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LE LIVRE D'ABRAHAM ET L'EGYPTOLOGIE MODERNE
Marcel Kahne
RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
De tous les fondateurs de religions, Joseph Smith a été le seul à affirmer avoir traduit trois documents
qu'il prétend être authentiquement historiques (le Livre de Mormon, la section sur Enoch dans le Livre de
Moïse et le Livre d'Abraham), fournissant ainsi au monde scientifique une occasion en or de le confondre
s'il était un faussaire, et à l'humanité un puissant témoignage concret de l'existence de Dieu, et de la
véracité de l'œuvre, si ses dires se confirmaient.
Il est en effet impossible à qui que ce soit de créer un faux historique, surtout s'il le situe dans un passé
lointain et dans une autre civilisation que la sienne, sans être immédiatement démasqué. Chaque mot,
chaque expression, chaque phrase, chaque idée, aussi anodins qu'ils paraissent, sont autant de pièges
(cf. "Le Livre de Mormon vu par un auteur de science fiction", d'Orson Scott Card). D'une part il est
impossible de penser à reproduire chacun des innombrables détails culturels qui doivent transparaître
dans le texte ancien - en admettant qu'on les connaisse tous - , d'autre part le faussaire est incapable
d'éliminer les indices de sa propre culture qu'il intègre inconsciemment dans son texte. Le faussaire sans
instruction sera repéré dès le premier mot. Le faussaire érudit sera peut-être un peu plus difficile à
démasquer, mais le temps jouera à coup sûr contre lui, car la science est ainsi faite que les nouvelles
découvertes viennent remettre en question les certitudes du passé. Autrement dit, ce qui aurait semblé
vrai à un érudit de 1830 se révélerait être faux à la fin du 20ème siècle, et chaque nouvelle découverte
serait un argument de plus contre lui.
Inversement, chaque touche juste apparaissant dans le texte doit s'expliquer. S'il n'y en a qu'un très petit
nombre, on pourra les considérer comme des coups de chance. Mais dès l'instant où ce nombre devient
plus important, le calcul des probabilités se met à jouer en faveur de l'authenticité du document. Les
chances pour qu'un faussaire tombe juste 10 ou 15 fois sont déjà très faibles. Lorsque des centaines de
touches sont justes (surtout si "l'auteur" n'avait pas accès à l'information à son époque), les chances de
falsification deviennent infinitésimales.
Or c'est le cas pour les documents publiés par Joseph Smith. Non seulement ses "coups de chance" sont
très nombreux, mais la recherche scientifique vient régulièrement apporter de nouveaux éléments qui
augmentent leur nombre.
Hugh Nibley, professeur à l'université Brigham Young, a été le premier à mettre en évidence de
nombreuses touches authentiques dans le Livre de Mormon ("Lehi in the Desert and The World of the
Jaredites", 1952, "An Approach to the Book of Mormon", 1964, et "Since Cumorah", 1967), dans l'histoire
d'Enoch du Livre de Moïse ("A Strange Thing in the Land", série d'articles parus dans l'Ensign 1976-
1977), et dans le Livre d'Abraham ("A New Look at the Pearl of Great Price", série d'articles parus dans
l'Improvement Era, de janvier 1968 à juillet 1970, "The Message of the Joseph Smith Papyri", 1975, et
"Abraham in Egypt", 1981), ainsi que dans d'innombrables articles.
En 1976, Lynn et Hope Hilton, après une étude minutieuse de 1 Néphi, allaient sur le terrain et suivaient
l'itinéraire probable de Léhi et de sa famille de Jérusalem jusqu'à l'océan Indien, ramenant une foule
d'informations confirmant le récit du Livre de Mormon, notamment la découverte probable du lieu-dit
Nahom (1 Néphi 16:34). Conclusions confirmées et précisées par des recherches sur place de Warren et
Michaela Aston, en 1986 et 1989.
A partir de 1980, un certain nombre de chercheurs, beaucoup d'anciens élèves de Hugh Nibley, qui ont
poussé plus loin dans les nombreux domaines où celui-ci avait ouvert des portes, et surtout qui sont
devenus de véritables autorités dans leur domaine, se sont groupés dans la Foundation for Ancient
Research and Mormon Studies (F.A.R.M.S.), dans le but de faire connaître au grand public les résultats