Lucie et Marie BACTERIOLOGIE Tanguy et Virginie Date 03/03/09 Heure 15h R. Volmer Les toxines bactériennes Il existe 2 types de toxines bactériennes -le LPS = endotoxine. C’est un constituant de la membrane externe des bactéries Gram- de nature lipopolysaccharidique (lipide avec des sucres), produit en grande quantité lors de la dégradation des bactéries et libéré pendant la croissance et les divisions bactériennes. Sa libération entraîne de la fièvre. - les toxines protéiques, synthétisées par les bactéries G- et G+, habituellement de haut poids moléculaire et excrétées naturellement hors de la bactérie, qu’elle soit vivante ou en lyse. Historique Emile Roux et Gaston Ramon (ancien élève de l’ENVA, donc meilleur ami de notre cher Romain Volmer…) travaillaient avec Pasteur. Ramon découvrit en particulier les anatoxines. Ce sont des toxines inactivées par une longue incubation au formol. Cet agent fixant crée des ponts disulfures entre les acides aminés des protéines, elles conservent ainsi leurs formes natives, mais pas leur activité enzymatique. Ceci a trouvé son application dans la fabrication de vaccins, notamment anti clostridies, car cela permet la formation d’anti corps neutralisants. Classification des toxines protéiques bactériennes On peut les classer en fonction : - de la bactérie productrice de la toxine : par exemple, la toxine diphtérique est produite par Corynebacterium diphteriae, la toxine tétanique est produite par Clostridium tetani. - du type de cellule cible de la bactérie : par exemple les cytotoxines ont une action sur tout type de cellules alors que les neurotoxines et les entérotoxines sont spécifiques respectivement des cellules nerveuses et des entérocytes. - Du type d’activité de la toxine : par exemple, Bordetella pertussis a une activité adénylate cyclase. - Du mécanisme d’action de la toxine : c’est la classification que nous utiliserons ici. Mécanismes d’action des toxines On distingue : - les toxines de type I Elles agissent à l’extérieur de la cellule en se fixant sue des protéines membranaires. - Les toxines de type II Elles provoquent la destruction de la membrane, donc tuent la cellule. - Les toxines de type III ou A-B Elles possèdent 2 parties : la partie B qui se lie à un récepteur cellulaire spécifique et permet l’internalisation de la partie A, partie enzymatique toxique agissant sur les protéines cellulaires. - Les toxines injectées Elles sont injectées directement dans la cellule par l’appareil de sécrétion de type III des bactéries = seringue moléculaire. BACTERIOLOGIE – Toxines protéiques bactériennes – page 1/7 Cas des toxines de type I Exemples des supers antigènes (cf. cours d’immunologie), noté ici SpeA1 Normalement, la liaison entre le TCR et le CMH II dépend de l’expression, dans certaines conditions, d’un épitope par le CMH II. En présence du superantigène, il y a activation du TCR même en l’absence d’épitope, ce qui peut provoquer de graves inflammations, voire un choc septique (cf. cours sur les staphylocoques et les streptocoques). Cas des toxines de type II Par la destruction des membranes cellulaires, elles jouent un rôle : - dans l’échappement à la réponse immunitaire : en effet, elles tuent les cellules censées les combattre. C’est notamment le cas des leucotoxines des pasteurelles (exemple de Mannheimia haemolytica). Ces toxines sont la cible du vaccin contre les pasteurelles. - dans la diffusion des bactéries : en tuant les cellules qui les environnent, les bactéries se frayent un chemin pour diffuser et récupèrent les nutriments des cellules ainsi détruites. Cas des toxines de type II à activité phospholipase Grâce à la polarité des phospholipides qui la constituent, la membrane des cellules est stable. En présence de toxine à activité phospholipase, il y a destruction du groupement PO3--R+, ce qui BACTERIOLOGIE – Toxines protéiques bactériennes – page 2/7 désorganise la membrane et provoque l’éclatement de la cellule. De telles toxines se trouvent notamment chez Clostridium perfringens (toxine alpha). Ces des toxines de type II formant un pore Ces toxines créent un canal dans la membrane. Ceci provoque un choc osmotique avec une entrée massive d’eau dans la cellule, ce qui la tue. C’est le cas de l’alpha hémolysine de Staphylococcus aureus. C’est un agent infectieux majeur chez l’homme et les animaux, notamment lors d’infections suppurées de la peau. Cette toxine est également présente lors de mammites nécrotiques graves et suraiguës, et provoque une destruction d’un quartier de la mamelle. Elles sont excrétées sous forme de monomères, qui s’assemblent en heptamère (par 7 