Critique Historique A. Partie générale. Introduction Nous commençons par 2 citations d’auteurs de la fin du 19ième siècle. E. Reman: « La critique est contraire à l’allure normale de l’intelligence. La tendance spontanée de l’homme est d’ajouter foi aux affirmations et de les reproduirent, sans même les distinguer de ses propres observations. » Louis Pasteur: « L’instinct naturel de l’homme face à l’eau est de se noyer; apprendre à nager c’est acquérir l’habitude de réprimer des mouvements spontanés et d’en exécuter d’autres. De même l’habitude de la critique n’est pas naturelle, il faut qu’elle soit inculquée.» Il faut prendre ces propos dans un contexte historique, c’est l’époque de l’essor des sciences expérimentales. Reman montre que les sciences humaines jouent un rôle car utilisent une méthode, qui est la critique historique, pour lutter contre les superstitions et autres crédulités. L’objectif du cours est double. 1. Comment la critique historique est-elle élaborée? 2. Se servir de la méthode de la critique historique pour s’aider dans les autres sciences. Les règles classiques de la critique historique sont nées de l’épistémologie. → Comment l’histoire est-elle devenue une discipline scientifique? L’évolution des principes du métier d’historien a permis de comprendre la place qu’occupe la critique. → Comment l’historien travaille-t-il? Que peut-on tirer de ses résultats? Quels sont ses bases méthodologiques? Quel est le lien de sa méthode et les autres disciplines? Le premier objectif est de comprendre la spécificité de la connaissance historique. Et le deuxième objectif est de tirer parti des critiques des sources documentaires faites par les historiens. → L’historien doit voir si un document est fiable. La critique historique permet de formuler un jugement sur un document, une source d’information et doit donner un jugement fondé sur la raison. I. Les fondements de la critique historique. 1. Nature et finalité de l’histoire. La reconstruction du passé est basée sur une étude critique des traces laissées par le passé. De ce fait la préhistoire se différencie de l’histoire, car il n’y a pas de traces écrites. Mais la préhistoire est quand même une partie de l’histoire même si historien et préhistorien ont différentes sources. L’histoire est une reconstruction du passé humain mais il y a des limites de la connaissance et tout doit être basé sur des traces. → Le passé est lacunaire, il faut donc le rendre intelligible, la visée (pourquoi sommes-nous telles que nous sommes devenus) est à la fois modeste mais aussi terriblement ambitieuse. Il faut faire une distinction entre l’histoire chaude (l’activité humaine)et l’histoire froide (prendre du recul). Prendre du recul c’est voir ce qui est important avec le recul du temps car une étude menée à chaud risque d’être infectée par les passions de l’époque. Mais d’après Lévi Strauss « tout est histoire, ce qui c’est dit hier et il y a une minute ». Et l’histoire du temps présent prend le risque de faire un travail avec certains des acteurs encore vivants. Histoire en Grecque veut dire enquête et c’est comme ça que Hérodote fait de l’histoire. Il essaye néanmoins de rester le plus impartial possible cela fait que le travail d’historien se 1. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. différencie de l’apologétique qui prend la défense d’une cause et de l’hagiographie qui étudie les écritures des vies des saints. Le problème pour la vérité sont les différents biais. * Le biais nationaliste, par exemple historien allemand et français s’opposent sur différents sujets (entre autre la noblesse). Ils essayent de mettre la supériorité de leur nation en avant par rapport à l’autre. L’histoire en Belgique se développa en même temps que la création de l’état. Mais maintenant les gens ne s’intéressent plus à l’histoire nationale donc on a droit aux histoires des régions, la dernière œuvre sur l’histoire de la Belgique remonte à Henri Pirenne. * Un autre biais est la classe sociale, les historiens s’intéressent tout particulièrement à leur propre classe, et seulement depuis Marx il y a des historiens de classes populaires et donc une histoire des classes populaires. * Il y a aussi le biais egnocentrique, par exemple en Europe, l’Europe domine le monde durant la colonisation et les pays africains sont décadents, mais après la décolonisation on remarque que l’on s’est trompé, on a d’autres perspectives. * $$$$: donne un regard masculin, les hommes ne partagent pas avec les femmes et il y avait peu de femmes historien, mais le mouvement féministe a changé tout cela. L’histoire s’inspire aussi d’autres sciences humaines à partir de 1900. Avant cela l’histoire ne s’intéressait qu’à des évènements et des institutions et n’avait donc pas besoin des autres sciences humaines. La réaction apparaît entre les deux guerres avec l’école des annales (1929) fondée par Marc Bloch et Lucien Febvre, continuée ensuite par Fernand Braudel après guerre. Ces historiens s’attaquent au biais de la classe et commencent à s’intéresser à autre chose que les classes supérieures, ils analysent les problèmes sociaux, plus tard ils s’attaquent aussi à l’histoire des mentalités. « L’histoire fait feu de tout bois, l’histoire se critique de natures », c’est une discipline au cœur des sciences humaines. L’histoire évolue grâce à l’apport de nouvelles questions (apport du Marxisme et du féminisme, il y a aussi de nouveaux problèmes, par exemple l’écologie) et de nouvelles découvertes, de nouvelles sources (grâce notamment à l’apport de l’archéologie, par exemple les manuscrits de la mer Morte). 2. Conditions de la connaissance historique. La condition première est la nécessité de traces du passé appelées sources qui ne sont pas la même chose que des travaux, réalisés par d’autres historiens et qui n’ont de la valeur que parce ce que basés sur des sources. Paul Veyne a dit: « Les vrais problèmes d’épistémologie historique sont des problèmes de critiques et le centre de toutes réflexions de connaissance historique est ce que l’on fait des sources », il a aussi dit: « L’histoire est connaissance mutilée, un historien ne dit pas ce qu’a été l’Empire romain ou la résistance en ’44, mais ce qu’elle est capable de savoir et non pas de ce qui c’est passé ». Henri Irénée Marrou lui a dit: « A parler net l’histoire ce n’est rien de plus que ce que nous étions raisonnables de croire vrai dans ce que nous avons compris de ce que notre documentation révèle du passé ». Il faut donc dégager l’essentiel. Les traces historiques sont fragiles car écrites, mais le code des annales ne veut pas se contenter que de sources écrites. D’après Febvre il y a un combat pour l’histoire, l’histoire se fait avec des documents écrits ou sans s’il n’en existe pas. Febvre a une conception humaniste de l’histoire, il veut comprendre l’être humain de son temps en étudiant ce qu’il était. Chez Ricœur la source est un élément du présent qui met en contact avec le passé. Pomian lui dit que les traces se trouvent parmi nous ou bien rassemblés dans des musées, bibliothèques et autres. 2. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. Il y a donc une double discussion temporelle car l’histoire est à la fois objet du passé et du présent. Les sources étonnent car elles renvoient vers le passé. La trace devient une matérialisation du passé, et est un intermédiaire entre nous et le passé. Le problème est que premièrement la mémoire humaine n’est pas parfaite et deuxièmement il y a des risques de pertes et de destructions de sources. Par exemple tremblement de terre, guerres, destruction volontaires, … . On peut citer tout les documents d’avant le 17ième siècle disparu à Bruxelles, les archives d’Ypres et de Louvain qui disparurent durant la guerre ’14, les archives de Mons et de Tournai durant la guerre ’40, la bibliothèque de Sarajevo. Et parmi les destructions volontaires il y a la destruction des archives du Congo par Léopold II et la destruction de tout documents écrits en Afghanistan. Il y a donc des problèmes pour les historiens, et en plus de tout ça il y a les destructions par manque de places. La loi oblige à garder toutes sortes de documents que l’on doit envoyer aux archives d’états après un petit temps, et ils décident là bas de garder ou de jeter. A tout ça s’ajoute encore le fait que par exemple le papier du 19ième siècle se détruit petit à petit car ont été fait avec des acides (le papier du Moyen-âge lui par contre se garde bien). Il y a aussi le problème de conservation des films des années ’50. Aussi nous-mêmes au quotidien nous ne gardons pas tout, de ce fait certaines choses comme les premiers enregistrements et les premiers films ont disparus. Le dernier type de destruction est du à l’archéologie elle-même car aujourd’hui ce n’est pas seulement les objets trouvés qui intéressent mais aussi l’environnement dans lequel il est trouvé (par exemple des traces de feux ou de morceaux de bois). Mais les fouilles détruisent ces traces car elles veulent aller plus loin, un bon enregistrement est donc nécessaire, car il faut aussi faire attention au comment la trace a été conservée. Il n’y a pas seulement l’intérêt historique que l’on peut porter aux traces du passé, il y a aussi l’intérêt esthétique, mais il vaut mieux faire attention à l’intérêt historique qui apporte un plus. Par exemple: * Tintin et sceptre d’Ottokar, le roi figure comme une partie de la population voit le roi des Belges, on pourrait se passer du parlement, mais tout le monde ne partage pas cette vision des choses en Belgique (socialistes). * On peut écouter Beethoven différemment quand on sait qu’il est un contemporain de Napoléon et des grands bouleversements politiques. 3. La critique historique et son propos. A. L’émergence. Hérodote, contemporain de Socrate, est l’ancêtre des historiens. Il va produire une enquête dont les sources seront l’observation et ce qu’il a entendu, il utilise une méthode de journaliste. * Il recherche les guerres récentes (Perses et Grecques). * Les mythes. * La géographie (Il est aussi considéré comme le précurseur des géographes). Après lui vient Thucydide qui apporte le développement des méthodes, il est acteur et aussi spectateur des évènements de son temps. Il va étudier les causes des différents évènements et les différencier.* Il cherche les causes lointaines, profondes et immédiates. * Il utilise des témoignages et les confrontent, quand il n’en a pas il raisonne par analogie. * Il produit des preuves. * Plus de légendes, seulement des humains et des causes humaines. On pourrait croire qu’après Thucydide les historiens seront définitivement lancés mais il n’en est rien car ils vont succomber à au moins une des 3 tentations, la rhétorique, la politique et l’éthique. * La rhétorique consiste à parler bien, c’est une activité littéraire, les faits sont moins importants, il faut bien raconter. * La politique c’est produire une histoire engagée au service de son propre Etat contre un autre. 3. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. * L’éthique, ce sont des maximes morales, de belles actions et des faits d’armes. Ces 3 tentations, les historiens ne devraient pas y succomber. Mais par exemple Polybe produit une histoire critique mais malheureusement morale. Les Romains Tite-Live et Tacite produisent un discours fictif pour embellir l’histoire, peut importe le sens des mots, seul compte la gloire littéraire. Le Moyen-Age n’apporte malheureusement rien de plus, mais vers le 15ième-16ième siècle les choses vont changer. Car ce qui importe à la Renaissance c’est le retour à l’Antiquité, il y a donc une prise de recul, une érudition. Une érudition qui commence avec la philologie (étude des langues) latine et grecque, les humanistes veulent parler les langues de l’Antiquité. Parmi ces humanistes on retrouve Lorenzo Valla, il découvre que le document qui attribuait un état au pape, de la part de Constantin, était un faux. Il a découvert ça car il recherchait toujours les meilleurs textes car au fil du temps les fautes de copies deviennent de plus en plus grandes. Un autre humaniste qui faisait la même chose était Erasme. Il y avait aussi la numismatique qui collectionne les monnaies anciennes, d’autres témoins du passé. L’épigraphie, elle s’occupe des inscriptions anciennes, et la chronologie des dates. Mais comme les humanistes imitent les Romains (et les Grecques) ils retombent dans les mêmes tentations. C’est-à-dire l’histoire comme genre littéraire avec par exemple les Romantiques Voltaire et Michelet qui ne s’intéressent pas à la vérité mais ne font que répéter leurs prédécesseurs. Mais on retrouve quand-même aussi les érudits, il y a donc une division des historiens. Les érudits étudient les techniques de collection, d’études et de classements de sources, ce qui débouche sur des catalogues et des bibliographies. Ces historiens sont surtout des religieux, Bénédictins et Jésuites. Chez les Jésuites se sont surtout les Bollandistes qui rassemblent, critiquent et confondent les récits de saints (hagiographie). Le Bénédictin Dom Mabillon s’intéresse aux chartres et diplômes qui donnent des droits, il veut prouver que se sont des documents authentiques. Il a écrit: « A propos de la diplomatique ». La diplomatique étant l’étude des diplômes (chartres et parchemins). Il se développe d’autres branches qui sont des sciences auxiliaires pour les historiens: la paléographie, l’étude des écritures anciennes; la sigillographie, qui est l’étude des sceaux et aussi l’héraldique qui étudie les armoiries. Dans la seconde moitié du 19ième siècle il y a la fin du divorce entre les érudits et les autres, et enfin l’histoire devient professionnel car avant ça c’était affaire d’amateurs. C’est l’histoire scientifique qui fait enfin son apparition, les historiens travaillent dans des musées et publient pour des revues scientifiques. Il y a l’étude critique du passé, la compréhension du passé, la recherche des causes et l’analyse. Les historiens renoncent volontairement à l’esprit littéraire de l’histoire, il faut un récit sobre. L’un des premiers est Léopold von Ranke professeur à l’université de Berlin; il parcourt l’Europe pour voir les archives nationales. Langlois et Seignebois vont en 1898 systématiser la méthode de travail et les règles d’érudition. B. La systématisation. Le 19ième siècle est le moment des premiers grands progrès de la médecine par exemple Pasteur découvre le vaccin contre la rage. Mais à coté de la science se développe aussi les sciences humaines. Les historiens vont développer une méthode qui va valider leur connaissance, ils vont systématiser la critique historique. D’autres sciences humaines vont apparaître comme la psycho scientificité, la sociologie (Durkheim), l’économie, la géographie, la linguistique (De Saussure) et l’histoire avec Langlois et Seignebois. Il y a quand même 4 remises en questions. La prétention de l’histoire à la subjectivité. C’est une illusion, la volonté d’imiter les sciences naturelles car il fallait établir des faits, réaliser une opération de synthèse. Les historiens pensaient que l’érudition pouvait tout faire, par exemple Von Ranke pensait qu’il fallait savoir comment les choses 4. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. c’étaient passées. Et d’après Foustel de Coulanges l’histoire n’est pas un art mais une science pure, l’histoire doit bien voir les faits par une observation des textes, et l’histoire ne peut faire place à la subjectivité. → Tout ceci n’est pas possible c’est pourquoi illusion, et il faut donc être conscient de sa propre subjectivité pour s’en protéger. L’histoire problème qui est formulée par l’école des annales et entre autre Febvre, qui pense que l’histoire ne doit pas être une succession d’évènements. Il faut partir du présent, c’est évidemment un risque de subjectivité. Il faut partir des questions du présent et essayer d’y répondre avec l’histoire. Il faut surtout faire parler les sources → émergence de l’hypothèse de travail, il faut d’abord poser des questions qui détermineront la façon de rassembler et de critiquer des sources. Il va y avoir des nouvelles sources et de nouvelles méthodes, parmi les nouvelles sources il y a les sources non-écrites apportées par l’archéologie et les statistiques vont permettre de découvrir l’histoire sérielle. L’écriture de l’histoire doit rester neutre. C. Remises en questions. Dans le mouvement post-moderniste il y a un tournant linguistique et en suit un relativisme cognitif. Sous l’influence de la linguistique et de la psychanalyse il va y avoir de la littérature renouvelée qui parle des travaux et sources. → Les textes étudiés par les historiens seraient auto référentiel car le langage est un système fermé de signes et la réalité serait contenue dans le langage lui-même (Hayden White 1973). Le système historien tournerait sur lui-même et l’histoire serait à mettre sur le même pied que le roman. Barthes remet en cause la différence entre fiction et histoire, on voit l’histoire comme une narration. Le relativisme cognitif pense que puisqu’un discours est auto-référentiel de multitudes de discours peuvent se tenir sur le même thème et sont donc interchangeable. Mais les historiens pensent que tout ceci est fort exagéré et les différents discours de l’histoire vont se confronter et s’enrichir mutuellement. M. de Certeau (en 1975) réagit en disant que le récit n’est pas auto-référentiel, Ricœur lui écrit en 1983 « temps et récits », et Pomian « Manque d’historicité », il y a des notes de bas de pages et des citations. II. Les règles de la critique historique. 1. La portée des témoignages et des documents. A. La critique externe. Elle examine la valeur extrinsèque de la source → le document est-il bien ce pourquoi il se donne et par quel moyen de transmission ce document est-il venu jusqu’à nous. Critique de provenance (auteur/date/lieu). Il faut identifier la source, il y a le problème des anonymes et des pas signés. Aussi, problèmes d’auteurs car il y a parfois 3 auteurs: L’auteur intellectuel, responsable du contenu; l’auteur matériel, par exemple un scribe et l’auteur officiel, un prince ou roi. Problème de savoir qui est quel auteur. Il y a aussi les auteurs qui emploient un pseudonyme (George Sand), des anagrammes (Rabelais) et certains auteurs signent seulement avec leurs initiales. A coté de ça il y a les fausses attributions pour rehausser une œuvre (les pseudosAugustin) faites par l’auteur lui-même ou par un copiste, ce qui arrive aussi c’est de rehausser un auteur en lui attribuant une œuvre anonyme. La date peut aussi poser un problème car incomplète et on ne peut qu’évaluer une fourchette chronologique avec les terminus a quo (à partir duquel), post quem (après lequel), ad quem (vers lequel) et ante quem (avant lequel). Il y a aussi le problème de conversion des dates (calendrier romain (753 avant Jésus-Christ) et musulman (622)). 5. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. Problème aussi des documents ante et post datés, certains articles de journaux par exemple la nécrologie rédigée à l’avance. La forme peut parfois situer voir authentifier un document grâce à la diplomatique. Il ne faut pas oublier que les documents n’ont pas été faits pour que les historiens s’y retrouvent. Pour découvrir la provenance d’un document il faut refaire son histoire et découvrir par quelle voie il nous est parvenu. Critique d’authenticité, est-ce un faux? Quelques exemples. * En 1983 on aurait retrouvé les carnets secrets d’Hitler qui sont en fait 60 cahiers d’écoliers qu’il aurait écrit entre 1932 et 1945, une sorte de journal intime dans lequel il aurait pu donner ses mobiles. L’hebdomadaire Stern a commencé la publication par extraits mais comme il n’y avait rien de fracassant, on a décidé de faire une expertise et ni l’encre, ni le papier utilisé ne correspondait à l’époque de Hitler, mais étaient beaucoup plus récents. L’enquête judiciaire a permis de punir les faussaires. * L’affaire Dreyfus, ce capitaine de l’armée française qui fut accusé de trahison, il aurait donné des informations à l’Allemagne, le grand ennemi. Les accusations n’étaient pas très fondées mais Dreyfus était Juif. Certains prenaient la défense de Dreyfus comme Zola, d’autres par contre l’attaquaient. La pièce maîtresse de l’accusation était une lettre découverte dans la mallette de l’attaché militaire allemand. Il était facilement visible que c’était un faux car par exemple la marge était différente et seule l’écriture était ressemblante mais il fut quand même accusé et seulement plus tard innocenté. * En 1860 Vrain-Lucas va se mettre en rapport avec un mathématicien et va lui vendre plus de 2700 faux autographes, il commencera par des autographes du début 17ième et puis aussi des autographes de par exemple Charlemagne, Socrate, Jules César, Lazare, Cléopâtre, … . Le mathématicien va se baser sur le faux autographe de Pascal pour prouver que ce dernier avait découvert le principe de la gravitation avant Newton. Après ça des historiens vont prouver que tout ces documents sont des faux et Vrain-Lucas va aller en prison. * Ossian est un poète Ecossais celtique qui va influencer le courant romantique, mais tout ses poèmes étaient en fait écrits au 17ième siècle. → Il y a aussi des faux bien plus anciens qui octroyait des droits à des souverains, des princes, des monastères, … . La critique de restitution, c’est une critique de nettoyage et de raccommodage car des obstacles peuvent s’interposer entre les chercheurs et les sources. Des intermédiaires changent des informations volontairement ou unvolontairement. Par exemple le journal d’Anne Franck, mais le journal pose un problème car ce n’est pas le texte qu’elle avait écrit, il y a eu des intermédiaires. Déjà il n’y avait pas qu’un seul journal, car elle a fait 2 rédactions successives. Londres avait demandé des témoignages de la vie sous l’occupation et donc Anne Franck a repris son journal en le retravaillant. Dans un des journaux il manque quelque mois car un des carnets a disparu sans doute à la suite de l’arrestation mais l’autre journal permet de récupérer les parties manquantes. Quand son père revient, il va faire publier le témoignage de sa fille avec un peu des deux textes et en changeant un peu. Mais l’éditeur va exercer une censure morale, et va laisser tomber des passages où elle parle de ses règles et quand elle tombe amoureuse. Le texte qui est d’abord publié en néerlandais va ensuite être traduit, mais les traductions sont différentes car certaines traductions vont partir du texte de base, d’autre de celui du père et certain du texte original. Il y a aussi des typographies, par exemple François Malherbe le typographe a confondu « Rosette » 6. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. et « Rose elle », ce qui d’ailleurs a embelli le texte. Un témoignage peut aussi être corrompu par la tradition, tradition dans le sens de faire suivre. Dans la tradition orale quelqu’un a pu mal comprendre et dans les documents écrits certains on pu mal lire, sauté une ligne, oublié un mot, répéter une syllabe ou un mot, mal couper des mots, … . Par exemple on a longtemps cru que Erasme avait écrit « saluta bis canonicum » qui voudrait dire « salue 2 fois chanoine » mais en fait Erasme aurait écrit « salutabis canonicum » qui ça aurait du sens car voulant dire « tu salueras le chanoine ». Autre exemple les errata sont souvent volumineux dans le moniteur belge. Il y a aussi eu des modifications, honnêtes et malhonnêtes. Honnête car il y a une faute et on veut la corriger mais ce sont souvent des textes de qui datent de 200 à 300 ans. Malhonnête car on a voulu raccourcir ou dénaturer le texte, supprimer ou introduire certains passages (interpolation). Par exemple l’autobiographie de Sainte Thérèse a été refondue et interpolée par sa sœur. Autre exemple un recueil de décision de justice de la fin de l’ancien régime contient des références d’ouvrages publiés après la date du jugement car les auteurs ont interpolé les textes avec des travaux plus proche d’eux, ceci pose des problèmes pour les historiens, il aurait fallu qu’en note, on donne l’original. En musique cela arrive aussi, on a retrouvé plus de 10 000 erreurs dans la 96ième symphonie de Haydn. La critique de restitution a historiquement été développée par les exégètes et les philologues durant la Renaissance, les controversistes devaient justifier leur protestantisme ou catholicisme. Il faut faire attention que face à une pluralité on ne prenne pas le plus vieux texte pour le meilleur car un moine du Moyen-âge qui recopierait un texte ancien avec paresse et un humaniste copiant le même texte avec grande motivation mais 500 ans plus tard sera plus proche du texte original. Le but de la restitution c’est reconstruire l’archétype et pour ça il faut rassembler toutes les copies existantes et les rassembler par familles, il faut établir un arbre généalogique, un stemma et ce que l’on reconstruit c’est le codex stemma codicum. Même quand on a qu’une seul copie il faut en tirer le maximum, imaginer les mots manquant en fonction de la phrase mais faire bien attention que cela reste une hypothèse, ceci est l’émendation. L’éditeur du texte doit fournir des preuves et des justifications, et les passages corriger doivent être indiqués. Et même quand on a le texte authentique il est parfois difficile de retrouver la pensée de l’auteur. La critique d’emprunt ou d’originalité, qui est en fait est intermédiaire entre la critique externe et interne. Il faut essayer de savoir ci ce qui est rapporté par l’auteur est un témoignage direct ou indirect. Certains emprunt de l’auteur ne sont pas toujours notés (plagiat ou modèle). Par exemple Eginard a fait une biographie de Charlemagne, on pourrait croire qu’elle serait très bonne car il était familier avec lui, mais on a remarqué qu’il a fait beaucoup d’emprunt à Svétone qui a fait une biographie sur les empereurs romains car il voulait correspondre à Svétone et faire correspondre Charlemagne aux empereurs romains, ce texte n’a donc pas beaucoup de valeur. Problème aussi de rumeurs, on ne sait pas d’où elle vient, parfois accusations de sorcellerie. On peut aussi faire la critique pour d’autres documents, par exemple les œuvres d’art. Au musée des beaux-arts de Dijon se trouve un primitif flamand ou l’on peut voir au loin un bateau du 17ième siècle, qui fut rajouté par un des propriétaires au 17ième siècle. Certaines modifications apportées peuvent être aussi considérées comme des sources. Par exemple une église romane avec du mobilier baroque, alors que faire garder seulement le roman ou bien les deux. 7. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. Il faut faire cette critique car il peut y exister des faux là aussi, par exemple un archéologue japonais a produit de faux objets préhistoriques pour appuyer ses théories. Les faux en peinture sont assez fréquent et peuvent être détectés par la critique de style ou bien une recherche en laboratoire. Il y a comme ça beaucoup de faux Vermeer qui ont été réalisé par Van Meegeren a réussi à tromper les acheteurs et les critiques, on a quand même réussi à découvrir que c’était des faux grâce à un laboratoire, en effet un des pigments utilisés, le bleu de Prusse ne fut découvert qu’après la mort de Vermeer. Un autre exemple c’est le discours de Churchill le 4 juin 1940, qu’il fit devant le parlement, mais il n’était pas présent lors de la diffusion radio, ils ont du utiliser un comédien. En 1967 les Egyptiens et Israël sont en guerre, au début les Egyptiens sont les plus forts, et la télévision égyptienne diffuse à l’avance des images de Tel-Aviv en feu, prise quelques mois auparavant lors de l’incendie d’un immeuble. Il y a aussi moyen de fausser des documents photographiques, par exemple en URSS les documents photographiques ont été faits en fonction de la ligne politique, ainsi on voit Trotski disparaître des photos lors de sa disgrâce. Dans la fameuse affaire du Watergate les enquêteurs demandent à Nixon de remettre les bandes d’enregistrements de la maison blanche, quand finalement il le fait, on remarque que certains passages ont été enlevés. Tout les films sont montés, qu’ils s’agissent de fictions, de documentaires ou de reportages. Par exemple quand le Général de Gaule était en tournée, on peut remarquer qu’à chaque fois les applaudissements sont les mêmes et viennent d’un stade sportif. Photos de presse sont souvent recadrées. Et enfin la famille Breughel a travaillé souvent sur les mêmes thèmes, donc quoi est de qui, et quelle image est originale? B. Critique interne. La critique externe a permis d’identifier et d’authentifier les objets, elle a parlé de la valeur extrinsèque, mais nous devons maintenant prendre en compte le contenu et pour ça il y a 2 démarches. Il faut d’abord comprendre le message, ce que le témoin a dit ou a voulu dire, c’est la critique d’interprétation. Ce témoignage peut-on lui accorder confiance, c’est la critique d’autorité, une critique de compétence, d’exaction, de sincérité. 1. La critique d’interprétation. Il faut comprendre car tout message comprend un code, qui peut être un obstacle et une intention, mal exprimée où cachée. Comprendre un code. + L’écriture a différentes formes qui ont évoluée, l’usage d’abréviation ne sont pas faciles à comprendre. C’est la paléographie qui s’occupe de ça + Le code peut être un code secret, utilisé durant les guerres ou bien les messages chiffrés des rois d’Espagne. C’est la cryptographie qui s’occupe de ça. + Les langues anciennes, par exemple les hiéroglyphes ont pu être déchiffré grâce à Champollion et à la pierre de Rosette qui portait le même texte en 3 langues dont le Grecque. Même le français peut poser des problèmes car certains termes n’ont plus la même signification qu’avant (fantastique, spéciale, cabinet (meuble, pièce de théâtre refusée), …). Aussi l’argot peut poser des problèmes, les morts en argot de caserne signifie les malades. Et certains proverbes et expressions ne sont qu’utilisé par certains milieux ou certaines régions. + Des termes techniques: des mesures ne sont plus les mêmes. Une ruelle, petite rue signifiait la chambre à coucher au 17ième siècle. 8. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. + Les passages d’une langue à l’autre peuvent être difficiles à cause des faux amis; par exemple canons en anglais signifie chanoines et un police officer n’est pas un officier mais un agent de police. Une guerre a éclaté à cause de cela, car l’envoyer de Napoléon III, fut reçu par l’adjudant du roi de Prusse, qui était en fait son aide de camp et pas un adjudant dans le sens français du terme. + Parfois aussi le sens littéral n’est pas le bon - Dans les usages de conventions: une formule de politesse ou bien quand on dit que pour un acte de naissance il y a l’officier d’état civil présent alors qu’il signe parfois 3 mois plus tard - L’intervention de l’humour ou de l’ironie peut poser problème car ils doivent être compris au second degré. - Des allusions, par exemple dans les caricatures demandent une connivence entre auteur et lecteur, connivence qu’il faut retrouver. - La volonté de l’auteur est parfois l’ésotérisme et il y a donc des pensées hermétiques, une doctrine de l’Antiquité qui fut reprise par les alchimistes et offre une connaissance réservée à des initiés. + Il y a aussi les 4 sens de l’écriture de la bible et les jeux littéraires, par exemple les allégories. + Un sens moral peut aussi intervenir, par exemple quand on voit des paysans au travail c’est parfois un anti-modèle des nobles qui attaquent le mode de vie des paysans. + L’usage des symboles, le disgnised symbolism, on peut parfois voir la vierge tenant Jésus et à coté il y a un vase avec une fleur représentant la pureté. + Il y a aussi la contrainte formelle, car le choix d’un mot peut être décidé en fonction de la rime. Comprendre une intention. Il faut de la patience et de l’humilité, car la lecture doit se faire sans idées préconçues, mais le problème est que tout le monde a une certaine subjectivité et il est par exemple difficile de comprendre un criminel de guerre nazi. Une lecture attentionnée est nécessaire pour bien percevoir les nuances du texte, il faut bien apprécier les choix et bien distingués les différents degrés d’affirmations. Il faut apprécier chaque passage car une phrase prise comme ça peut déformer un texte, ceci peut être dû à des polémiques. Une lecture peut aussi être trop rapide, par exemple en 1965 il y avait sur la nach leben de Charlemagne, qui veut dire les influences de Charlemagne après sa mort, mais quelqu’un a lu nachtleben qui veut dire vie nocturne. Sur une miniature on peut voir une femme tenter d’attraper une grenouille, une féministe a cru qu’il s’agissait là d’une des taches de la femme, mais en fait c’était une sorcière tentant d’attraper un crapaud pour fabriquer des potions. Chaque auteur a aussi des traits psychologiques individuels, il faut donc s’intéresser au mentalités qui peuvent être différentes d’une culture à l’autre, d’une classe à l’autre, … . Et il faut bien faire attention que l’observateur ne mette pas ses propres interprétations car elles sortent du contexte, et l’examen d’une œuvre intellectuelle doit rester dans son contexte au risque d’avoir une histoire sceptique et incrédule. L’herméneutique qui vient du Dieu Hermès, dieu de la communication et inventeur de l’écriture, a pour but d’avoir une interprétation en cercle, il y a un mouvement d’aller retour entre la partie et le tout (par exemple mot – phrase ou phrase – paragraphe), il faut sauter dans le texte. 9. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. 2. Critique d’autorité (du témoin). Quand l’auteur fait référence à autre chose qu’à lui-même. Par exemple quand Jules César a conquit la Gaule, il a écrit ses mémoires de la guerre des gaules. On peut dire que c’est un auteur compétent, une personne fiable, qui fut un témoin de beaucoup de choses. Mais est-il exact? Probablement mais il a quand même put faire des erreurs. Par contre il n’est pas sincère, il est partial et tente de se justifier pour les erreurs, il met aussi en avant ses succès. Critique de compétence. Elle repose sur l’identité du témoin, et sur son originalité, est-il un témoin direct ou pas? L’auteur peut-il aussi comprendre ce qu’il voit, et est-il bien placé pour voir ce qu’il voit. Par exemple une vieille personne a pu mal entendre. Il y a aussi le phénomène de psycho collective, par exemple des croisés qui ont vu une croix dans le ciel, des Algériens qui ont vu le nom de Dieu écrit dans le ciel, des soldats britanniques qui en 1914 dans une situation difficile près de Mons ont vu des anges dans le ciel. Parfois un témoin ne peut pas comprendre ce qu’il voit, dans le cas d’une cérémonie religieuse, une opération chirurgicale ou dans le judiciaire. Par exemple des OVNI’s ne sont quasi jamais observés par des scientifiques. Autre exemple dans « La chartreuse de Parme » de Stendhal Fabrice observe la bataille de Waterloo, et il n’y est pas du tout préparé. Un autre exemple est celui d’un missionnaire au Congo qui dit avoir baptiser 700 000 personnes au cours de 15 années, ce qui ferait 125 personnes par jour. Que faut-il donc faire pour avoir une bonne description? Il faut essayer de prendre plusieurs témoignages et les comparer. Car des témoignages sont souvent incomplet et comprennent des parties subjectives. Critique d’exactitude. Il faut essayer de détecter les informations non-intentionnelles que subissent les témoignages. * Il peut y avoir des infidélités de la mémoire, par exemple les mémoires que quelqu’un écrit sont souvent rédigées plusieurs années après les événements. * La mémoire peut être contaminé par l’imagination, par exemple remplacé des évènements oubliés par de nouvelles choses, sans pour ça le faire exprès. * La paresse ou la faiblesse intellectuelle peuvent introduire en erreur un historien quand on utilise des mauvais termes ou quand il y a un manque de clarté. Par exemple sur une miniature du Moyen-âge on peut observer le travail aux champs, on pensait se servir de cette miniature pour mieux comprendre les usages, mais on a pu remarquer que si vraiment les paysans faisaient comme ça ils se couperaient les jambes à chaque fois. Cette miniature est donc pleine d’erreurs et cela sans doute parce que c’est un miniaturiste qui habitait en ville qui a fait cela. * Le souci littéraire peut vouloir faire embellir les textes et donc parfois s’écarter de la vérité. * La suggestion, c’est la façon de poser des questions, qui lors d’un témoignage peuvent être très importante. Critique de sincérité. Il ne faut jamais croire sur parole, mais il faut se demander pourquoi il aurait fait cela. * Il y a tout d’abord l’intérêt personnel, se mettre en avant pour plaire à quelqu’un et cela souvent quand il ne peut connaître la vérité. Nous avons l’exemple d’anciens résistants qui se sont mis en avant concernant des 10. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. évènements de la guerre, mais on a pu déterminer que ce qu’ils avaient dit étaient de la déformation de vérité. * Il y a aussi l’intérêt collectif, et dans ce cas même des statistiques peuvent être altérée, par exemple en 1812 la ville de Charleroi a trafiqué le chiffre de la population pour pouvoir augmenter les taxes. * Il y a aussi l’information en uniforme (Ferro) c’est-à-dire la presse, l’actualité filmée, … . Il y a toujours une censure préliminaire, qui sont des mises en scène. Comment découvrir s’il y a sincérité ou non? Il y a différents moyens, mais aucun n’est efficace. Il faut tout d’abord mettre en évidence les mobiles, attention ce n’est pas pour ça que c’est toujours faux. Il faut aussi se dire qu’un aveu fait n’est pas une preuve que le reste est vrai. Mais dans certains cas il y a des présuppositions favorables, mais on n'est jamais tout à fait certain. Il y a l’exemple des faits qui seraient impossible à travestir sans que l’on se fasse prendre. Il y a aussi les faits qui ont un effet contraire à ce que le témoin recherche. Et aussi les informations que le témoin donne et qui pour lui ne sont pas importantes. C. Critique de confrontation. Commençons par un exemple, en 1943 l’Afrique du Nord va être libérée les alliés, 2 généraux français se trouvent là, le général de Gaule et le Général Giraud, mais ces 2 là ne s’entendent pas du tout. Pourtant il y a une photo où on les voit se serrer la main. On sait que la photo est authentique, alors quoi, l’intention n’est pas du tout sincère, c’est en fait Churchill qui avait tout intérêt à ce que la France paraisse unie qui à pris les 2 généraux français au piège. Il faut aussi se dire que quand on a déférents témoignages à propos de la même chose, il ne suffit pas de faire le décompte, qui cependant peut parfois aider, car parfois il peut y avoir 9 les mêmes qui sont faux et seulement un exacte. Il faut aussi se dire que les discordances ne sont pas toujours exactement sur les mêmes faits et peuvent donc se recouper parfaitement, de même des témoignages concordants peuvent tous remonter à la même source, bonne ou mauvaise. Et que faire quand il n’y a qu’un seul témoignage, ce qui est un cas très fréquent, faut il simplement ne pas ne tenir compte comme dans le droit romain: « Un témoin unique est un témoin nul » « Testis unus testis nullus ». Non, il faut évidemment en tenir compte, mais se méfier fortement. Il faut faire la critique interne et externe, jauger la vraisemblance par rapport aux lois physiques et logiques, attention aux réalités aberrantes qui sont parfois possibles. Et comme ça arriver à un certain niveau de probabilités, et donc évaluer la fiabilité. 2. L’agencement des données recueillis et l’argumentation. A. Le tri des données. Ceci c’est classer les informations, et mettre ensemble un peu comme pour faire un puzzle. Il y a l’approche quantitative et qualitative. Il faut faire attention au piège de la statistique car il y a toujours les « Dark Numbers » les parties inconnues des données comme avec des délits sexuels. Un exemple c’est l’évolution des prix des immeubles, il ne suffit pas d’avoir les actes notariaux des différentes années car il y a évidemment le noir qui n’est pas pris en compte. Il faut aussi faire attention aux contradictions car différentes hypothèses de travail peuvent faire changer les interprétations possibles. B. Combler les lacunes. Il faut toujours tacher de combler les lacunes et pour cela le retour aux sources est obligatoire. Il faut un raisonnement constructif, un argument rétrospectif et une hypothèse. 11. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. 1. Le raisonnement constructif. * L’argument du silence: on n’en parle pas, le fait n’existe pas. Attention: Parfois les théories ne devaient pas en parler. * Travailler par conjoncture: C’est le rapport de cause à effet, si on connaît un fait et que l’on sait qu’il est toujours suivi par un autre fait, on peut se dire que cet autre fait existe. * Procéder par analogie: Il faut faire une induction par rapport à différentes observations. 2. L’argument rétrospectif. C’est le retour en arrière, mais attention aux évolutions, cela peut toujours servir dans des cas où l’évolution est lente, comme le folklore et les traditions populaires. 3. Les hypothèses. Elle sont valables, mais il ne faut pas en faire un jeu, une hypothèse ne peut pas être gratuite, il faut une justification et doit être affirmée ou vérifiée. D’autres sources doivent être utilisées, et on peut dire que les hypothèses peuvent parfois être bien utiles. Il faut tirer parti de toutes les données possibles et en faire une synthèse. C. Explication et mise en intrigue: la représentation du passé. 1. Préliminaire: explication et compréhension. Avant Hérodote tout s’expliquait avec les Dieux, mais Hérodote évolue et se trouve entre l’explication mythologique et rationnelle. 