PAUSE PHILO Viroflay
2014-04-05 Animateur : Bruno MAGRET Page 3/5
De nos jours :
Dans l’histoire, la morale a d’abord été imposée par une minorité à la masse non instruite, souvent en lien
avec des principes religieux. Puis les individus ont accéder à plus de savoir et ont appris à réfléchir par eux
même. Les individus rejettent ou valident la morale qui devient un choix, une liberté : autrement dit, il existe
de nos jours une particularisation individuelle de la morale. Certains ont même utilisé le terme d’éthique avec
une connotation laïque, pour l’opposer à la morale à connotation religieuse.
Trois mouvements de pensée principaux :
- Le modèle à la française :
Il existe des principes moraux à priori. Il existe une unité de l’humanité au-delà du temps et de l’espace dans le
religieux (lien universel entre les individus), l’individu dans son être est l’univers et s’il abîme l’univers, il
s’abîme lui-même [Ex : « Tu ne tueras point » : Si je tue l’Autre, c’est comme si je me tuais moi-même ; ex : Le
bouddhisme où l’être est une illusion car il est intégré dans le Tout (« There’s no spoon » dans Matrix)]. Il s’agit
d’une éthique ontologique qui est de l’ordre de la spiritualité, de la métaphysique (basée sur la foi, l’intuition,
la raison universelle). (Exemple du fumeur : en fumant l’individu nuit à l’univers, l’individu est considéré
comme dégénéré ou déficient. Bien que du point de vue de Dieu, infiniment miséricordieux accordant grâce et
pardon, cela fait partie de l’économie de l’univers : on a notre propre destruction en nous, toute chose se
corrompt dans le temps du départ à la fin)
- Le modèle anglo-saxon (aujourd’hui le modèle dominant) :
Les principes moraux sont définis par un raisonnement empirique, à postériori (si j’autorise à tuer, je risque
que mes enfants soient tués). Ces principes sont établis ici par une rationalité pratique qui n’est pas la raison
pratique de Kant. (Exemple du fumeur : tant qu’il ne nuit pas au groupe et va fumer dehors, l’individu fumeur
peut faire ce qu’il veut, jusqu’à nuire à sa santé. C’est une forme de morale minimaliste).
Remarque : Avec l’empiriste anglais Jeremy Bentham « L'éthique a reçu le nom plus expressif de déontologie »
en 1825, dans son livre « intitulée l'Essai sur la nomenclature et la classification des principales branches d'Art
et Science ». Pour Bentham on peut faire un calcul entre ce qui procure le plus de joie/plaisir et le plus de
tristesse/peine
- Une 3è voie émerge liée à la globalisation du monde et au besoin de penser les règles à l’échelle de
l’humanité (cf. : Problématiques des contraintes environnementales) :
C’est un mouvement de pensée liée au principe de l’évolution de l’espèce : ceux qui vivent à l’extérieur du
groupe, les individus solitaires sont éliminés, l’homme est un animal sociable, de nature grégaire (dans son
sens positif, vie en groupe) qui répond à des lois naturelles pour la survie de l’espèce. Et dans ce cadre, la
morale est une nécessité naturelle qui est inscrite naturellement en nous. Autrement dit, la morale est
instinctive, innée, et sert à la survie de l’espèce.
Cela rejoint la pensée de Sophocle qui décrit une morale fondamentale définie par des règles non écrites (δικε)
que chacun porte en soi et des règles éthiques écrites (μονοι).
Remarque : si on élargie le raisonnement à l’extrême, si l’on pousse la globalisation de la réflexion sur l’esprit
jusqu’à l’univers, on aboutit à une amoralité – qui est une absence de morale (à ne pas confondre avec
l’immoralité – qui va à l’encontre de la morale). Si on se place du point de vue de l’univers : tout est atomes,
énergie et éternité, et à ce niveau là, la morale de l’être humain n’a pas de sens, d’existence. Dans ce cadre là,
que je tue mon prochain n’a pas plus d’importance ou de sens que le fait de ne pas le tuer. Ici on devient
« libéré vivant », cela ne peut que se vivre et pas se discuter : on atteint la limite de tout raisonnement, la limite
de toute discussion, on sort du cadre de la philosophie.