maladie héréditaire qui se traduit par une hypersensibilité aux UV et des cancers de
la peau. Plus largement, la déficience des systèmes de réparation est aujourd'hui
considérée comme l'une des clés de la transformation d'une cellule normale en
cellule cancéreuse. Par ailleurs, les cellules eucaryotes réparent aussi en
permanence les extrémités de leurs chromosomes, qui sont érodées de quelques
nucléotides à chaque division. Elles utilisent pour ce faire une enzyme appelée
télomérase, qui ajoute des nucléotides. On sait depuis quelques années que le niveau
d'activité de cette enzyme intervient à la fois dans le vieillissement des cellules et
dans l'apparition des tumeurs. Réparer l'ADN, c'est aussi l'objectif de la thérapie
génique. L'idée paraît simple : apporter aux cellules un gène donné. En principe, il
suffit d'insérer l'ADN réparateur dans un vecteur, par exemple un virus qu'on utilise
comme outil capable d'intégrer cet ADN au génome des cellules qu'il infecte. En
pratique, la technique se heurte à deux obstacles majeurs. Primo, il faudrait
atteindre suffisamment de cellules cibles. Secundo, le fragment d'ADN s'insère
généralement n'importe où dans le génome, ce qui peut perturber le bon
fonctionnement de la cellule.
L'ADN peut-il passer d'une espèce à l'autre ?
Oui, c'est très fréquent. Les bactéries en particulier échangent entre elles de
nombreux gènes. Certaines, qui sont des parasites, sont aussi capables de recevoir
des gènes des hôtes qu'elles infectent. Enfin, on découvre actuellement que certains
eucaryotes unicellulaires s'adaptent à leur milieu en capturant des gènes de
bactéries voisines. Ce type de transfert entre individus de mêmes générations est dit
horizontal, par opposition au transfert vertical, d'une génération à l'autre. Les
transferts horizontaux ont joué un rôle essentiel au cours de l'évolution : en effet les
mitochondries et les chloroplastes sont les vestiges de bactéries qui vivaient à
l'origine en symbiose avec les cellules eucaryotes primitives, et qui n'ont gardé
qu'une centaine de leurs gènes. Plus étonnant, certains de ces gènes sont venus
s'insérer dans l'ADN des chromosomes. Par ailleurs, d'innombrables séquences
vestiges de virus ancestraux se sont accumulées dans notre génome au cours de
l’évolution. Parmi elles, figurent des rétrovirus dits « endogènes humains », les
HERVs. Beaucoup sont sans rôle fonctionnel connu. Mais d'autres ont été recyclés par
la cellule pour assurer de nouvelles fonctions. C'est, par exemple, le cas du gène
codant la syncytine, une protéine indispensable à la formation du placenta : c'était à
l'origine le gène codant une protéine d'enveloppe d'un virus.
Peut-on faire revivre une espèce disparue à partir de son ADN ?
Non. Oubliez Jurassic Park : même si on détenait l'ADN complet d'un dinosaure, on
serait bien incapable de recréer l'animal en chair et en os. Il faudrait au minimum
disposer de ses chromosomes, qui contiennent non seulement l'ADN, mais aussi les
histones et autres protéines régulatrices. On pourrait ensuite les réinjecter dans une
cellule d'une espèce actuelle et tenter d'obtenir un clone... Aujourd'hui, la question
ne se pose même pas. En revanche, l'étude de l'ADN ancien permet d'établir des
parentés entre espèces disparues et espèces actuelles, ou de retracer les migrations
humaines ou animales. Mais l'entreprise est ardue. En effet, les fragments d'ADN,
recueillis en quantités infimes, sont souvent tout petits - quelques centaines de
nucléotides - et très abîmés, car les bases ont été oxydées et hydrolysées sous
l'action des facteurs de l'environnement. Avant toute analyse, il faut donc d'abord
obtenir un très grand nombre de copies de l'ADN recueilli. On fait pour cela appel à
la technique de polymérisation en chaîne (la PCR), qui utilise une enzyme appelée
polymérase. Or, la polymérase réplique plus facilement l'ADN moderne, en bon état,
que l'ADN ancien. C'est en l'occurrence un problème, car les échantillons sont souvent