"Ces coupes aveugles", qui résultent de l'incapacité des élus à s'entendre pour réduire le déficit,
"auront des conséquences durables", déclare-t-il à l'AFP, en soulignant que plus de 50% de la
croissance américaine depuis la Deuxième Guerre mondiale a résulté des avancées scientifiques
et technologiques.
Outre la "détérioration de la qualité de la science aux Etats-Unis, qui commence à se faire sentir
et aura sans doute un effet très néfaste sur l'innovation et l'économie", nombre d'emplois seront
affectés, explique ce responsable.
Selon le Dr Francis Collins, directeur des Instituts nationaux de la santé (NIH), qui sont les plus
touchés vu qu'ils comptent pour 22% du budget de la recherche avec 31 milliards de dollars,
quelque 20.000 emplois hautement qualifiés vont être supprimés par ces coupes.
Environ 430.000 emplois dépendent des fonds de recherche biomédicale octroyés par les NIH,
qui englobent 27 instituts, a-t-il récemment précisé.
Le Dr Collins rappelle également que cette coupe s'ajoute à une réduction effective, du fait de
l'inflation, de 20% du budget des NIH depuis 2003.
Travaux sur Alzheimer freinés
Cette amputation des ressources va "sans doute ralentir des projets de recherche à un moment où
des progrès sont réalisés presque quotidiennement notamment dans le cancer", a-t-il prévenu,
ajoutant que cela allait "retarder des découvertes et la capacité de les traduire en nouvelles
thérapies ciblées".
"Les travaux sur la maladie d'Alzheimer qui, ces deux dernières années, connaissent une variété
de développements intéressants seront également freinés", selon le patron des NIH.
Les Instituts sont en outre contraints de refuser des patients déjà programmés pour des essais
cliniques dans leur unité hospitalière de 240 lits, la plus grande du monde dédiée à la recherche
clinique.
Ces scientifiques déplorent aussi les conséquences du tour de vis budgétaire sur les jeunes
chercheurs, qui seront "découragés", craint Alan Leshner.
"Nous risquons de perdre une génération entière de scientifiques en rendant très difficile pour
eux l'obtention de fonds de recherche", a avoué le Dr Collins. Selon lui, "si rien ne change très
bientôt, nombre de nos plus talentueux jeunes chercheurs pourraient décider de faire autre chose
ou peut-être d'aller ailleurs".
Alors que les Etats-Unis taillent dans leur budget de recherche où ils dominent le monde depuis
des décennies, d'autre pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil mettent les bouchées doubles, a-t-
il relevé.