2. Destin, destinée, action des Dieux, providentialisme. Avec le providentialisme, tout est providence, il y a un plan divin. Encore présent au 17ième siècle avec Bossuet, évêque à la cour de louis XIV. 3. Analyse des causes naturelles et humaines. Thucydide écarte l’intervention des Dieux. Il existe aussi l’explication par la cause unique, qui est très séduisante, car c’est une cause qui peut tout expliquer, mais il vaut mieux s’en méfier. Ce dont il faut aussi se méfier c’est le « Post hoc, ergo propter hoc », ce n’est pas parce que un événement vient avant un autre qu’il en est la cause. Des causes naturelles sont des explications par le climat et le milieu. Ce serait par exemple le relief et la végétation qui pourrait expliquer les différences entre les peuples. C’est Ratzel un auteur allemand, fondateur de la géographie humaine, géographie humaine fort influencée par la géographie physique, qui à décrit cela. Mais il fût dépassé par Vidal de la Blache un français qui le nuance très fort. D’après lui les facteurs physiques en interaction avec les facteurs humains. Il a eu une grande influence sur l’école des annales qui parmi les sciences humaines utilisées, utilise la géographie humaine. Les explications par causes naturelles ne sont qu’un élément parmi d’autres. Les facteurs humains envisagent le rapport entre l’individuel et le collectif, qui est à la base un personnage ou tout un peuple. Par exemple Jules César a été tué par Brutus et Caius, mais y avait-il d’autres complices? La réponse est oui, le séant a ordonné l’assassinat. Hitler est-il le seul responsable à la 2ième guerre mondiale, non car il y avait en Allemagne des milieux réceptifs et les oppositions étaient défoncées ou discréditées. Certains auteurs ont aussi personnifié des masses, le philosophe allemand Hegel parle de Volksgeist qui formerait une espèce d’entité dans l’histoire. Michelet lui, personnifie la France comme un acteur collectif. Il y a aussi une hiérarchie des causes où il faut distinguer l’élément déclencheur d’une cause immédiate et d’une cause lointaine. Par exemple la 2ième guerre mondiale a comme élément déclencheur l’assassinat de l’héritier au trône d’Autriche, la cause 12. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. immédiate c’est l’idée de primauté allemande qui va se heurter au français qui n’ont toujours pas oublié la guerre perdue en 1870, et la cause indirecte c’est le champ des colonies et le champ naval, c’est là que les Allemands vont se heurter au Anglais. Il a aussi l’Autriche-Hongrie qui se frotte aux Russes dans les Balkans. Il y a aussi les problèmes des 2 schémas, le mouvement cyclique ou bien le mouvement linéaire. Le mouvement linéaire c’est le début – le milieu – la fin, ça vient de la religion, création – Christ – jugement dernier. Au 18ième siècle ce schéma va se laïciser dans le mouvement de la pensée des Lumières, il y a un progrès vers un but qui est le bonheur de l’humanité. Chez Hegel c’est la thèse – l’antithèse – la synthèse. Ceci est le schéma prédominant encore aujourd’hui. Mais est remis en cause par Spengler dans: « Le déclin de l’Occident », d’après lui les civilisations naissent, grandissent et meurent et l’Occident serait dans le mouvement descendant, il a écrit cela après la guerre. Toynbee pense la même chose car il écrit à la fin de l’empire coloniale britannique, et pour lui le mouvement des civilisations s’explique par le « challenge et response » (le défi et la réponse). C’est ce qui permet à des civilisations de croître, mais quand il n’y a plus de défi, il y a le déclin. Chez Braudel il y a le temps court, qui est un événement, c’est au jour le jour; il y a aussi la logue durée, qui est une lente évolution quasiment pas visible; et il y a aussi une très très lente évolution. 4. Hasard ou téléologie. C’est une option philosophique prise par le chercheur, mais qui a un impacte. Par exemple le finalisme national de l’histoire qui recherche la formation d’un état dans un lointain passé, par exemple Clovis et la France. Un autre exemple c’est la pensée de l’histoire de Karl Marx, qui élabore sa théorie de la lutte des classes, et la fin de l’histoire grâce au communisme. Mais l’histoire ne permet pas d’établir une évolution historique. Conclusion. L’historien ne peut pas mettre en avant sa propre vision sous prétexte qu’il est historien, il doit justifier ce qu’il dit par rapport aux sources et à son type de raisonnement. Il doit aussi soumettre son propre travail à la critique, il doit accepter le fait qu’il puisse se tromper. III. Le rôle de l’historien dans la société. L’histoire, jadis école de vertu et donneuse de leçons. L’histoire proposait des modèles et anti-modèles. Il y avait une sorte de tribunal de l’histoire et une tentative de faire de l’histoire une science explicative. Tout ceci a été abandonné par les historiens d’aujourd’hui. La compréhension du présent. On met en avant la compréhension du présent, l’histoire ne dit pas ou on va, mais d’où vienton? Car il faut être lucide de ce que l’on est, il peut y avoir des problèmes quand l’histoire n’est pas présente. Par exemple l’extrême droite en Autriche, car l’Autriche lors de la 2ième guerre mondiale faisait partie du 3ième Reich, mais plus tard c’est représentée comme une victime de Hitler. → Quand un passé est ma digéré, il peut expliquer des tensions au présent, l’histoire peut donc être thérapeutique. Mais il faut faire attention, car lors de la seconde guerre mondiale, l’état-major français a essayé de tirer les notions de la première guerre, mais ils ont fait là un très mauvais calcul, car les choses ne se répètent pas, ils étaient en retard d’une guerre. Etablir la vérité historique. C’est ce que l’histoire essaye d’établir, mais c’est un idéale tributaire. Il faut faire face au mythe aussi dans le sens, de mémoire collective manipulée. Par exemple la bataille des éperons d’or, ne concerne que la moitie de la taille de la Flandre aujourd’hui, mais là dedans il 13. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. y avait aussi une grande partie de territoire francophone. Il parle de démocratie flamande contre tyrannie française, mais on peut aussi dire qu’il y avait des néerlandophones et des francophones des 2 côtés. Il y a aussi le mythe d’Albert Ier, le roi-chevalier mais qui aurait quand-même fait des négociations secrètes. Et Léopold III était-il un dictateur ou un souverain modèle. Il y a aussi la fausse perception du passé à cause de la littérature et du cinéma par exemple. Il faut aussi faire attention aux révisionnistes et négationnistes. B. Deuxième partie. I dossier: Les rapports entre littérature et histoire. er On va étudier un cas, c’est un travail réalisé par un journaliste, Cornelius Ryan: « Le jour le plus long » en 1959. C’est un travail d’enquête sur le 6 juin 44, le débarquement. Cornelius Ryan a interrogé plusieurs témoins et plusieurs acteurs des évènements. On peut donc dire que ce travail apporte quelque chose en tant que valeur historique car il se base sur des sources, et en plus c’est un travail pionnier. Mais en même temps il y a des choses qui ne répondent pas aux critères de la profession d’historien car par exemple il manque toute sorte de justification, ce texte est construit comme un récit et ça apporte une déformation qui n’est pas neutre. Cornelius Ryan (1920-1974) est né Irlandais et mort Américain, c’est un journaliste, homme de terrain né à Dublin, il a travaillé d’abord pour l’agence Reuters puis pour le Daily Telegraph, dont il est correspondent de guerre, il suit l’armée américaine. Il assiste d’abord à 14 bombardements aériens, puis il va suivre le débarquement et suivre Patton dans sa campagne de France. Après ça il va aller faire du grand reportage en Asie et puis s’installer aux Etats-Unis et obtenir la nationalité américaine en plein durant la guerre froide. Il va alors se lancer dans cette vaste enquête auprès d’anciens combattants, son livre va connaître un immense succès et il va alors s’intéresser à d’autres faits marquants de la deuxième guerre mondiale. Il publie aussi « La dernière bataille » qui est la prise de Berlin par les soviets, puis en 1974 « Un pont trop loin » qui sont des opérations aux Pays-Bas. « Le jour le plus loin » est un cas limite entre histoire et littérature. Les historiens diront que ce n’est pas de l’histoire car Ryan n’est pas historien mais journaliste et dans le « Dictionnaire historique du journalisme de guerre », on ne retrouve qu’une très petite notice en disant que ce n’est qu’un auteur de best-sellers. Voici la situation en Normandie. 14. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. Les plages de Utah et Omaha étaient celles que les Américains attaquaient, Gold et Sword c’était les Britanniques et Juno les Canadiens. Mais le récit ne commence par-là, il y a d’abord l’attente puis la nuit et enfin la journée, et le soir même le récit s’arête. 1. L’attente. C’est la mise en place, on essaye de prendre l’intérêt du lecteur, on génère le suspense, la tension, les 2 camps sont pris en considération. Mais il y a une sélection des faits, par exemple les discussions entre Roosevelt, Staline et Churchill vont être supprimée. Pourtant elles sont fort importantes, car Staline voulait un troisième front et Churchill pensait qu’il valait mieux venir du Sud tandis que Roosevelt préférais la Normandie. Et tout ceci n’apparaît pas, mais ce que l’on retrouve se sont les hésitations du moment, on fait parler les hommes qui vont devoir débarquer où être parachuté, ils écrivent des lettres et sont surtout très nerveux. 2. La nuit. Il y a de la précipitation, les parachutages commencent, et le récit se trouve ici truffé d’anecdotes, par exemple de certains parachutistes qui sont tombé dans des puits, ou de soldats qui arrivent dans un village en feu. 3. La journée. Le récit fait la part belle aux américains, il n’y a pas beaucoup d’interventions des Anglais. Il y a un sentiment de peur, et aussi d’héroïsme, on retrouve toutes les batailles que les Américains ont mené pour la liberté, en commencent à Vallet Forge avec George Washington, et en passant par la guerre de sécession. On rattache le mouvement du débarquement au mouvement de l’histoire, c’est une bataille des soldats citoyens américains. Le livre culmine par l’attaque du mont Hoc, car l’on croyait qu’il y avait là des canons. Il y a un intérêt tout particulier pour Omaha beach car c’est la plus sanglante des batailles. La seule chose que l’on voit des plages britanniques c’est le flegme des anglais, il y a par exemple le joueur de cornemuse, qui veut symboliser que les Anglais se promenaient sur les plages. Tandis que chez les Américains, les généraux sont en première ligne, un lord britannique débarque avec son joueur de cornemuse. Les actions des Français, des Canadiens francophones et des Belges ne sont même pas nommés. Autre chose que l’on ne voit plus ce sont les actions des allemands, que l’on voyait pourtant durant l’attente. Car les Allemands étaient des soldats, ils devaient se battre, ils n’étaient pas tous des nazis. Il y a l’exception du major d’artillerie, qui se conduit e héros, mais évidemment on tait le fait qu’il était le commandent de tout les canons, pour le faire un personnage sympathique. On ne peut pas dire que Ryan ment, mais il ne dit pas tout. Son enquête va aussi passer au cinéma et le scénario va être écrit par Ryan lui-même. Mais la sélection n’est pas tout à fait la même, par exemple il y a l’intervention d’un commando français et des bonnes sœurs qui viennent soigner des blessés au milieu du feu ennemi. Et ceci probablement pour 2 raisons, d’abord il faut essayer d’attirer un public français et il y avait aussi probablement des accords de production, car le tout est filmé à Boulogne-sur-mer. Mais malgré ça la prépondérance devient encore accentuée, tout ce que l’on voit des britanniques, c’est l’arrivée en planeur et le joueur de cornemuse, qui symbolise l’excentricité britannique. Le débarquement est commenté par John Wayne, et donc le commentateur devient fort important, on va même fusionner 2 personnages réels. Le film a du condenser et rassembler plusieurs choses, on va aussi inventer des conversations pour mettre le suspense en place. Ryan trompe le lecteur mais il y a quand même une valeur historique car il y a de véritables témoignages Et ce n’est pas un roman ou des mémoires, et non plus pas un simple recueil de témoignages, ce n’est pas un travail à chaud, ni un travail de vulgarisation, mais une véritable enquête. Il y a une autre caractéristique c’est l’importance qu’il donne aux soldats anonymes, 15. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. et ça ne peut reposer que sur une enquête. Les défauts sont qu’il y a une déformation volontaire ou pas, et il n’y a pas citation de sources. Donc on ne sait pas lorsque Ryan fait une affirmation, si elle vient d’une synthèse de témoignages ou bien d’une seul personne. Par exemple dans l’affirmation qu’un officier était un bon officier, cela vient peut être que de l’un de ses supérieurs, ou l’un de ses subordonnés. Ben on n’en sait rien. Il y a aussi une absence de suivi, par exemple que c’est il passé avec le Major allemand? Il y a aussi une absence totale sur sa méthodologie qu’il utilise. Comment sélectionne-il les témoins? De quand date les témoignages? Y avait-il des questions préétablies? Y-a-t-il eu un face-à-face entre Ryan et les témoins, ou bien y-a-t-il eu des auxiliaires, et a-t-il utilisé d’autres travaux? Mais heureusement les fichiers de Ryan ont été conservé, car sa veuve les a légué à une université de l’Ohio. On a déjà dit que la structuration du récit introduit des réductions et aussi introduit des messages idéologiques, il y a un souffle éthique, le combat pour la liberté. Mais malgré tout cela, c’est un travail pionnier, qui a d’ailleurs été suivi par beaucoup d’autres. Au moment où il écrit son livre le sujet était délaissé par les historiens professionnels, qui ne s’intéressait pas à un passé récent, ni d’ailleurs à l’histoire militaire qui à cette époque là était disqualifié par l’histoire économique et sociale. Ce n’est seulement que plus tard qu’il va y avoir une histoire du temps présent, mais à l’époque de Ryan ce sont les journalistes qui s’en occupent comme Chester Wilmot, qui a rédigé un récit d’analyse de la seconde guerre mondiale. Et il y a aussi évidemment les experts militaires professionnels comme Sir Basil Lidell Hart. Il y a aussi Shirer, un journaliste qui c’est lancé dans l’histoire du troisième reich. Ryan défend son point de vue en faisant appel à Thucydide, qui lui aussi faisait de l’histoire immédiate, mais seulement dans les années 60 et 70 il va y avoir le début des travaux universitaires sur la deuxième guerre mondiale. Ce en quoi Ryan innove aussi c’est qu’il s’intéresse aux simples soldats, avant cela c’était surtout l’état-major qui était visée et l’écoles des annales, elle s’intéressait aux masses populaires. Et c’est seulement dans les années 80 et 90 que l’on va s’intéresser au vécu. Ryan va en fait faire de la nouvelle histoirebataille avant la lettre, car l’école des annales rejetait les évènements, qui n’apportaient pas grand chose, et c’est seulement plus tard qu’il va y avoir une histoire sociale militaire, c’est au moment où les historiens ont pris conscience que l’on peut être traumatisé par une guerre, il va donc y avoir un intérêt pour l’angoisse. Ryan est donc intéressant pour les témoignages et même s’il fait une entorse au métier, il ouvre une brèche de la méthode et de l’ordre chronologique. Le travail de Ryan est essentiel pour la perception du passé, c’est un registre de mémoire, d’émotion et d’imaginaire, mais pas de registre du savoir. Pour des amateurs son reportage est un excellent pis-allé, mais pour des spécialistes c’est une entrée en matière très intéressante pour autant qu’elle s’en suit de recherches plus approfondies. Il manque aussi tout une partie des témoignages, ceux des soldats morts, que l’on peut cependant extrapoler, mais seulement pour les traits généraux. Et cela ni les journalistes, ni les historiens ne peuvent le savoir par contre le travail d’un romancier peut faire savoir ce que les morts on pensé. Un autre exemple est celui d’un point de vue de l’armée allemande par un certain Paul Carrel, dont l’œuvre principale est « Sie kommen », qui devient aussi un best-seller traduit en de très nombreuses langues. C’est un récit du même type que « Le jour le plus long », et l’on s’identifie tout autant avec les soldats allemands que avec les soldats américains dans « Le jour le plus long », le soldat allemand devient sympathique et le soldat américain, lui est le méchant. Le récit commence par la plage de Utah beach, qui a moins d’importance chez Ryan, mais c’était une plage très difficile pour les allemands, contrairement à Omaha beach qui est plus facile pour les allemands et même s’il y a échec, c’est un sorte de réussite. Mais dans les textes de Carrel il y a moins de vécu des combattants. Dans le préface de l’édition française, le récit est présenté comme neutre, ce qui en fait est loin d’être le cas. Il y a par 16. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. exemple plein d’allusions à la supériorité combative des allemands, qui ont perdu à cause du manque de matériel et à cause de l’état-major dont les décisions ont fait perdre du temps. Pour lui l’Américain reste un amateur et les Allemands méritaient de gagner, ce qu’ils auraient fait s’ils avaient eu le char-tigre et c’est ici que Carrel se contredit car alors les Allemands auraient quand même eu le meilleur matériel. En fait Paul Carrel s’appelle Paul Karl Schmidt (1911-1997) qui fut membre du parti Nazi avant que Adolphe Hitler e le soit et en 37 il entre au ministère des affaires étrangères et en 40 il va être responsable du service presse, il est en fait monsieur propagande et a un grade élevé chez les SS. En 45 il va être condamné à 2 ans de prison et puis disparaître pour écrire sous le nom de Carrel et en fait continuer la propagande en disant que même si Hitler était un mauvais chef militaire, il y avait quand même une supériorité de la race arienne. Il a aussi écrit d’autres best-sellers sur la campagne de Russie, dans lesquels il donne des thèses de guerre préventive, il fallait attaquer, dans lesquels aussi, il gomme les massacres de l’armée allemande. En fait, il abuse un peu tout le mode, car son texte est complètement apologétique. Un troisième exemple, est celui de Pierre Sergent qui était capitaine dans la légion étrangère et qui a écrit un récit sur la guerre d’Indochine (1946-1954) qui s’arrête après le massacre de Dien Bien Phu, qui est une défait militaire française. C’est un conflit qui sera continué sous le nom de guerre du Vietnam, mais auquel les Français ne participeront pas car ils seront en Algérie, ce que raconte aussi Sergent. C’est d’ailleurs durant cette guerre d’Algérie que De Gaule va arrêter la guerre au grand mécontentement de la légion qui va participer au coup d’état à Alger, mais plus tard les généraux de la légion vont être emprisonnés, et ceux qui en réchappent vont fonder l’OAS (l’Organisation Armée Secrète). L’ouvrage se présente comme de l’histoire, et se veut objectif, mais ne l’est pas du tout. Sergent parle d’une histoire tragique car le premier régiment auquel il appartenait a été dissous. Sergent ne se met pas en scène lui-même dans les faits qu’il a vécu, mais met en scène une unité d’élite qui parcours 2 guerres et qui termine dans le néant. Mais Sergent est un manipulateur car ce qu’il a fait n’est pas une enquête, c’est seulement des mémoires. Le récit, n’est pas non plus chronologique, mais est surtout une galerie de portraits « de chefs ». Des personnes qui font partie de la race des chefs, il décrit des faits terribles à travers lesquels passent de « rais héros ». Des « vrais héros » qui ont pu être des criminels, il y avait d’ailleurs beaucoup d’anciens nazis dans la légion, qui grâce à cela ont échappé aux ennuis. Et il y a évidemment le héros par excellence, qui est le colonel Jean-Pierre, c’est lui qui va emmener à la victoire. Dans le récit on parlera aussi du face à face de l’amour des « bonnes femmes » face à l’amour du bataillon. On retrouve ce genre de récits chez d’autres écrivains comme Drieu La Rochelle qui va parler d’un dictateur en Amérique du Sud, et qui est aussi un extrémiste. Dans ce genre de textes, il y a une véritable mystique développée, comme le Camerone, endroit où des légionnaires se sont fait massacrer plutôt que de se rendre au Mexique, au 19ième siècle. Ce jour est encore célébré de nos jours dans la légion. Sergent est un des chefs de l’OAS et va être gracié par la suite, il va aussi avoir des mots élogieux sur Jean-Marie Le Pen, et va occuper une fonction importante au FN. Une dernière chose c’est le nom du livre: « Je ne regrette rien », qui est aussi le titre d’une chanson de Edith Piaf, qui a aussi écrit: « Mon légionnaire » et d’autres chansons sur la légion. Donc en prenant ce titre là, il joue sur l’idée de la bonne vieille France. IIe dossier: Jeanne d’Arc. Il y dans l’histoire de Jeanne d’Arc des faits qui sont controversés encore aujourd’hui, ces faits ont été travaillés et repris par la propagande et le mythe, il y a d’ailleurs plusieurs personnages mythiques de Jeanne d’Arc parfois fort opposés. Il y a d’abord le personnage historique qui a pris la tête d’une armée et a chassé les Anglais, puis fut capturée et brûlée 17. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. comme une sorcière. A son époque, il y avait une situation de guerre entre 2 monarchies (les Anglais et les Français), c’est la guerre de 100 ans qui durait déjà depuis plusieurs dizaines d’années. Il y avait une petite accalmie car il y avait un traité pour régler la situation, le traité consistait à ce que le roi d’Angleterre prenne légitimement le titre de roi de France, mais comme ils meurent tout les deux, on applique le traité aux fils et Henri VI devient donc roi de France et d’Angleterre, ceci apporte une solution et met fin à la guerre. Mais cela déshérite le fils du roi de France, le dauphin. Il restera le dauphin, tant qu’il ne passe pas la cérémonie du sacre dans la cathédrale de Reims, ce qui donne un caractère sacré au fait qu’il soit roi. Et ce dauphin ne reconnaît pas l’autorité d’Henri VI. La France est donc divisée, le Nord reconnaît l’autorité d’Henri VI et le Sud reconnaît celle du dauphin. Il y a aussi à cette époque là, le duc de Bourgogne qui possède la Belgique et le duché de Bourgogne, qui fait partie de la famille du dauphin, mais qui était allié à Henri VI. La situation est donc fort compliquée et donc si l’on dit que Jeanne d’Arc a libéré la France ça suppose une interprétation car plus tard le dauphin va remporter la victoire finale, on adopte donc le point de vue du vainqueur et si Henri VI aurait gagné, on aurait jamais dit que Jeanne d’Arc aurait libéré la France, on a donc affaire à de la « Winners history ». La place stratégique était Orléans, car il y avait le pont sur la Loire, et si les armées d’Henri VI aurait pu prendre Orléans, ils auraient pu arriver facilement à envahir le Sud et c’est là que Jeanne d’Arc va intervenir. * En 1429 elle apparaît, elle quitte son village et se rend chez le dauphin a qui elle dit avoir une mission divine (les voix) à remplir. Le dauphin est convaincu et lui donne une armée avec laquelle elle va libérer Orléans. * Après cela elle marche sur Reims, et après une série d’opérations militaires, le dauphin va être sacré roi de France. * Comme le dauphin a obtenu ce qu’il voulait, il temporise et Jeanne d’Arc est donc soumise à des petites opérations car le roi préfère négocier. * Jeanne d’Arc se fait capturer par un écuyer du duc de Bourgogne et est donc traitée comme un prisonnier de guerre, elle est revendue par l’écuyer à son supérieur, et de fil en aiguille se retrouve aux mains des Anglais et eux font en sorte de la faire juger pour sorcellerie et en 1431 est brûlée à Rouen. On a dit que c’était un procès manipulé. Jetons un coup d’œil sur le procès, car il y a différant points de vue, premièrement le fait du rapport hommes – femmes et le rapport des différentes classes, car Jeanne venait d’un milieu populaire et les juges eux étaient de l’élite. * Les rapports hommes – femmes. Le genre est une donnée culturelle élaborée sur la base du sexe biologique et qui évolue selon la culture. Et plusieurs interprétations de Jeanne d’Arc ont reposé sur des stéréotypes de l’époque des interprétations. On peut dire que Jeanne d’Arc a transgressé son rôle de femme, car elle quitte son cadre familial, elle devrait être sous l’autorité de son père. Une deuxième transgression, est qu’elle arrive dans l’armée qui est réservée aux hommes. Et une autre transgression est qu’elle met des habits d’hommes, et ceci va lui être reproché durant son procès. * Elle transgresse aussi sa classe sociale, par exemple, elle se retrouve à la cour et parle au dauphin, fréquente les grands nobles qui sont les chefs militaires de l’armée. Pour les personnes de son époque, c’est inimaginable, il n’y a donc que 2 solutions possibles, car ses qualités ne peuvent être que surnaturelles, donc venir de Dieu ou du diable, qui était bien présent et pouvait soi-disant surgir à tout moment. Comme à cette époque là, la sexualité était liée au mariage et qu’elle n’était pas mariée, elle devait être vierge, la virginité était une véritable valeur à cette époque là. Il y avait une polarisation de chasteté et de débouche, elle était ou bien avec Dieu, ou bien avec le diable. Du côté du dauphin on a longtemps hésité entre Dieu ou diable, et elle a subi des examens théologiques et 18. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. gynécologiques. Ils vont décider de lui faire confiance. Par contre les adversaires, elle ne peut être qu’une envoyée du diable car leur roi est légitime, et il est roi par la grâce de Dieu. Et Jeanne d’Arc n’est donc qu’un démon incarné et soupçonné d’hérésie. Durant son procès Jeanne d’Arc va être confrontée à des intellectuels de l’université de Paris qui ont des raisonnements sophistiqués et parlent le latin et Jeanne d’Arc ne sait ni lire ni écrire, elle vient d’une culture orale. Et elle parle de jeux d’enfants qui dansent autour d’un arbre de fées, ce qui va être suspecté d’être démoniaque. On a aussi le témoignage d’un français, de Paris et qui reconnaissait la souveraineté d’Henri VI qui à distance des faits en questions a écrit un journal. Il traite Jeanne d’Arc de putain et soutient fermement qu’elle était démoniaque. Lors de son procès elle va aussi évoquer son passage de la ville de Troyes, et les habitants ont un peu peur d’elle, il va donc y avoir un religieux qui va lui mettre de l’eau bénite, et elle va répondre: « Je ne vais pas m’envoler ». Les théologiens, eux n’ont pas du tout aimé ce trait de plaisanterie car ils l’accusent de sorcellerie (les sorcières volent). Contrairement à ce que l’on a longtemps dit, il n’y avait pas qu’un seul juge, mais bien un évêque et un inquisiteur. Qui étaient entourés d’une série d’assesseurs et des greffiers qui font que l’on a retrouvé des traces du procès. Le problème principal du procès est sa source d’inspiration, mais est-elle bien capable de discerner le bien du mal. Et en a-t-elle parlée à son confesseur, accepte-t-elle d’écouter les juges. Mais contrairement à ce que l’on a voulu faire croire plus tard c’est bien avant tout un procès religieux, c’est un procès « normal », et les juges sont avant tout là pour sauver son âme, ils veulent la libérer des maléfices. Mais le problème est que Jeanne d’arc ne se laisse pas faire, et rejette l’autorité de l’église qu’elle dit être aux mains des anglais. Mais d’après l’église, un simple croyant doit croire ce qu’on lui dit de croire, mais elle veut faire directement appel à Dieu. Et le cœur du procès devient sa désobéissance, mais qui a souvent lieu à cause de malentendus (classe populaire – savants), et elle prend une attitude de défi, d’abord elle ne veut pas dire, puis dit qu’elle doit demander aux voix, elle se contredit sans cesse. Et ceci face à des juges qui attendent sa soumission, surtout que les juges dés le début étaient un peu de parti pris, mais comme toujours dans des affaires de sorcellerie. Mais ils veulent quand même sauver son âme et Jeanne s’y oppose. Parfois elle invente des choses, puis revient en arrière. Et au début les voix son soi disant secrètes, puis elle commence à parler, mais on voit qu’elle invente. D’ailleurs au début, elle ne parle que d’une seule voix, puis des voix, puis les voix de St. Catherine et St. Margueritte, qui sont des saintes typiques de l’époque, dont on pouvait voir des statues dans n’importe quelle église. Plus tard, elle parle aussi de St. Michel. C’est donc un récit plein de contradictions. Les juges vont aussi l’interroger sur l’apparence des voix, pour découvrir un éventuel démon. Mais on peut dire que ce n’est pas un procès manipulé par les Anglais, Jeanne est juste une victime du fossé culturel qui l’oppose à ses juges. Elle sera donc condamnée comme hérétique et brûlée à Rouen. Après cela vont apparaître plusieurs Jeanne d’Arc qui aurait échappé à la mort, grâce à une libération, mais ces fausses Jeanne vont surtout essayer d’approcher Charles VII, et certaines vont même être reconnues comme Jeanne d’Arc. En 1456 il va y avoir un autre procès sous l’ordre de Charles VII qui a enfin vaincu les Anglais, qui ne tiennent plus que Calais. Ce procès va noircir l’autre, et celui ci est un vrai procès politique. Par exemple, on ne parle plus des questions gênantes (par exemple la nature des voix), mais on préfère s’en prendre aux juges du premier procès. Ce point de vue là va maintenant dominer partout sauf en Angleterre. Par exemple Shakespeare présente Jeanne comme peu fiable et rusée, qui va même prétendre être en sainte pour échapper à sa mort. Mais ceci est surtout un stéréotype que les Anglais on des Français au 16ième siècle, les Français serai fourbe, douteux et inconstant. Jeanne d’Arc va aussi apparaître comme le contraire d’Elisabeth I, la « Virgin Queen » qui a une légitimité divine, pas souillée par la présence d’un homme. Ceci contribue évidemment à renforcer son pouvoir, et Jeanne sert d’anti-modèle (car elle n’est pas vierge et vient du diable), elle est une putain arrogante. Au 18ième siècle en France, il va y avoir la 19. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. vision de Voltaire, qui est un philosophe des lumières et un anti-clérical qui pourfend la superstition. Il n’aime pas le Moyen âge et donc pas Jeanne d’Arc n’y échappe pas et propose une vision rationaliste dans « La pucelle ». Jeanne d’Arc y est montrée comme une petite sotte écervelée, et c’est une pièce libertine qui a eu du succès dans le monde libertin. Ce siècle débouche sur la révolution française, mais elle ne fût pas mise à l’honneur car l’image de Voltaire est encore présente, car elle est liée à la monarchie et car l’élite de la révolution est assez misogyne. Elle apparaît quand même à certain moment comme une héroïne de la nation qui va défendre non pas le roi, mais la nation. A la restauration et le retour des rois, le personnage de Jeanne d’Arc apparaît très marginalement car les rois ont surtout voulu mettre en avant leurs ancêtres et non pas une petite paysanne. En 1830 elle va monter en force dans l’imaginaire des Français, mais il va y avoir 2 représentations différentes de Jeanne d’Arc, celle des 2 grands courants politiques de l’époque: il y a le courant conservateur catholique et le courant progressiste républicain, qui vont chacun développer une image de Jeanne d’Arc. * Il va y avoir donc l’image de Jeanne d’Arc héroïne républicaine ce qui pourrait être contradictoire car elle a sauvé un roi. Mais les républicains voyait en elle la fille du peuple (elle est en fait la fille de paysans aisés) qui c’est levée contre l’oppression. Les conservateurs la voyaient comme la pucelle catholique et qui avait les qualités de bonne chrétienne qui allait à la messe, qui communiait, qui se confessait régulièrement. Elle ne blasphème pas et empêche les autres de blasphémer et chasse les prostituées. Elle écoute l’aspiration divine qui lui est apportée un roi d’essence divine. Il y a en même temps le développement de la pensée scientifique et l’histoire comme discipline scientifique qui apparaît. Et les historiens vont retrouver des éléments du procès qui vont paraître en plusieurs tomes et sur plusieurs années. En 1870 après la défaite contre l’Allemagne de Napoléon III, il va y avoir une nouvelle représentation de Jeanne d’Arc, c’est Jeanne d’Arc en tant que représentation de la France. C’est Jeanne qui se lève dans son village et qui quand la situation semble désespérée va défendre la « patrie ». Jeanne d’Arc est employée comme antidote qui permet de résister à la honte qu’ils ressentent de cette défaite. Mais cette vision unitaire ne va pas rester longtemps, car