donc) en forme de palmier, après fixation à la cellule. Il y a alors changement de conformation et insertion dans la membrane, avec formation d’un pore. Cas des toxines de type III ou A-B Il existe différents associations entre les parties A et B : - sur une même protéine - par un pont disulfure - par une liaison variable mettant en jeu plusieurs protéines de chaque type Exemple des toxines de Bacillus anthracis (agent de l’anthrax) La partie A enzymatique peut être de 2 types : - LF (facteur létal) : il est mortel par destruction des protéines de signalisation cellulaire - EF (facteur oedématogène) : il provoque des oedèmes en provoquant un déséquilibre hydrique. La partie B (appelée PA sur le schéma plus bas pour « antigène protecteur »). Elle permet la fixation aux cellules et l’internalisation de la partie A (qu’elle soit EF ou LF) Les composants sont excrétés par la bactérie soit ensemble, soit séparément et s’associent dans le milieu extracellulaire. BACTERIOLOGIE – Toxines protéiques bactériennes – page 3/7 Exemple des toxines de Bacillus anthracis : La partie B se fixe puis est clivée par une protéase, elle s’associe ensuite en heptamère puis fixe A. Le complexe, formé de 3 A et 7 B, peut alors entrer dans la cellule. Le complexe entre dans la cellule par endocytose. L’endosome est ensuite acidifié. Il y a changement de conformation et libération de la partie enzymatique dans le cytoplasme cellulaire. Le LF a une activité protéase, notamment sur les protéines de signalisation cellulaire, ce qui tue la cellule. Le EF a une activité adénylcyclase, elle produit de l’AMPc, entraînant des troubles ioniques, un déséquilibre hydrique et la formation d’oedèmes. L’antigène protecteur PA est indispensable pour la reconnaissance et l’internalisation de LF et EF. Dans le bacillus anthracis, ces trois protéines sont codées par des gènes portés par le plasmide pXO1. Par injection de B, partie non toxique, on peut immuniser les animaux par production d’anticorps neutralisants qui empêchent donc la fixation de cette partie de la toxine, d’où son appellation PA (« Protecting Antigen en anglais »). Cas des toxines injectées Elles sont injectées (comme leur nom l’indique) dans la cellule grâce à un appareil de sécrétion de type III, ou seringue moléculaire. Les protéines passent directement de la bactérie dans la cellule eucaryote via la tige, sans contact avec le milieu extérieur. Il n’y a donc pas de neutralisation par les anticorps, donc pas d’immunité contre ces toxines. Ex : Salmonelles, E. Coli BACTERIOLOGIE – Toxines protéiques bactériennes – page 4/7 Il faut surtout retenir le fort pouvoir antigénique des toxines protéiques, utilisé en vaccination. Exemples des neurotoxines botuliques et tétaniques Ce sont des poisons très violents, dont quelques nanogrammes suffisent à tuer un homme. Leur activité protéase est à l’origine des symptômes. Clostridium botulinum : c’est la bactérie productrice de la toxine botulique dont il existe plusieurs types (A-F). Clostridium tetani produit la toxine tétanique (1 seul type) à l’origine du tétanos -Cas du botulisme La contamination se fait quasi exclusivement par voie alimentaire (rares cas via les plaies, chez les toxicomanes) On observe 2 scenari : -l’intoxination : ingestion de toxines produites par Clostridium botulinum préformées dans un aliment. Il y a action directe sur l’organisme sans multiplication de la bactérie - la toxi infection : on trouve des agents infectieux dans l’organisme (suite à l’ingestion de spores de Clostridium botulinum qui résistent dans l’environnement). La sécrétion de toxine par ces agents provoque les symptômes. Cl. botulinum est détruite par la chaleur, on lutte ainsi contre cette bactérie en stérilisant les conserves. En médecine vétérinaire, on trouve les 2 possibilités de contamination : -Intoxination : cas d’un chien mangeant un cadavre contenant des spores par exemple, ou des bovins se nourrissant d’un fourrage contaminé. Les animaux de tous types sont concernés. -Toxi infection : des conditions favorisantes sont nécessaires au développement bactérien : les jeunes sont plus touchés (flore commensale peu développée), ainsi que les animaux dont la flore est perturbée (changement alimentaire, antibiotiques, ..) Le botulisme est une maladie réputée contagieuse des volailles (cas nombreux et mortels) ainsi que des bovins (cas plus sporadiques). Les oiseaux sont souvent de bons révélateurs de la maladie. BACTERIOLOGIE – Toxines protéiques bactériennes – page 5/7 Romain nous a montré une magnifique vidéo de vaches munichoises atteintes de botulisme : on observe une placidité