La fête du mawlid LE Moussem des cierges de moulay Adellah Benhassoun Par Abdelmajid Elhassouni La fête du mawlid a un caractère civilisationnel pour le monde musulman et notamment le peuple marocain, qui célèbre cette fête avec piété et recueillement. La célébration du mawlid est motivée par cette obligation d’aimer le prophète Sidna MOHAMED(S.W.A) de se rappeler de lui , de suivre son exemple, de lui obéir et d’être fiers de lui et d’appartenir à la nation musulmane. La perfection de la foi est liée à l’amour pour le prophète (S.W.A)c’est dans la même continuité de l’esprit de fête, le peuple marocain en communion avec le bien-aimé roi Sa majesté MOHAMED VI Ammir Almouminine , président du comité d’AL QUODS Accharife, que Dieu le glorifie, à l’instar du monde musulman, célèbre avec ferveur et joie cet événement grandiose dans l’histoire de l’humanité. Le Maroc se remémore à cette occasion les valeurs humaines et civilisationnelles qu’a véhiculées le prophète depuis plus de quatorze siècles.la célébration de la naissance du prophète représente un symbole et exprime l’amour du prophète Sidna MOHAMED(S.W.A). C’est dans ce contexte que les chorfa hassounyines (hassounis) organisent chaque année ,depuis quatre siecles , le moussem des cierges de sidi Abdellah Benhassoun célébrant ainsi la fête du mawlid . C’est une occasion pour le musulman de se remémorer la vie du prophète sa naissance, ses miracles, sa foi, ses actes somme toute la grandeur de l’islam, à savoir que les soufis dont Benhassoun ont crée des fêtes avec des rites musulmanes, afin de détourner les musulmans de leur ancienne pratique qui est de participer aux fêtes païennes et chrétiennes, et de les amener à la tradition musulmane, pour rendre la transition douce que possible, les zaouias en abolissent les anciennes pratiques créent à leur place des cérémonies de caractère à peu près analogue, comblant le vide spirituel dont elles étaient responsables, par la création de nouvelles fêtes qui se substituaient parfaitement à celles que les fidèles avaient perdu. Pendant longtemps le public averti considère le moussem comme un événement sans importance, comme un fait secondaire appartenant à la petite histoire.pourtant le moussem peut apprendre plus de choses sur une société qu’une bataille, car il est souvent une manifestation du sens sacré et toujours l’expression d’une communauté humaine Le moussem a une fonction unificatrice et identificatrice qui permet au groupe de parenté de se réunir et d’exalter ses valeurs. Les rassemblements solennels ressoudent les liens entre individus et groupe et atténuent les différends. Les événements du moussem se montent aujourd’hui comme un programme de spectacle. Le moussem est donc un acte essentiel de la vie et de l’histoire comme en témoigne le fait qu’il soit l’un des principaux instruments de dialogue avec la vie quotidienne. Le moussem n’a pas uniquement une fonction religieuse. ,il remplit un rôle social et culturel fort important étant à la fois l’expression et un rempart de la société. Le moussem des cierges est l’un des moussems les plus suivis par le peuple marocain qui est fidèle à ses traditions authentiques, qui sont toujours vivantes malgré les mutations de notre temps. A Salé par exemple la procession des cierges anime encore les rues de la cité pour le plus grand plaisir des Slaouis qui affectionnent tout particulièrement cette fête authentique, qui reflète la couleur de la vie, couleur d’un envoûtement auquel il serait folie de résister. Maroc symbole d’accueil, d’hospitalité ; légendaire pays foisonnant de trésors enchâssés derrière les remparts de ses villes et cités. Nation ou traditions séculaires et modernisme frayent en symbiose.Cette symbiose profonde entre le peuple et son souverain à travers les siécles lui ont permis de préserver sa souveraineté,son unité,son intégrité térritoriale,de même sa personnalité,son authenticité et son identité. La ville de Salé a le sens de l’événement, ses traditions, vivaces, authentiques, déploient leur allégresse et leurs couleurs. Empreinte de foi et de ferveur, Salé, ville sainte est une cité ou le sacré se manifeste à travers le grand nombre de mosquées et de zaouias que compte la ville. Salé est aussi le berceau de l’importance confrérie de la Chadilia qui a ses adeptes à travers tout le Royaume, c’est là en effet que se trouve le mausolée du quotb Sidi abdellah Benhassoun patron de la ville de Salé vénéré par les Slaouis ou se tient chaque année le moussem des cierges à l’occasion de la fête du mouloud qui attire des milliers de pèlerins et draine d’innombrables touristes nationaux et étrangers curieux du rêve au pays des corsaires légendaires. Aujourd’hui, tout le monde sait que la veille de la fête du mawlid , le 11 rabii, il est de coutume d’organiser la procession des cierges de Salé. Mais qu’en est-il de la réelle signification de ce jour ? Peu de gens s’en souvenant ou l’ayant jamais su, voici quelques explications qui vous éclaireront à ce sujet. L’historique du Moussem La célébration de la fête du mawlid, a ses belles traditions et ses grandioses manifestations. L’origine de la fête du mawlid remonte à la dynastie Mérinide qui décréta le jour de la naissance du prophète Sidna MOHAMED(S.W.A)fête officielle mais l’éclat qu’on lui donne remonte surtout au seizièmes siècles au temps de la dynastie Sâadienne. Dans les livres de l’histoire, on peut lire que le sultan Sâadien Ahmed Al Mansour Addahbi avait été, lors de son séjour en Turquie (Istanbul) qui coïncidait avec la célébration de la fête du mawlid, très impressionné par le cortège des cierges qui fût organisé en hommage à la mémoire du prophète. De retour au Maroc, le souverain convoqua des artisans émérites de Marrakech Fès et Salé, leur fit le récit du spectacle dont il avait été témoin et leur donna l’ordre d’en faire de même. Dans son ouvrage : Rawdate Al Ass,Ahmed El Maqqarri évoque la célébration de la nativité du prophète sous le règne d’Al Mansour Assâadi, il y décrit la procession des cierges: Immenses, elles font le tour de la ville(Marrakech)accompagnées de groupes musicaux. A l’arrivée au palais du khalife, on les fait entrer au méchouar ou elles sont placées sur des socles de cuivre, solidement bâtis, on les aperçoit alors tels des minarets élamés vers le ciel. Le septième jour du mouloud (naissance), ces cierges sont envoyés au mausolée d’AL Mahdi, son père. Le sultan enjoignait aux artisans de confectionner ces cierges du mouloud avec soin en les agrémentant de belles couleurs. La veille du mouloud des porteurs qualifiés portent les cierges décorés du lever au coucher du soleil, suivis par les orchestres et tambours. elles sont placées à la cour chérifienne après la prière de l’aube devant le sultan Al Mansour qui en admire les couleurs au milieu des parfums de musc et d’encens. Initié par le saint quotb moulay Abdellah Benhassoun qui fût désigné par le sultan Ahmed AL Mansour pour veiller au déroulement de la procession des cierges, devenue l’apanage de sa descendance. En effet, depuis l’an 990 de l’hégire, ce sont les chorfa hassounyines (hassounis) qui organisent, dans un magnifique apparat, jamais déficient le moussem des cierges, conçues et réalisée avec des couleurs éclatantes de lumières par des artisans-artistes à la main fine et précise ,c’est ainsi que s’instaure, au Maroc ,plus exactement sur la rive droite du Bouregreg le prestigieux et pittoresque moussem des cierges de sidi Abdellah Benhassoun. Le saint moulay Abdellah Benhassoun Abou Mohamed Abdellah Ben Hassan Alkhaldi Alhassani Al Idrissi Slassi slaoui, plus connu sous le nom d’ibn hassoun, naquit à slass en 920h/1515.Il mourut en 1013h/1604 à Salé .Il fit ses études sous la direction des plus grands oulama de Fès tels l’alim Abdelouhad Al Ouencharissi , ,l’alim Abdelouahab Zaqaq ,l’alim Abderrahmane Doukkali, imams et prédicateurs de la mosquée Quaraouyine et le cheikh Abdellah Habti de la zaouia habtia(les environs de la ville Chefchaouen). Il suffit, pour se rendre compte de l’ampleur des connaissances acquises par Benhassoun ,de saisir que ses maîtres lui avaient, tour à tour , simultanément, dispensé des cours d’une grande rigueur de théologie, de linguistique, de grammaire, de littérature, toutes les disciplines maîtrisées par Al Oeuncharissi et d’etudes des textes du cheikh khalil, dirigées par Zaqaq sans rival en la lumiere et qui en outre, lui dispensa l’essentiel du savoir de la médecine, de l'exégèse du Coran et de la tradition prophétique. Le vocabulaire utilisé pour qualifier Benhassoun tourne autour de ses mérites religieux : Quotb (Pôle) ,Arif bi Illah, Al faquih (le juriste),Charif Alkhair Elmourabit fi sabil Illah, protecteur de la ville de salé; quoi que classé parmi les juristes, il devait briller plus par son soufisme et par son patriotisme que par sa science. Benhassoun fût un grand mystique, un des plus grands soufis Il avait de solides liens avec le tassawouf marocain,c’est ainsi qu’il apprit le droit et le jihad auprès de son cheikh Abdellah Habti, lui- même disciple de son cheikh Abdellah Ghazouani, formé par abdelaziz Tébâa, qu’a initié le cheikh Mohamed Jazouli. C'est par le soufisme que Benhassoun s’illustra le mieux, chargé d’un potentiel spirituel et esthétique permanent, fonda à Salé ville sainte , l’ordre et la tarika hassounia. Pour ses contemporains et ceux qui les suivent de près, il ne faisait aucun doute que le disciple de Jazouli Benhassoun avait grandement mérité les honneurs rendus aux saints. Dans son œuvre Abou mohamed habti Assaghir décrivit Benhassoun comme un homme de sciences, de piété ,attaché à Dieu, à la connaissance fondamentale et grand combattant pour la cause de l’islam.Jour et nuit,les fouquaras tenaient certes des cérémonies du dikr, dela récitation du hizb du cheikh Benhassoun et du hizb albahr du cheikh Chadili et la lécture collective du coran,sur ordre du quotb Benhassoun ils pouvaient également participer sous son étendard propre aux compagnes de défenses contre les colonisateurs européens .C’est en raison de la personnalité rayonnante du patriote et mystique Benhassoun que la zaouia hassounia s’est frayée un chemin religieux, culturel et spirituel. Elle a largement contribuée à susciter la mobilisation populaire autour des hautes valeurs de notre patrimoine aux plans religieux et esthétique. .La zaouia Hassounia a surtout, concouru à repousser l’invasion du littoral par les agresseurs impérialistes,à travers la période si trouble vécue par le Maroc. la présence du colonialisme exalta la résistance politique et religieuse, c’est ainsi que les soufis et savants dont Benhassoun se démélèrent pour exalter la participation des marocains en participant avec leurs adeptes à la bataille de Oued Al Makhazine(Bataille des trois Rois).Le sultan Ahmed Al Mansour trouva,en la zaouia Hassounia,un des plus sûr et les plus efficaces soutiens.Cest ce sultan qui mit à la disposition du quotb Benhassoun le terrain qui servit à construire la zaouia et sa demeure. Les disciples de Benhassoun Parmi les illustres disciples de Benhassoun figurent le grand moujahid Mohamed Al Ayachi (m.1641/1032),Mohamed Ibn Aboubakr Dilaï (m.1607/1015),MohamedIbnAttyia(m.1643/1052),AhmedAttyia(1607/105) ,MohamedDadessi(m.1062h),AbdellahSayeh(m.1076h),AhmedSayeh,Abo u hassan IbnAliAhmed Ben Moussa et Mohamed Qjiri….etc.… Soutien Alaouite Les souverains Alaouites soutiennent les efforts de la zaouia Hassounia qui ne cessa de témoigner de son profond attachement du trône,et notamment la sollicitude royale particulière de notre bien-aimé roi S.M. MOHAMEDVI Amir Al Mouminine roi des coeurs, que Dieu le glorifie, qu’entoure la zaouia hassounia et notamment la présidence effective de Sa majesté de la procession des cierges en 1975, alors prince héritier, en compagnie de S.A.R le prince Moulay RACHID ainsi que les S.A.R. princesses Lalla MERYEME et Lalla ASMAA, que Dieu les garde. Nos Sultans avaient fait la distinction entre les entreprises de charlatans et l’œuvre émancipatrice de vrais soufis que furent et demeurent les adeptes de tant de zaouias bénies, au premier rang desquelles se situe, sans contexte, celle de Benhassoun.pour ne citer que les probants exemples de la lutte patriotisqueet islamique de cette zaouia,sa participation active à la bataille de Oued Al Makhazine,défense du littoral marocainau combat mené contre le colonialisme:les bombardements de salé de 1765 et de1851 jusqu'à la lutte contre le Dahir Berbére ainsi que la lutte pour l'indépendance du pays et le retour du libérateur Feu S.M.MohamedV et la famille royale.C’est ainsi que dans la lutte pour la liberté et l’indépendance à l’instar du peuple marocain,la zaouia Hassounia a constitué une arme efficace pour la défense de la dignité du Maroc de ses institutions sacrées pour déjouer les complots colonialistes perpétrés contre le trone marocain,la