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Le Mal
Texte résumé
Louis Girard
Café-Philo / 1er avril 2015
selon lui) impression que nous avons qu'il faudrait que ces individus soient des spontanéités
indépendantes au moins relativement, c'est -à-dire d'être libres par l'ignorance des causes qui
nous font agir. Mais n'est-ce pas confondre la conscience d'une présence avec l'ignorance
d'une absence ? Au moment de la décision, dans certaines circonstances, il nous arrive de
nous trouver devant rien, aucune possibilité ne s'imposant ; et c'est l'angoisse, conscience du
néant. L'angoisse nous ouvre à la liberté.
Cinquième problématique : Le Bien correspond à l'épanouissement de la volonté
humaine et le Mal à son anéantissement
On admettra une infinité d'autres spontanéités en dehors de celle du Dieu (ou Nature)
originel. Mais on se trouve alors devant la difficulté : quel rapport ces deux spontanéités
ont-elles entre elles ? Si c'est uniquement un rapport de forces, alors se soumettre à Dieu
plus fort que soi est question de prudence et non de morale, et l'on risque de penser avec
Proudhon : "L'homme devient athée quand il se découvre meilleur que son Dieu" La
moralité est non pas la soumission à une force extérieure, mais l'épanouissement de soi (cf
les deux exemples de Kant). Et cet épanouissement ne peut s'accomplir que dans et par le
rapport aimant à l'autre. Si la spontanéité divine est ce en quoi la spontanéité humaine
trouve sa vérité et son accomplissement, on interrogera : mais comment le mal est-il
possible ? Comment peut-on décider d'agir non seulement contre Dieu, mais contre soi ?
Sixième problématique : Le péché en contradiction avec l'état normal dirigé vers le
Bien : comment est-il possible ?
La première explication se rapproche du spinozisme ; c'est celle de Socrate : nul n'est
méchant volontairement ; accablé par le poids des déterminismes extérieurs, le "méchant"
ne peut voir la vérité ; pour qu'il n'y ait pas de méchants, il faut construire la société juste,
qui produira uniquement des hommes justes. Mais c'est là encore anéantir toute spontanéité
en dehors de la spontanéité originelle.
Comment comprendre qu'on pèche ? Le péché est différent de la faute, qui est
simplement la non-observance d'un commandement. Le péché est un état de la volonté qui
se sait en contradiction avec l'état normal, dirigé vers le Bien. Comment est-il possible ?
Plusieurs possibilités :
1) La chute par fascination ; elle est comme un vertige ; l'"innocence" humaine n'est
pas l'innocence animale, elle s'accompagne de la conscience confuse de la possibilité du
péché, qui survient dans l'instant, lequel, dit Kierkegaard, n'est pas l'atome du temps, mais
l'atome de l'éternité
2) Une déviation du sentiment d'"agent moral" ; la notion d'"autrui", comme de
l'individu semblable à soi envers lequel on a des devoirs est restreinte ; on considère qu'on
n'a pas de devoirs envers telles personnes (le Juif, les "mécréants") ici : les méfaits de la
croyance au diable.
3) Une hypertrophie du sentiment de soi, qui aboutit à refuser toute action entraînant
un désavantage ; on observe l'impératif moral, à condition que cela ne gêne pas. Problème :
celui qui est arrivé à ne plus avoir vraiment conscience de ses devoirs serait-il innocent ?
L'ironie de Pascal.
4) A la limite, le refus total d'autrui, allant jusqu'à la volonté de faire le mal parce que