musculaire (la vache marche sur le dessus des onglons), sa posture est anormale, sa langue et sa queue flasque (mi–molle…). On observe une mort rapide liée à la défaillance des muscles vitaux (notamment le diaphragme). - Cas du tétanos Il y a contamination d’une plaie par des spores de Clostridium tetani. En condition anaérobie, ces spores peuvent germer et sécréter des toxines. Dans ce nouveau film de l’Université de Munich, la vache apparaît raide, les yeux exorbités. Tous les muscles sont très tendus, notamment ceux de la mâchoire et de la queue. Chez le chien également, tous les muscles de la face sont tendus, les oreilles sont bien dressées. Du plus sensible au moins sensible au tétanos, on trouve le Cheval, l’Homme, les Ruminants, le Chien et le Porc en enfin le Chat qui n’est quasiment pas sensible. Botulisme et tétanos sont donc 2 affections neurologiques opposées : le botulisme entraîne une paralysie flasque et le tétanos une paralysie spastique. Leurs toxines sont cependant très proches. Pour ces 2 maladies, il n’existe pas de traitement. On traite seulement les symptômes. On peut réaliser une sérothérapie en injectant un sérum neutralisant les toxines. On peut placer l’animal sous respirateur pour l’aider à respirer. La durée d’incubation et la vitesse d’évolution dépendent de la vitesse de multiplication de la bactérie. Structure des toxines botuliques et tétaniques : En structure primaire, on distingue : - la zone L enzymatique (métalloprotéase qui nécessite le Zn cellulaire comme cofacteur) correspondant à la partie A décrite précédemment - la zone H permettant la liaison aux cellules, correspondant à la partie B. Ce sont donc des toxines de type A-B. Leur structure 3D résulte d’un assemblage via un pont disulfure. Mode d’action très spécifique Les deux toxines sont spécifiques des protéines synaptiques. Vésicule synaptique Membrane présynaptique Fente synaptique La fusion de la vésicule synaptique avec la membrane nécessite des protéines de fusion, dont la syntaxine et SNAP-25 exprimées sur la membrane présynaptique, ainsi que la synaptobrévine, BACTERIOLOGIE – Toxines protéiques bactériennes – page 6/7 exprimée sur la vésicule synaptique, cible à la fois de la toxine botulique et de la toxine tétanique. Or les toxines clivent ces protéines, ce qui entraine l’arrêt de la fusion et donc l’arrêt de la libération de neuro transmetteurs. Il y a un seul site de clivage par protéine. Ces sites sont les mêmes pour les toxines botuliques (notées BoNT sur le schéma) et tétaniques (TeNT). Comment s’explique la différence de symptômes observés entre les 2 maladies, sachant que les toxines ont les mêmes sites d’action ? Les toxines agissent à des endroits différents. La toxine botulique est absorbée par l’intestin et agit sur les synapses neuromusculaires. Ceci inhibe la libération d’acétylcholine, donc la contraction du muscle. Il y a paralysie flasque. La toxine tétanique agit sue les neurones inhibiteurs à GABA de la moelle épinière. En l’absence d’inhibition, les neurotransmetteurs sont libérés en permanence donc les muscles se contractent en permanence. Il y a paralysie spastique. Cette différence d’action est une conséquence de la partie L spécifique à chaque toxine. La toxine botulique entre dans le bouton synaptique par endocytose et est immédiatement libérée dans le bouton. La toxine tétanique entre au même endroit mais est libérée plus tardivement après un transport rétrograde jusqu’au corps cellulaire et absorption par les neurones inhibiteurs. Les symptômes de ces 2 maladies sont décrits depuis très longtemps, mais la connaissance récente de leurs mécanismes a permis différentes applications. En thérapeutique, on peut inhiber le fonctionnement d’un muscle par injection de toxines. On les utilise aussi localement en cosmétique pour diminuer les rides : le botox. C’est une injection de moins de 10-12 mol de toxine botulique. Elle est sans effet néfaste car elle diffuse peu et est ensuite éliminée mais après il faut du temps pour que la vésicule synaptique se reforme. Cette toxine a d’autres utilisations : le traitement des douleurs musculaires, contractures, lors de blépharospasmes, de strabisme, d’atteinte du nerf VII, de dysfonctionnement de l’appareil urinaire et lors de transpiration axillaire excessive. Pour les plus motivés, Romain conseille la lecture du doc sur le botulisme de l’AFSSA : une série de questions réponses donnant des infos précises sur ces toxines protéiques, pour mieux maîtriser l’évolution de votre première ride frontale…Soyez curieux ! BACTERIOLOGIE – Toxines protéiques bactériennes – page 7/7