prise de position militante des chorfa hassounyines(hassounis)de s’interdire cette manifestation d’allégresse.Les cierges avaient d’ailleurs été incendiés et toute la ville de Salé renonça à toutes réjouissances tant que dura l’absence du guide de la nation,éloigné par le colonialisme.Dés son retour triomphal ,la tradition reprend et on peut assister à ce spectacle annuel si féerique et si merveilleux. Le soufisme marocain n'a pas seulement représenté une pratique et une pensée religieuses spécifiques, il a aussi joué en islam un rôle culturel considérable. Il a influé sur la poésie d'expression arabe en contribuant à la mode des zuhdyates, poèmes ascétiques, il est bien entendu, partie prenante aussi dans la littérature d'édification de la même époque. Mais l'influence du soufisme devient surtout prédominante à partir de l'époque confrérique. Le soufisme marocain apparaît aussi dans toutes les autres formes d'art, la musique, la poésie, la danse de transe, du samâa et du madih annabaoui, mais encore les miniatures qui ornent les grandes œuvres en vers et en prose, devenu un des éléments indissociables et fondamentaux de la pensée religieuse de la mentalité, mais aussi de la sensibilité des sociétés islamiques, il s'est mué en fait de civilisation au plein sens du terme. Dans l'œuvre de Benhassoun, une place essentielle est accordée aux diverses formes artistiques que sont la poésie la musique et la danse extatique. Si les arts sont l'objet d'une admiration construite, c'est parce qu'ils sont autant de moyens d'accéder au divin, autant d'intermédiaires nous permettant d'approcher la beauté de l'être. Salé a l'esprit de la fête, le slaoui aime sa cité qui offre joie et fête représentées par un grand calendrier de moussem traditionnels et notamment le moussem des cierges de moulay Abdellah ben hassoun. Durant une semaine la ville vit au rythme du moussem:la procession des cierges,cette cérémonie qui réunit sur son parcours toute la population des deux rives de bouregreg, le cortége est formé suivant un ordre protocolaire.en tête marchent les chorfa hassounyines en compagnie des oulamas ,des fouquaras et des adeptes de la zouia hassounia ,les cierges,les confréries religieuses ainsi que le folklore local.Des concerts de musique,andalouse,du malhoun,du samâa et du madih annabaoui, de psalmodie du Coran, la hadra hassounia, les confréries: Aissaouas , Ghazyines, Gnaouas. Une ville avec les traditions d'hier ,d'aujourd'hui qui confirment le cœur de la ville. Dans Salé se maintient encore une vie traditionnelle gastronomique, la première que nous devons mentionner quand nous parlons de cuisine slaouie, c'est le couscous qui peut être cuisiné d'innombrables façons .Qu'allons nous dire de la Gassâa du mawlid, c'est un grand couscous(une tonne)agrémenté d'œufs et d'amendes et de raisins secs(téffaya)et un taureau entier à même de nourrir une centaine de convives. Cuisiné et apprécié par tout le monde qui s'est convertit en symbole national. Alors que son usage a traversé les frontières nous pouvons affirmer sans aucun doute que seul ici les gens pourront déguster l'authentique saveur du couscous cuisiné de style. Salé vous invite de vivre avec elle tous les états du moussem. La zaouia Hassounia s’est donnée pour objectif de combatre l’indifférence, l’ignorance, le charlatanisme,et l’incompréhension ,de susciter des relations harmonieuses entre toutes les composantes de la population slaouie, ancrée dans la cité depuis quatre siècles, elle partage la passion pour tous ceux qui œuvrent pour le rayonnement culturel et social de Salé, berceau du soufisme, terre des hommes, ville royale ou réside S.M.MOHAMED VI, roi des révolutions tranquilles (sociale, économique, culturelle)Le Démocrate, le Réformateur, le Promoteur de la cohésion sociale, que Dieu l'assiste et le préserve. Salé témoigne des valeurs les plus profondes de notre capacité d'intégration et d’ouverture. Le 16 siecle est bien l’âge d’or du moussem des cierges et de la fête du mawlid ,les écrits des historiens de l époque en témoignent, ,mais le 21 siecle avec l’ere mohamedienne le prolonge et même l’accentue,le moussem prend en effet une nouvelle dimension ,il transforme le paysage urbain et actualise la traditon. Abdelmajid Elhassouni Doyen des chorfa Hassounyines