
besoin de nos contributions. Car Ambukarrangal, c’est un vaste mouvement : 
25.000 étudiants, 1000 professeurs, la plupart des femmes hindoues appartenant 
aux basses castes, à qui l’on rend ainsi leur dignité: “elle sont merveilleuses, c’est 
elles qui font tout”. En plus, l’oeuvre du Père Ceyrac et de ses prêtres n’est pas 
seulement caritative: “Nous leur enseignons la libération sociale, à se prendre en 
charge eux-mêmes, à s’organiser et à formuler leurs revendications auprès des 
patrons et du gouvernement indien, plutôt qu’à toujours tendre la main”. Spectacle 
incongru parmi cette marée de visages noirs, Charlotte de V., 27 ans, une jeune 
Française BCBG, qui est cadre dans une grande société informatique à Paris : 
“Depuis quelques années, je parrainais un enfant indien démuni à raison de 300 
francs par mois; puis j’ai voulu le voir et je suis donc venu en Inde”. Charlotte a 
tout découvert ici : “la joie des enfants, la beauté des femmes - et l’espoir - ils ne 
se plaignent jamais ici, même dans l’extrême misère”. Et puis bien sûr, il y a le 
Père Ceyrac: “Je n’ai jamais vu un homme aimer autant”, conclue Charlotte en 
berçant une petite fille dans ses bras. 
 
(*) Etat du Tamil Nadu, tout au sud de l’Inde, 55 Millions d’habitants, capitale 
Madras.  
 
2.  KARAN SINGH, LE DERNIER DES MAHARAJAS 
 
Il est né un beau jour de Septembre dans une suite de l’hôtel Martinez à Cannes - 
la suite royale, bien sûr - Car Karan Singh est de sang princier : fils de la 
Maharani Tara Devi et du Maharaja Hari Singh, qui règne alors sans partage sur 
le Cachemire, ce merveilleux petit état engoncé dans les Himalaya, que l’on a 
souvent appelé “La Suisse indienne” !  
Karan Singh aurait pu jouir de la vie dorée des princes de l’Inde, à qui les 
Britanniques - puis le gouvernement de l’Inde indépendante - avaient accordé des 
privilèges d’apparat (afin de les faire tenir tranquille) : bourses mensuelles, droit à 
une garde personnelle, au salut à canons etc.); mais le jeune Prince voulut jouer 
le jeu de l’Inde libre. Et en 1949, l’âge de 18 ans, il est nommé, à l’instigation de 
Jawarlhal Nehru, Régent du Cachemire - et cela pendant près de dix neuf ans ! 
Puis à 36 ans, il devient le plus jeune Ministre de toute l’histoire de l’Inde 
indépendante, lorsqu’Indira Gandhi lui donne le portefeuille du Tourisme. Enfin, 
pour couronner une carrière déjà glorieuse, il est dépêché en 1990 comme 
Ambassadeur aux Etats Unis, et éblouit la haute Société de Washington - toujours 
en mal de royauté - par sa culture et son maintien. Aujourd’hui, Karan Singh est 
membre du Raja Sabha, le Sénat indien. 
 
Mais Karan Singh est bien plus qu’un maharaja ou un homme politique. C’est 
d’abord un érudit, membre des Clubs de Rome et de Budapest, qui a écrit de 
nombreux ouvrages, notamment sur le philosophe indien Sri Aurobindo, qu’il 
qualifie de “Prophète d’un Nouvel Age”. Le Dr Karan Singh est ensuite un 
philanthrope éclairé: c’est un des premiers maharajas de l’Inde indépendante à 
avoir renoncé à son allocation mensuelle; il a également fait don au 
Gouvernement de nombreux de ses palais, tel le fabuleux Amar Mahal Palace de 
Jammu, qui est devenu un Musée de la ville.  
Enfin, et surtout, Karan Singh est un francophile assidu. L’année dernière il est 
par exemple devenu Président, avec Jean François Poncet, du Forum franco-
indien, qui s’efforce, sous l’impulsion du Président Chirac et de l’ambassadeur de