements climatiques, de
leurs causes et de leur impact prévisible sur la géographie de la France à l'horizon 2025, 2050 et
2100, Paris, Sénat, Rapport d'information n° 224, 2002 / 625 p.
L'effet de serre
Les scientifiques s’accordent aujourd’hui pour affirmer la prépondérance du rôle des activités
humaines dans le changement climatique et pour voir dans l’effet de serre le principal mécanisme
conduisant au réchauffement de la planète.
Qu'est-ce que l'effet de serre ?
"La température moyenne de notre planète résulte de l'équilibre entre le flux de rayonnement qui lui
parvient du soleil et le flux de rayonnement infrarouge renvoyé vers l'espace.
La répartition de la température au niveau du sol dépend de la quantité de gaz à effet de serre (GES)
présents dans l'atmosphère. Sans eux, la température moyenne serait de - 18°C et la terre serait
inhabitable. Leur présence amène cette température à 15°C.
Les gaz responsables de l'effet de serre d'origine anthropique sont le gaz carbonique (CO2), le
méthane (CH4), l'oxyde nitreux (N2O), l'ozone troposphérique (O3), les CFC et les HCFC, gaz de
synthèse responsables de l'attaque de la couche d'ozone, ainsi que les substituts des CFC : HFC,
PFC et SF6.
Les gaz à effet de serre sont naturellement très peu abondants. Mais du fait de l'activité humaine, la
concentration de ces gaz dans l'atmosphère s'est sensiblement modifiée : ainsi, la concentration en
C02, principal GES, a augmenté de 30% depuis l'ère préindustrielle.
Les effets combinés de tous les GES équivalent aujourd'hui à une augmentation de 50% de CO2
depuis cette période."
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !