Evolution climatique du Moyen Atlas marocain au cours des derniers millénaires par les archives sédimentaires lacustres. Bréhéret, J.G.*, Macaire, J.J.*, Détriché, S.*, Karrat, L.** * GéEAC-EA 2100. Faculté des Sciences et Techniques, Université François-Rabelais de Tours, Parc Grandmont, F-37200 Tours. ** Département de Géologie, Faculté des Sciences Dhar Mahraz, Fès, Maroc L’évolution climatique du Moyen Atlas marocain au cours des derniers millénaires a fait l’objet d’un certain nombre d’études sur les archives sédimentaires lacustres (notamment travaux de Lamb et al., Cheddadi et al.). Cela tient à la qualité de l’enregistrement de ces dépôts du fait (1) de leur taux de sédimentation important, (2) de la relative continuité de l’archivage, (3) de la diversité des marqueurs de changements de l’environnement tant dans la nature et la géométrie des dépôts que dans leurs composantes biologiques. Ces derniers, par leur sensibilité aux variations climatiques (particulièrement la pluviométrie), constituent d’excellents outils pour leur reconstitution. Les travaux précédents prennent essentiellement en compte les données palynologiques, mais à moindre degré les éléments des cortèges sédimentaires, de leur géométrie, et des faciès qui les constituent (à l’échelle des structures et textures sédimentaires, des différentes phases détritiques, chimiques et biogéniques ainsi que des minéraux constitutifs). Notre étude sur les dépôts récents du lac Afourgagh, partiellement rendus accessibles à l’observation du fait d’une forte décrue depuis une trentaine d’années, a montré la succession de grandes variations du niveau lacustre au cours des dernières 2300 années. Cela se traduit à la fois dans la géométrie des dépôts et dans leur nature des points de vue minéralogique et biogénique (Détriché, 2007 ; Détriché et al., 2008). Trois grandes séquences matérialisent les fluctuations du niveau lacustre. Outre l’effondrement lacustre des dernières décennies, les régressions majeures surviennent vers 2200, 1870 et 1060-740 cal. BP. Les sédiments sont constitués de l’empilement de couches pluridécimétriques de tufs à charophytes (axes encroûtés de calcite et d’aragonite) intercalées de paléosols et de lits silteux brunâtres pluricentimétriques riches en diatomées et ostracodes. Une confrontation plus étroite entre les données acquises sur le site d’Afourgagh et les données des autres lacs (Tigalmamine, Sidi Ali, Iffer, Ifrah) permettrait, à l’issue de compléments palynologiques pour le premier, et de compléments sédimentologiques pour les seconds, de mieux caractériser l’évolution climatique des derniers millénaires pour cette région ; cela nécessitant de nouvelles datations afin d’obtenir des corrélations précises. Par ailleurs, l’étude sédimentologique détaillée des dépôts d’Afourgagh montre que certains intervalles de tufs à charophytes offrent une lamination assimilable à l’empilement de varves (parfaitement individualisées étant donné le taux de sédimentation dilaté) consécutives aux fluctuations de la production des algues ainsi que des apports détritiques, mais également à des variations dans la fréquence de microstromatolithes encroûtant les axes de ces charophytes. Ces varves sont organisées en petites séquences dont il conviendrait de préciser la signification, probablement climatique et qui pourraient être liées à l’Oscillation NordAtlantique.