vers 1900 Jeanne d’Arc n’est plus en vogue auprès des progressistes qui va la critiquer sur ça connotation catholique et monarchiste, par contre la droite va continuer à la mettre en avant, aussi pour de nouvelles raisons. Durant l’affaire Dreyfus Zola prend la défense de Dreyfus, de même que toute la gauche, par contre la droite va, être contre, ainsi Jeanne d’arc va devenir antisémite car elle symbolise la France profonde et les Juifs ne font pas partie de la nation. Jeanne vient aussi de la campagne alors que Dreyfus lui est un cosmopolite, il est de partout donc de nulle part. La droite fait ici de Jeanne d’Arc un anti-modèle positif >< Shakespeare qui en fait un antimodèle négatif. Il y a aussi le rapport des genres car c’est la première vague féministe qui vise l’obtention du droit de vote et la réaction des anti-féministes est une réaction où l’on désexualise Jeanne d’Arc qui est mise en avant comme un personnage angélique et est privée de sa féminité. Après la guerre Jeanne d’Arc va être récupérée par l’extrême droite, et va par exemple apparaître comme argument contre un professeur juif par des militants d’extrême droit royaliste et antisémite. Dans le régime de Vichy les idées de l’extrême vont pouvoir trouver une application et Jeanne d’Arc va être un élément de propagande car elle lutte contre les Anglais, le régime de Vichy se trouvant plutôt du côté allemand. Et les Anglais avait attaqué la flotte française, ce qui fait que l’ennemi devient l’Anglais qui est mis en avant comme le vieil ennemi en oubliant l’alliance durant la première guerre mondiale. Et on oublie que le roi d’Angleterre était le légitime roi de France. Après la guerre Jeanne va devenir un personnage de l’imaginaire français et on retient la Jeanne fille du peuple qui lutte contre les Anglais et on mélange aussi plusieurs aspects de Jeanne d’Arc. Mais à côté de cette vision de Jeanne d’Arc, il va y avoir celle reprise par le 20. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. FN, Jean-Marie Le Pen va récupérer le personnage en omettant certains de ses caractères. Et le Fn fait tout les ans, une fête de sainte Jeanne d’arc, qui fût canonisée entre les 2 guerres. On ne peut pas dire que l’histoire soit terminée car qui sait si l’on ne va pas voir apparaître une image de Jeanne d’Arc anti-FN du côté de la gauche. On sait maintenant qu’il faut avoir un esprit critique face aux représentations du moment, il faut rester prudent face à la représentation du FN et de toute autre représentation. Il faut faire attention aux sélections qui sont mises en avant, qui peuvent parfois déformer l’opinion publique et c’est l’historien qui doit dire de faire attention. IIIe dossier: la presse. On doit d’abord faire une distinction entre une presse contrôlée et une presse libre. La presse contrôlée peut être une presse d’état comme la Pravda (vérité), mais qui contrairement à ce que son nom l’indique ne servait qu’au conditionnement de l’opinion publique, c’était un outil de contrôle. Il y a aussi la censure qui est une méthode très ancienne qui a été supprimée à la révolution française, qui voulait la liberté de presse, en Belgique par contre elle est reconnue par la constitution dès 1830. Mais certains pays l’ont eu jusqu’en 1914 et en Russie l’on se demande si ce n’est pas toujours présent. La presse libre, c’est la presse dont le but est de diffuser des informations. Il y a dans la presse libre, 2 types de presse libre, la commerciale et celle dite d’opinion qui défend les idées d’une certaine opinion politique. On peut aussi faire une distinction de qualité, il y a la presse populaire (tabloïd britannique) et la presse dite de référence qui est un organe de presse auquel on se réfère. Mais on sait bien que le journaliste va suivre l’opinion et ne va pas essayer de faire l’opinion car il ne veut pas froisser ses lecteurs, l’information n’est donc pas tout à fait neutre. Il y a aussi les enjeux économiques, car le propriétaire ne fait pas ce métier par soucis de philanthropie. Il y a pour cela l’importance de la publicité, par exemple lorsque le journal « La Croix » a critiqué les industries de vêtements qui dénature les fêtes, et bien les industriels ont retiré leurs publicités de journal, s’en est suivi une perte d’argent. La presse n’est donc pas entièrement libre. Et en plus de cela, vu la masse d’information qui arrive, il faut faire un choix, qui n’est pas toujours neutre et donc l’information est dénaturée, préfabriquée. Les journalistes ne sont d’ailleurs pas toujours des témoins directs, il y a parfois des correspondants (permanents ou non). Ces correspondants ont une certaine autonomie, mais même là des interventions ont lieux: certains articles vont être changés sans que cela ne se sache, il va y avoir des coupures, des nuances, des ajouts, … . Et seulement parfois, la rédaction note les changements. Souvent, dans un journal, on peut trouver les noms des journalistes avec leur spécialité (un journaliste sportif qui écrit un article sur la guerre n’est pas très crédible). Il faut aussi faire une distinction entre journaliste et collaborateurs exceptionnels, un journaliste accompli, jouit d’une plus grande indépendance qu’un journaliste occasionnel, qui doit faire attention à ce qu’il dit. On a aussi souvent à faire à des informations qui viennent de grandes agences internationales comme Belga ou Reuters, qui forment un intermédiaire, ce qui peut poser problème si tout les journaux ont leurs informations de la même agence. Face à certains journaux, il faut avoir un esprit encore plus critique, comme le métro par exemple qui ne reçoit que des dépêches d’agences, ou bien trouve des informations sur internet et surtout, les articles ne sont pas signés. Il y a aussi des « erreurs » dans les images, par exemple dans un article, ils Il y a parfois de la vulgarisation, de la simplification pour pouvoir expliquer à un plus grand nombre de lecteurs que l’on essaye de sensibiliser au maximum. Par exemple durant les années ’70 le phénomène linguistique devient la torture, le déchirement, l’éclatement. Il y a aussi les commentaires qui peuvent nous influencer par exemple les voix off décriventelles vraiment ce qui les images montrent, il y a aussi l’insertion qui peut nous dire que les images vont être dures et la transition à la fin pour aller vers un autre sujet. Le moment auquel 21. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures. le journal parlé est diffusé peut avoir son importance, par exemple s’il y a à la même heure un jeu à grande audience, on va essayer de rivaliser grâce à des images spectaculaires. Il y a aussi la technique d’analyse du contenu: la fréquence des termes, l’importance donnée à ces termes. Prenons l’exemple de comment le Concile (une réunion d’évêques, réunis par le pape avec aussi des conseillers et des théologiens) Vatican I de 1870 (à la demande de Pie IX) a été vu par la presse. Il faut d’abord connaître le contexte historique: La ville de Rome est occupée par l’armée et le pape se considère comme prisonnier. Le pape est complètement opposé au libéralisme et au socialisme et il a en 1864 le syllabus des erreurs dans lequel il condamne les erreurs comme la liberté de la presse, de religion, … . Mais ses idées ne font pas l’unanimité dans l’église, il va donc proclamer le dogme (vérité de la foi) de « l’infaillibilité pontificale », qui voudrait prouver qu’il ne se trompe pas. Mais avec ça sont aussi venu des dissensions d’évêques progressifs. (Pie IX a été béatifié en 2000, mais pas pour ses idées, plutôt pour sa vie personnelle). Mais que va faire la presse en 1870? Il va y avoir des campagnes de presse et des productions d’articles à répétition pour sensibiliser l’opinion. En France par exemple les partisans du pape trouvent des arguments en faveur et tentent de ridiculiser les évêques progressifs, il y a aussi des lettres de lecteurs et des appels de fonds pour financer le concile. La minorité fait aussi sa campagne, et par exemple l’évêque d’Orléans qui envoie des copies orientées à certains journalistes bien ciblés. C’est la presse comme reflet d’opinion. En Belgique on retrouve un affrontement entre la presse libérale de gauche et la presse catholique de droit. On va essayer d’analyser cet affrontement avec le nombre de jours, le nombre de lignes, le pourcentage par rapport au total de lignes et la variation des thèmes. Pour les premiers mois du concile, tout les journaux, catholiques et libéraux vont parler du concile quasiment tout les jours. Pour le nombre de lignes, même s’il y a un journal catholique qui est loin devant les autres, la plupart des autres journaux des 2 tendances sont un peu près égaux. Le pourcentage est aussi un peu près le même, sauf pour un journal catholique qui est très loin au dessus des autres. Par contre en ce qui concerne les thèmes abordés, on peut remarquer une nette différence. Par exemple les journaux catholiques parlent nettement plus des ordres internes de l’église et des problèmes pastoraux, par contre les journaux libéraux parlent beaucoup plus des problèmes entre l’église et l’état et de la réglementation interne de l’église. Mais en ce qui concerne le dogme, ils sont un peu près égaux. Tout ceci nous donne des ordres de grandeurs, mais on ne sait pas s’il y a eu des phénomènes de remplissage pour ne pas laisser des blancs. Un autre exemple est la propagande de Hitler pour envahir la Pologne. Allemagne montrait qu’elle voulait la paix et cela à la presse étrangère mais aussi à la presse nationale. Mais il ne faut pas oublier que l’Autriche avait déjà été annexée de même que la Tchécoslovaquie et que l’Allemagne voulait récupérer Dantzig plus le corridor qui fut donné à la Pologne après la première guerre mondiale. Pour cela Hitler demande des exigences complètement inacceptables à la Pologne. Mais le problème est que l’Angleterre dit que si Hitler touche à la Pologne, ils vont intervenir. Hitler va alors faire un discours, mais qu’il censure lui-même et finit son discours en disant qu’il va faire la paix, mais dans le même temps il a déjà un plan établi pour envahir la Pologne. Hitler va faire un discours complètement mensonger devant le parlement et après cela il va y avoir un incident de frontière qui a été simulé par des SS. Ils ont simulé une attaque polonaise d’un poste radio et laissé des prisonniers allemands avec des uniformes polonais sur place pour faire croire à une attaque polonaise. Le responsable de cette attaque a témoigné plus tard. Il y a évidemment eu grand bruit de cette histoire dans la presse nationale (pour mobiliser les Allemands) et internationale (pour justifier une attaque). 22. Critique historique, Bousmar, jeudi 11 heures.